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La fin véritable de la vie commune : le développement des puissances créatrices de tous.
Frédéric Lordon

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lettre aléatoire
26 septembre 2021


#9 Ressources
COUP DE FOUDRE

DES PARCOURS ARTISTIQUES EN PLEINE NATURE

LE CAIRN À DIGNE-LES-BAINS

ambulo ergo sum, par herman de vries. « Je marche, donc je suis. »

Le CAIRN, centre d’art, est un « laboratoire artistique en montagne » qui accueille depuis 2000 des artistes en résidence pour qu’ils créent des œuvres in situ, liées à des lieux spécifiques, en prenant en compte la beauté des sites naturels, l’histoire et le patrimoine local. Une expérience de visite exceptionnelle, qui transforme notre regard sur le territoire.

C’est sous une pluie chaude de juillet, dans une atmosphère presque tropicale, que j’ai fait ma première expérience du musée-promenade du parc saint-Benoît, un parcours jalonné d’œuvres d’art contemporaines qui serpente dans un sous-bois en suivant une ascension douce à flanc de montagne. 

Muni d’une carte fournie à l’entrée, le visiteur est invité à suivre un sentier tracé, à faire une boucle dans un sens où dans l’autre, mais aussi à s’écarter du chemin pour entrer dans une réserve à papillons, ou pour contourner l’eau qui s’écoule d’une étonnante cascade de calcaire (tuf). 

Aux merveilles naturelles viennent s’ajouter les œuvres d’artistes d’envergure internationale, comme Andy Goldsworthy, britannique pionnier du land art, Joan Fontcuberta, Paul-Armand Gette, Catherine Marcogliese et Sylvie Bussières. Sculptures, photographies et installations sonores invitent à mobiliser les cinq sens tout en se questionnant sur le rapport de l’homme à la nature. Si possible, sans glisser sur les lichens du jardin japonais...

La chapelle Saint-Michel-de-Cousson

La visite en marchant

Une immense majorité des créations des artistes passés par le CAIRN est disséminée dans la montagne, au cœur des 200 000 hectares du territoire de l’UNESCO Géoparc de Haute-Provence. Le livre L’art des parcours est un formidable guide de randonnée pour partir à leur rencontre.

Entraîné par l’un des itinéraires cartographiés du livre, on entreprendra par exemple depuis le village d’Entrages une petite heure d’ascension vers la chapelle Saint-Michel-de-Cousson (XVIIe siècle), bâtie sur un promontoire rocheux à 1 500 mètres d’altitude, qui offre un point de vue splendide sur les trois vallées de la Bléone, des Eaux-Chaudes et de l’Asse. 

Quarante minutes et un pique-nique plus tard, on pourra contempler, entre les sommets du petit et du grand Cousson, l’œuvre de Richard Nonas, Col; the second day. Cette série de rails en bois massif disposée entre deux montagnes met en valeur un lieu intermédiaire, un interstice, un espace permettant le mouvement.

Après une nouvelle ascension sur un sentier qui longe une falaise à pic, c’est l’inscription philosophique d’herman de vries « sis nunc hic » (« Sois maintenant ici » en latin) qui apparaîtra, gravée à la feuille d’or sur la pierre au-dessus d’un passage particulièrement vertigineux. Une injonction à prendre conscience de l’instant vécu au moment où l’on progresse au bord du vide.

Le paysage et l’expérience

Ces œuvres in situ entrent en dialogue avec les éléments des espaces naturels protégés qui les entourent : humus, arbres, plantes, fleurs, insectes, champignons, ruisseaux, rochers, montagnes. Elles sont si étroitement liées au milieu dans lequel elles viennent s’inscrire qu’elles forment « comme des couches de paysage supplémentaires », selon les mots d’Andy Goldsworthy.

Côté spectateur, l’expérience est exceptionnelle : elle se fait sur le terrain, loin du musée, en toute liberté, et après l’effort de la marche. Les lumières varient selon les saisons et la météo. Le regard du randonneur change selon son humeur, la joie, l’éblouissement, la fatigue, le vertige, la compagnie ou la solitude. Autant de possibilités qui confèrent à ces randonnées sensibles une saveur particulière : celle d’une émotion intime qui ne sera jamais reproductible à l’identique, mais qui pourra être renouvelée différemment à chaque parcours. 

CAIRN centre d’art • Musée promenade • parc Saint-Benoît • Digne-les-Bains

L’exposition anniversaire « Flash-back, une brève histoire du CAIRN », visible jusqu’au 31 octobre, relate l’histoire des vingt ans de ce lieu de diffusion de l’art en territoire rural • Commissaire : Nadine Gomez-Passamar

Livre : L’art des parcours. 20 randonnées dans les Alpes de Haute-Provence à la rencontre de l’art actuel, Arnaud Bizalion éditeur, 15 €.

BRÈVE RENCONTRE

DES ŒUVRES D’ART

À EMPRUNTER

L’ARTOTHÈQUE DE VOLX

Et si on pouvait emprunter des œuvres d’art, comme on emprunte des livres à la bibliothèque ? C’est le concept de l’artothèque de Volx, animée par une association qui porte bien son nom : L’art en partage. 

Frédérique Marcillet, documentaliste et présidente de l’association, tient la permanence dès 10 heures le samedi matin dans un local rempli d’œuvres d’art du sol au plafond. « Le principe est d’emprunter une œuvre originale à mettre chez soi afin de pouvoir l'apprécier pendant plus longtemps qu’une exposition », explique-t-elle. « L’abonnement pour les particuliers est à dix euros par mois. Pour les artistes qui prêtent, cela donne de la visibilité à leur travail. Il arrive que cela déclenche l’achat de l’œuvre si la personne s’y attache. »

Au départ, l’artothèque de Volx, concept unique dans le territoire, a commencé par collaborer avec des peintres locaux comme Louis-Jean Gal, Martine Letoublon, Georges Martinez, Charles Marty ou Maryline Viard. « Nous avons un comité de sélection dans lequel se trouvent des artistes et certains adhérents de L'art en partage qui souhaitent donner un regard. »  L’association accueille aussi désormais des artistes venus du Luberon, de la Drôme ou du Loiret, en privilégiant toujours les professionnels.

Jean-Baptiste, père de famille et instituteur à Valensole, passe vers 11 heures rapporter une œuvre et en choisir une autre pour le mois qui vient. Il se sépare d’une grande toile abstraite d’Irina Irimescu, joyeuse avec ses couleurs intenses, dans des tons bleus, rouges et jaunes : « Elle était très chouette dans le salon. »  Dans la famille de Jean-Baptiste, on choisit l’œuvre du mois chacun son tour. « On a libéré un mur pour ça. C’est comme adopter quelqu’un chez soi pendant un petit moment. » Il flashe ensuite sur une photographie contemporaine épurée de Christine Collomb, avant de changer d’avis pour une toile pleine de vie de Martine Letoublon, représentant un fouillis de tubes de peintures colorés.

Jean-Baptiste raconte qu’en tant qu’instituteur, il emprunte aussi des œuvres à exposer dans les salles de classe, qui émerveillent les enfants. Une des toiles de Marie-Françoise Souquière, au style pointilliste aborigène, les a fortement inspirés : « Les gamins ont repris la technique dans leurs dessins, elle les a nourris, ils l’ont réinvestie. »

Permettant à chacun d’accéder à la création artistique, l’artothèque fonctionne grâce à un local mis à disposition par la mairie de Volx et à l’énergie de ses adhérents. Particuliers, entreprises, collectivités, écoles, chacun peut ainsi s’abonner et devenir collectionneur en herbe à moindre coût !

Site : lartenpartage.com • Ouvert le samedi de 10 h à 12 h et sur rendez-vous.

L’INCRUSTE

Marseille. La nuit en ville me fait penser à une vieille dame. Son manteau est usé par les excès, les chagrins, les relents de pisse et de vomi. À l’aurore, l’amer café abreuve ses oiseaux fatigués. Le mistral en profite pour leur voler leur dernières plumes. On demande trop à la nuit.
Louise Girard
Envoyez votre texte court (300 signes maximum).

À PARAÎTRE • 6 octobre 2021

Le nouveau roman d’Arno Calleja, auteur né à Marseille en 1975 et qui vit à Limans :

La rivière draguée, éditions Vanloo
Le roman part d’un fait divers qui a eu lieu à Taipei en 1985 : on découvre le corps sans vie d’une enfant sur la berge d’une rivière. L’enquête n’aboutit jamais mais, pendant trente ans, le souvenir du meurtre non résolu hante la ville et ses habitants, déréglant jusqu’aux éléments les plus quotidiens de leur vie.


Lancement à 19 h à la librairie le Monte-en-l'air à Paris.
 

QUI ÉCRIT ?
Cette lettre est préparée par Raphaële Javary, journaliste explorant la création entre Lure et Luberon.

REMERCIEMENTS
Pauline Hessel, Nicolas Marquet, Virginie Bellot, Jérôme Anconina

 
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