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SCOTCH & PENICILLIN
Septembre
September
est une chanson de Earth Wind & Fire dont le refrain fait “Ba De ya” et que j’associe irrémédiablement à la playlist de chansons disco-funk (Imagination, Kool and the gang…) de la fête foraine des quinconces des Jacobins du Mans. Derrière le grand théâtre où j’étais allé voir des pièces de Molière avec l’école.
C’est également ici qu'est venue la caravane Nintendo. Il ne s’agissait en fait que d’un semi-remorque aménagé, posé là, dans le fond de l’esplanade qui servait de parking le reste de l’année. On pouvait jouer à volonté avec différents jeux game-boy tout en écoutant le best-of Supertramp qui passait en boucle. J’avais joué à Q-Bert et j’avais suffisamment aimé pour avoir envie d’acheter la cartouche mais le camion ne faisait même pas boutique. Pas même une casquette, un autocollant ou un porte-clés à récupérer. Quelle déception.
Juste à côté, une fois traversé le parc autrefois réputé pour ses dealers, se trouve le musée de Tessé et sa momie égyptienne (comme tout bon musée de province qui se respecte). J’y étais entré avec ma mère et la personne à l’accueil nous avait salué d’un “bonjour mesdames”. C’est là que, enfant, j’ai découvert l’art contemporain avec une exposition de François Monchâtre. On pouvait même y acheter (2 francs) une silhouette en papier découpé d’un de ses “crétins”. Des années plus tard, je suis allé le rencontrer chez lui, à la Flèche, pour lui proposer de publier des dessins dans notre fanzine de lycéens. Ce qu’il a très gentiment accepté. 
De retour de la Flèche -cela faisait peu de temps que j’avais mon permis de conduire- je me suis retrouvé coincé dans un bouchon. La voie de droite étant libre, j’ai remonté toute la file de voiture avant de me rendre compte que je devais impérativement reprendre la voie de gauche pour rentrer au Mans. Bien entendu, personne n’a voulu me laisser m'immiscer dans la circulation et je n’ai pu reprendre ma place que bien après celle que j’avais laissée. 
C’était non loin du circuit de la course des 24 heures du Mans où je ne suis allé qu’à quelques rares occasions. Une année, je crois me souvenir qu’un membre du groupe Police participait à la course. JBa De Yae n’écoutais pas ce groupe mais mon oncle, oui. C’est lui qui me disait quand passait “la voiture du type de Police”. Aujourd’hui mon oncle est officier de police judiciaire. Autour du circuit, dans la forêt de pins, il y avait des manèges de fête foraine et notamment un spectacle avec des personnes monstrueuses comme dans Freak Show. Je n’y ai pas assisté mais j'ai traversé le circuit en passant par la passerelle en forme de pneu Goodyear. 
En CP, en regardant par la fenêtre j’avais vu passer le ballon dirigeable Goodyear. Une autre fois, c’est le Concorde que j’avais vu passer mais personne ne m’avait cru (alors que c’était vrai : il avait justement survolé le Mans à l’occasion des 24 heures). 
C’est aussi dans le quartier du circuit que j’ai passé mon permis de conduire. Nous sommes parti du parking du Royal (un ancien cinéma reconverti en salle de spectacles où j’avais pu voir Massilia Sound System) et nous avons parfois roulé sur les mêmes routes que celles de la course. Sur un sens giratoire, je me suis trompé en prenant la mauvaise sortie mais comme j’avais bien mis mon clignotant et fait mes contrôles cela ne m’a pas porté préjudice. J’ai eu mon permis du premier coup.
Avant ça j’avais une mobylette : une 103 SP bleue dont je devais régulièrement réparer les crevaisons.
Avant ça j’avais un vélo dont j’ai oublié la couleur mais avec lequel je suis allé jusqu’au Mans (11 km aller, 11 km retour) avec mon cousin et ses copains. Je suis retourné voir l'exposition de François Montchâtre et nous sommes ensuite allé à la Foirfouine où nous avons volé quelques vieux gadgets de Pif tombés des pochettes plastiques d’un lot de déstockage : un bonhomme dont le volume est multiplié par 10 lorsqu’on le laisse tremper dans l’eau, une fausse toile d’araignée qui a produit son petit effet sur le téléphone de la chambre de mes parents.
Les murs de ma chambre étaient recouverts d’un papier peint avec d'énormes pâquerettes poussant à travers une structure géométrique blanche. La chambre de mes parents avait un papier peint plutôt sombre et je crois me souvenir d’un poster avec un dessin vaguement érotique imprimé sur un support en aluminium brossé. Ils avaient également un lit entouré, comme un Zodiac, d’un énorme boudin recouvert de velour bleu marine qui était super pour faire des galipettes.
Looping-Express INVITATION GRATUITE valable pour 1 PERSONNE non valable en cas d'affluence
Le velours était un peu le textile de l’époque. Ce que je n'aimais pas c’était le jean, que j'associais aux loubards en santiag. Je détestais plus que tout Renaud et le Lucien de Margerin. Les rockeurs me faisaient peur.
Mon père s’était acheté des bottes camarguaises et n’avait rien trouvé de mieux à faire que de m’en acheter une paire identique. J’ai toujours refusé de les mettre. Une fois au lycée, j’ai finalement porté les bottes de mon père pendant quelques mois. Elles faisaient un raffut d’enfer sur le parquet en bois des vieilles salles de classe. Plus tard j’ai porté des richelieus, puis de grosses chaussures de montagne pour faire comme les groupes de raggamuffin de la compilation Rapattitude 2 (les rouleurs à l’heure sont durs à cuire”). J'ai aussi acheté de fausses Van’s qui m’ont labouré les talons et sont restées tachées de sang. Tout un été j’ai porté des espadrilles couleur mastic avec le dessus aéré, comme une vannerie de chaise. Je les appelais “mes chaussures de vieux” et je les trouvais plutôt classes. Ensuite je suis resté fidèle aux baskets Fila noires qui étaient tellement confortables que je n’ai jamais pu reporter des chaussures en cuir.
Au fait, si je portais des richelieus c’était pour faire comme mon copain François. François était fan de Dire Strait et il dessinait très très bien les guitares. Il fumait du tabac de la marque Amsterdamer roulé à la main et il avait les doigts tout jaunes. Il habitait dans un vieux château décati, François était de droite et même, plus tard (je ne le fréquentais plus), d'extrême droite. Nicolas était ami avec François. Il n’avait rien en commun avec lui. Il faisait du triathlon et c’est lui qui m’a fait découvrir Andy Warhol. 
François et moi prenions le même car pour rentrer chez nous car nous habitions dans le même village (mais chacun à une extrémité). Pour prendre le car il fallait attendre à l’arrêt près du musée de Tessé (et sa momie).
Parfois, d’anciens camarades de collège prenaient le même car. Je recroisais ainsi Stéphane avec qui j’avais partagé mon ennui quelques étés auparavant. Mais nous n’avions plus grand chose à nous dire. Stéphane est depuis devenu moine bouddhiste. 
François, lui, était scout. Scout d’Europe. J’aurais dû me méfier.
En attendant le car, j’écoutais souvent des cassettes avec mon “baladeur” (lecteur de cassettes audio portatif). J’associe l’arrêt de la Croix de Pierre à la ligne de basse d’introduction de Isn’t anything de My bloody Valentine.
Plus encore que le jean, je détestais prendre le car. J’y croisais les anciens camarades du collège que je ne voulais plus voir (comme Stéphane). Dorénavant j’étais au lycée. j’étais différent. J’entendais les filles du car parler des si belles chansons de Francis Cabrel. Moi j’écoutais Isn't Anything.

(à suivre)
SATURN - Bon pour 1 tour (ticket non remboursable)
Dédié à Henriette Valium

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