"Un prophète n'est méprisé que dans son pays"
Mc 6, 1-6

Comment annoncer Jésus-Christ ? Comment le faire connaître ? Cette mission devient tellement difficile que nous sommes portés à en rejeter les causes sur notre monde moderne et ses mutations multiples. Aujourd'hui encore, les artisans de paix sont plus critiqués et plus menacés que les instigateurs de vengeance et les fauteurs de guerre. Celui qui répète le respect des droits de Dieu et de la personne humaine connaît des difficultés sans fin : c’est le sort des prophètes de tous les temps !

Bien entendu, nous sommes prêts à honorer les prophètes de jadis, mais nous n’aimons pas les prophètes vivants et ce d’autant moins qu’ils sont proches de nous. Les prophètes voient trop juste, trop loin, trop profond. Leurs constats sont troublants et leurs remèdes toujours gênants. Les prophètes nous agacent, alors nous les classons parmi les fous, les illuminés et les excités. Le plus souvent, ils sont ignorés ou persécutés, et Jésus n’a pas fait exception à la règle.

Aucune époque n’accueille aisément un prophète, car nous nous faisons tous, des envoyés de Dieu, une image ou une conception qui rejoignent rarement la réalité. D’ailleurs, qu’avons-nous besoin de prophètes ? Nous croyons aisément n’avoir plus rien à apprendre d’essentiel sur une « religion » que nous connaissons si bien, trop bien peut-être !

Dans l’Évangile selon Marc, les nazaréens deviennent paradoxalement, en raison de leur attitude, le modèle des incroyants, de ceux qui « regardent et ne voient pas, entendent et ne comprennent pas » (Mc 4, 12). Comme si la proximité engendrait l’aveuglement ou une certaine myopie. Quoi qu’il en soit, « qu’ils écoutent ou qu’ils refusent, ils sauront qu’un prophète s’est levé au milieu d’eux » (Ez 2, 5).

Scandale d’hier, d’aujourd’hui, de demain, de toujours : Comment la puissance de Dieu se manifesterait-elle dans le fils d’un humble charpentier ? Penser cela n’est-il pas déjà un blasphème, un outrage à la grandeur et à la majesté de Dieu ? Le scandale sera à son comble lorsque nous prétendrons même que ce Dieu-fait-homme sauve le monde en mourant sur une Croix. C’est pourtant ce « scandale » qui différencie le christianisme d’une quelconque idéologie.



Père Olivier Scache
oscache@diocese-paris.net