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L'Ernestine, la lettre d'Ernest !
- 24 juillet 2022 -
L'ÉDITO D'ERNEST 
Chassés-croisés

L’été est un chassé-croisé. Non pas seulement celui si cher à Bison Futé entre juilletistes et aoutiens. Mais un chassé-croisé plus large entre ce que nous espérions un an auparavant à la même période et ce que nous avons accompli, réussi, raté, et tenté. Resteront, forcément, les beaux instants volés au quotidien qui laissent une empreinte puissante : un regard, un baiser, un lieu secret, un sourire, un diner partagé, le rire d’un enfant, un cadeau inattendu offert ou reçu, une victoire sportive etc.
L’été est aussi un chassé-croisé aussi entre la frénésie du quotidien et l’insouciance si chère à Sagan qui le présentait comme "le seul sentiment dont il faut prendre soin parce qu’il ne possède pas d’argument pour se défendre", que nous tenterons de retrouver alors que la trêve estivale pointe le bout de son nez. Chassé-croisé aussi pour certains et certaines entre deux défis. Ceux que l’on a relevé haut la main et ceux que l’on a face à nous. Qui font peur mais qui seront, eux aussi, relevés.

Dans le sens de la langue, chassé-croisé désigne un ensemble de démarches qui se croisent sans se coordonner. Pourtant ce matin nous avions envie de réhabiliter le chassé-croisé. Cette idée profondément humaine que nous essayons, que nous tentons de garder un cap, et que nous l’adaptons. Ce chassé-croisé fait de départs, d’arrivées, de nouveaux départs. Où l’impasse n’existe pas puisque l’Humain a la capacité d’invention, de création, et de réinvention.
Dans la beauté de l’été, inconsciemment, se niche en nous quelque chose d’indescriptible qui nous met en mouvement. Tout de suite ou plus tard. Pourquoi sinon aimons-nous tant en les chérissant tout particulièrement les rencontres d’été ?

Peu importe d’ailleurs qu’elles ne durent qu’une heure, une nuit, ou des années même si nous aimons qu'elles durent. "Il est des rencontres qui nous bouleversent profondément, nous interrogent sur notre identité bien plus intensément que des années d’introspection. L'importance que prennent certaines personnes à nos yeux ne tient pas à la durée de la rencontre mais à la puissance avec laquelle leur présence résonne en nous, à ce qu'elles libèrent ou ravivent comme part essentielle de nous-mêmes, à la vérité enfouie à laquelle, sans le savoir, elles nous reconduisent", écrit d'ailleurs la philosophe Claire Marin dans son bel essai « Être à sa place », paru à l’Observatoire dans



un éloge du chassé-croisé, de l’addition, de la beauté de ce qui n’est pas linéaire. Pourquoi sinon, aimons-nous tant les cartes postales autrefois échangées ? Pourquoi sinon, gardons-nous le souvenir de ces repas où l’on rit, où l’on parle fort, où l’on danse, où l’on pleure, où l’on s’aime, où l’on se cherche des poux, où l’on mange plus qu’il ne faut, où l’on se dit l’espace d’un instant qu’il faut saisir ce bonheur.

Bonheur estival qui se croise parfois, lui aussi, avec une mélancolie qui étreint forcément. Dans cet aller-retour, dans cette capacité à nous laisser tranquille autant qu’à nous interroger lors de ces moments, il y a une source d’or. Celle que chacun d’entre nous peut trouver en lui pour inventer la suite.
Au fond dans cette idée répandue que le chassé-croisé serait un brouillon, il y a une forme de volonté de ne pas accepter le tâtonnement, l’interrogation, le raturage etc. Il y a dans le refus du chassé-croisé la volonté que chaque chose ou chaque être reste à "sa place".  "J’ai tout essayé pour me soustraire, mais il n’y a rien à faire nous sommes tous des additionnés" dirait pourtant Gary. Ainsi, dans ces additions il y a nos chassés-croisés. Ce qui nous rend plus beaux. Plus complets, même.

Aussi, les amis, pour cet été nous vous souhaitons de beaux chassés-croisés de ceux qui seront les brouillons joyeux de l’avenir, de ceux que vous chérirez longtemps, de ceux qui vous rappelleront que vous êtes vivants, profondément vivants.  
Quand la rentrée sera là, la frénésie rendra moins simple la possibilité du chassé-croisé constructif. Mais rassurez-vous, il est possible à toutes les saisons pour peu que nous gardions et que nous chérissions notre invincible été, ou tout simplement que nous gardions intacte notre capacité humaine à aimer les zigzags plutôt que les lignes droites. A aimer les pas de côté qui rendent le chemin plus beau. 


Bon dimanche et bel été,

PS : L'Ernestine prend du champ pour recharger les batteries et réfléchir à l'avenir.
Retour prévu le 22 août.

DÉFENDRE LES BOÎTES AUX LETTRES
Comme toujours, Jérémie Peltier met le doigt sur un phénomène que nous n’avions pas forcément vu venir. La disparition des boites aux lettres. Ces objets qui nous permettaient pourtant de nous dire tant de choses durant l’été, mais pas que. Et si elles étaient des ZAD (Zones à défendre ) ?  Et vous, à qui allez-vous écrire cet été ?

C'est par là
AMANDA STHERS : "L'ÉCRITURE EST COMME UN BAISER DÉSIRÉ"
Amanda Sthers est une autrice protéiforme talentueuse. Du “Vieux Juif Blonde” en passant par  “les Promesses”, les “érections américaines”, ou “de l’infidélité”, elle est une exploratrice de l’humain dans toutes ses facettes. Avec “Le café suspendu” paru chez Grasset, elle signe un roman tendre et beau sur nos failles. Rencontre. (Photo Patrice Normand)

C'est par là
LE POÈME

Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.

Personne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !

Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l'apaiser,
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,

Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon cœur n'était que vos pas.


Paul Valéry, "Les Pas", in "Charmes"

Tous les poèmes de l'Ernestine sont là.
LA VALISE DES CHRONIQUEURS 2022
Presque tous les chroniqueurs et chroniqueuses d’Ernest qui toute l’année vous régalent ont décidé de vous aider à faire votre valise à lire pour l’été. Avec leurs personnalités différentes, leurs approches du monde et de la vie qui font la richesse d’Ernest ils ont concocté une liste pleine de pépites. Laissez-vous tenter !

C'est par ici

Le pas de côté de Jérémie Peltier est là.
"RETOUR À IZIEU"
Quatrième épisode de “24 colonnes à la Une”, notre série d’été dans laquelle Stéphane Nivet raconte – à la manière d’un chroniqueur judiciaire – le procès de Klaus Barbie à Lyon en 1987. Essentiel.
Dans ce quatrième récit : retour sur la rafle des enfants d'Izieu. 


C'est par ici 

L'épisode 3 est là (accès libre) : "La souricière"
L'épisode 2 est là : l'arrivée de Barbie à Lyon en 1942
L'épisode 1 (en accès libre) : "Les diable en France", est ici.
Pour se procurer le livre, c'est là
EROTIQUE D'ETE : SE LAISSER TENTER
L’été est propice à la coquinerie. L’occasion rêvée pour vous procurer les romans érotiques que Virginie Bégaudeau a sélectionné pour vous. Elle a choisi le meilleur. La crème de la crème. Et si on se laissait tenter ?

C'est par là
ERNEST EN EXTASE À LA CAMPAGNE
A partir du 2 juillet, l'immense Ernest Pignon-Ernest exposera ses "Extases" à Bernay en Normandie. L'occasion pour Pierre-Louis Basse qui vit à Bernay de nous dire sa passion pour le maître Ernest et de nous parler, aussi, de l'époque.

C'est par ici.

POUR NE PAS VOUS ENNUYER, ABONNEZ-VOUS !


Vous êtes nombreux à avoir découvert Ernest avec la chronique "Vous nous faites chier" de Jérémie Peltier suite à l'attentat de Conflans. Du coup, on vous en dit un peu plus sur le pourquoi du comment d'Ernest et sur votre soutien qui est crucial pour nous. Merci à vous tous et toutes.
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Bonnes lectures et à la semaine prochaine !
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