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SE RÉAPPROPRIER DES SILENCES : 
LA PAROLE AUX CONCERNÉ.E.S


Avec Anthony Vincent, Elvire Duvelle-Charles et Lexie.

Les médias mainstream détiennent un immense pouvoir sur les narrations et les imaginaires qui construisent notre société. Quelle est la responsabilité des médias qui détiennent l’influence et le pouvoir de rendre visible ? Comment les activistes organisent leurs stratégies narratives ? Lutter à la marge ou au centre ? D’où parler pour que la puissance des narrations se transforme en action ?
 

Anthony Vincent, Elvire Duvelle-Charles et Lexie étaient réuni.e.s à pour en discuter aux côtés de Clémentine Labrosse, à l’occasion de cette première table-ronde Censored.
 

Les espaces mainstream et leur puissance problématique

« La présence trans dans nos médias n’est pas récente, ou inexistante, elle reste cependant une exception et ses traitements sont répétitifs et décidés par des journalistes qui y font systématiquement jouer leur cis gaze ; une situation qui ne participe pas à créer une visibilité réaliste et qui perpétue les mêmes motifs, les mêmes fantasmes : corps, transitions, sexualité, traumatismes, agressions. » Voici ce dont Lexie, militante et fondatrice du compte @aggressively_trans  fait état dans son livre Une histoire de genres, guide pour comprendre et défendre les transidentités. « Les médias spécialisés s’en sortent mieux mais manquent d’une diffusion et d’une consommation par des personnes hors des communautés queers », ajoute Lexie un peu plus loin. Réussir à exploser le plafond, savoir conserver des espaces communautaires nécessaires tout en bénéficiant d’une visibilité et de discours à la portée la plus large… C’est bien là que se situe l’enjeu : comment donner de la  puissance à ces médias, où comment transformer ces grandes industries qui confisquent et déforment souvent la parole ?


Anthony, Elvire et Lexie se rejoignent sur ce point : il faut lutter et s’exprimer partout, aussi bien hors et au sein de ces industries médiatiques, culturelles, artistiques, politiques. 
 

« On est soit expert.e, soit témoin, on ne peut pas être les deux »

« C’est ce que Maboula Soumahro développe beaucoup : elle est chercheuse en histoire des civilisations de l’Amérique et c’est une femme noire. Elle a été invitée plusieurs fois sur des plateaux TV concernant le mouvement Black Lives Matter en tant que femme noire. On a jamais pensé au fait qu’elle était spécialiste des civilisations de l’Amérique sur le sujet. » Lexie nous apprend qu’elle a par la suite développé une pensée sur la subjectivité, le « je »comme objet de réflexion et de recherche. « C’est quelque chose que je constate dans mes recherches en histoire et en anthropologie autour du genre : le fait d’être un je, qui est un je trans, ça éclaire les archives sur l’existence des personnes trans dans l’Antiquité, au Moyen-Âge. C’est quand il y a cette croisée entre le je et les domaines de recherche scientifiques qu’il y a la création d’un nouveau savoir. »

Le savoir, c’est le pouvoir : pour Anthony, s’il y a autant d’espaces de confiscation de parole par les médias et la recherche, c’est bien qu’il y a un enjeu de « qui a le droit de dire ce qui est visible, invisible ? Qu’est-ce qui vaut la peine d’être traité médiatiquement ? ». « On est tout le temps en train de choisir, de sélectionner, de découper ce qui aura le droit d’être considéré comme de l’information dans le réel, parmi toute les réalités qui existent. »
 

Le risque en intégrant des médias mainstream et de traiter de sujets spécifiques à nos identités, c’est en même d’être perçu.e comme trop subjectif.ve. Anthony l’explique,  « en tant que journaliste, je le ressens aussi de l’intérieur des rédactions : on est soit expert.e, soit témoin, on ne peut pas être les deux. Ça dérange, ça devient trop »,  un constat que fait aussi Alice Coffin dans son livre Le Génie Lesbien, “Les médias se privent de la parole et du travail des personnes concernées. (...) Ne pas considérer les activistes comme des sources précieuses et valides conduit à mal faire son métier ». Et un constant qui conduit aussi à aller construire ailleurs. Elvire Duvelle-Charles raconte ainsi les débuts de la série Clit Révolution, co-fondée avec Sarah Constantin ; "On se faisait retoquer de toutes les chaînes et on nous disait « non, c’est un sujet de niche », « vous devriez le proposer à de la presse féminine », donc on s’est dit « plan B, on fait un crowdfunding en mode guérilla, on se paye pas. C’est à ce moment qu’on s’est dit qu’on avait besoin d’une communauté pour nous aider à nous financer. C’est seulement après avoir décollé sur les réseaux sociaux que France TV s’est dit « OK, venez c’est trop bien votre idée ». Il y a avait besoin de prouver que ces sujets intéressaient. Maintenant, les médias mainstream nous accueillent à bras ouvert et viennent même nous chercher pour atteindre nos communautés. Ils se rendent compte qu’ils sont totalement à la masse et qu’ils n’ont pas réussi à prendre le tournant éditorial post #MeToo, post #BlackLivesMatter. Cette prise de conscience intersectionnelle qu’on est en train d’avoir. »

 

Stratégie du bruit, course à l’audience

« Ces questions, les médias mainstream cherchent à les capitaliser, la ligne éditoriale est extrêmement limitante et on vient rarement nous faire parler pour en parler : il y a une difficulté à faire reconnaitre la légitimité du sujet si ce sont les personnes concernées qui viennent en parler. Tant que ce sont des sociologues, tant que ce sont des universitaires, des personnes qui veulent provoquer des émotions, c’est intéressant mais quand ce sont les concerné.e.s qui en parlent avec une volonté militante, tout de suite ça n’est plus audible. » nous dit Lexie.

 

À ce constat Anthony ajoute, « les médias reposent sur un sytème économique qui fait que plus il y a d’audience, plus ils vont avoir de l’argent. Ils vont miser sur des sujets sensationnalistes, polariser l’audience et ainsi avoir une plus grande assiette économique potentielle. (…) On va nous inviter comme étant la personne noire, la personne gay, la personne trans qui coche une, deux ou trois cases de représentation et basta, pour dire qu’on l’a fait et qu’on a été progressiste, et pour faire buzzer. »

 

S’infiltrer : le cas de la presse féminine

« La question de l’infiltration, je crois qu’elle est nécessaire. Néanmoins elle n’est pas suffisante, et c’est là qu’il y a ces deux dynamiques qui se mettent en place : le « par nous, pour nous », et la question de l’institutionnalisation, le fait de rejoindre les structures de pouvoir. », nous dit Lexie.

 

Historiquement pour Anthony, il est clair que c’est par la presse féminine que passent beaucoup de progrès sociaux. « C’est dans ces espaces-là qui semblaient futiles, en parlant de mode, de beauté, de couture, que les femmes ont pu peu à peu structurer une pensée politique et la diffuser au plus grand nombre afin de revendiquer leurs droits. C’est aussi par la presse féminine, les suppléments mode de médias généralistes qu’on pu être défendues certaines causes sociales comme l’accès à l’IVG. Ces espaces sont des « attrape-pub » avec beaucoup d’annonceurs, dans lesquels se glissent des sujets beaucoup plus politiques qu’ils en ont l’air sur la justice sociale. »

Elvire Duvelle-Charles le raconte : « Je suis pour infiltrer tous les milieux et aussi ceux qui nous martèlent à longueur de temps qu’il faut mettre de la crème anti-rides. Mais c’est important de comprendre leur modèle économique pour lire ces magazines. La presse féminine c’est un des seuls endroits où tu es correctement payé.e en tant que journaliste aussi. C’est pour ça que j’encourage énormément des médias qui vont se créer via des crowdfundings et qui vont réussir à sortir d’une forme de modèle capitaliste qui repose sur tes insécurités et tes complexes, en n’ayant rien d’autre à vendre que leur contenu. »

La presse féminine pose aussi la question de son inclusivité et des stéréotypes véhiculés sur les femmes trans, comme l’explique Lexie. « Ce que je constate avec la presse féminine c’est que ça n’est pas une presse pour toutes les femmes, et que c’est là où le besoin de personnes concernées permet ces modifications. Concernant la présence de femmes trans dans la presse féminine, si t’es pas mannequin, tu n’existes pas. Ça oriente une vision de certaines femmes trans qui sont rendues acceptables alors que les autres ne le sont pas. C’est insupportable à voir et à vivre, et cela montre que même dans ces espaces de femmes, il y a une certaine objectification. »

 

Construire ailleurs ?

« Moi j’ai pas fait le choix d’aller sur une plateforme marginalisée ». Pour Elvire Duvelle-Charles, la silenciation que vivent beaucoup de personnes minorisées socialement se reproduit par les algorithmes et l’a amenée, avec d’autres comptes influents, à assigner Facebook en justice. La première audience se tenait il y a un mois : « on a besoin de comprendre les outils de modération d’Instagram qui sont très opaques. » Une réflexion les poussant par la suite à annoncer « On se lève et on se casse sur Patreon », plateforme pensée pour les créateur.ices et les artistes, beaucoup plus bienveillante et valorisant financièrement ses savoirs par le biais d’abonnements. Elle y anime par exemple un Book Club. Une nouvelle configuration qui l’amène à revoir son rapport à sa communauté en entretenant des liens plus humains et ancrés dans le réel.

« Récemment, le premier média transféministe vient de se créer en France, qui s’appelle XY média. Je crois que c’est par la création de ces espaces complètement novateurs qu’un Grazia pourra évoluer. C’est dans ces moments de lutte - parce que c’est déjà une forme de lutte - que le monde institutionnel se réveille et voit que ces nouveaux espaces et cette demande existent. », nous dit Lexie. On se félicite de l’entrée fulgurante de XY dans le paysage médiatique, qui mène d’ailleurs pendant tout le mois des fiertés une campagne de crowdfunding et qu’il est important de soutenir.
 

Pourquoi est-il si important d’entretenir et de construire une communauté ? 

Pour Lexie, les ailleurs existent déjà : « il faut affirmer le fait qu’on doit créer, entretenir, valoriser les espaces communautaires. Ce sont sont des espaces de survie : dans le cas de la communauté trans, c’est AccepTess qui a créé un fonds distribuant des colis alimentaires pendant le confinement, qui finance des nuits d’hôtel aux trans qui se font virer par leurs parents, qui subissent des violences sexuelles par leurs parents après un coming out. La communauté, c’est un ailleurs parce que c’est un espace de marge. On parlait de la vie underground : elle doit exister de façon pérenne car même le jour où il y aura une question de banalisation de nos existences dans les systèmes économiques, professionnels, culturels, je crois qu’on doit quand même entretenir un héritage, entretenir une culture qui s’est créée autour de nos identités. »
« Les espaces communautaires sont des espaces safe, et quand bien même on n’aurait plus besoin de survivre, ça resterait à valoriser, ajoute Anthony. Tu parlais de dignité, Lexie, c’est un mot très juste. Ce sont aussi des espaces de célébration, de tendresse, de repos : ça fait partie de la lutte, on l’oublie souvent. C’est grâce à nos points de vue marginalisés qu’on a un point de vue encore plus judicieux sur le monde qui permet d’en éclairer les angles morts : on a une vue imprenable sur le reste de la société, on a énormément de valeur, en fait. »

Pour aller plus loin, Censored vous recommande :

- Une histoire de genres, guide pour comprendre et défendre les transidentités, de Lexie, éd. Marabout.
- Le compte Patreon de Clit Révolution et son BookClub, animé par Elvire Duvelle-Charles
- Le podcast Extimité, co-fondé par Anthony Vincent avec Douce Dibondo. Le compte Twitter d'Anthony.
- Le Triangle et l'Hexagone: Réflexions sur une identité noire, de Maboula Soumahoro, éd. La Découverte.
- Le Génie lesbien d'Alice Coffin, éd. Grasset.
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Chaque sujet de table-ronde sera aussi retranscrit dans nos 4 prochaines newsletters et traitent de sujets qui nous sont chers (on vous laisse les découvrir, avec des intervenant.e.s de feu, vraiment).
La semaine prochaine, nous échangeons avec d'autres médias qui incarnent la révolution féministe : XY Média, Manifesto XXI, La Déferlante.
Le prochain thème ? La transmission. Le numéro de septembre parle du poids de secrets qui ne nous appartiennent pas, il explore les parcours de militantes d’hier et d’aujourd’hui qui ont marqué l’histoire et se sont transmis des combats. Il documente les années sida, la science-fiction féministe, les enjeux de la mémoire collective et de la transmission intergénérationnelle. Il questionne la symbolique de certains objets et vêtements, la diversité des origines, la mélancolie et bien sûr le futur.
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