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Jour 5 : focus sur la délégation européenne

Aujourd’hui, une vingtaine de jeunes ont pu échanger avec Jacob Werksman, négociateur en chef de l’Union européenne (UE) à la COP. La rencontre était organisée par le mouvement European Climate Pact. J. Werksman a rappelé la position de l’UE en matière de climat : 

  • Affirmer un leadership par l’exemple. En 2015, l’UE a été la première grande économie à communiquer ses Contributions Déterminées au niveau National (NDC), s’engageant à réduire ses émissions nettes d’au moins 40 % par rapport à 1990. 5 ans après, l’UE a actualisé ses NDC, avec un objectif d’au moins 55 %. Ces NDC établies à 27 sont d’autant plus crédibles qu'elles sont détaillées et reposent largement sur des mesures d’atténuation et très peu sur des technologies d’émissions négatives (NETs).

    L’UE a prolongé ses engagements de l’accord de Paris en se fixant l’objectif de devenir le “premier continent climatiquement neutre” d'ici 2050 (“pacte vert”). Cet objectif a été rendu contraignant par la loi européenne sur le climat de juin 2021. Un paquet de mesures pour l’atteindre, dit “Fit for 55”, a été présenté en juillet. Malgré ce cadre solide, les plans nationaux sont encore insuffisants, sans parler de leur mise en œuvre.

Ne dites pas : "petite langue de bois mesurée"
Dites : "mini stère"

  • Collaborer avec les autres pays et soutenir leur transition. J. Werksman a notamment évoqué la nécessité de rénover les règles du commerce international en faveur du climat. Mais jusqu’à présent, les accords de libre-échange étaient peu regardants sur les standards environnementaux ou sur le respect des engagements climatiques, et il ne semble pas y avoir beaucoup de changement dans les accords en cours de négociation. Un exemple : l’accord entre l’UE et le Mercosur, qui pourrait être prochainement ratifié, souvent présenté comme un accord  “voitures contre viande de bœuf". Il autoriserait l’import de produits aux standards environnementaux plus faibles que ceux en vigueur en Europe. L’accord prévoit aussi une “gestion durable des forêts”, dérisoire vu l’accélération de la déforestation en Amazonie.
     
  • Encourager la mise en œuvre de règles multilatérales ambitieuses. J. Werksman a rappelé l’importance pour l’UE d’un “ordre international fondé sur des règles” suivies par tous les pays. C’est exactement ce que fait l’accord de Paris : toutes les parties doivent soumettre des NDC (contrairement au protocole de Kyoto), selon une “responsabilité commune mais différenciée”.

    De plus, l’UE cherche à réhausser l’ambition des accords. Par exemple, l’UE avait poussé pour que l’accord de Paris intègre l'objectif de 1,5°C et avait proposé l’aide annuelle de 100 milliards. Quid des négociations en cours ? J. Werksman affirme que ses négociateur.trice.s sont “exigeant.e.s”, notamment sur le financement climatique. Mais sur des sujets comme l’indemnisation des pertes et dommages liés aux impacts du changement climatique (cf. mécanisme international de Varsovie abordé hier), l’UE garde une position prudente.
Good COP, bad COP

Le Brésil s’adjuge le dernier fossile du jour de cette première semaine de COP. Le Climate Action Network (CAN) sanctionne les abus commis à l’encontre des droits autochtones et environnementaux : accaparement des terres autochtones, exploitation aurifères sauvages et pollution des rivières, destruction de la forêt vierge tropicale, etc. Ces attaques, dont l’inquiétante hausse est bien documentée, sont signées Bolsonaro. On rappelle que le Président brésilien a préféré visiter son village d’origine en Italie et rencontre le leader d'extrême droite Matteo Salvini plutôt que de se rendre à la COP. 

Quant à l’Australie, elle réussit la performance de remporter un troisième prix en une semaine. Pendant que 190 pays s’engageaient ​​à éliminer progressivement le charbon, que 100 pays signaient un accord pour réduire les émissions de méthane et que 19 pays s’engagaient à ne plus financer les énergies fossiles à l’étranger, le ministre australien des ressources (et de l’eau) a présenté 10 nouvelles zones qui pourraient être incluses dans la prospection pétrolière offshore de 2022. Quand on sait que le pays est déjà premier exportateur mondial de charbon et progresse dans le top 10 des exportateurs de gaz, on se dit qu’on a vraiment affaire à un champion toute catégorie.

 

La question du jour

"Qui négocie pour la France : la délégation française ou la délégation européenne ?"

La France, comme tous les pays européens, n’a pas de mandat de négociation à la COP, mais est représentée par l’Union européenne. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle on parle de conférence des “parties” (COP). Les “parties” désignent les signataires à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), adoptée au sommet de la Terre de Rio en 1992. Il s’agit de 196 pays (154 à l’origine) et des 27 pays de l’Union européenne, soit 197 parties. La diplomatie climatique est d’ailleurs l’un des sujets sur lesquels la construction européenne est la plus avancée. 

Pour autant, la France a bien son mot à dire sur les négociations. La position de l'Europe est en effet déterminée communément avec tous les pays membres. Les négociateur.trice.s des différents pays y travaillent toute l'année, et se rencontrent environ toutes les 6 semaines pour décider d’une position commune, c’est-à-dire définir des objectifs et des “lignes rouges” à ne pas dépasser lors des négociations. Les négociateur.trice.s des pays européens arrivent ainsi à la COP avec leur feuille de route bien définie, et négocient tous au nom des 27. En comparaison, les autres coalitions de pays n'ont généralement que la semaine précédant la COP pour se mettre d'accord sur une position commune. 
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