Bonjour !
La vente solidaire que j'organise pour soutenir l'orphelinat Centre Emmanuel au Togo se clôture mardi prochain, soit le 7 juin. Il vous reste donc 4 jours pour participer. À cette occasion, je voulais m'arrêter sur l'une des 11 photographies signées mises en vente.
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CE QU'UNE PHOTO NE NOUS DIT PAS...
J'ai réalisé cette photographie tout près de l'orphelinat. J'avais repéré l'endroit plus tôt dans la journée. Il suffisait d'attendre la bonne heure, donc, la bonne lumière, et le tour serait joué. En deux mots, je me sentais inspirée.
Mais finalement, à quoi tient l'inspiration ?
Être interpellé.e par une scène, un geste, un espace ? Se sentir disponible à cela ? Être véritablement présent ? Oui, c'est un peu tout cela à la fois. C'est être connecté.e à la fois à soi et à son environnement immédiat. Mais au fond, pourquoi à un moment donné, un / une photographe fait-il / fait-elle une image ?
La réponse, nous ne l'avons pas toujours immédiatement. La pratique photographique, lorsqu'elle n'est pas conceptuelle (c'est à dire pensée en amont et réalisée précisément pour traduire une idée) fait souvent appel à l'inconscient du ou de la photographe.
Le psychiatre Serge Tisseron dans son essai Le mystère de la chambre claire : Photographie et inconscient, développe l'idée que le boîtier de l'appareil photo constitue au même titre que l'inconscient, un espace où stocker ce qu'il nous est impossible d'assimiler dans l'instant présent.
Aujourd'hui, quand je regarde cette image, je vois tout un tas de choses dont je n'avais pas conscience au moment de la prise de vue.
Cette image illustre à merveille la créativité que je qualifierais "de bout de ficelle" que l'on croise dans les pays du sud global. Elle me rappelle une exposition visitée lors des Rencontres Internationales de la Photographie d'Arles. Le photographe Michael Wolf y présentait plusieurs de ses séries réalisées dans des grandes villes d'Asie. L'une des séries intitulée Informal seatings arrangements montre cette même créativité à l'œuvre. Je vous laisse la découvrir. Dans l'image que je vous présente aujourd'hui, c'est l'assemblage chaotique des pierres qui me renvoie à ce type de créativité. Ici, cet assemblage assure cependant une protection plus symbolique que réelle au propriétaire du champs.
Cette image me parle aussi de l'évolution de la culture togolaise. Les solidarités y sont moins présentes, confrontées à l'évolution des mondes contemporains dont l'Afrique fait bel et bien partie. Si avant, la communauté était solidaire de la faim de ses membres, c'est de moins en moins le cas. Alors que la hausse du coût du pétrole et des denrées alimentaires de base (Maïs, Huile, Riz) met à l'épreuve les foyers les plus pauvres, elle annonce aussi une famine qui pourrait se produire une fois les réserves annuelles de denrées épuisées.
Et pourtant !
Lorsque je regarde cette image, je ne me sens pas triste, au contraire.
Cette photographie réactive chez moi la curiosité de l'enfant exploratrice que j'étais en partie. Elle me rappelle les multiples explorations du grenier de ma grand-mère, les franchissements de barrières à travers champs à la recherche des trésors saisonniers du moment (champignons et autres baies). Elle convoque les interdits et les joies associées aux expériences dérobées au cadre parental et plus tard au cadre sociétal. Elle convoque le goût de l'interdit. C'est parce que cette photographie nous dévoile des choses tout autant qu'elle nous en cache, qu'elle nous interpelle, et je crois que vous l'aurez compris !
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À bientôt
Adeline
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