"Quand on me demande de définir le vin naturel, j’ai cette image qui s’impose où je prends un marteau et j’essaie de clouer de la gelée sur un mur."
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Bonjour !
Comment allez-vous ? Pas terrible, hein ? Le temps pourri, le mildiou, la variant delta et même Poutine qui nous pique le Champagne… On a connu des débuts d’été plus riants.
Mais voici de quoi vous remonter le moral, votre dose mensuelle d’actu monomaniaque. Au menu ce mois-ci : des interrogations sur l’avenir du vin naturel, une vague anti-grosses-bouteilles venue des USA, un viti-clash entre un ampélographe et l’INRAE (ça envoie du lourd), une belle définition du vin naturel, des podcasts à écouter sur la route des vacances et un OVNI musical. Entre autres.
En août, la Wineletter fait une pause et moi aussi. Pour mieux vous retrouver à la rentrée, avec des nouveautés en prime. #teasing
D’ici là, bonne lecture et prenez soin de vous !
La Plume
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Le vin naturel, c’est du passé
Dans cet article, l’auteur (anglais) Jamie Goode émet l’hypothèse que les vins naturels ont fait leur temps, et doivent laisser la place au « next movement », quel qu’il soit [EN]. Ne hurlez pas ! Au fur et à mesure que l’industrie du vin s’empare des vinifications sans soufre, des amphores, des levures indigènes, etc., la ligne entre vins naturels et (bons) vins conventionnels devient, de fait, de plus en plus floue. Se définir comme « vigneron naturel » a-t-il même encore un sens ?
Ne pleurez pas non plus : « Si le vrai but du mouvement du vin naturel était de pousser l’industrie à reconsidérer ses positions sur des sujets allant de l’agriculture au besoin d’additifs et d’interventions dans la vinification, alors, mission accomplie. » Exemple : L’Union des Oenologues a sondé ses adhérents : moins 25 % de soufre utilisé depuis 10 ans, rapporte Vitisphère.
La question qui demeure : c’est quoi, la prochaine étape ? (Mon pressentiment : on va beaucoup parler adaptation climatique / bilan environnemental).
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Et ma grosse bouteille, tu l’aimes ?
L’incontournable Jancis Robinson s'intéresse régulièrement à l'empreinte carbone du vin. Depuis février, elle a même pris le parti de peser les bouteilles de vin. Les plus lourdes seront clouées au pilori sur son site. Car explique-t-elle via winemag [EN], « le transport de bouteilles en verre est de loin la plus grosse part de l’empreinte carbone du vin ». Donc les bouteilles lourdes « doivent dégager », au profit, et oui, des cannettes, des cubis ou encore des bouteilles consignables, au moins pour « les vins les moins chers faits pour une consommation immédiate ». Autre option : boire local. Ou encore opter pour d’autres modes de transport, notamment le transport en vrac, comme le suggère Eric Asimov [EN] : 24000 litres de pinot grigio bio dans un « flexitank » ( Gotham project), ça rentre dans un seul container… contre trois nécessaires pour transporter le même vin en bouteille. « Ce qui est clair c’est que le système actuel qui consiste à transporter des bouteilles lourdes et jetables autour du globe n’est pas soutenable, aussi simple et familier qu’il paraisse. Le changement peut sembler difficile et peu pratique, mais il est nécessaire et à long terme plus facile à vivre qu’une planète en surchauffe. » Voilà, je crois que tout est dit, non ?
Sinon, en français et en local, voici un article fort bien documenté sur le verre en Touraine. Ou encore Ethic Drinks, du vin « bio mais pas que ». Le charabia très start-up nation est insupportable, mais zéro plastique, transport à la voile, verre allégé, etc., il y a certainement des idées à reprendre !
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Ceci n’est pas une vitis vinifera
Les nouvelles variétés hybrides dites résistantes (au mildiou et à l’oïdium) vont être autorisées par l’Union européenne à entrer dans les AOP. C’est l’INAO qui tranchera pour la France. Mais il y en a un déjà qui n’est pas vraiment d’accord : Jean-Michel Boursiquot, éminent ampélographe. Pour lui, ces hybrides ne sont PAS des vitis vinifera, et quitte à les faire entrer dans les cahiers des charges d’appellation, autant l’écrire noir sur blanc plutôt que de faire comme si de rien n'était. Point barre. « Il est de toute évidence vain et ô combien prétentieux de penser qu’un ou deux recroisements puissent remplacer quelques 5 Millions d’années d’évolution et de sélection naturelle. » Ca, c’est dit.
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Et pendant ce temps-là…
Le glyphosate va bien, merci et semble bien parti pour être réautorisé en 2022. Pour cela, les autorités européennes vont pouvoir se baser à nouveau sur les mêmes 53 études un peu foireuses – et fournies par les vendeurs de glyphosate - que la fois précédente. Aucun risque que ça change, on vous dit…
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Nan mais c’est pas bientôt fini, oui ?
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Wabi-sabi what ?
C’est quoi un vin naturel ? Doug Wregg (Caves de Pyrene, Londres) s’essaie à l’exercice de définition, et s’en sort très bien. Pour lui, ce sont plusieurs « sens » ou sensations : que le vin est libre, libre du « corsetage d’une vinification stylisée qui peut placer le vin dans un cadre restreint. » La sensation « de fluidité », de « mutabilité » : « Un vin peut être une chose vivante ou quelque chose de complètement différent et peut être changer en permanence ». Le sens du « wabi-sabi », « ces imperfections naturelles dans lesquelles nous découvrons la vraie beauté ». La sensation de transparence, de terroir, de minéralité, de l’amplitude et de la texture. Et la sensation d’ énergie, la « presqu’indéfinissable impression de vibration et de vitalité ». C'est simple, en fait, non ?
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Vigneronnes
Le Monde consacre un dossier à « l’arrière-goût de patriarcat » dans le monde du vin, à lire évidemment. Je reviendrai probablement sur le livre à paraître de Sandrine Goeyvaerts plus tard, quand je l’aurai lu. Préparez-vous.
A mettre dans votre valise de vacances, et sans plus attendre : Le Vin Ligérien de cet été, qui donne la parole aux vigneronnes. Sylvie Augereau, Marie Carroget (salon Canons / La Paonnerie), Amélie Neau, Catherine Corbeau-Mellot, Vanessa Cherruau, Isabelle Pangault… Six femmes, six visions différentes de leur métier. Un article que je suis particulièrement heureuse de cosigner (avec Antoine Burbaud)… Et en plus, il y a plein d'autres articles qui devraient vous plaire...
Dans la foulée, à mettre dans vos oreilles : Filles de Vignes, une série d’entretiens par Marie-Eve Lacasse avec les wonder-vigneronnes du salon Canons (Nantes) : Muriel Zolda, Ariane Lesné, Eolodie Aubert, Loren Tisserand, ou bien sûr Elodie Louchez et Marie Carroget ! Si vous voulez comprendre pourquoi un salon réservé aux vigneronnes est nécessaire en 2021, c’est là que ça se passe.
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Le Muscadet gelé, le Muscadet dévasté, mais le Muscadet motivé
Oui, je sais, la rime est bof. Mais bon, le sujet se prête difficilement à des jeux de mots vaseux : « Vers la plus faible récolte de notre histoire », explique Christian Gauthier, président des vignerons du Nantais. « Plus basse encore qu’en 1991 », avec des rendements espérés entre 5 et 20hl/ha.
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Natty Rhymes
Quand des musiciens qui s’ennuient se mettent en tête de faire une note de dégustation en rap, on peut s’attendre au pire. Mais là, bizarrement, avec Natty Rhymes par A.S.M., ça paraît presque normal. C’est sans doute l’accent américain… Des vidéos à faire suivre d’une écoute jazzy de « Grand Cru#1 - Pinot Noir – mixed by GT Lovecraft ».
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Geovin
Le pinard vu par des géographes, quelle bonne idée [ PODCAST] ! L’histoire de l’expansion de la culture viticole devient une invitation au voyage, de l’Arménie à la Chine… et une exploration du concept de terroir. Ca ne peut pas faire de mal.
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En vrac
- La sélection « Vins nature » d’Ophélie Neiman et Laure Gasparotto (Le Monde)
- Les pièges à éviter pour devenir vigneron
- Penfolds a créé une cuvée qui mêle des vins de deux continents différents. Des vins de nulle part, ou des vins qui « transcendent l’idée d’origine » ? A méditer.
- Droit dans ses bottes, le nouveau vigneron du domaine de Montcy (Cheverny) a boycotté la visité de Jean Castex dans son chai. Rafraîchissant, non ?
- Et la PAC, dans tout ça ? Si si, ça a un impact sur la filière viti : droits de plantation, hybrides, et surtout : les ingrédients du vin sur les étiquettes (enfin presque) !
- Nouvelle adresse : un bar à vins orange à Marseille.
- Yoshinori Kuroda a tellement aimé le vin français et son passage chez Emmanuel Houillon Overnoy, qu’il s’est installé dans le Jura.
- Un vin sec mais doux OU un vin doux mais sec ? That is the question. Pour Eric Asimov, tant que c’est du chenin, tout va bien. Car le chenin, voyez-vous, peut à la fois être tendu ET tendre comme un câlin du matin. Et c’est pour ça qu’on l’aime tant.
- Le dossier Touraine de la RVF met en valeur des domaines de glou : Grange Tiphaine ou l'Affût, par exemple...
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WTF et WTF encore
- Roots
Non, ce n’est pas une obsession, mais revoici un site dédié aux racines. Un site, que dis-je. Un répertoire, un guide, un atlas ! « Le Wurzelatlas est le fruit d’un travail de recherche et de figuration titanesque, nous explique La Belle Vigne, qui nous a déniché cette merveille qui propose en dessins le système racinaire de 1 002 plantes différentes. » Cet herbier pas banal est resté caché dans un institut botanique en Autriche jusqu’à ce que les planches soient scannées et mises à dispo. #Internetismagic.
- Mais pourquoi ?
Un accord eau et vin, c’est la proposition de Minvino. « Le futur de l’eau est gastronomique ». Seriously ?
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C'est qui cette Wineletter ? Je m'appelle Julie, alias La Plume. Journaliste mi-ville mi-raisin basée dans le Muscadet, j'ai lancé en 2014 un blog, laplumedanslevignoble.fr, qui peu à peu s'est effacé derrière la Wineletter. Cette lettre est née de l'idée de partager ma veille d'actu sur le vin naturel, le vignoble ligérien, sans pression.
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Dans cette série en 10 épisodes, je vous raconte la première année de vigneron de David, installé dans le Muscadet. Ses joies, ses peines et surtout, surtout, ses galères. Le premier épisode est à lire ici. Mais pour découvrir la suite, abonnez-vous, c'est gratuit !
SPECIAL ETE : du 14 juillet au 15 août, DEVENIR VIGNERON.NE se met en mode "binge-reading", un article par jour (au lieu de 1 par semaine). A lire à l'heure de la sieste, par exemple...
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