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Tip & Shaft, le média expert de la voile de compétition
Vendredi 18 juin 2021 – n° 269
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CETTE SEMAINE, TIP & SHAFT évoque les conséquences de la décision du CIO de ne pas retenir l'épreuve de course au large double mixte pour les Jeux de Paris 2024 et s'est entretenu avec Eric Péron, 6e de la récente Transat Concarneau-Saint-Barthélémy, qui évoque ses futurs projets.

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Course au large en double mixte
© Stefano Robotti / SSI Events

QUEL IMPACT APRÈS L'ARRÊT DE LA COURSE AU LARGE AUX JEUX OLYMPIQUES ?

Comme on pouvait s’y attendre (voir notre article), le Comité international olympique (CIO) a écarté la course au large du programme des Jeux de Paris 2024, choisissant à la place de dédoubler le kite. Quelles peuvent être les conséquences de cette décision sur la pratique du double et l’accès des femmes à la course au large ? Tip & Shaft a enquêté.
 
La décision ne faisait plus guère de doute, elle a été confirmée jeudi 10 juin : malgré le vote favorable de World Sailing, la course au large ne fera pas son apparition au programme olympique des Jeux de Paris 2024, le CIO estimant ne pas avoir reçu de garanties suffisantes sur un certain nombre de sujets (sécurité, coûts, complexité, absence d’épreuves antérieures…).
 
Si l’annonce n’a surpris personne, elle a forcément été mal reçue de la part de ceux qui défendaient le dossier et notamment des athlètes qui avaient fait de cette épreuve un objectif important. C’est le cas notamment du Belge Jonas Gerckens qui résume : "Je pense que le CIO rate malheureusement le coche. Quand tu vois l’engouement qu’il y a pour le double - et à mon avis, ça ne va que prendre de l’ampleur dans les prochaines années -, c’est vraiment dommage, surtout qu’on enlève une épreuve mixte pour une épreuve individuelle qu’on divise en deux parties."
 
Même déception chez l’Américain Ken Read, président de North Sails et ancien vainqueur de la Coupe de l'America : "C'est vraiment dommage, car il y avait une réelle opportunité de montrer la voile sous un jour différent aux Jeux olympiques qui est l'un des événements les plus télévisés de l'histoire." Double championne olympique de voile, la Britannique Shirley Robertson, qui s’était lancée dans l’aventure aux côtés de son compatriote Henry Bomby, ne cache pas non plus son amertume, estimant que le CIO porte un coup dur à la pratique féminine de la course au large : "C’est très frustrant parce que cette perspective ouvrait pour les femmes un chemin clair vers la course au large. Cela aurait permis de créer un vivier de femmes qualifiées qui auraient pu se lancer ensuite sur des épreuves comme The Ocean Race ou le Vendée Globe. Je suis triste parce que c'est une véritable occasion d’agir positivement à long terme qui a été manquée. L'égalité entre les sexes ne se résume pas qu’à des chiffres, c’est aussi une question d'égalité des compétences et d’opportunités.

Budgets gelés à la FFVoile

Pour certains, cet enterrement olympique de la course au large signifie la fin de l’aventure, particulièrement en France : sacrés champions d’Europe de course au large double mixte l’année dernière, Benjamin Schwartz et Marie Riou ont ainsi pris la décision de mettre un terme à leur projet, ce que nous confirme le premier, joint à son arrivée de la dernière étape de The Ocean Race Europe à Gênes (il navigue, tout comme Marie Riou, sur Corum L’Épargne) : "Le projet avait du sens si la discipline devenait olympique, donc on n’a pas l’objectif de prolonger. On verra si la dynamique prend quand même, mais il n’y aura pas de soutien fédéral."
 
Effectivement, du côté de la Fédération française de voile, l’annonce du CIO a clairement mis un coup de frein au programme, au point que la France ne devrait pas présenter d’équipage lors des championnat d’Europe et du monde de course au large double mixte, prévus en L30 en septembre dans le cadre de Nastro Rosa, le Tour d’Italie. Ce que confirme la vice-présidente, Corinne Migraine : "Pas mal de financements vers le haut niveau sont fléchés parce qu’il y a une médaille olympique à la clé, donc c’est vrai que ça va forcément casser une dynamique dans certaines fédérations. Chez nous, tous les budgets qui devaient aller vers cette discipline ont été gelés, l’entraîneur Pascal Rambeau n’y est plus affecté et ça m’étonnerait qu’on envoie des coureurs sur ces deux championnats, d’autant qu’ils tombent à une très mauvaise période, pendant la Mini Transat et la Solitaire du Figaro."
 
"Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas les JO
qu’il faut enterrer le sujet"

A l’inverse, certains ont l’intention de poursuivre, à l’instar du duo Jonas Gerckens/Sophie Faguet, qui compte disputer les deux échéances de l’été: "La Fédération belge nous suit toujours à 200%, elle attend de connaître le programme proposé pour les prochaines années. Ce que j’espère, c’est que World Sailing va quand même garder sa ligne de conduite et soutenir un championnat du monde, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas les JO qu’il faut enterrer le sujet", confirme Sophie Faguet.

Même ambition affichée du côté de Dee Caffari, qui défendait les couleurs britanniques sur le Championnat d’Europe 2020 aux côtés de James Harayda : "Les championnats d’Europe et du monde sont clairement sur notre liste cette année. Evidemment, la décision du CIO nous impose de réfléchir sur nos plans à long terme, mais à court terme, notre programme reste inchangé. Nous avons de la chance en Grande-Bretagne d’avoir beaucoup de courses, nous sommes inscrits à la première édition des UK Double Handed Offshore Series, qui comprend 6 événements dont le Fastnet, et sont soutenues par la RYA (la fédération britannique)."

Cette dernière, selon son "director of racing", Ian Walker (double médaillé d'argent olympique et vainqueur de la Volvo Ocean Race 2014-2015), ne compte cependant plus porter de projet en vue des épreuves internationales de l'été : "La RYA sélectionnera une équipe si des personnes souhaitent y aller, mais nous ne financerons plus l'équipe ou un entraîneur."
 
World Sailing affiche son soutien

Joint par Tip & Shaft, l’organisateur italien des championnats d’Europe et du monde, Riccardo Simoneschi, se montre cependant confiant sur la participation : "Aujourd’hui, 14 nations nous ont confirmé leur intérêt, nous allons ouvrir les inscriptions lundi." Si ces marques d’intérêt se confirment, les deux épreuves devraient donc avoir lieu cet été, mais quid de la suite ? Pour la plupart de nos interlocuteurs, la décision du CIO ne va pas pour autant mettre un coup d’arrêt à une pratique qui s’est considérablement développée ces dernières années.
 
"La course au large en double est la discipline qui connaît la croissance la plus rapide en voile depuis plusieurs années et cela va continuer", estime ainsi l’Américain Stan Honey, qui fait partie de l’Oceanic and Offshore Committee de World Sailing. Directeur général de la fédération internationale, l’Anglais David Graham ajoute : "C’est vraiment intéressant de voir ce qui se passe dans le monde, pas seulement dans le Solent ou dans l’ouest de la France, la pratique de la course au large en équipage réduit se développe partout, on ne peut pas l’ignorer. C’est de notre responsabilité d’accompagner cette croissance."
 
World Sailing compte pour cela s’appuyer sur l’association Offshore Doubles, lancée l’année dernière par l’Américain Larry Rosenfeld qui revendique 1 700 membres dans 70 pays. "On se parle très régulièrement, ils ont notre soutien total", confirme David Graham, qui, exauçant les vœux de Sophie Faguet, souhaite qu’un championnat du monde annuel de course au large double mixte continue à être organisé tous les ans après l’édition 2021. "La décision du CIO est plus une perte pour les Jeux que pour la course au large double mixte qui va continuer à se développer rapidement et j’espère que World Sailing proposera encore l’épreuve en vue des Jeux de Los Angeles", veut croire de son côté Larry Rosenfeld
 
Reconstruire une offre
en vue de Los Angeles
 
Un espoir partagé par beaucoup : encore faut-il structurer un processus qui, pour Paris 2024, est peut-être arrivé trop tôt. "Même si je suis un grand partisan de la voile offshore, je pense qu’il y avait encore beaucoup de questions sans réponse. J'espère maintenant qu’on va utiliser ce temps pour s'organiser afin de revenir en force en 2028. C’est clair que World Sailing doit se pencher sur la manière de s’y prendre", note Ian Walker. Qui propose au passage une piste de réflexion : "Je pense que nous avons besoin d'un bateau. Il faudrait peut-être organiser un concours de design pour un bateau de double mixte bon marché et durable, et si celui-ci est suffisamment bon, les gens investiront dedans. Nous pourrons alors créer des événements."

Pour Corinne Migraine, la balle est également dans le camp de World Sailing : "La prochaine mission de World Sailing va être de proposer un objectif suffisamment attractif pour que les différentes fédérations et les athlètes aient envie de continuer dans la course au large double." Ce à quoi David Graham répond : "Je pense que la communauté offshore voit la décision du CIO comme un report, nous devons mettre en place un process en vue de Los Angeles, je suis confiant dans le fait que nous allons trouver la bonne formule."

Une bonne formule qui, pour nos interlocuteurs, doit continuer à promouvoir la mixité. "L'accès à la voile hauturière pour les femmes se développe et je suis sûr que cela va continuer. C’est un objectif partagé par tous : hommes, femmes, organisateurs d'événements, sponsors...", estime ainsi Stan Honey. "Même si la décision du CIO peut restreindre les opportunités disponibles, je crois qu’il y a des progrès dans ce domaine", constate quant à elle Dee Caffari, rejointe par Sophie Faguet : "Ça ne va pas remettre en cause le mouvement qui se met en place à l’international, on le voit avec The Ocean Race, le Magenta Project…"
 
De son côté, Mathilde Geron, qui, avec Pierre Leboucher, s’était également inscrite dans cet objectif olympique, veut positiver : "J’ai quand même l’impression que le mixte arrive de plus en plus sur le devant de la scène. Je suis contente de ne pas être née dix ans avant, car il n’y avait pas autant d’opportunités". La preuve : l’ancienne spécialiste de 470 fera le Fastnet en août avec Luke Berry en Class40 et "espère grimper sur un Multi50 l’année prochaine."
 
SI VOUS AVEZ PASSÉ LA SEMAINE À VOUS DEMANDER POUR QUI VOTER
 
C'EST FAIT

THE OCEAN RACE EUROPE. The Mirpuri Foundation Racing Team (Yoann Richomme) a remporté en VO65 la troisième étape de The Ocean Race Europe entre Alicante et Gênes, confortant sa place de leader au général devant AkzoNobel (Chris Nicholson) avant l'ultime épreuve côtière de Gênes, samedi. En Imoca, la victoire est revenue à Offshore Team Germany (Robert Stanjek) qui s'est du même coup emparé des commandes au général devant LinkedOut (Thomas Ruyant), à un point.

VOILE OLYMPIQUE. L'Allianz Regatta (ex Semaine de Medemblik) s'est terminée dimanche dernier par les medal races en 49er et 49er FX qui ont donné lieu à deux victoires finales néerlandaises pour Bart Lambriex/Pim Van Bugt en 49er (les Français Lucas Rual/Emile Amoros ont terminé 3e) et Annemiek Bekkering/Annette Duetz en 49er FX.

LIGUE NATIONALE DE VOILE. L'équipage havrais de la SRH, mené par Aurélien Pierroz, a remporté à Nantes la première étape de la Ligue nationale de voile 2021. La seconde aura lieu du 10 au 12 septembre à Martigues.

BOL D'OR. Le TF35 Ylliam XII Comptoir Immobilier (Bertrand Demolle) a remporté en 12 heures 49 minutes et 27 secondes l'édition 2021 du Bol d'Or Mirabaud avec seulement 19 secondes d’avance sur Zen Too, barré par Fred Le Peutrec, et 25 sur Artexplora, barré par Loïck Peyron. La victoire en temps compensé revient à l'équipage du Melges 32 monégasque Gaston (Benoît-Charles Soreau).

RORC. Le JPK 1180 Sunrise, mené par Thomas Kneen, s'est imposé toutes classes confondues sur la Morgan Cup. A noter la victoire en IRC double du duo Richard Palmer/Jermey Waitt sur le JPK 1010 Jangada. La Dun Laoghaire to Dingle Race a quant à elle été remportée par le Grand Soleil 40 Nieulargo (Denis Murphy).

MINI 6.50. Le duo Tanguy Bouroullec/Guillaume L'Hostis (Pogo Foiler) a remporté le Mini-Fastnet en proto, la victoire en série est revenue à Gaël Ledoux et Julien Pulvé sur le Pogo 3 Haltoflame/ilots.site.

 
C'EST MAINTENANT

BERMUDA 1-2. Le départ de la deuxième étape (en double) de la Bermuda 1-2 entre les Bermudes et Newport a été donné jeudi.

DÉFI PURE OCÉAN. La ligne de départ de la Route Saint-Pierre Lorient-Défi Pure Océan est ouverte depuis dimanche, elle se fermera le 27 juin, l'objectif étant dans chaque classe de battre le temps de référence sur la transat. Le JP54 The Kid, mené par Jean-Pierre Dick, s'est élancé le premier dimanche.

NORMANDIE CUP. L'édition 2021 de la Normandie Cup a débuté jeudi et s'achève dimanche au Havre, elle comprend la Normandy Transmanche Cup by SRCO (IRC, Osiris, Class40 et Mini 6.50), des régates inshore (Diam 24 od, Open 5.70, Open 5.00, First Class 7.5 et J/80), ainsi que les épreuves de la Ligue régionale de voile.

RORC. Cowes accueille de vendredi à dimanche l'IRC National Championship.

M32. La saison des North American M32 Series reprend avec la Mid Town Cup 1 de vendredi à dimanche à Newport.
 
C'EST BIENTÔT

RAID. Le Raid Emeraude a lieu samedi et dimanche à Saint-Lunaire.

MULTIS. Port-la-Forêt accueille samedi et dimanche la Multicup Bigship 2021.

DOUBLE. La Duo Catamania, course en double en six étapes, s'élance dimanche de La Trinité-sur-Mer où elle s'achèvera le 25.

BALTIQUE. L'édition 2021 de la Midsummersail, plus longue course au large en Mer Baltique (900 milles), s'élance lundi de Wismar (Allemagne) à destination de Töre, tout au nord de la Suède.

RÉ. Le traditionnel Tour de Ré a lieu mardi prochain avec deux parcours et un rallye au programme.

RORC. Le départ de la De Guingand Bowl (deux parcours de 110 et 160 milles) est donné le 26 juin de Cowes.

MINI 6.50. La Mini Calvados Cup s'élance le 27 juin avec une première course entre Douarnenez et Deauville, avant une seconde de 300 milles à travers la Manche (départ le 1er juillet).

CLASS40. Le coup d'envoi de Les Sables-Horta (2 540 milles en double, sans escale cette année aux Açores pour cause de Covid) sera donné le 27 juin, 24 duos sont inscrits.
La Giraglia 2021 a réuni 138 bateaux

LA PHOTO DE LA SEMAINE PAR STUDIO BORLENGHI

138 bateaux ont pris le départ mercredi à midi de l'édition 2021 de la Giraglia qui, Covid oblige, ne s'élançait pas de Saint-Tropez mais de Sanremo pour une boucle de 241 milles vers Gênes via le rocher de la Giraglia, au nord du Cap Corse. Après 1 jour 2 heures et 8 minutes de course, la victoire en temps réel est revenue jeudi à 14h08 au maxi de 100 pieds Arca SGR (ex Wild Thing) de Furio Benussi - ici au passage de la Giraglia - qui a devancé de 17 minutes Magic Carpet Cubed de Lindsay Owen-Jones.
 

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ÉRIC PÉRON : "A BUDGET ÉQUIVALENT, J'AI PRÉFÉRÉ UN OCEAN FIFTY À UN IMOCA"
 
6e de la Transat Concarneau-Saint-Barthélémy avec Miguel Danet, Eric Péron, 40 ans, disputera cet été sa 10e Solitaire du Figaro. Il a par ailleurs annoncé en mai le rachat de l’ancien Prince de Bretagne, Ocean Fifty avec lequel il compte disputer la Route du Rhum 2022. Tip & Shaft s’est entretenu avec lui.
 
Quel bilan tires-tu de la Transat Concarneau-Saint-Barthélémy ?
Je suis très satisfait : être dans le match après 18 jours de course et terminer 6e à moins de trois heures du premier, avec un co-skipper qui est un amateur expérimenté, j’aurais signé avant le départ. D’autant qu’on a eu beaucoup de difficultés, parce qu’on a cassé le pilote automatique la deuxième nuit. Les gens peuvent penser que ce n’est pas un problème à deux, sauf qu’il y a une multitude de tâches qui ne peuvent pas se faire sans pilote si l’autre est en train de dormir. Je pense notamment au fait d’enlever les algues : tu ne peux pas lâcher la barre pour aller passer une corde à nœuds dans la quille ou te servir de la canne à algues pour les retirer dans les safrans. Franchement, ça nous a épuisés, parce que ça voulait dire que celui qui se dormait ne se reposait jamais vraiment, ou alors, il fallait s’asseoir sur un certain degré de performance. C’est-à-dire que parfois, je voyais des algues à la caméra, mais je ne les enlevais pas, parce ça faisait cinq minutes que Miguel était parti dormir. C’est pour ça que je suis assez fier de ce résultat. En m’autorisant un peu à rêver, je me dis que les 20 milles qui nous séparent de la première place sont peut-être là.
 
Que vous est-il arrivé sur le pilote ?
A priori, c’est un défaut d’un composant du calculateur, c’est vraiment une panne hyper rare, la pilote ne fonctionnait que dans un sens, il ne poussait la barre que d’un côté. Comme mon bateau a toujours été fiable et que j’étais confiant sur ce matériel, je n’avais pas embarqué de pilote de secours, je m’en mords un peu les doigts…
 
Yann Eliès parlait récemment du "désastre écologique" que représentent les sargasses, c’est vraiment un gros problème ?
La course au large est déjà assez dure comme ça, qui plus est sans pilote, quand tu rajoutes les sargasses, c’est la punition ! Tu ne régates plus, tu ne prends plus de plaisir car tu es sans arrêt – et quand je dis sans arrêt, c’est quasiment toutes les cinq minutes – soit à te servir d’une corde à nœuds ou de la canne à algues, soit à faire marche arrière… Par moments, on se retrouvait à naviguer à 70% de la polaire du bateau, parce qu’on était dans un grain à 35 nœuds avec 50 kilos de sargasses dans la quille. Dans ces cas-là, la seule solution était de faire marche arrière, mais ça voulait dire affaler puis renvoyer le spi – sachant ce n’est pas possible de faire une marche arrière sous spi quand tu as plus de 22 nœuds – donc une grosse dépense en énergie et le risque de perdre le contact avec les autres. Personne n’osait vraiment alors que c’était pourtant la seule solution. Et même si tu faisais marche arrière, dix minutes après, tu te retrouvais de nouveau avec 20 kilos de sargasses. Après, il y a sans doute des solutions techniques, notamment de mettre une chaussette, je crois que le vainqueur (TeamWork) en était équipé.
 
"Le Figaro 3 répond clairement
au cahier des charges"
 
On parlait avant le départ de véritable test au large pour le Figaro Beneteau 3, est-il réussi ?
On n’a pas eu des conditions dantesques, mais le bilan de casse pour nous, hormis le pilote, est une poulie, une écoute et l’usure normale sur les drisses, c’est tout. Donc je pense que la classe Figaro et les figaristes qui ont participé à l’élaboration du bateau peuvent être hyper fiers, car il est fait pour le large et on ne casse plus grand-chose, je pense que nos primes d’assurance vont pouvoir enfin descendre ! Certes, il mouille plus et est plus sollicitant, mais il répond clairement au cahier des charges qui était d’avoir un bateau plus sportif que le Figaro 2, sur lequel, de 0 à 40 nœuds, on avait la même voile. Prendre des ris et changer de spi est le standard normal de tout bateau de course, on se rapproche un peu plus du fonctionnement d’un Imoca.
 
Quelle est la suite de la saison pour toi en Figaro et quels sont tes objectifs ?
Je ne participe pas au Tour de Bretagne, je ferai la Solo Concarneau pour préparer la Solitaire qui sera ma dernière course de la saison en Figaro et probablement avant un certain temps, parce que j’ai d’autres projets à moyen terme. L’objectif est clairement de faire un résultat sur la Solitaire, j’ai envie de réussir, je me sens mûr, cette sixième place me fait dire que ça peut marcher.
 
Que te manque-t-il selon toi pour monter sur le podium (son meilleur résultat est une 4e place en 2010 et il a gagné une étape en 2019, NDLR) ?
En 2019, j’avais bien navigué, malheureusement, il y avait eu une étape qui avait fait mal à beaucoup de monde, dont moi, et m’avait empêché d’accéder au podium. Je pense qu’il ne me manque pas grand-chose, peut-être un peu de clairvoyance : j’aime bien jouer et prendre des options, mais parfois, ce n’est pas le bon moment, je prends des risques un peu démesurés par rapport aux bénéfices que ça peut m’apporter. J’espère que je vais devenir plus sage, il ne faut pas que je flingue ma Solitaire en étant trop enthousiaste !
 
"Un projet à 900 000 euros
clés en main"
 
Parlons maintenant de ton projet Ocean Fifty, pourquoi ce choix ?
Avec mes partenaires du French Touch Oceans Club, on avait envie de faire grandir le projet, on s’est dit que la Route du Rhum était une course d’envergure sur laquelle il fallait être présent. Je n’étais pas intéressé par un projet Class40, l’Imoca m’attirait forcément, mais quand on faisait la somme du niveau d’investissement que j’étais capable de lever, on ne s’y retrouvait pas, ni mes partenaires ni moi : à prix du bateau et budget de fonctionnement équivalents, je préférais partir sur un Ocean Fifty qu’un Imoca. D’autant qu’il y avait un bateau disponible et pas très cher, qu’on a racheté à Gilles Lamiré, avec un bon potentiel de développement. En termes de performances, après un refit, ça reste un bon bateau de solo au large, la jauge Multi50 est d’ailleurs bien faite, dans le sens où elle permet à tous les bateaux de rester dans le coup. En plus, c’est plus fun, tu peux vendre des RP plus facilement et est venu se greffer là-dessus le Pro Sailing Tour : même si, au départ, le projet était vraiment ficelé autour de la Route du Rhum, c’est un peu une cerise sur le gâteau. Maintenant, ce qui est intéressant, c’est aussi de mettre en marche une dynamique avec des partenaires et de continuer à monter en puissance, pour, peut-être ensuite, se rapprocher d’un autre objectif qui est le Vendée Globe 2024.
 
En quoi consiste le refit prévu ?
On finalise les études en ce moment avec Benoît Cabaret [l’un des deux architectes du bateau avec Nigel Irens] pour que le bateau parte en chantier en fin d’été, probablement chez Mer Agitée. On va poser des foils monotypes, une dérive et un safran de coque centrale, plus tous les aménagements au niveau de l’équilibre des masses que ces travaux nécessitent. Je vais commencer à naviguer la semaine prochaine, histoire de me l’approprier, ensuite, on fera des RP début juillet, jusqu’à ce que je récupère mon Figaro et que j’attaque la préparation de la Solitaire.
 
A combien as-tu budgété ton année 2022 en Ocean Fifty ?
L’ensemble du projet clés en main va tourner autour de 900 000 euros, ce qui inclut la location du bateau, acheté par un groupe d’investisseurs, et une grosse partie de la communication. Aujourd’hui, on essaie de faire en sorte que de 20 à 30% de ce budget soit supporté par le French Touch Oceans Club, le reste par un partenaire-titre qu’on cherche. Si on est capables de réunir ce budget et de le pérenniser ensuite, ça nous fera un début de projet intéressant après 2022 en vue du Vendée Globe.
 
Tu seras aussi au départ cette année de la Transat Jacques Vabre sur Serenis Consulting, le nouveau Class40 de Jean Galfione, avec quel objectif ?
Le bateau sort de chantier fin juin [premier Pogo S4 signé Guillaume Verdier et construit par Structures, NDLR], je vais naviguer un peu dessus cet été, Jean va aussi s’appuyer sur d’autres pour le prendre en main. Avec lui, je suis un peu dans la même configuration que sur la Transat avec Miguel, l’inconnu sera de savoir si on arrivera à être au point au départ puis à tenir le rythme par rapport à d’autres équipages qui auront plus navigué que nous.

The Sailing Squad - épisode 2 - Dompter la bête ! Certains des meilleurs espoirs de la voile mondiale, parmi lesquels la Française Marie Barrué, coachés par la double championne olympique Shirley Robertson, ont deux jours pour faire connaissance, maîtriser leur voilier et découvrir un nouveau terrain de jeu exigeant. Avec de nombreuses surprises sur leur chemin. Et sous l'œil des caméras... Chaque vendredi jusqu'au 25 juin découvrez un nouvel épisode de The Sailing Squad dans Tip & Shaft.


En partenariat avec   The Sailing Squad

LE MERCATO : MOUVEMENTS ET ANNONCES DE LA VOILE DE COMPÉTITION

Vous avez une info pour la rubrique Mercato ? Envoyez-nous un mail à mercato@tipandshaft.com. La première parution est offerte, la suivante coûte 50 € HT.
 


NOMINATIONS & DÉPARTS

MARINE CESTARI vient d'intégrer l'agence Effets Mer au poste de cheffe de projet, elle remplacera Marie Fraleux pendant son congé maternité.

SÉBASTIEN MARSSET sera le co-skipper de Romain Attanasio à bord de l'Imoca Fortinet-Best Western lors de la Transat Jacques Vabre 2021, PIERRE QUIROGA, sera quant à lui celui d'Emmanuel Le Roch sur son nouveau Class40 Edenred, tandis qu'AYMERIC CHAPPELLIER secondera Sam Goodchild à bord de l'Ocean Fifty Leyton, dont le Rochelais est team manager.

MIKAEL MERGUI accompagnera Antoine Carpentier à bord de Redman pendant Les Sables-Horta (départ le 27 juin).
 


JOBS & RECRUTEMENTS

LE TEAM DMG MORI recherche son directeur technique (H/F), poste à durée indéterminée à pourvoir dès que possible, ainsi que deux techniciens composite de début juillet à fin septembre ; postes basés à Lorient.

ROMAIN PILLIARD recrute deux préparateurs techniques polyvalents (H/F) ayant l’expérience des gros bateaux de course pour préparer son trimaran de 75 pieds Use It Again! en vue du record du tour du monde à l’envers cet automne. Période de la prestation flexible selon disponibilités. Trimaran basé à La Trinité-sur-Mer.

DISOBEY recrute un-e community/content manager course au large ; poste en CDD ou CDI à pourvoir dès que possible, basé à Nantes, avec déplacements.

MERCONCEPT recherche des techniciens/boatbuilders (H/F) pour la fabrication d’un Imoca (une partie des postes à pourvoir en septembre, les autres en novembre 2021) ; postes basés à Concarneau.

OUTREMER, recherche son-sa responsable du pôle excellence ; poste en CDI à pourvoir immédiatement, basés à La Grande Motte.

GUNBOAT un ingénieur mécanique senior (H/F), un technicien matériaux composites (H/F) et un dessinateur/projeteur (H/F) ; postes en CDI à pourvoir immédiatement, basés à La Grande Motte.

DOYLE SAILS recherche des apprentis voiliers (H/F) ; postes en CDI à pourvoir immédiatement, basés à Auckland. 

QUANTUM SAILS LORIENT recherche un-e couturier-ère avec une première expérience en voilerie et/ou en sellerie pour une mission d'un mois.
 
STAGES

SEA EVENTS recherche un stagiaire cadreur-monteur (H/F) sur une durée de trois mois (septembre à novembre 2021) pour la Mini Transat. Déplacements à prévoir (Sables d'Olonne, Canaries et Guadeloupe). 
 
OFFRES DE SERVICES

ANTOINE ICHÉ, actuellement préparateur pour Yvan Bourgnon, recherche pour la rentrée de septembre un poste en alternance en bureau d’études dans un chantier naval ou une écurie de course au large afin de compléter sa formation à l’ICAM de Vannes. De préférence en Bretagne mais mobile.

BAPTISTE DESIGNE recherche une entreprise pour son alternance de M2 en éco-conception des polymères et composites à l'Université de Bretagne Sud. Expériences diverses chez Gitana, Gunboat en méthode composite ou kitetender en architecture navale. 

ALEXIS LE MONNIER, jeune double diplômé en calcul fluide et solide (Arts & Métiers et Université de technologie de Troyes), recherche à partir de septembre une première expérience professionnelle en calcul hydrodynamique (contrôle du vol, VPP, calcul de résistance ou de manoeuvrabilité, optimisation géométrique de coque...) et/ou aérodynamique, disponible sur toute la France.
 
ANNONCES & PARTENARIATS

POS. REPORT, le podcast hebdomadaire de Tip & Shaft consacré à l'actualité de la voile de compétition, reçoit pour son 33e épisode Kito de pavant, skipper du Class40 HBF Reforest Action, et Gilles Chiorri pour évoquer le paysage des courses au large en Méditerranée à l'occasion de la Giraglia ; un épisode à écouter sur notre site et sur toutes les plateformes.

EMIRATES TEAM NEW ZEALAND a annoncé mercredi la fin de la période exclusive de trois mois de discussions avec le gouvernement néo-zélandais et le conseil municipal d'Auckland à propos de la tenue de la prochaine Coupe de l'America. Ce qui signifie que le defender, tout en ne refermant pas la porte pour une édition à Auckland, va désormais explorer d'autres pistes à l'étranger. D'après The Irish Examiner, la ville irlandaise de Cork ferait partie des candidats pour accueillir la Coupe.

SAILGP a annoncé jeudi l'ajout d'une épreuve à la saison 2, le Grand Prix de Sydney, qui aura lieu les 17 et 18 décembre. L'organisateur du circuit a par ailleurs présenté jeudi le bilan du programme Race for the Future lors de l'étape italienne de Tarente.

ULYSSE NARDIN s'est engagé auprès de The Ocean Race comme partenaire pour promouvoir sur dix ans un plan de développement durable et de protection des océans.

DOYLE SAILS s'est engagé comme partenaire de Live Ocean, fondation destinée à la protection des océans lancée par le duo néo-zélandais Peter Burling/Blair Tuke.

SWIFT FIBER organise les 12 et 13 juillet à Lorient une collecte de vieux câbles en PBO et de déchets de Kevlar ou de Dyneema, que la société belge recycle en produits résistants à la chaleur, ceux-ci peuvent aussi être préalablement déposés à la GiveBox.

AQUALUNG devient partenaire de Romain Pilliard sur son projet de tour du monde à l'envers à bord de Use it Again !.

SUZUKI et MARSHALL poursuivent leur partenariat avec les Voiles de Saint-Tropez, avec la fourniture aux organisateurs de 12 semi-rigides motorisés.

LA WEST TEAM a annoncé le versement cette année d'une aide de 6 500 € à trois projets brestois : Camille Lecointre et Aloïse Retornaz (470), Léo Maurin et Margaux Billy (Nacra 17) et Yaël Poupon et Victor Le Pape (Figaro Beneteau 3).

PURU, fabricant de crème solaire bio, s'est engagé comme partenaire tire de la Mini Gascogna (ex Transgascogne), qui devient du coup la Puru Challenge Race. Par ailleurs, son départ sera donné de Port-Bourgenay (départ de la première étape le 28 juillet vers Getxo, en Espagne, de la seconde, retour, le 3 août).

LA GLOBE40, qui aurait dû s'élancer cette année mais a finalement été décalée d'un an, aura tout de même lieu en virtuel via Virtual Regatta, avec un départ le 26 juin ; le vainqueur gagnera un voyage pour deux en Polynésie.

11TH HOUR RACING TEAM a présenté lors de l'Ocean Summit de Gênes, organisé en marge de The Ocean Race Europe, sa "sustainability tool box", un guide à l'adresse des entreprises et organisations destiné à les aider à mettre en place une politique de développement durable.

GUIREC SOUDÉE, aventurier qui s'est rendu célèbre en faisant un tour du monde avec une poule, a, selon L'Équipe, fait l'acquisition de l'Imoca à bord duquel Benjamin Dutreux a terminé 9e du Vendée Globe, en vue de l'édition 2024.

LA TRINITÉ CHERBOURG BY ACTUAL s'élance le 4 juillet, l'avis de course est disponible ici, les inscriptions seront closes le 1er juillet.
 
LANCEMENTS

ROLAND JOURDAIN
 a annoncé le lancement de la construction d’un catamaran de course-croisière de 60 pieds en fibre de lin baptisé We Explore, avec la collaboration du chantier Outremer, dont le design sera identique à celui de l’Outremer 5X, dessiné par le cabinet VPLP.

LE TOUR DE LA CHARENTE-MARITIME À LA VOILE a été officiellement lancé mardi. La première édition, parrainée par Yannick Bestaven, se courra en 4 étapes du 7 au 10 juillet entre La Rochelle et Royan via Saint-Martin de Ré et Saint-Denis d'Oléron.

LA FÉDÉRATION TURQUE DE VOILE a lancé une section course au large dont la responsabilité a été confiée à l'ancien figariste Tolga Palmir. Pour officialiser cette création, elle a mis sur place un record du tour de Turquie (1 500 milles), ouvert aux solitaires et aux doubles, sur lequel ce dernier a été le premier à s'élancer jeudi à bord d'un Sun Fast 3300.

FRANCE INFO lance le 1er juillet un podcast en six épisodes, avec François Gabart et la journaliste Catherine Potier, intitulé Mon labo sous la mer, qui évoquera les secrets des océans en compagnie de scientifiques.
 
En partenariat avec   Altaide Recrutement

LES 5 ARTICLES À LIRE CETTE SEMAINE
 


L'ÉQUIPE/PASCAL SIDOINE [ABO]
Philippe Facque, acteur majeur du grand large depuis plusieurs décennies
Portrait de l'ancien navigateur devenu par la suite patron du chantier CDK Technologies, "un précurseur" pour Michel Desjoyeaux, tandis que Loïck Peyron évoque "un vrai touche-à-tout, efficace et complet, une des figures de La Trinité, un bon produit local, entre le caramel au beurre salé et le menhir !"

LES DESSOUS DE LA VOILE/ANNE MILLET, OLIVIA MAINCENT & VANESSA LAMBERT
Episode 1 avec Loick Peyron, Charlie Dalin et Jean Le Cam
Ce nouveau podcast, parrainé par Loïck Peyron, qui en profite pour parler de ses projets, part à la rencontre de Charlie Dalin à Concarneau et de Jean Le Cam en baie de Port-la-Forêt pour une séance de... jardinage.

PARIS MATCH/MARGAUX ROLLAND 
Yann Eliès : "Les femmes naviguant plus intelligemment que les hommes"
Portrait du triple vainqueur de la Solitaire du Figaro qui, durant sa carrière, a aussi bien navigué en solitaire qu'en équipage, confiant à ce propos : "La bonne formule d’un équipage, finalement, c’est d’être à deux." Ce qu'il fera sur la Transat Jacques Vabre avec Sébastien Simon.

VOILES & VOILIERS/OLIVIER BOURBON [ABO]
Isabelle Joschke : "On ne va pas faire comme tout le monde"
La skipper de MACSF revient sur son Vendée Globe et évoque son envie de revenir en 2024, toujours avec le même Imoca. "Je ne suis pas forcément en phase avec l’état d’esprit général qui consiste à toujours changer de bateau, à aller vers des projets encore plus onéreux", explique-t-elle.

LE TÉLÉGRAMME/PHILIPPE ÉLIÈS [ABO]
Tokyo 2020. Voile : pas d’objectif de médailles pour les Bleus !
L'équipe de France de voile olympique s'est présentée à la presse cette semaine en visio depuis le Vercors, l'occasion pour les 14 sélectionnés (9 séries sur 10) d'évoquer leurs ambitions et pour le nouveau président de la FFVoile Jean-Luc Denéchau, d'affirmer : "Chacun a ses objectifs, je partage leurs ambitions".

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Numéro de commission paritaire : 0922 W 94338

Directeur de la publication : Pierre-Yves Lautrou
Rédacteur en chef : Axel Capron
Édition internationale : Andi Robertson
Responsable développement digital : Grégoire du Penhoat
Publicité : Evolution Media - Jean-Christophe Chrétien & Camille Brenelière

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