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Gaspard Koenig                                                                                                                     Pas d'images ? Version web

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De retour de son voyage, Montaigne s’était lancé dans la politique, en devenant maire de Bordeaux. Certes, il suffisait à l’époque d’être nommé par le Roi. Mais voilà soudain le philosophe sceptique, si dédaigneux des travers de son époque, aux prises avec la gestion quotidienne d’une grande ville de commerce. Comme le montre longuement Jean Lacouture dans son Montaigne à cheval, le nouveau maire entreprend d’améliorer le système judiciaire et tente de trouver un équilibre entre les factions catholiques et protestantes. Résultat, selon le premier intéressé : « cette mienne vacation s’est passée sans marque et sans trace. Il est bon. » Autrement dit, l’absence de grand projet, de scandale tonitruant ou de réforme clivante représente pour Montaigne une vertu. Si on l’oublie, c’est qu’il a bien travaillé. Une attitude qui tranche avec notre goût national de la pompe, mais qui fut partagée par Georges Pompidou quand il confiait : « Les peuples heureux n’ayant pas d’histoire, je souhaiterais que les historiens n’aient pas trop de choses à dire sur mon mandat. ». 
 

"j’ai fondé un mouvement politique, pour porter dans la campagne présidentielle les idées de simplification, d’autonomie, de liberté."
 

C’est toute une conception du gouvernement, empreinte d’humilité et de retenue, qui se fait jour. Montaigne ne fait pas du pouvoir la réalisation de son être. « Le Maire et Montaigne, précise-t-il, ont toujours été deux, d’une séparation bien claire. ». Cette schizophrénie entre l’homme public et la personne privée lui permet de ne pas s’abîmer dans la course sans fin de l’ambition. Montaigne se fait d’ailleurs tirer la manche pour participer aux affaires publiques : « vous n’entreprendriez pas de me persuader cela, écrit-il, si vous aviez vu le bel ordre des arbres, que j’ai moi-même plantés chez moi, et les beaux melons que j’y ai semés »… Dans la tradition antique, Montaigne reste prêt à passer quelques années au service de ses concitoyens. Mais c’est pour mieux retrouver ensuite ses arbres et ses melons. Il ne se rêve pas en potentat.

A ma très modeste échelle, depuis mon propre retour de voyage, je me suis senti gagné par l’engagement militant, pour dénouer des blocages que j’ai pu constater de près et qui m’indignent. Personne ne m’ayant nommé maire de Bordeaux, j’ai fondé un mouvement politique, Simple, pour porter dans la campagne présidentielle les idées de simplification, d’autonomie, de liberté. Pour remettre en cause le paradigme jacobin partagé par toutes les formations politiques, et rétablir la confiance au cœur de notre contrat social. Montaigne estimait que « les lois plus désirables, ce sont les plus rares, plus simples, et générales ». Gageons qu’il aurait adhéré à SIMPLE !
 

"Pourquoi s’embarquer dans cette galère ? Pourquoi ne pas se contenter de dénoncer les travers de notre pays en écrivant tranquillement livres et tribunes ?"

Avec toute une équipe, nous avons donc déployé les composantes traditionnelles d’un mouvement politique : campagne de terrainmeetingstribunes, publication d’un manifestemédias grand public, volontaires structurés en pôles régionaux (plus de deux mille aujourd’hui). Nous avons également lancé un appel aux maires de France, premiers témoins et souvent premières victimes de l'incontinence bureaucratique. L’accueil reçu nous oblige et nous incite à poursuivre.

Evidemment, cette initiative est un peu folle : pourquoi s’embarquer dans cette galère ? Pourquoi ne pas se contenter de dénoncer les travers de nos contemporains en écrivant tranquillement livres et tribunes ?

Prenons cette question à l’envers. N’est-il pas fou, quand on défend un certain nombre de convictions, de ne pas les mettre sur la place publique ? La politique n’est-elle pas une manière naturelle et légitime de participer à la vie de la Cité ? Pourquoi en avoir peur ? Du vagabondage au demos, il n’y a qu’un pas. Comme l’explique Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature et candidat à la présidentielle au Pérou (qualifié au second tour en 1990) : « il ne faut pas laisser la politique aux médiocres », à ceux qui en font une carrière.
 

"Je vous donne rendez-vous en janvier pour la prochaine étape. En attendant, je ne peux que vous inviter à nous rejoindre ou à nous soutenir !"
 

Il est certain que le système présidentiel français, fondé sur le quitte ou double, ne facilite pas nos affaires. L’instauration d’une dose de proportionnelle aux élections législatives, promesse non tenue de l’actuel Président, aurait mieux permis de faire émerger des idées nouvelles ou minoritaires, et de les inscrire dans le jeu de la représentation politique. Mais comment s’étonner de ce renoncement ? La gouvernance rigide de la Ve République n’est que le reflet du paradigme vertical qui nous inhibe…

Je vous donne donc rendez-vous en janvier pour la prochaine étape de SIMPLE sans jamais oublier la philosophie... En attendant, je ne peux que vous inviter à nous rejoindre ou à nous soutenir !

Joyeux Noël – avec ou sans sapin

Gaspard


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www.gaspardkoenig.com

Philosophe et écrivain, Gaspard Koenig décline sa quête de liberté sous toutes les formes.

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