Au fond dans le moment européen que nous allons vivre aujourd'hui, et que plus largement nous vivons depuis de nombreuses années, rappelons-nous les mots de Victor Hugo. "Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les Etats-Unis d’Amérique, les Etats-Unis d’Europe, placés en face l’un de l’autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies, défrichant le globe, colonisant les déserts, améliorant la création sous le regard du Créateur, et combinant ensemble, pour en tirer le bien-être de tous, ces deux forces infinies, la fraternité des hommes et la puissance de Dieu ! Et ce jour-là , il ne faudra pas quatre cents ans pour l’amener, car nous vivons dans un temps rapide, nous vivons dans le courant d’événements et d’idées le plus impétueux qui ait encore entraîné les peuples, et, à l’époque où nous sommes, une année fait parfois l’ouvrage d’un siècle".
L'ouvrage d'un siècle, ou de deux. Mais le travail est là. Sur l'ouvrage et il nous appartient de le parachever, de polir toujours plus la pierre de cette Europe.
Sinon, nous pourrions écrire un jour avec tristesse, comme Stefan Zweig dans son chef d’œuvre Le Monde d'hier :
"Contre ma volonté, j’ai été le témoin de la plus effroyable défaite de la raison et du plus sauvage triomphe de la brutalité qu’atteste la chronique des temps ; jamais — ce n’est aucunement avec orgueil que je le consigne, mais avec honte — une génération n’est tombée comme la nôtre d’une telle élévation spirituelle dans une telle décadence morale."
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