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N°98
SOMMAIRE
  • Keskon écoute pendant les vacs ?
  • Scarlet Rae, emo-folk pour adoucir le spleen
  • Workings Men's Club : la peur, la peur, l'espoir, l'espoir.
  • Surprise Party
  • La playlist de la semaine avec Lost In Kiev, Malcolm Eppz, Principles Of Geometry...

KESKON ÉCOUTE PENDANT LES VACS ?


Quand j'étais jeune et boutonneux, préparer mon paquetage pour les vacances relevait du véritable supplice. Si bien qu'il s'accordait d'ailleurs au pluriel : un sac pour mes jeux vidéo histoire de kiffer avec la mif et les potes quand il fait trop chaud; un sac de fringues évidemment - même si on passe le plus clair de son temps à moitié à poil, allez savoir - une guitare (dans mon cas à l'époque, une basse acoustique) et une autre besace autrement plus importante : ma musique. Oui, j'avais aussi besoin d'un sac pour ça. Rappelez-vous, nous sommes au début des années 2000, les baladeurs mp3 peinent encore à convaincre les gens (et si c'est pour avoir seulement une trentaine de morceaux dessus, autant dire que c'est de la bite en barre et on les comprend) et tout le monde n'a pas la kichta pour se payer un iPod (3500 Francs à l'époque quand on y pense). Je carbure donc avec ce que l'on appelle aujourd'hui une relique : un baladeur CD Sony D-E350 (celui-ci pour être précis, regardez comme il est beau je l'aime). Mais quand on va à la guerre, on ne prend pas qu'une carabine, on prend aussi une ceinture de munitions et la mienne se matérialisait en quelques ranges CD. Des putains de ranges CD. Vous vous souvenez de ces trousses carrées là ? Avec un nombre limité d'encoches pour les disques, qui te pousse à sélectionner en amont ce que tu dois mettre de côté. C'était l'époque des choix, notion qui nous est complètement étrangère aujourd'hui.

Dieu bénisse la digitalisation de notre monde, je n'ai plus à déterminer à l'avance la bande-son de mes vacances ni à me trimballer un bagage en plus. Et vous n'aurez pas non plus à chercher trois mille ans quoi écouter quand vous serez dans le train, bloqué•e•s entre deux feux de forêts ou sur le tarmac. J'ai longtemps réfléchi à ce que j'allais vous préparer comme playlists pour les vacances, mais après les retours enthousiastes que vous m'avez fait cette année sur les artistes chroniqué•e•s, vous balancer des mails encore et encore ne serait pas forcément le plus pratique - ni le moins chronophage pour moi évidemment. La réponse évidente existe à vrai dire déjà : des radios.

En règle générale, vous écoutez les nouveautés dans la playlist de découverte (celle-là). Mais au fur et à mesure, j'ai organisé des playlists par genre pour que vous puissiez rapidement retrouver les morceaux qui vous ont plu selon vos goûts et envies. Elles sont aussi enrichies de pépites qui ne sont PAS passées dans la newsletter. Je vous mets le lien de toutes les radios en dessous. Il ne vous reste plus qu'à vous abonner aux playlists qui vous intéressent sur votre plateforme de streaming, et ce sera mis à jour chaque semaine ! N'hésitez pas à les faire tourner à vos potes pour les soirées estivales, il y a de largement de quoi trouver son bonheur.

Je vous laisse avec pas mal de belles choses cette semaine ! Au programme : une nouvelle tête de la scène indépendante de Brooklyn, un super disque de post-punk synthétique pour danser comme des cinglé•e•s et la playlist de la semaine, avec en prime la surprise d'un formidable groupe que je ne présente plus.

Il me reste à vous dire un grand merci pour votre soutien jusqu'ici et à vous souhaiter de bonnes vacances :)

À tôt-bien pour une rentrée de folie (la centième) !

La bise à vous :)
Guillaume de Qombo
 
TOUTES LES PLAYLISTS DE QOMBO

EN COUV'

Scarlet Rae, emo-folk pour adoucir le spleen

 

Des synthés doux, des guitares lentes et un chant mélancolique : la nouvelle cool-kid de la scène indie de Brooklyn continue d'amplifier la voix commune de celles et ceux qui composent dans leur piaule.


Pour une raison que l'on ignore, des êtres humains se montrent parfois capables de faire de grandes choses à un âge pas du tout avancé. C'est le cas par exemple de Declan McKenna, qui a entamé sa percée avec son titre Brazil alors qu'il n'avait que quatorze printemps, ou encore Julien Baker qui a sorti son splendide premier disque Sprained Ankle à l'âge de dix-neuf ans. Tout comme la star de l'indie-rock mélancolique susmentionnée, Scarlet Rae commence au même âge sa croisade sur les routes escarpées de la musique larmoyante et confirme une idée que l'on a tendance à oublier : il y a des jeunes qui ont le feu sacré.

Texte poétique relativement mature et production globalement de bonne facture : sur son premier titre Parachute, la Californienne délocalisée depuis à Brooklyn chante ses peurs et ses doutes (Tout est partout / l'autoroute est si froide / Je veux écrire à ce sujet, mais je ne sais pas si ce serait assez bien). Et bien on peut le dire : ce sera bien, même très bien. En témoignent un Going Through à l'ambiance plus enfantine assumée, et à quelques top-titres annonciateurs d'un futur radieux. Les synthétiseurs atmosphériques de Incandescent Wonderland vous emmènent dans un monde où l'américaine semble avoir vécu mille vies, les guitares éclatantes de Built To Spill font évidemment écho au groupe du même nom, symbole d'une digestion d'un patrimoine sans accroc. Et puis il y a son dernier single, le triste et tendu Seems Like Forever, plus intelligent et riche dans sa composition, construite autour d'arrangements électroniques et de cordes maîtrisées, qui laissent une voix affligée s'envoler ("Il est temps de rentrer à la maison, de finir ce qui reste de la kétamine dans mon tiroir"). Elle raconte dans The Fader :
 

"J'ai écrit "Seems Like Forever" en décembre 2020 dans mon ancien appartement pendant une tempête de neige. Je traversais probablement la pire dépression de ma vie et je me sentais très isolée après avoir déménagé à Brooklyn sans beaucoup de motivation. Je sentais que ma créativité m'avait abandonné et je commençais à exprimer tout ce qui était en moi à travers [les quelques nouvelles chansons que je composais]."



À mi-chemin entre Yndling, Hana Vu ou plus récemment Phoebe Go qui a sorti l'envoûtant titre The Kid (présent dans la dernière playlist et accessible dans les derniers titres ici), Scarlet Rae donne assez vite le ton : il faudra la surveiller. Vous en entendrez reparler ici à coup sûr.
Découvre Scarlet Rae
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DANS LES BACS

Working Men's Club - Fear Fear

 

Sur ce second disque complètement zinzin, les sales gosses du Yorkshire évoquent leurs peurs au carré et transforment l'effroi en énergie festive.


Des chœurs obsédants semblent plonger dans les profondeurs des ténèbres. Dès le début de ce Fear Fear, la bande emmenée par le jeune Sydney Minsk-Sergeant (20 berges, quand je vous parlais de feu sacré...) donne le La pour la suite : vous allez plonger dans un trip psychédélique ahurissant, parfois violent, mais jamais sans voir la lumière au bout du tunnel. En effet, ne vous laissez pas berner par ce titre en apparence évocateur, les terre-pleins sombres n'empêchent pas aux contours d'avoir certaines couleurs optimistes. Et justement, même si le jeune auteur est parti sur des introspections vilaines et autres pensées ténébreuses pour ses textes, ce nouvel album est en fait un anesthésiant pour traverser ces moments de doutes et de méfiance. À mi-chemin entre héritage post-punk, synth-pop et new-wave, et bien on se retrouve finalement sur un album de club, de dance music pur et dur où s'agiter vient conjurer le sort.

Tout ça par un groupe à la structure rock, ce qui va sans doute faire exploser de joie les jeunes trentenaires d'aujourd'hui qui ont vécu les heures courtes et intenses de la nu-rave du milieu des années 2000, comme ceux de la synth-pop 'ricaine des radios des derniers jeux GTA. Car les Anglais vont certes titiller les émotions les plus enfouies, mais convoquent aussi des oreilles plus aguerries tant ce nouveau long format empile les références.

Widow rappelle le trésor qu'était Late Of The Pier, Ploys aurait aisément sa place sur un disque de Neon Indian, Circumference s'apparente à un voyage sidéral en compagnie de Depeche Mode et Kraftwerk, Heart Attack sonne comme un calque piqué à Fujiya & Miyagi, quand Money Is Mine semble être une rencontre impromptue entre Leftfield, Aphex Twin et Hadouken! dans la moiteur d'un club underground. Un thème de disque sombre sur la perte et l'isolement qui contraste avec sa musique censée balayer ces idées noires. Il suffit de prendre l'isolement - sujet en vogue après les confinements - évoqué sur le single Widow d'un air las et hypnotique par le frontman : "La luxure était facile / jusqu'à ce que tu meurs / maintenant je baise dans ma tête, mais pas à l'extérieur". Un appel au secours qui passe finalement presque inaperçu tant le titre se veut décollant et apaisant.

Et c'est très exactement ce que l'on peut retirer de ce disque : Working Men's Club a douillé et vous a préparé l'échappatoire dont vous pourriez avoir besoin un de ces quatre, en mêlant tout un tas de références que les plus jeunes comme ceux qui ont connu les années 80 auront à l'ouïe. Avec une force indéboulonnable : cette voix lancinante et ces claviers zinzins complètement entêtant.

Bonne remontée à la surface.

Working Men's Club
Fear Fear
Disponible via Heavenly Recordings


SURPRISE PARTY

Bloc Party - Alpha Games (Deluxe Edition)

 

Le quatuor dégaine trois inédits et les intègre à une version deluxe de son dernier album Alpha Games. Et ils sont très exactement ce qu'il lui manquait.


Inutile de revenir sur la septième fournée du groupe emblématique de l'indie-rock british, tout ce que vous avez à savoir dessus est à lire dans ce numéro de Qombo. On va quand même prendre le temps de s'arrêter sur ces trois gemmes tellement elles ressortent du lot, qu'on les prenne en tant qu'élements d'un disque ou d'une discographie entières. Des ritournelles guitaristiques aux textes mélancoliques chantés par la voix singulière de Kele Okereke, sans oublier des rythmiques tapageuses qui savent se faire complexes même dans la vélocité, les ingrédients qui ont fait aimer Bloc Party ne manquent pas à l'appel. Mais surtout, aucun titre n'est de trop ou vient servir un remplissage grossier.

Acting Out (terme utilisé en psychologie signifiant littéralement passage à l'acte, NDLR) et véritable banger de cette livraison réinvoque les doublons de guitares et riffs tranchants de Banquet, The Prayer ou The Once And Future King; The Robot And The Psychonaut tout en mélancolie fait la part belle au piano électrique (Un Rhodes Mark II pour les nerds du matos parmi vous, NDLR) et Strut raconte les mésaventures d'un certain Lou sur des airs dance-rock aériens que les fans de la première heure ne rejetteront pas. C'est fou ce qu'on peut faire avec trois morceaux quand même.

One, two, three, Viva Bloc Party.
Acting Out
The Robot And The Psychonaut
Strut


LA PLAYLIST

Sorry - Let The Lights On
Indie-Rock / Post-Punk

Des "Je t'aime !", "je t'ai trouvé !" et "j'ai besoin de toi !" à tire larigot s'empilent sur ce nouveau single aussi abrutissant que l'amour dans tous les sens du terme, et ça donne envie de danser bon sang d'bois.
Pour les fans de The Kills, Yeah Yeah Yeahs, CSS
Malcolm Eppz - Bulletproof Peacock
Hip-Hop
Le MC de Hawaï a vécu combats et abandons avant de revenir majestueux comme un paon. Et son plumage est aussi beau que son état d'esprit en kevlar.
Pour les fans de Cannibal Ox, Wu-Tang Clan, Company Flow
Lost In Kiev - Solastalgia
Post-Rock / Soundtrack / Contemporary
Selon Internet, la solastalgie désigne la détresse psychologique et la souffrance existentielle liées à la prise de conscience d'une urgence écologique. Sur son nouveau titre qui nous rappelle dans un monde à obsolescence programmée, le quatuor parisien nous évoque son éco-anxiété et nous rappelle qu'il nous reste trois ans. Pas sûr que ça fera bouger les décideurs, mais au moins, on aura une jolie option en guise de chant du cygne.
Pour les fans de Red Sparowes, Mogwai, Pg.Lost
Hoshina Anniversary - Mizuasobi
Électronique / Tech-House / Ambient
Des boucles de synthés hypnotiques et une cymbale qui se lève et se couche à répétition. Sur cette petite perle qui mélange le jazz fusion, la musique traditionnelle japonaise et la techno, le producteur célèbre l'arrivée d'un été relaxant. En Japonais, Mizuasobi signifie littéralement "jouer avec de l'eau". Alors laissez les Nerfs dans l'open-space, c'est la saison des pistolets à flotte !
Pour les fans de Four Tet, Rone, Anthony Naples
Principles Of Geometry - Hummerican
Électronique / IDM / Downtempo

Le carré de la voix bouclée est égal à la somme des carrés des plages de synthés : retour du duo cosmique français avec son electronica planante à la douceur nostalgique qui nous donnerait presque envie de retourner en cours de maths.
Pour les fans de Plaid, Arovane, Leftfield
Michael Claus - Atmos Schematics
Deep-Techno / Dub
Atmosphère acide au rendez-vous : à l'heure des incendies et de la chaleur dévorante, le producteur de San Francisco vous fera fondre au coeur de la nuit. De quoi être en harmonie avec la nature.
Pour les fans de Djoko, Toman, Donato Dozzy

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