Bonjour à toi,
J’ai momentanément disparu de ta boîte aux lettres parce que… c’est l’été ! Et l’été, je suis souvent par monts et par vaux. De passage entre deux vadrouilles, je voulais te parler de vélo et d’écriture. En juin, je suis partie pédaler quinze jours à travers la Suisse, en suivant les cours d’eau et les lacs, bonheur !
En voyage à vélo, il y a plein de choses que j’aime : trouver un bout de champ pour planter la tente, choisir minutieusement le pique-nique du jour dans une épicerie de village, voir des animaux mignons (des lamas) (des coccinelles), faire une pause (ou plusieurs) pour se baigner et… avoir des tas d’heures pour penser. Pour décanter l’année, faire le tri, trouver des idées, réparer des choses. Un vrai luxe que cette rêvasserie, avec la beauté des paysages en prime.
Dans le monde-des-gens-qui-ne-font-pas-souvent-de-vélo, on passe pour des super-warriors quand on dit qu’on fait une cinquantaine de kilomètres par jour. Ça fait encore plus d’effet quand on dit qu’on a fait 300 bornes. Ou 700 bornes, en fonction du voyage. Dans le monde-des-gens-qui-font-du-vélo, on est plutôt des petits joueurs.
Honnêtement, je ne suis pas très très forte à vélo. Pour preuve :
- Je tremble un peu quand je suis en pleine descente et que je dois indiquer que je tourne à droite et donc lâcher mon guidon (je suis gauchère) ;
- Je ne sais évidemment pas faire de vélo sans les mains ;
- Je galère à démarrer en côte, ou en descente, je préfère quand c’est bien plat pour commencer :-) ;
- J’ai besoin d’être bien assise sur ma selle, avec la pédale du bon côté, à la bonne hauteur, pour me mettre en route ;
- J’ai la trouille dans les chemins caillouteux, surtout s’ils descendent ;
- Je suis très épatée par les gens qui, alors qu’ils roulent, passent une jambe devant eux et ramène leurs deux pieds sur la même pédale, ce qui leur permet de descendre de selle en une seconde et demie, là où moi, il m’en faut 15 (si tu fais partie de ces gens, je veux bien que tu m’expliques, ce mouvement me laisse perplexe) ;
- Je suis aussi fascinée par les gens qui, dans les espaces avec beaucoup de monde, utilisent leur vélo comme trottinette pour avancer ;
- Je râlote devant chaque montée (et descends du vélo dans certaines), et les descentes à 15% me font un peu peur ;
- Je sais à peu près régler la hauteur de ma selle et presque changer des patins de frein mais c’est tout, ne me parlez pas de câbles de frein ou de dérailleur arrière sur lequel faire des ajustements sinon je pleure.
Et pourtant, malgré tout ça, je fais des voyages à vélo et j’adore ça. Parce que j’ai trouvé les ingrédients pour en faire une recette parfaite pour moi :
- la l e n t e u r ;
- un peu de challenge quand même (mon amoureux a évoqué l’idée qu’au pire, on pouvait finir en train si on mettait plus de temps que prévu, mais je ne lui ai pas laissé le temps de finir sa phrase : ça, c’était non négociable) (on a fini à vélo) ;
- de chouettes compagnons de voyage qui ont, la plupart du temps, la même vision des choses et qui me font avancer ;
- de la bienveillance (pas à tous les coups, mais j’essaie) – se souvenir de cette petite fille, qui, dans une montée difficile, descend de selle, fait quelques mètres en poussant et remonte, avec un calme déconcertant – alors que j’en ai passé, moi, des montées à pied à m’auto-flageller ! ;
- des petits plateaux pour les grandes montées et un seul objectif : garder son souffle.
Du côté de l’écriture, même chose. Il y aura sûrement toujours des gen·te·s qui font comme toi mais en vachement plus impressionnant. Ils et elles écrivent (et publient !) un roman par an, roman qu’ils et elles ont écrit tout·e·s seul·e·s dans leur chambre. D’ailleurs, ils et elles l’ont même tapé à l’ordinateur avec les orteils, et en jeûnant, alors que pour toi, l’écriture et le chocolat sont indissociables ;-)
Moi, il me faut beaucoup (beaucoup) de temps pour donner naissance à un texte fini, je déteste écrire des dialogues, j’ai besoin d’être entourée et soutenue pour écrire (merci les ateliers, merci les résidences), je suis parfois coincée dans une intrigue comme devant mon vélo quand la roue avant s’est retournée vers l’intérieur et que je ne comprends pas comment la débloquer.
Mais je continue à écrire quand même. Parce que quand je suis dedans, que j’expérimente pour trouver ce qui me convient, et que je fais à ma sauce, pfiou, qu’est-ce que je suis bien !
Et toi, quels sont tes ingrédients pour que ta créativité te ressemble ?
Je te souhaite de beaux trajets à vélo et en mots !
À bientôt,
Amélie
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