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La newsletter qui prend le rire au sérieux

Le stand-up 

Une reco de spectacle vu ou à voir en ce moment.
Aziz Ansari : Road to Nowhere
Durée : 1h15. Vu à l'Olympia à Paris, le 8 juin. 

Premier spectacle depuis les accusations d'«inconduite sexuelle» à son égard en pleine vague #MeToo, Road to Nowhere était l'occasion pour Aziz Ansari de faire un passage à Paris, à l'Olympia, le 8 juin dernier. Attendu dans une salle remplie jusqu'au balcon, le créateur de Master of None, révélé au grand public dans Parks & Recreation, a choisi de débuter par là, en attaquant «l'affaire» qui avait provoqué à l'époque un débat sur la question de la zone grise et du consentement.

Plutôt que de se poser en victime, Ansari ne se défile pas et reconnaît ses torts, expliquant s'être senti «très mal que la personne l'ait vécu comme ça». Une entrée en matière sérieuse, qui donnera le ton de ce spectacle plus adulte : fini les shows bling-bling et excités tels que son précédent Live at the Madison Square Garden (2015), place à la confession. C'est ce qui impressionnera le plus dans ce spectacle rôdé depuis le début de l'année aux Etats-Unis et en Inde (dont il revenait tout juste) : sa capacité à tenir seul une salle, avec aisance, en s'autorisant parfois des digressions avec des spectateurs du premier rang. Une confiance de routier de la comédie : l'humoriste, dans sa posture et sa gestuelle, semble même avoir pris un coup de vieux.

Le progressisme à l'ère des réseaux sociaux, l'appropriation culturelle, les affaires R. Kelly ou Michael Jackson : tout le spectacle tourne autour de la morale et des révolutions culturelles récentes, entre deux sketchs sur la famille ou sur l'Alzheimer de sa grand-mère. Des réflexions passionnantes, toujours tournées de manière hilarante, mais qui comportent un angle mort : n'a-t-il pas été, dans Master of None et dans ses spectacles, l'un des principaux acteurs de ce progressisme à qui il reproche désormais d'aller trop vite ? On attend de revoir ce spectacle dans sa version finale, s'il est un jour enregistré et diffusé, pour se faire une idée définitive.

La revue de presse 

Une sélection des meilleurs articles sur la comédie parus ces deux dernières semaines.

Table ronde. Après les actrices de comédie, The Hollywood Reporter a réuni une sélection d'acteurs comiques de haute volée, avec les vétérans Ted Danson (The Good Place) ou Henry Winkler (Barry), les stars Jim Carrey et Sacha Baron Cohen ou encore l'espoir Timothy Simons (Veep), pour discuter de leur parcours ou des affres de la célébrité.

Comédie US. Netflix a remplacé Hollywood, pour ce qui est des comédies en tout cas : 8% des recettes du box-office américain l'an passé ont été des comédies, contre 25% il y a dix ans. En cause : les risques de flops qui refroidissent les studios, et des acteurs qui ont tous migré vers la plateforme de streaming.

Portrait. Au casting et à l'écriture de la dernière série comique d'HBO, Los Espookys, Julio Torres et son étrangeté «qui rappelle les comiques absurdes des années 1970 comme Andy Kaufman ou Steve Martin» sont en portrait dans Vulture.

Genre. Pour combattre les boys club dans la comédie, la chaîne britannique ITV a décidé de refuser toute sitcom ou émission de divertissement qui ne serait écrite que par des hommes.

Spectacle. Chris Esquerre a mis en ligne gratuitement sur YouTube son premier spectacle, Muté, enregistré aux Bouffes Parisiens en juin 2014. C'est à retrouver ici.

Prisons. Enfin l'humoriste Anthony Jeselnik raconte, in extenso, une histoire de spectacle qui a mal tourné dans une prison, sur le plateau de Jimmy Kimmel.

Le ciné-club 

Une reco de comédie à voir en ce moment.
Yves (2019) de Benoît Forgeard
Avec William Lebghil et Doria Tillier. Durée : 1h45. Sorti le 26 juin. 

Jérém (William Lebghil), un branleur vingtenaire qui se rêve rappeur à succès, reçoit en test un réfrigérateur intelligent, nommé Yves. Censé lui faciliter la vie, il l'aidera à composer des tubes et à séduire So (Doria Tillier), enquêtrice pour la start-up Digital Cool. Difficile de faire plus original que le pitch du deuxième film de Benoît Forgeard après Gaz de France : toujours sur la crête de l'absurde, le film est une totale réussite de ce point de vue-là, tenant en haleine tout du long sur cet étrange duo homme-machine.

S'il explore un peu trop cependant toutes ses possibilités - le film aurait peut-être mérité d'être plus ramassé - Yves a confiance dans son rythme étrange et dans ses idées neuves, investissant à fond la thématique de l'intelligence artificielle et des algorithmes envahissants. Surtout, il donne enfin à William Lebghil un rôle de looser en claquettes-chaussettes à la hauteur de sa dégaine patibulaire. A voir : le clip de son tube Carrément rien à branler en duo avec Philippe Katerine.

Le court-métrage 

Une reco de sketch ou de court-métrage.
Rachel, d'Andrew DeYoung
Avec Kate Berlant et John Early. Durée : 12 minutes. Sorti le 12 juin.
Une invitée un peu envahissante : le dernier court-métrage de l'hilarant duo Kate Berlant-John Early n'est pas tout à fait une comédie, plutôt un film à suspense, où resplendit le talent pour l'interprétation de personnages grotesques de Berlant, notamment vue cette année dans Sorry to bother you. 
Court-métrage en anglais.

La série 

Une reco de série à voir en ce moment.
Family Business (Netflix)
Avec Andy Samberg et Akiva Schaffer. Durée :  30 minutes. Sorti le 23 mai.

Parmi les rares productions françaises de Netflix, Family Business fait partie du haut du panier. Créée par Igor Gotesman, auteur de la très dispensable comédie Five avec Pierre Niney en 2016, la série raconte les mésaventures de Joseph (Jonathan Cohen), un entrepreneur raté qui veut se lancer dans le commerce de cannabis, en passe d'être légalisé, en transformant la boucherie casher de son père en coffee shop.

Comme Five, Family Business est une stoner comedy, et son scénario, qui emprunte à peu près tous les passages obligés du genre sans grande finesse (avec un épisode 3 qui rappelle même l'ignoble Gangsterdam), est surtout sauvé par ses dialogues et l'énergie comique de ses comédiens, Jonathan Cohen en tête. A noter aussi la révélation Louise Coldefy (ex-membre des Yes vous aime), en fille de ministre un peu cinglée.

Les podcasts 

Best-of de l'humour en baladodiffusion de ces dernières semaines.  
Remède à la mélancolie (France Inter). 23 juin. 
Benoît Forgeard : "La mélancolie, j'en suis très gourmand".
Le réalisateur d'Yves donne ses recommandations pour adoucir sa mélancolie, notamment le teen-movie français Le Nouveau de Rudi Rosenberg (2016) ou le site de memes Impose ton anonymat.
Durée : 46 minutes.

The Last Laugh (The Daily Beast). 4 juin.
Sacha Baron Cohen Exposes America
Le créateur de Borat, rare en interview, revient sur son show Who is America? dans lequel il auscultait les Etats-Unis à coups de canulars grandioses. Sacha Baron Cohen balance de l'anecdote savoureuse, entre Borat qui aurait causé le divorce de Pamela Anderson ou en racontant une tentative de caméra cachée sur le secrétaire d'Etat Ben Carson qui a failli tourner au drame.
Durée : 1h02. Podcast en anglais.

Conan O'Brien needs a friend (Earwolf). 2 juin.
Hannah Gadsby.
Conversation enjouée entre l'humoriste australienne et le présentateur de late show abordant notamment le spectacle Nanette, œuvre acclamée l'an dernier d'Hannah Gadsby et l'utilisation de l'auto-dérision dans l'humour.
Durée : 49 minutes. Podcast en anglais.
Cette newsletter est une œuvre originale d'Adrien Franque.
Logo et illustration : Pierre Thyss.
Web designer : Thomas Devos.


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