Bonjour à toi,
On n’est pas dimanche, mais c’est qu’il se passe un truc chouette ce week-end, je voulais te prévenir !
Mercredi, j’ai animé un atelier d’écriture ouvert à tou·te·s. L’une des participant·e·s, à la fin, m’a dit que c’était fou de se rendre compte qu’on était capable d’écrire (ce dont on n’était pas forcément complètement sûr·e avant), mais que c’était fou aussi de prendre conscience d’à quel point c’était un métier, et comment cette expérimentation d’un soir pouvait laisser entrevoir l’étendue du travail que demandait l’écriture d’un livre. J’étais bien d’accord, mais j’ai quand même rajouté : et quand bien même.
Quand bien même l’écriture ne serait pas notre vocation et qu’on n’aurait pas l’intention de devenir un·e auteur·rice à succès, elle peut constituer un loisir, un moyen de connaissance de soi (et d’autres, dans le cadre d’un atelier), un moment de créativité et de détente.
Un peu comme :
- On peut aimer préparer des cookies pour le goûter sans avoir l’intention de devenir Bocuse – juste parce qu’on aime bien avoir des biscuits hyper bons à partager,
- On peut trouver que les vacances à vélo sont la meilleure chose du monde, mais rester de marbre devant les épreuves du Tour de France – parce que nous, on est plutôt pains choc à la boulangerie du village et bivouac en sauvage.
Or on continue malgré tout à faire des cookies et des vacances à vélo. Eh bien c’est pareil pour l’écriture.
Deux jours plus tard (aujourd’hui, donc), je passe la journée à l’Atelier à préparer l’expo de ce week-end. Ça m’a pris la matinée de fixer mon mur blanc (ou pas tout à fait blanc – d’ailleurs, est-ce que je devrais le repeindre ?), de réfléchir à où, comment, à quelle distance, mais ohlala en fait j’expose quoi exactement, combien, je prends des mesures, j’ai pas les outils, je suis pas manuelle, tu crois que le lait pour coller ça tient vraiment, comment ça marche le double-face, je fais des tests, mais si jamais l’encre bave, ouh mais là c’est pas droit, est-ce que quelqu’un a un niveau, mais vraiment, peut-être que je devrais repeindre le mur. Nul. Super-nul. Il est 20h, j’ai passé la journée à faire mille choses (comme préparer des ateliers d’écriture minute pour les visiteur·euse·s qui voudront bien jouer le jeu), par contre, mon mur est toujours blanc (ou pas tout à fait, bis repetita.)
En vrai, j’ai peur, voilà. Ça me fiche la trouille, d’exposer. Et en plus, je ne sais pas faire, je ne sais pas par où commencer. Je sais écrire, lire en public mais exposer, ah ça...
Et puis je repense à ce moment de mercredi soir. À cette idée que j’essaie de faire passer, qu’on peut agir pour déjà être juste là : dans l’action et le plaisir. Même si on n’en fait pas notre métier, et que ce qu’on propose n’est pas parfait. De toute façon, si on ne le fait jamais, on va avoir du mal à s’améliorer, CQFD. Alors je reprends mon éponge, ma colle, mes ciseaux, mes poèmes, mon mur blanc-ou-pas-tout-à-fait et j’installe. Bien sûr je peste parce que ça ne coupe pas ne colle pas ne tient pas n’est pas droit. Et puis à un moment, c’est prêt. Alors clairement, je ne serai jamais commissaire d’expositions ou technicienne de musée, mais peu importe, c’est quand même chouette, une fois qu’on a bricolé des poèmes dans son coin, de pouvoir les montrer (et en délicieuse compagnie, qui plus est).
Ouf, donc : ce week-end, j’expose mes poèmes imparfaits et pas toujours parfaitement droit à L-imprimerie ! Je serai drôlement contente de t’y voir. Tu viens ?
L-Imprimerie, avenue de Morges 33, samedi 17 et dimanche 18 mai, 12h-18h.
Exposition dans le cadre d'Aperti, portes ouvertes des ateliers d'artistes lausannois·es.
À bientôt,
Amélie
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