L'Agence Normande de la Biodiversité et du Développement Durable (ANBDD) a missionné le GMN pour actualiser la liste rouge des espèces de mammifères menacées en Normandie. La liste rouge 2022 établie à l'échelle de la Normandie fait suite aux deux listes rouges des deux ex-régions réalisées en 2013. Les 20 espèces de chauves-souris identifiées en Normandie ont été évaluées.
Seules deux espèces sont actuellement considérées comme "Vulnérable" et quatre espèces comme "Quasi menacées" selon les critères établis par l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Trois populations de Petit Rhinolophe ont également été évaluées: deux sont considérées comme "En Danger" et une comme "Vulnérable", bien que l'espèce soit considérée comme non menacée à l'échelon régional.
Le changement de statut de plusieurs espèces observé entre les listes élaborées en 2013 et 2022 vers des catégories de menaces inférieures s'explique principalement par le changement d'échelle territoriale de l'évaluation inhérent au regroupement des deux régions. Certaines espèces auparavant considérées comme menacées en Haute-Normandie ne le sont plus car leur statut de conservation est moins défavorable dans les départements de l'ex Basse Normandie. A l'échelle de la Normandie, la taille des populations de certaines espèces dépasse le seuil des 1000 individus utilisé pour le critère D de la grille de l'UICN (populations très petites ou restreintes) et même si celles-ci sont inférieures au seuil de 10 000 individus du critère C (petite population et déclin), elles présentent le plus souvent une dynamique démographique positive, même si certaines sous-populations se maintiennent difficilement, et ne peuvent être alors considérées comme menacées.
La situation est donc paradoxale pour plusieurs espèces de chiroptères qui, après avoir très fortement regressé dans la seconde partie du 20ème siècle, recolonisent progressivement depuis deux décennies des territoires d'où elles avaient disparu. C'est le cas notamment de la Barbastelle et dans une moindre mesure du Petit Rhinolophe alors que les effectifs de leurs populations demeurent très faibles et, au regard de l'évolution des milieux, ne recouvreront jamais leurs niveaux antérieurs. La Barbastelle reste notamment très dépendante des pratiques sylvicoles et du maintien du bocage.
D'autres espèces comme le Grand Rhinolophe, le Grand Murin et le Murin à oreilles échancrées, actuellement dans une phase de croissance démographique, n'en demeurent pas moins menacées à long terme car leurs populations comptent moins de 10 000 individus et restent donc intrinsèquement fragiles. La tendance d'évolution pourrait rapidement s'inverser sous l'effet de diverses menaces : dégradation des habitats, raréfaction des proies, exclusion des gîtes de reproduction, aléas climatiques entrainant une forte mortalité juvénile, etc.
Concernant les espèces les plus ubiquistes qui fréquentent notamment les milieux agricoles, une tendance à la diminution est fortement supposée ou avérée mais insuffisamment documentée à l'échelle régionale ou inférieure aux seuils de l'UICN, ne permettant pas de les classer dans une catégorie de menace car le déclin doit être marqué (> à 30% en 10 ans pour la catégorie VU) et estimé sur la base de données fiables. Pour autant, le statut de conservation de la Sérotine commune et de la Pipistrelle commune dans une moindre mesure, paraît défavorable dans la région.
Dans le cas des espèces forestières et arboricoles (Murin d'Alcathoe, Murin de Bechstein, ...), les données chiffrées sur l'évolution des populations font défaut également. Seules les informations sur la répartition, le dire d'expert s'appuyant sur l'évolution des habitats fréquentés ainsi que les menaces qui pèsent sur ces espèces permettent de leur attribuer une catégorie de menace.
La liste rouge complète des mammifères sera accessible en septembre sur le
site de l'ANBDD.