Copy
Inscription - Désinscription - Archives - Voir la version en ligne
Octobre est passé, HAHA tombe dans vos boites mail, la vie est bien faite. Le mois comique aura surtout été marqué par la vive polémique autour du dernier spectacle de Dave Chappelle sur Netflix. Plus réjouissants : Baptiste Lecaplain actuellement sur scène, ou la comédie noire Barbaque de Fabrice Eboué au cinéma. Enfin, on n'oubliera pas d'aller aider le projet Raymond, revue papier consacrée à l'art du stand-up et de la comédie en générale. Bonne lecture !

Des avis, des recommandations ? Ecrivez-nous à l'adresse revuehaha@gmail.com.

Tout le monde ne parle que de ça

Copyright Netflix

DAVE CHAPPELLE : THE CLOSER
Spectacle. Durée : 1h12. Sorti le 5 octobre sur Netflix.

«J'ai un objectif ce soir : je vais compléter l'œuvre que j'ai conçu pour Netflix, et répondre aux questions posées par mes vannes ces dernières années.» Son titre l'annonçait, ce spectacle devait être une conclusion : la fin du contrat pharaonique à 60 millions de dollars passé entre Dave Chappelle et Netflix depuis 2016, pour six spectacles diffusés sur la plateforme. La fin, aussi, en tout cas c'est lui qui l'annonce, d'une étrange fixette de l'humoriste sur la communauté LGBT, alimenté par des accusations de transphobie à son encontre et un redoublement de vannes sur le sujet par le concerné. Finalement, The Closer n'a rien clôt du tout : depuis la sortie du spectacle le 5 octobre, la polémique n'a fait qu'enfler.

Les critiques sur la transphobie de ce nouveau spectacle sont d'abord venues de salariés trans de Netflix, rejoints par plusieurs centaines de leurs collègues dans un mouvement de protestation devant les locaux de la plateforme. Un débrayage soutenu par des personnalités comme Hannah Gadsby ou Jameela Jamil. Entretemps, le patron de Netflix s'était aventuré dans une défense foireuse du spectacle - «les contenus sur écran ne se traduisent pas par de la violence dans le monde réel», avait-il fait savoir - avant de se rétracter. Ces derniers jours, Chappelle a déclaré être ouvert à la discussion avec les employés de Netflix, se posant à nouveau, avec malice, en victime dans l'affaire : «Vous dites vouloir être en sécurité dans votre environnement de travail à Netflix. Et pourtant, il semblerait que je sois le seul à ne pas pouvoir aller au bureau.» 

Alors, qu'y a-t-il, à l'origine, dans The Closer ? Un paresseux spectacle de Chappelle, non dénué de quelques bonnes outrances toujours servies avec ses airs de Bugs Bunny sardonique. Mais, après à peine dix minutes de blagues sur le Covid pas forcément mémorables, il embraye directement en répondant aux critiques que lui formulent la communauté LGBT. S'ensuit une longue tirade qui fera tout le spectacle, assez peu comique, parfois à base de sophismes, pour toujours la même démonstration : les Noirs seront toujours la communauté la plus opprimée. Finalement avec The Closer, on est loin du grand geste créatif, de l'œuvre même, mais on a plutôt l'impression d'être du côté de ces albums remplis de chutes mal ficelées surtout destinées à se débarrasser d'un contrat encombrant. Perdu dans ses idées fixes, Dave Chappelle ne pense plus.

Les meilleurs articles sur la comédie parus dernièrement

BD. «Vincent Lacoste rêvait de devenir le nouveau 50 Cent». Alléchant programme de la nouvelle BD de Riad Sattouf, publiée début novembre : avec Le jeune acteur, il revient sur les débuts de comédien de Vincent Lacoste, comme il s'en explique dans Télérama

Régressif. Déclaration d’amour sur France Inter de la journaliste Laetitia Gayet à l’autrice Américaine Julia Wertz à l’occasion de la sortie de sa dernière BD Le Musée de mes erreurs : L’intégrale de la fête du prout, bijou d’humour régressif au trait minimaliste.

Révélation. Dans So Film, à lire : un portrait de l'intense Raphaël Quénard, révélation de la nouvelle saison de Family Business sur Netflix, étiqueté «nouveau Poelvoorde» voire Jim Carrey français.

Rire de rien. Sur le sempiternel débat du «On ne peut plus rire de rien», la contribution de la chercheuse Nadia Vargaftig dans Libération : «Ne plus rire de ce qui nous faisait encore sourire il y a quinze ou vingt ans n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle ou le signe d’une société politiquement correcte, [...] mais plutôt d’une société de plus en plus travaillée par la question des discriminations et des exclusions qui la façonnent et la traversent.»


Vampire. La série comico-horrifique What We Do in the Shadows entame sa troisième saison. L’occasion pour Vulture d’un portrait de l’excellent comédien britannique Matt Berry, qui explique ses choix de carrière exigeants.

 

Sur scène, en ce moment

Copyright DR

BAPTISTE LECAPLAIN : VOIR LES GENS
En tournée actuellement. Durée : 1h20. 

Dès son entrée, Lecaplain prévient : «N’essayez pas de raconter mes blagues : ça m’énerve parce que vous allez mal le faire !». Avec son troisième spectacle, l’humoriste s’affirme comme l’un des très grands noms de la scène française : issu d’une génération pré-Jamel Comedy Club, il est l’un des rares à réussir le grand écart entre comique de sketchs et véritable stand-up épuré. Avec une vraie science du rythme et une énergie hallucinante, il alterne des personnages improbables et névrosés qu’il anime toujours plus loin : une guêpe violente et ingérable, une tortue pédophile, le fantôme de Fanny Ardant qui fume des clopes...

Puis bascule dans des épisodes de sincérité quasi dramatiques, se livre sur ses obsessions maladives pour un aspirateur, son père défenseur d’une forme d’éducation discutable, sa fille, à qui il doit parler de la mort. Jamais, pourtant, n'apparaissent les ficelles de ce numéro d'équilibriste. Lecaplain parvient toujours à aller là où on ne l’attend pas et transporte la salle jusqu'à un final sublimé par l’émotion de jouer enfin ce spectacle, Voir les gens, reporté depuis plus d’un an à cause de la pandémie.
 

L'humour, c'est surtout visuel

 MORT SAHL 
Stand-uppeur. Mort le 26 octobre à 94 ans. 
Des vannes sur Hitler, quinze ans à peine après la fin de la Seconde guerre mondiale. L'humoriste américain Mort Sahl, mort cette semaine à l'âge de 94 ans, fut l'un des pionniers d'un stand-up satirique et politique, comme on peut le voir dans cet extrait du Ed Sullivan Show datant de 1960. Sahl le comique philosophe inspirera notamment Lenny Bruce, George Carlin ou Woody Allen, avec un style considéré à l'époque comme révolutionnaire : en s'adressant simplement au public pour lui parler de l'actualité.

Une comédie à voir en ce moment

Copyright Cinéfrance Studios

BARBAQUE
De Fabrice Eboué, avec Marina Foïs. Durée : 1h32. Sorti le 27 octobre au cinéma. 

Un seul conseil avant d'aller voir Barbaque : ne pas lire les interviews de Fabrice Eboué, en promo pour le film. Ça fait quelques années désormais que l'humoriste-réalisateur semble faire de l'anti-véganisme un fond de commerce comique, en appuyant toujours sur les mêmes boutons bobo-quinoa-bouffeur de graine. Son quatrième film en tant que réalisateur vaut mieux que ça : si Barbaque, avec son couple de bouchers au bord de la rupture qui repimente son quotidien en s'adonnant au cannibalisme, rejoue évidemment ces clichés, il est plus singulier dans son rapport à la viande, sexualisé et honteux. Son humour noir lorgne les comédies morbides britanniques ou scandinaves, mais on y retrouve aussi un brin de la joyeuse amoralité des comédies françaises des années 1970. Avec moins d'audace cependant, notamment dans son final:  on aurait aimé Barbaque plus saignant, on se contentera d'une comédie à point.

Le meilleur de l'humour en baladodiffusion

SANS OSER LE DEMANDER
Jim Carrey incarne-t-il les années 90 ?
Plongée d’une heure dans la filmographie de l’acteur Jim Carrey, superstar des années 90 qui incarne à lui seul les travers et l’absurdité de la société américaine. C’est du moins la thèse défendue au micro de France Culture par les critiques Jean-François Rauger, et Adrien Dénouette, l’auteur d’un brillant essai sur Carrey, L’Amérique démasquée, dont nous vous parlions déjà dans notre #76.
Sorti le 13 octobre. Durée : 59 mn.

MAINTENANT VOUS SAVEZ
En trois minutes, Thomas Deseur et Jonathan Aupart s'intéressent à un phénomène culturel sur demande des auditeurs. A piocher dans les archives, rayon humour : Pourquoi The Office est-elle révolutionnaire, Le Petit Nicolas un classique de la littérature, ou encore d’où vient la première blague du monde ? Instructif et concis.
Durée : 3 mn environ.

LES HISTOIRES DE QUARTIER D'OXMO PUCCINO
Melha Bédia : les Kardashian de Gennevilliers.
Melha Bédia raconte comment son frère Ramzy et Jamel Debbouze ont pris en main son éducation, tentant d’user de leur influence pour la faire inscrire dans un lycée renommé des Hauts-de-Seine. Le résultat : une invraisemblable rencontre entre la jeune fille, ses copines de la cité du Luth de Gennevilliers et… Nicolas Sarkozy.
Sorti le 19 octobre. Durée : 17 minutes.


ET POUR FINIR...

On aide le lancement de l'alléchant projet Raymond, soit «la première revue consacrée à l’Art de l'humour sur scène», et qui termine ces jours-ci son crowdfunding sur KissKissBankBank. Allez-y, c'est par ici.
 

HAHA
Une newsletter rédigée par Adrien Franque et Clément Mathis
Suivez-nous sur Twitter, Facebook ou Instagram

Illustration : Pierre Thyss

Copyright © 2021 HAHA, All rights reserved.


Partager cette newsletter avec un ami

Ajoutez-nous à votre carnet d'adresses


Vous ne voulez plus recevoir cette newsletter ? Vous pouvez modifier vos préférences ou vous désabonner.

Email Marketing Powered by Mailchimp