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Lettre d'information - Juillet 2019
FOCUS
VEILLE INSTITUTIONNELLE 

PUBLICATIONS
Cette lettre d'information mensuelle de l'Observatoire Boutros-Ghali vise à rendre compte de l’évolution des doctrines, des pratiques et débats sur les questions relatives au maintien de la paix, et à la participation des pays francophones à ces dernières.
 
N'hésitez pas à la partager autour de vous, en relayant ce courriel

L'Observatoire entend rendre hommage à M. Boutros Boutros Ghali, ancien Secrétaire général des Nations unies et de la Francophonie, qui a très tôt œuvré pour le renforcement du maintien de la paix et mis en avant son caractère pluridimensionnel et évolutif.
 
Pour plus d’informations sur l’Observatoire, rendez-vous sur : www.observatoire-boutros-ghali.org
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En 2018, 131 États ont adopté une Déclaration d’engagements communs appelant notamment à l’amélioration de la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police, afin d’obtenir une meilleure prise en compte des réalités du terrain, des lacunes et défis rencontrés par les Casques bleus et d’accompagner ainsi les décisions politiques.

En effet, en 2015, le Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations unies avait recommandé dans le rapport HIPPO que le Conseil de sécurité adopte « un cadre systématique pour qu’un dialogue avec les pays fournisseurs et le Secrétariat soit engagé dès le début du processus d’élaboration du mandat ». Aussi, en mars 2018, le Secrétaire général des Nations unies lançait l’Agenda A4P (Action pour le maintien de la Paix) soulignant l’importance de solutions collaboratives pour gérer les difficultés auxquelles font face les contingents.

Le 10 juillet 2019, le Représentant permanent du Pérou auprès des Nations unies, en sa qualité de Président du Conseil de sécurité, a dirigé un débat sur le renforcement de la coopération triangulaire. En présence de Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, de Dennis Gyllensporre, commandant de la force de la MINUSMA, d’Alexandra Novosseloff, de l’International Peace Institute de New York, le Conseil de sécurité a débattu et analysé des propositions visant à améliorer les pratiques et susceptibles de contribuer à l’efficacité des OMP.

Premier intervenant, Jean-Pierre Lacroix a d’abord fait état du caractère « crucial » que revêt une meilleure coopération triangulaire en matière d’évaluation de la performance des Casques bleus et des missions. Il a souligné l’importance d’une coopération « robuste et dynamique » autour des retours d’expériences des pays contributeurs afin de rendre les mandats mieux ciblés, mieux adaptés et plus réalistes. Après s’être félicité de l’existence de mécanismes de consultations tels que le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les OP – à la tête duquel la Côte d’Ivoire a fourni un travail « remarquable » en tant qu’ancien État hôte et maintenant fournisseur de contingents – ou encore le Comité des chefs d’état-major des Nations unies, il a offert à l’assemblée quelques pistes de réflexions afin de renforcer la coopération triangulaire.

Le diplomate français a proposé d’intensifier les échanges formels ou informels afin d’encourager un dialogue franc entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents tout au long du cycle de vie d’une mission et particulièrement au moment où la mission rencontre des défis ou problèmes particuliers ou à la suite des examens stratégiques.
Il a également encouragé à la multiplication des visites du Conseil au sein des missions afin de constater et évaluer les progrès réalisés et leur impact sur le terrain. Aussi, rappelant la Déclaration d’engagements communs de « renforcer la collaboration et la planification entre l’ONU et les organisations et dispositifs internationaux, régionaux et sous régionaux pertinents », il a invité à un élargissement ponctuel, dans certains cas, de la coopération triangulaire aux États hôte et aux organisations régionales telles que l’Union africaine (UA) et notamment avec son Conseil de paix et de sécurité.

Le général Gyllensporre, commandant de la force de la MINUSMA, a quant à lui appelé à une meilleure formation des Casques bleus tout au long de leur déploiement, en donnant la priorité aux formations des pays fournisseurs les moins performants. Aussi, il a demandé au Conseil de sécurité à ce que les commandants de force des OP, en tant qu’acteurs de terrain, puissent formuler des recommandations finales avant les renouvellements des mandats. Alexandra Novosselof a estimé « légitime » que les pays fournisseurs de troupes aient une place plus importante au sein de la coopération et aient leur « mot à dire » sur les processus d’élaboration des mandats et de planification des missions car leurs hommes prennent de plus en plus de risques dans un contexte de plus en plus complexes et dangereux. Enfin, elle a rappelé que le renforcement de la coopération triangulaire est une réforme « qui ne coûte rien » mais qui améliorerait plutôt la rapport coût-efficacité des OMP.
VEILLE INSTITUTIONNELLE


Le Liberia officiellement contributeur au maintien de la paix

Bien que le Liberia déploie 105 contingents depuis octobre 2016 en faveur de la MINUSMA, le pays vient seulement de signer le 24 juillet un accord officialisant sa contribution aux opérations de maintien de la paix des Nations unies. Cette officialisation marque ainsi le passage du statut de pays hôte, au statut de pays contributeur du Liberia. En effet, de 2003 à 2018, le pays avait accueilli la Mission de maintien de la paix MINUL, afin de faire observer le cessez-le-feu et respecter le processus de paix.

Aujourd’hui, le Liberia compte 118 personnel en uniforme (dont 10,6 % de femmes) affectés aux missions au Mali et au Soudan du Sud. Cet événement rappelle la récente accession au statut de pays contributeur de la Côte d’Ivoire, elle aussi hôte d’une OMP (ONUCI) de 2004 à 2017. Le sujet a par ailleurs été abordé au cours du séminaire organisé par l’Observatoire Boutros-Ghali, en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer, en mai dernier à Abidjan.
Renouvellement des budgets et amélioration de la situation financière de l’ONU

Le 3 juillet 2019, la cinquième Commission de l’Assemblée générale des Nations unies s’est réunie afin de voter les budgets des OMP, notamment de la MINUSMA, de la MONUSCO et de la MINUSCA. Pour la période 2019-2020, le budget des OMP s’élève à 6,7 milliards de dollars, contre 7,3 milliards de dollars pour la période 2017-2018.

La MINUSMA ayant été prorogée d’un an jusqu’au 30 juin 2020, la Commission des finances lui a octroyé un budget de 1 221 millions USD, contre 1 048 millions USD pour l’exercice précédent. L’augmentation du budget de la MINUSMA se justifie en particulier par la complexification de son mandat, due notamment à la menace asymétrique à laquelle font face les Casques bleus.

La MONUSCO, pour sa part, a vu son budget réduit, passant de 1 141 millions USD à 1 086 millions USD, soit une baisse de 8,2 %. Cette réduction s’explique par la volonté de concentrer les efforts de la mission en direction des zones affectées par les groupes armés (dans l’est du pays et dans les provinces des Kasaï) mais également par le désir d’enclencher une transition du pouvoir apaisée, suite aux élections présidentielle et législatives.

La MINUCSA, quant à elle, s’est vue attribuer un budget à hauteur de 976 millions USD pour le renouvellement de son mandat jusqu’en juin 2020. Soit un montant en légère hausse par rapport à l’exercice précédent.
Suite à ces changements budgétaires, la MINUSMA est passée en juillet en tête des OMP les plus couteuses, toutes zones confondues.

Par ailleurs, la Présidente de la Commission des Finances a déposé ce mois-ci un projet de Résolution pour l’amélioration de la situation financière de l’Organisation. Le projet prie notamment le Secrétaire général d’organiser des réunions d’information trimestrielles à l’intention des États membres concernant l’état des remboursements aux pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et les mesures prises pour que ces remboursements soient effectués en temps voulu. Le 29 avril 2019, un rapport du Département de l’appui opérationnel portant sur le projet de budget-programme pour 2020, proposait la mise en place d’un guichet unique aux pays qui fournissent des contingents ou des effectifs de police.

Ce guichet regrouperait ainsi toutes les fonctions administratives, financières et logistiques liées à la constitution des forces, aux mémorandums d’accord, au matériel appartenant aux contingents et aux remboursements, et fournirait un appui stratégique et opérationnel, dans le cadre d’un partenariat renforcé. Ces nouveaux outils devraient contribuer à une réduction des délais de remboursement aux pays contributeurs et dans la pratique, les demandes de remboursement concernant quelque 90 000 militaires et policiers pourraient être traitées dans de meilleurs délais et les mémorandums d’accord conclus dans les 90 jours qui suivent le déploiement.



Par ailleurs, au mois de mai dernier, à l’occasion du séminaire francophone d’Abidjan sur l'appropriation de la « Déclaration d'engagements communs », organisé par l’Observatoire Boutros-Ghali en collaboration avec la Fondation Konrad Adenauer, ce principe de « guichet unique » a fait l’objet d’une présentation de Mme Fatou Gueye du Secrétariat des Nations unies


 
Consolidation et pérennisation de la paix

Le Pérou, en sa qualité de Président mensuel du Conseil de sécurité, a tenu un briefing sur le lien entre le maintien et la consolidation de la paix, dans le but d’échanger sur le thème du renforcement des partenariats pour une meilleure appropriation des transitions politiques post-conflit. En présence, notamment, du ministre des Affaires étrangères haïtien, du président de la Commission de consolidation de la paix, du directeur du Groupe fragilité, conflits et violence de la Banque mondiale et du Directeur du Bureau de coordination des États en transition de la Banque africaine de développement, il a eu l’occasion de rappeler que la question de « l’appropriation nationale » figure parmi les priorités des Nations unies, et qu’elle représente l’un des piliers d’une transition pacifique féconde pour le renforcement des capacités institutionnelles.

Le Conseil de sécurité et le système des Nations unies ont, dans l’ensemble, accru la priorité qu’ils accordent à la gestion des transitions lors du retrait puis de la clôture des opérations de paix de l’ONU. Tous les participants ont rappelé que le système onusien devait accorder davantage d'attention aux transitions, « souvent mal programmées et mal gérées ». Le retrait d'une opération de paix s'accompagne généralement d'une attention politique manifestement réduite et d'une baisse rapide du financement permettant de poursuivre l'engagement de l'ONU au travers d'une équipe de pays », alors qu’il s’agit d’un moment crucial qui devrait préparer la pérennisation de la paix dans le pays et que les gains obtenus ne tiennent qu’à un fil.

Au cours des débats, le Secrétaire général a appelé à apprendre des pays qui ont connu une transition et réussi à lutter contre les facteurs des conflits comme la pauvreté, les violations des droits de la personne, exacerbés par les changements climatiques et les mouvements migratoires  telle que la Côte d’Ivoire.  Il a invité à des partenariats solides entre l’ONU et les États hôtes, les organisations régionales, sous-régionales et les institutions financières afin d’éviter une baisse brusque du soutien apporté. Prenant pour exemple la situation en Haïti, le chef de l’ONU a mis en lumière le rôle du Fonds pour la consolidation de la paix qui permet de couvrir et financer des projets durant les cinq années suivant le retrait d’une mission et a invité les États membres à y apporter leur contribution financière.
Nouvelles sanctions pour entrave à l’Accord de paix d’Alger

Le Conseil de sécurité a ajouté cinq noms à la liste des personnes maliennes sanctionnées par l’ONU d’entrave à l’Accord de paix d’Alger. Elles sont notamment accusées de trafic de drogues, d’armes et de « détournement » de l’aide humanitaire, mais également d’implication dans des attaques contre les Casques bleus, et sont désormais interdites de quitter le territoire malien. La Médiation internationale a notamment exhorté la CMA (coordination des Mouvements de l’Azawad) à mieux encadrer la population et rappelé que « ceux qui entravent l’Accord de paix s’exposent aux sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies ». Le 18 juin 2019, le troisième Comité de suivi de l’Accord d’Alger (CSA) appelait au retour effectif des symboles de l’État dans la région de Kidal.
Déploiement de 250 Casques bleus britanniques

Face à la montée inquiétante de la menace sécuritaire au Mali, des troupes britanniques seront déployées début 2020. La Secrétaire d’État à la Défense du Royaume-Uni, Mme Penny Mordaunt, a confirmé que le personnel « hautement qualifié ne sera pas sujet à des restrictions sur leur utilisation, ce qui permettra de les voir agir sur une longue durée ». Les troupes seront basées à Gao, à l’est du pays. Voir dans la rubrique Publications, un article à ce sujet.



 
L’UE promet 138 millions d’euros supplémentaires pour la Force conjointe du G5 Sahel

À la suite de la cinquième réunion de travail avec les ministères des Affaires étrangères des cinq pays de la sous-région, Federica Mogherini, la Haute Représentante de l’Union européenne, en visite au Sahel, a annoncé que l’UE financera à hauteur de 138 millions d’euros supplémentaires la Force conjointe du G5 Sahel. Cette annonce vient ainsi s’ajouter aux 115,6 millions d’euros déjà fournis par l’UE pour la création et la consolidation de la Force conjointe.  Pour rappel, la MINUSMA apporte son soutien à la force du G5 Sahel. Le 24 mars dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son accord pour une coopération entre la force du G5 Sahel et la MINUSMA. Désormais, la mission pourra appuyer de façon opérationnelle et logistique la force conjointe du G5 Sahel.
Le Secrétaire général salue des mesures encourageantes prises par le Président Tshisekedi

Le 17 juillet est paru le nouveau rapport du Secrétaire général des Nations unies sur la MONUSCO. Le 24 juillet, ce rapport a été présenté au Conseil de sécurité par Leila Zerrougui, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la RDC (RSSG RDC) et Cheffe de la MONUSCO en présence, notamment, de l’Ambassadeur Mansour Alotaibi, Président du Comité du Conseil de sécurité crée par la résolution 1533.

D’un point de vue général, le Secrétaire général se dit encouragé par les mesures positives prises par le Président Tshisekedi depuis son investiture pour achever l’installation des institutions nationales, lancer son programme de réformes, promouvoir la collaboration régionale et renforcer le Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération. Selon le chef de l’ONU, cette attitude a contribué à la création d’un environnement relativement pacifique, essentiel pour la mise en œuvre des réformes.

Conformément aux priorités stratégiques énoncées dans la résolution 2463 , la MONUSCO a axé ses activités sur la protection des civils, la réduction des menaces posées par les groupes armés, la stabilisation et le renforcement des institutions publiques.
Concernant la situation politique, le Secrétaire général a salué plusieurs initiatives de :  renforcement de la coopération bilatérale et régionale telles que la coopération entre le chef d’état-major des forces de défense du Rwanda et celui des forces armées de la RDC en matière de sécurité ; la relance du processus de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs afin d’examiner la question des groupes armés congolais et étrangers ; l’organisation d’une réunion entre les chefs de services de renseignements et de sécurité de RDC, du Rwanda, de la Tanzanie et de l’Ouganda afin d’adopter une approche globale de neutralisation des groupes armés dans l’est de la RDC.

Concernant la protection des civils, la MONUSCO a soutenu aux cours des derniers mois plusieurs mécanismes locaux de règlements des conflits en aidant au : développement d’un système d’alerte rapide et de plusieurs mécanismes locaux de protection et de renforcement des capacités des collectivités afin de renforcer la cohésion sociale et d’encourager une coexistence pacifique. Ces initiatives ont abouti dans plusieurs régions : dans la province du Nord-Kivu, un dialogue intercommunautaire a été instauré ; dans la région de Beni-Butembo, un accord de paix entre les groupements de Bambuba-Kisiki et de Banande-Kainama a été signé ; dans la région de Minembwe, les communautés sont parvenues à la signature d’un document dans lequel elles se sont engagées à respecter un cessez-le-feu.

Aussi, dans la région de Shabunda, la MONUSCO a mis en œuvre un plan global contre les violences sexuelles qui a abouti à l’arrestation du dirigeant des Maï-Maï et de son adjoint, tous deux accusés de crimes contre l’humanité pour viols et meurtres de civils. Elle a aussi organisé un dialogue entre les autorités, les représentants des groupes armés, les acteurs du secteur minier et la société civile afin de définir des mesures qui permettraient d’éviter une reprise des conflits. Enfin, la MONUSCO a appuyé des initiatives de renforcement des capacités en matière de gouvernance de la sécurité et de la protection des civils en formant des coordonnateurs de la protection de l’enfance et de la police nationale congolaise. Une journée de sensibilisation au problème de la violence sexuelle à l’intention des FARDC a également été organisée.

À propos des processus de DDR et de sécurité et stabilisation de l’État, la MONUSCO a intensifié sa collaboration avec les autorités congolaises (9 nouveaux projets ont été mis en place depuis fin avril) et a proposé d’envisager le passage d’une stratégie de DDR statique à une approche plus souple et mieux adaptée. Aussi, la composante de police de la MONUSCO a continué d’aider au développement des capacités de la police nationale congolaise et a apporté son soutien à l’élaboration d’un plan d’action 2019-2023.

Enfin, et tel qu’annoncé en avril dernier, deux premiers bureaux de la MONUSCO ont été fermés, ceux de Kisangani et Lubumbashi et les forces seront redéployées à Bukavu.
PUBLICATIONS

 Mali / MINUSMA

















                 

Quels changements attendus avec le mandat révisé de la MINUSMA pour la protection des civils au Mali ? 

Le 28 juin, le Conseil de sécurité des Nations unies a reconduit le mandat de la MINUSMA pour une année supplémentaire. La création d'une deuxième priorité stratégique de protection des civils et d’appui à la stabilisation et au rétablissement de l’autorité de l’État dans le centre du pays est sans aucun doute un des changements qui était le plus attendu. Cet article est le premier d’une série de deux, proposés par le Center for civilians in conflict, consacré à cette nouvelle priorité stratégique.  
Podcast : Lignes de défense - Opérations au Mali : « comprendre et combattre »

Ce podcast revient sur l’importance du déploiement de forces maniant la langue française dans les opérations de maintien de paix. Sur 14 OMP, 8 prennent place sur des terrains francophones. Citant par exemple la participation des troupes canadiennes à la MINUSMA ou l’Organisation internationale de la Francophonie qui œuvre pour la mobilisation de contingents francophones pour des missions de maintien de la paix de l’ONU.  
Pourquoi le Royaume-Uni va-t-il au Mali ?
Le Royaume-Uni a annoncé l’envoi de 250 soldats de la paix supplémentaires au Mali en 2020.  Ce déploiement représentera le plus gros déploiement britannique dans une opération de maintien de la paix depuis la Bosnie et pourrait être la mission la plus dangereuse pour les forces britanniques depuis l'Afghanistan. De la formation de pré-déploiement des Casques bleus à la difficulté pour des anglophones d’évoluer et d’apporter des solutions concrètes dans un environnement francophone, Abigail Watson et Liam Walpole analysent la stratégie britannique afin de savoir si elle sera efficace, adaptée à la région du sahel et aux défis qui y persistent. À propos du retrait de l’opération canadienne

Cet article, republié en juillet 2019, revient sur le refus d’Ottawa de reconduire l’opération Présence, malgré de nombreuses requêtes des Nations unies. Cette opération consistait principalement à soutenir les évacuations médicales, le transport de troupes et de matériel de la MINUSMA, et comblait ainsi un important déficit logistique. La Roumanie devrait prendre le relais trois mois après le retrait des contingents canadiens, laissant alors la « mission de maintien de la paix la plus meurtrière », avec de plus faibles moyens pour évacuer ses blessés.

Femmes, paix et sécurité



Genre et maintien de la paix : progrès et défis


Les femmes sont particulièrement exposées aux violences sexuelles et, aux côtés des enfants, aux déplacements forcés. Dans les négociations de paix et en tant que signataires d'accords de paix, les femmes restent nettement sous-représentées, sapant ainsi la perspective d'une paix équitable. Ce n'est qu'en soutenant et en renforçant la participation active des femmes aux transformations sociales, politiques, économiques et de sécurité que les opérations de paix pourront contribuer à une paix inclusive et sensible au genre. Telle est l'ambition exprimée dans la résolution 1325 du Conseil de sécurité et dans le rapport sur les femmes, la paix et la sécurité qui en a émergé. Dans l’article ici présenté, Anne-Kathrin Kreft revient sur la nécessité de protéger les femmes et les filles contre les violations des droits humains et la violence sexuelle dans les conflits, l'importance de renforcer la représentation et l'influence des femmes dans les processus de paix et la reconstruction après un conflit, ainsi que la nécessité d'un maintien de la paix plus sensible au genre.   
Maintien de la paix des Nations unies et protection contre la violence sexuelle
Ces dernières années, les mandats des missions de maintien de la paix ont mis davantage l’accent sur la protection des civils et sur le problème de la violence sexuelle. Les auteures de ce rapport ont étudié l'impact du maintien de la paix onusien sur la survenue de violences sexuelles en temps de guerre. Elles ont constaté que la capacité des soldats de la paix à réduire la violence sexuelle en général est faible. Seule la police au sein des missions de protection réduit le risque de violence sexuelle de la part des rebelles. Mieux former les femmes actives dans le maintien de la paix de l’ONU
Cet article retrace les faits marquants du documentaire « Journey of a Thousand Miles: Peacekeepers », qui retrace le parcours de trois femmes bangladeshi déployées dans le cadre de la MINUSTAH, en Haïti, en 2017. Bien que la présence de ces femmes ait permis la construction d’une meilleure relation avec les communautés locales, celles-ci étaient peu formées et devaient faire face à des responsabilités qui ne leur sont pas permises dans leur pays d’origine. Ce documentaire appelle ainsi à une meilleure formation des femmes et à une plus grande participation de celles-ci dans les OMP, afin d’apporter un regard nouveau, et d’encourager toute une génération de jeunes filles et de femmes à s’engager dans le domaine de la paix. Il est également important de rappeler qu’il a été démontré que les processus de paix auxquels les femmes ont participé ont 35 % plus de chances de durer au moins quinze ans.

Questions et enjeux liées aux opérations de paix



Évolution de la protection des civils dans le maintien de la paix des Nations unies


Cette année marque le vingtième anniversaire du mandat de protection des civils comme objectif stratégique d’une OMP des Nations unies. Pourtant, les efforts déployés pour mener à bien ce mandat sur le terrain au cours des deux dernières décennies ont été mitigés. Les points de vue des pays membres du Conseil de sécurité ou contributeurs de troupes restent divergents quant aux limites et aux attentes des soldats de la paix et les conséquences pour les civils sur le terrain peuvent être désastreuses. Ce nouveau rapport du programme international de l'ASPI présente une synthèse des difficultés rencontrées par les OMP dans leurs efforts de protection des civils au cours des deux dernières décennies, tout en proposant quelques pistes d’amélioration pour renforcer la performance des Casques bleus.  
Rapport de la conférence annuelle du RUSI sur le maintien de la paix
Ce rapport présente les conclusions de la 17e conférence annuelle sur le maintien de la paix organisée par le « Royal United service Institute » britannique (RUSI). Organisé en deux parties, le rapport porte respectivement sur : les défis auxquels font face les OMP pour respecter leur devoir d’impartialité et le consentement de l’État hôte puis sur le maintien, la consolidation et la pérennisation de la paix en environnement complexes. L'avenir des opérations de maintien de la paix des Nations unies

Dans cet article, Dennis Jett, étudie l’évolution du maintien de la paix et le changement de l’environnement dans lequel les OMP évoluent. Il existe actuellement 14 missions de maintien de la paix et chacune d’elle reflète trois des différentes étapes de l'évolution du maintien de la paix : le temps des OMP classiques (Cachemire), les opérations multidimensionnelles (Mozambique) et les OMP plus récemment lancées comme missions de protection et de stabilisation, où les soldats de la paix ont pour mandat de protéger les civils et d’aider les gouvernements menacés par un extrémisme violent (Mali).  Les OMP faisant partie de cette troisième catégorie se déroulent toutes en Afrique subsaharienne.  Si ce sont les opérations les plus dangereuses et les plus difficiles, ce sont aussi celles où les Casques bleus proviennent largement des pays en développement et dont les soldats sont mal équipés et mal formés. Selon l’auteur il y a peu de chance que cette situation évolue et il va jusqu’à estimer que les OMP seraient « obsolètes » car il n’y aurait pas de « paix à maintenir et que les forces des Nations unies sont incapables de l'imposer, car les soldats de la paix ne sont pas des combattants ».

Maintien de la paix des Nations unies au niveau local : favoriser le règlement des conflits en réduisant la violence communautaire

Si les opérations de maintien de la paix des Nations unies collaborent de plus en plus avec les communautés locales pour soutenir les processus de paix dans les pays touchés par la guerre ; les recherches existantes tendent à se concentrer sur les fonctions coercitives et de renforcement de l’État des OP. Les activités locales concrètes avec les chefs de communautés et les populations restent trop peu étudiées selon d’Hannah M.Smidt.  Dans cette étude, elle suggère que les OP devraient promouvoir plus d’activités de dialogue intergroupes entre ou avec les populations locales car ils constituent l’un des outils les plus importants de règlement des conflits et de maintien de la paix.  Organisés par les composantes civiles des opérations de maintien de la paix des Nations unies, ils impliquent des chefs de communauté et des citoyens ordinaires appartenant à différents groupes communautaires. Dans des pays ou l’État est déficitaire, certains dirigeants/chef des communautés locales conservent, eux, un haut niveau de légitimité et pourraient aider les OMP à faire avancer la consolidation de la paix après la guerre en collaborant avec les communautés.
Les Casques bleus contre la violence criminelle – les effets inattendus des OMP ?

L’étude de Jessica Di Salvatore se concentre sur la violence criminelle et propose une réponse en deux temps afin d’expliquer pourquoi les OP, tout en diminuant l’intensité des conflits, peuvent parallèlement alimenter « par inadvertance » la violence criminelle. Dans un premier temps, l’auteure affirme que les opportunités économiques découlant de la réduction des conflits ouvrent la voie à la compétition entre les groupes criminels. Dans un second temps, Di Salvatore souligne que les combattants démobilisés sont plus susceptibles de se tourner vers la criminalité en raison de leur statut et niveau de vie précaires. Aussi, il a été prouvé empiriquement que si les déploiements militaires massifs de l’ONU augmentent le nombre d’homicides, les actions de la police des Nations unies contiennent ces effets collatéraux.
 
Avec la nomination de K.K. Craft, quel sera le futur positionnement des États-Unis concernant le maintien de la paix?

Suite au départ de Nikki Hayley en février 2019, Kelly Knight Craft, anciennement ambassadrice des États-Unis au Canada, a été nommée au poste d’ambassadrice auprès des Nations unies. Dans cet article, Adam Day tente de répondre à trois questionnements passés sous silence depuis sa nomination, mais qui demeurent d’importance considérable pour le devenir des OMP : les États-Unis vont-ils opérer des coupes dans le financement des OMP ?  Comment Craft compte se positionner par rapport à John Bolton (conseiller à la sécurité nationale de Donal Trump) ? Les États-Unis vont-ils continuer à reconnaitre le lien entre les risques sécuritaires et le climat ?

Processus de paix et retour d'expériences



Étude comparative de 18 processus de paix « Comparing peace process »


Ce livre propose une étude comparative de 18 processus de paix structurée de manière à optimiser la comparaison entre les processus et compare systématiquement les études de cas autour de 11 variables qui couvrent le contexte du conflit, les procédures du processus de paix, la réactivité du processus de paix aux demandes, et les niveaux de participation et d’inclusion. Selon les auteurs, une comparaison s’avère nécessaire car bien que chaque contexte soit particulier, certains outils peuvent toutefois être adaptés puis réutilisés.  Aussi, dans un entretien de présentation de ce livre pour l’Oxford Research Group, le professeur Roger Mac Ginty revient sur le concept de processus de paix, de consolidation de la paix et du concept de « paix au quotidien ». 
De la crise au développement : se préparer à la prochaine vague de transition des opérations de paix des Nations unies

Selon l’auteur, les OP traversent une période de reconfiguration et de retrait accélérée due notamment à une crise de leur financement mais aussi à une méfiance de la part des États hôtes. Pour exemple entre juin 2017 et mars 2018, les OP de longue date en Côte d'Ivoire et au Liberia ont pris fin, tandis que la mission en Haïti a été reconfigurée en un Bureau des Nations unies. Ce dossier propose un retour d’expériences et les enseignements à tirer en examinant les cas de la Côte d’Ivoire, d’Haïti et du Liberia.
POSTES À POURVOIR
MINUSMA – Directeur de l’appui à la mission

Lieu d’affectation : Bamako, Mali

Date limite de candidature : 18 août 2019

Compétences requises : au moins quinze années d'expérience dans les domaines de l'administration, de la finance, de la logistique, de la technologie de l'information, de la communication ou dans des domaines connexes est requis. Diplôme universitaire du niveau de la maîtrise (Master ou équivalent) dans le domaine de l’administration des entreprises ou l’administration publique, de la logistique, de la comptabilité, des finances ou dans toute autre discipline apparentée.
 
MINUSMA - Responsable chargé de la réforme du secteur de la sécurité

Lieu d’affectation : Bamako, Mali

Date limite de candidature : 15 août 2019

Compétences requises : connaissance dans le domaine des réformes des secteurs de la sécurité (RSS) ou de la défense (concepts, terminologie, recherche, et principes directeurs), en particulier les domaines de spécialisation tels que la gouvernance, la surveillance et la responsabilité du secteur de la sécurité, le développement institutionnel, le développement durable ou d’autres domaines pertinents) et aptitude à mettre en œuvre une expertise technique afin d’identifier, évaluer et résoudre des questions et problèmes. 
 
MONUSCO – Administrateur associé chargé de la coordination des mesures de sécurité

Lieu d’affectation : Goma, RDC

Date limite de candidature : 14 août 2019

Compétences requises : au moins deux années d'expérience professionnelle, à des niveaux de responsabilité de plus en plus élevés, dans un centre des opérations de sécurité ou dans des entités similaires au sein d'une organisation militaire, policière ou de sécurité. Excellente connaissance de la gestion de la sécurité, combinée à un solide bagage militaire, policier de spécialisation en sécurité ; connaissance, compréhension et aptitude à gérer les problèmes de sécurité dans un environnement post-conflit ; capacité à gérer de manière appropriée les unités de sécurité.
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L’Organisation internationale de la Francophonie, le ministère de la Défense français, Affaires mondiales Canada et le ministère des Affaires étrangères belge ont conçu ensemble le projet dénommé « Observatoire Boutros-Ghali du maintien de la paix ». Cet Observatoire constitue un cadre de discussion entre experts et personnalités francophones issus de pays contributeurs de personnel, et s’inscrit en cela dans un objectif de renforcement du dialogue triangulaire entre les États engagés dans le maintien de la paix, le Conseil de sécurité et le Secrétariat des Nations unies.

Il s’agit également d’accompagner les États francophones dans leurs démarches visant à mieux préparer leur engagement dans les Opérations de maintien de la paix, en soutien du Secrétariat des Nations unies. L’Observatoire présentera à cette fin des propositions visant à faciliter l’engagement de ces États dans le maintien de la paix. Le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), basé à Bruxelles, a été chargé d’animer l’Observatoire, avec le soutien actif des partenaires impliqués dans le projet. 


AVERTISSEMENT : Les propos énoncés dans les différentes publications ne sauraient engager la responsabilité des organismes pilotes de l’étude, pas plus qu’ils ne reflètent une prise de position officielle du ministère de la Défense français, de l’Organisation internationale de la Francophonie, des Affaires mondiales Canada ou du ministère des Affaires étrangères belge.