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SCOTCH & PENICILLIN
 BONJOUR 
Tel le lieutenant Colombo, je reviens en disant que j’ai oublié un dernier truc…

J’ai dédié la dernière info-lettre à David Freel, chanteur et guitariste de Swell, décédé le mois dernier. Je disais que j’avais adoré ce groupe dans les années 90 mais c’est un peu plus que ça. Cette lettre parlera donc principalement de Swell mais pas que, et elle pourra (je l’espère) intéresser celles et ceux qui ne connaissaient pas du tout ce groupe.
Nota : J’ai créé une playlist Youtube pour écouter tous les morceaux cités.

De tous les trucs que j’ai pu écouter à cette époque, même parmi mes chouchous, il y en a peu que j’écoute encore aujourd'hui : My Bloody Valentine, Smog, parfois Palace... et Swell.
C’est, je pense, Bernard Lenoir sur France Inter qui me l’a fait découvrir. J’avais ensuite enregistré (sur des cassettes) des CD empruntés à la médiathèque du Mans : “...Well?” et “41”.
Au delà de la composition des morceaux -dont je ne parlerai pas, n’étant pas critique musical- ce qui m’a énormément plu avec ce groupe est l’ajout de pistes d’ouverture et de fermeture à leurs premiers disques. Ainsi, sur “...Well?” une voix que l’on dirait venue d’un vieux film(1) nous souhaite une bonne écoute. À la fin du disque cette même voix (?) espère que nous avons aimé le disque et nous souhaite une agréable soirée. Et on enchaîne sur “A rainy night in August” : 12 minutes de field recording(2) débutant avec le bruit de la pluie, la circulation, les voix des passants… à 6:45 en entend de la musique au loin : c’est le groupe qui répète (ou joue en concert ?), mais le micro reste dans la rue, avec les klaxons, les camions et les cris de fin de soirée.
D’autres artistes ont intégré des captations d’ambiances pour certains de leurs titres : 
  • Dans son premier album, Björk a enregistré la partie vocale de "There’s more to life than this" depuis les toilettes de la discothèque qui passait l’instru, en mode karaoké.
  • Steve Albini a signé un remix de Tortoise en mode grosse feignasse : sur "Ry Cooder (the beer incident)" on l’entend rentrer chez lui, allumer la télé (radio ?) en même temps qu’il passe le morceau sur sa chaîne hi-fi, et s’ouvrir une petite bière…
  • "Mercury" est un bel album de American Music Club (groupe de San Francisco, comme Swell) avec un titre de 2 minutes en field recording : "More Hopes and Dreams". Ici plus de musique mais quelques blips éthérés. Je pensais qu’il s’agissait de signaux sonores pour les navires en cas de brouillard mais internet vient de me révéler la vérité : “That’s a power station in San Francisco. I think it’s a systems check, to say that all the systems are going well."(3)
  • Sur, "Lawn and so on", le dernier titre de leur album "Under the western freeway", Grandaddy interrompt brutalement la musique. On entend craquer un siège en cuir et une voix soupirer et dire “Sorry… Not sorry” (bien des années avant “déso pas déso”). 2 minutes de silence puis c’est l’été dans les oreilles : 5 minutes de cri cri cri et de bzzzbzzz. Les petites bêtes en folie.
Pour revenir à Swell : "41", l’album suivant débute là où s’est terminé le précédent et de la même façon : dans la rue. "In the door, up the stairs" : des bruits de clés, une porte qui grince et des pas qui montent un vieil escalier (celui de la pochette du disque) pendant qu’on commence à entendre la guitare du premier morceau. À la fin du disque on fait le chemin inverse : "Down the stairs, out the door". Les pas, les clés, l’escalier, la porte, la rue, la foule, le métro où un vieil homme déclame des textes : ce sont les paroles des chansons du disque.

41 était le numéro du local de répétition du groupe, Turk Street dans le quartier Tenderloin de San Francisco. J’avais lu l’info il y a bien longtemps mais aujourd'hui, avec google maps je peux facilement me rendre sur place. J’ai donc voulu voir à quoi cela ressemblait. Grosse déception, le local a été rasé et un immeuble vient d’être construit. Mais internet est magique et nous permet de remonter le temps jusqu’en 2017 quand le vieux bâtiment était encore là. En 2009 on peut même encore lire le “41” au pochoir sur la porte avec la grille en métal. C’est celle qu’on entend au début à la fin du disque.
2009
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2014
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2019
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2021
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Pour en finir avec Swell : le 7 mai 1997 j’ai pu les voir en concert à Bordeaux (affiche partagée avec Tarnation). Je me souviens seulement d’un rappel où le bassiste et le batteur ont joué l’introduction de "It’s okay" pendant de longues minutes avant que le chanteur ne reviennent avec eux sur scène (les premières paroles de la chanson sont “Shit…”). Apparemment il n'aimait pas trop faire des concerts.

(1) Cette voix viendrait d'une cassette reçue par un des membres du groupe (flûte, je ne retrouve plus la source de cette information pourtant très intéressante). Traduction littérale de l'introduction : "Bonsoir. J'espère que vous apprécierez cet enregistrement comme je l'ai fait, comme j'ai apprécié de l'enregistrer pour vous. Et j'aime beaucoup enregistrer. Lorsque je le vendrai, j'espère obtenir de bonnes critiques et une bonne visibilité afin de pouvoir obtenir des emplois et des établissements - excusez-moi - ou des contrats d'enregistrement."
(2) Le field recording est le fait d'enregistrer les sons ambiants, sur le terrain
(3) "C'est une centrale électrique à San Francisco. Je pense que c'est un système de contrôle, pour dire que tout fonctionne normalement."
 LECTURES RÉCENTES ET EN COURS 
“Dominique A - La Fossette” de Thierry Jourdain et Pierre Lemarchand
Dans la librairie, ce livre était mal rangé, posé sur une table loin de son rayon, comme s’il m’attendait (sortie en avril 2021, j’étais passé totalement à côté).
Plus haut je parlais des disques qui nous suivent toute notre vie. Le premier CD de Dominique A est de ceux-là. Ce petit livre raconte donc dans le détail tout l’histoire de la création du disque : de la genèse des chansons jusqu’au décryptage de la pochette. Ca s’adresse surtout aux fans et c’est pointu mais je suis tout de même très déçu que l’auteur soit passé à côté de la citation de la musique de Pinocchio dans “L’un dans l’autre”.

Dans la même famille des groupes “compagnons”, je me devais de parler de Mendelson que j’ai enfin pu voir jouer pour leur tournée d’adieu. C’était fort, beau et émouvant. Leur “Dernier disque” est sorti en édition limitée avec un livre présentant l'intégralité des textes des chansons de Pascal Bouaziz avec le groupe (depuis 1995 jusqu’à aujourd’hui). On le lit comme un livre de poésie : rarement et en piochant dedans. C’est l’occasion de retrouver des textes aussi beaux qu’"Avec mon frère", "Les petits frères des pauvres", "1983 (Barbara)", ou "Algérie" (les chansons “fleuves” sont mes préférées). Le problème est qu’en lisant ces textes j’ai toujours la musique des chansons en tête. Je ne peux plus être à 100% dans le texte.

Et pour boucler la boucle, j’ai acquis (mais pas encore lu) le numéro spécial de Langue Pendue : Les années Lithium (consacré au label du même nom, maison entre autres des 2 artistes sus-nommés).

"Mon Maroc" de Abdellah Taïa. J’ai acquis ce livre sans rien en savoir, juste sur la base de la photo de la couverture et des quelques lignes en 4e. Les histoires sont touchantes mais le style m’a un peu désarçonné : les chapitres finissent souvent par une question totalement à côté de la plaque. Le livre a été écrit en 1998 mais on dirait ces tics de blogueurs finissant leurs posts par des “…et vous ?”.

Grosse rigolade avec "Tser au rant chinois" d’Alexandre Gérard qui compile des photos d’enseignes et d’inscriptions diverses totalement foireuses. Les problèmes d’impression, l’orthographe approximatif ou les effacements créent des messages au delà de la compréhension, comme de la poésie révélée. Je ne résiste pas au plaisir de vous recopier le texte en 4e de couverture (sans aucun rapport avec le reste du livre) : 
“Après avoir vécu près d’un an dans uen chambre de bonne, à Paris, en ayant confusément l’impression de voir la tour Montparnasse par la fenêtre, sans jamais pour autant l’avoir clairement formulé, j’ai réalisé que cela était impossible et qu’il s’agissait en fait de la tour Jussieu.”

Changement d'ambiance avec "L’inventaire des destructions" d'Eric Watier, livre recensant les artistes ayant volontairement détruit leurs propres œuvres. Un super livre nihiliste de toilettes (ou plutôt un livre de toilettes nihiliste).

Je n’achète plus trop de livres d’images (je me suis rendu compte que je ne les ouvrais jamais) mais j’ai flashé sur "And we hear a big “BANG!” de Josephine Topolanski : des croquis, schémas, dessins de structures planétaires et de commencements du monde imprimés en riso doré sur papier bleu nuit. J’ai envie de me faire tatouer chaque page.

Le même jour j’ai acquis le "PUNTORRENT" de Séverine Bascouert et Sammy Stein : récit de ses pérégrinations “à travers les hameaux, les villages, les mégalopoles, les sous-bois, les Royaumes Inconnus, les centres d'arts, les arrière-cours de coiffeurs et d'autres lieux modestes et fabuleux".
Je viens de lire le passage sur les souterrains de Paris et c’est magnifique.
Achetez-le pendant qu’il est encore disponible !

Unicode à gogo #3 vient de sortir ! la suite de l’encyclopédie des caractères bizarroïdes qui peuplent nos machines numériques et qui ouvrent des portes vers le passé lointain et des contrées toutes aussi lointaines. Ce 3e volume est un très bon cru et vous serez incollables sur tous les codes pour trier et recycler ses déchets.

Je viens de voir que Charlie Kaufman avait sorti un "Antkind". J'aime beaucoup les scénarii des Kaufman mais je ne me sens pas d'attaque pour une masse de 864 pages.
Gautier m'avait conseiller - à raison- de lire 'Ici commence la nuit" d'Alain Guiraudie mais, de la même façon, ai-je envie le kilo des 1040 pages de "Rabalaïre" ?  Pas encore...
A bientôt pour le retour au récit de la préparation de mon épopée débile.
Dédié à la mémoire de :
• Pierre Papadiamandis, compositeur du générique de Téléchat
• Liz Sheridan, actrice américaine, compagne de James Dean
et interprète de Raquel Ochmonek, "la voisine fouineuse de la série Alf".
• Paul de Casteljau, développeur des courbes de Bézier
• Steve Wilhite, inventeur du format .gif

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