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Odyssée Argentique

What am I doing here ? 🥾⛈️

📍 Simandre (38)
📅 36 jours depuis le départ
🥾 912 kilomètres depuis Tours
📓 124 pages de notes consignées dans mon cahier
📸 124 photographies capturées
📖 Glamorama (1998) de Bret Easton Ellis en lecture du moment
🔗 Plus de détails sur l'Odyssée Argentique
Un mois que j'ai abandonné la maison, un mois que mon corps endure kilomètres et kilogrammes. Je quittais la semaine dernière le Puy-en-Velay sur une note positive : douche, nuit entre quatre murs, café bouilli mais qui avait le mérite de ne pas être soluble, bénédiction du personnel ecclésiastique ; en bref, la recette d'un renouveau réussi. 
 
Mais une ennuyeuse ennemie que je n'avais en aucun cas prévue m'affronte depuis la Haute-Loire. La fatigue. Redoutable, elle commence à me ronger. Elle est comme cette incurable maladie qui, à petit feu, vous possède, vous obsède, vous réduit. Chaque pause devient l'objet d'une sieste, d'un léger repos à l'ombre d'un arbre où sous l'appentis d'un abri de bus. Le soir venu, la force me manque. Je suis pris d'une certaine oisiveté, fruit d'un mélange complexe de fainéantise, de nonchalance, de paresse, je ne sais pas vraiment en fait.

Pour autant, mes muscles se portent bien. Tout comme mes articulations, mes tendons et ligaments d'ailleurs. Les vingt-cinq kilomètres avalés chaque jour, sous un sac-à-dos de quinze kilogrammes, ne présentent plus la même difficulté qu'à l'issue des premiers jours. La fatigue est profonde, foncière, spirituelle. Je m'interroge et je me questionne. Quand parfois la pluie dévale sur mon visage, je me demande à l'instar de Bruce Chatwin en son temps, what am I doing here ?
En conséquence de cet état quasi végétatif, peu de notes s'inscrivent dans mes carnets, peu de photographies se figent sur mes pellicules. Une bonne partie du début de la semaine, les paysages vallonnés du Pilat ne m'ont guère soulagé. J'aurais préféré des rayons dorés, je subis désespérément les ténèbres des nuages assombris par de puissants orages. Rares sont les folles averses à ne pas s'abattre sur ma tête rossée par l'usure de cette humide pérégrination. Vingt minutes suffisent à me retrouver détrempé. À ne plus être sec. À attendre naïvement de sécher. Encore et encore. Encore et toujours pensé-je même.
Plus tard dans la semaine, je traversais le Roussillon. J'écris dans mon carnet à ce sujet : "Je suis assis dans ma toile et tente d'apercevoir, derrière l'épaisse brume qui occupe le paysage, le Vercors. Dans la vallée voisine, les orages rugissent. Ils hurlent toute leur colère. Je ne vois pas la lueur des éclairs. Uniquement la large et dense couche d'un coton noir comme la houille stéphanoise qui se trouve à une dizaine de kilomètres de-là, je suggère. Juste au-dessus de ma toile, dans ce qui apparaît être la seule tâche azur de ce ciel encombré, circulent d'immenses oiseaux blancs. Des aéroports sont construits pas loins d'ici. Grenoble, Lyon, Turin, Marseille. Je dois être installé sous un couloir aérien. Drôle d'idée que de s'ébahir devant des oiseaux qui parcourent en une fraction de seconde ce que mes jambes requièrent une journée entière".

Au coin de ma tente, j'observe inlassablement les montagnes qui s'emparent du paysages. Je regarde à nouveau les nuages et me demande de quelle météorologie je pourrais bénéficier si je sautais sur l'un des innombrables avions qui me survolent, et qui pourraient me déposer, où sais-je, en Egypte, au Chili, dans le Pacifique ?
Enfin, un peu de rencontres dans ce monde bercé par les précipitations et la solitude. Depuis hier, je poursuis mon chemin en compagnie d'une nouvelle rencontre. Grand, sec, aux cheveux de la couleur des blés et aux yeux de la couleur du ciel, Géraud est parti de chez lui il y a un mois aussi. A vingt-six ans, il a préféré abandonner son quotidien pour s'initier à l'exploration, personnelle et temporelle. Il ne sait pas encore où les sentiers le conduiront. Ce qu'il désire, c'est marcher, découvrir, comprendre. Trouver une voie qui le rapprochera de qui il est, ou de ce qu'il veut être. En attendant, nous apprenons à faire connaissance. Peut-être sommes-nous témoins des prémisses d'une nouvelle amitié ? Nos nombreux points communs pourraient le confirmer, mais seul l'avenir nous l'affirmera.
Nous avons convenu avec Géraud de poursuivre ensemble jusqu'à Chambéry, que nous devrions atteindre début de semaine prochaine. Par la suite, il prévoit de continuer en direction d'Aix-les-Bains ; je prévois de me rendre du côté d'Annecy où je serai reçu chez Paul, un ami aventurier rencontré l'année passée aux confins du Massif Central. Là-bas, je prendrai une pause de quelques jours, le temps de recevoir une seconde injection Pfizer, d'admirer les Alpes qui seront à mes pieds, et de profiter de la bonne humeur de Paul.
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