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Odyssée Argentique

Je finirai par en buter un 🥾🐾

📍 Kalambaka (Grèce)
📅 232 jours depuis le départ
🥾 4 386 kilomètres depuis Tours
📓 458 pages de notes consignées dans mon cahier
📸 578 photographies capturées
📖 Autant en emporte le vent (1936) de Margaret Mitchell en lecture du moment
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📮 Les autres extraits du journal de bord
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L'esprit s'envole avec les kilomètres. Je suis, enfin, arrivé en Grèce. Il ne s'agit plus de rêver, mais de vivre cette fatale réalité. Pour reprendre une expression qui convient très bien à mon rythme de vie : je ne vais pas y aller par quatre chemins. J'ai le cul entre deux chaises. Je suis partagé, comme rarement je l'ai été.
 
D'une part, je passe en revue les milliers de kilomètres qui me séparent de la Touraine. Je me rappelle, non sans mélancolie, ces instants qui ont enrichi ma courte vie. Il y a ces paysages, tantôt plats et monotones, tantôt anfractueux et animés. Il y a ces personnes, vague souvenir d'une rencontre éphémère, ou belle histoire d'une rencontre particulière. Je suis gourmand, je voudrais continuer. Découvrir de nouvelles contrées, rencontrer de nouveaux personnages, multiplier les expériences. Dépasser l'horizon et révéler ce que le monde peut encore cacher.
 
D'autre part, je me confonds dans les mémoires d'une vie autre, celle d'avant, où je me couchais tous les soirs dans le même lit, où j'avais l'habitude de voir mes amis, de profiter de promenades dans les rues tortueuses du vieux Tours, de virées à bicyclette dans les vignobles vouvrillons. Il m'arrive tout bêtement de penser aux guinguettes, de me dire qu'une grande bière au creux d'une Loire sauvage serait bienvenue. Cette vie me manque, et parfois je me surprends à penser au retour plutôt qu'à profiter de l'instant. Étonnant non ?
La Grèce est un pays qui me stupéfie. Longtemps, j'ai vécu bercé de clichés. Les Grecs vivent tout au long de l'année sous un soleil chaleureux et rayonnant. Ils portent des sandales de cuir et arrosent allègrement leur salade – tomates olives oignons fêta – d'une huile d'olive pressée maison. Que nenni. Nous sommes aux portes de l'hiver et les températures sont aussi froides qu'à Chamonix ou Courchevel. Les bottes à fermeture éclair ont remplacé les sandales. Et puis la salade grecque au mois de décembre est une triste illusion, sauf si l'on apprécie les tomates sans goût.
 
Alors je me contente de progresser sur des terrains recouverts d'un fin filet de neige. Le vent qui hurle sur les plaines et les sommets des hautes collines m'arrachent de la plus idéale notion de confort et surtout de ces clichés auxquels je m'étais attaché. Je rêve de changer mes souliers à la semelle poncée par de grosses bottes d'hiver et à défaut de me rassasier d'une belle salade colorée, je me rabats sur mon habituel couscous cacahuètes.

Heureusement, il existe des Nikos ou Dimitris qui à l'approche d'un centre ville m'offrent le réconfort d'un café chaud. Curieux d'observer un vagabond arpenter leurs terres sous une telle météo, ils me demandent d'où je viens, où je vais. Quand je leur réponds que je me rends à Athènes, presque quatre cent kilomètres, leurs regards s'illuminent. « Bravo, bravo », m'encouragent-ils. « Mais quatre cent kilomètres, ça n'est rien Nikos, pensé-je tout bas. Dans quatre cent kilomètres, tout s'arrête. Et je fais quoi moi ? Je reviens chez toi boire un café et refaire le monde » ?
En attendant de savoir si je retourne chez Nikos, je m'engage sur des routes départementales, des pistes de 4x4, des sentiers de bergers. Je slalome entre plaines et montagnes, essayant de ne plus passer les mille mètres d'altitude, sous peine d'être victime d'un froid polaire.
 
Le chemin pourrait être agréable mais je ne peux m'empêcher de les remarquer. Sans cesse, à la vue de mon ombre, à l'odeur de mon corps, ces bêtes errantes se mettent en chasse. « Les meilleurs amis de l'Homme », me soutiens-je pour garder mon sang froid. Jamais je n'avais croisé autant de chiens errants. Seuls, ils se cantonnent à leur allure claudicante. Ils me regardent passer, sans même remuer le moindre poil. En revanche, lorsqu'ils se déplacent en meute, s'engage un combat féroce. Les poils se dressent, les corps se raidissent, les crocs brillent, et les aboiements n'en finissent plus. Je suis entouré, alors je porte la main vers mon couteau qui, depuis la frontière, se trouve à cause de ce genre de circonstances dans ma poche plutôt que dans mon sac. « Je finirai par en buter un », songé-je parfois, animé d'une sanguinaire motivation, la main presque tremblante sur le manche de ma lame. Mais avantageusement, la meute demeure dans l'intimidation. Il ne s'agit que d'une pitoyable mise en scène, où chaque animal désire s'affirmer face au voyageur solitaire que je fais. Les aboiements cessent et non sans être à l'aise, je parviens à me frayer un chemin à travers cette horde de sauvages, que je m'amuse à décrire comme s'ils étaient des gangsters repentis, sans foi ni loi. « Mais à me faire prendre en course plusieurs fois par jour depuis deux semaines, je finirai par en buter un », me lancé-je à la sortie de ces piètres situations.
Je suis arrivé au Météores, un lieu emblématique de la Grèce où s'élèvent au ciel d'immenses pitons détritiques coiffés de monastères bâtis pour les plus anciens au XVe siècle. Je séjourne chez Stella, une patronne d'un bar/auberge qui se veut accommodante, aux petits soins même. Noël se déroulera dans son établissement. Une cliente d'origine taïwanaise se propose de nous préparer une soupe de chez elle. Bien loin seront les toasts au saumon et au foie gras cette année. 
 
Enfin, d'après mes dernières estimations, 444 kilomètres de routes, chemins, villes, villages, côtes, plaines et montagnes, me séparent d'Athènes. Autant de kilomètres qui me laisseront le temps de poser le cul sur l'une de ces deux chaises et peut-être, de prendre une décision pour les mois à venir.
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