Copy

Odyssée Argentique

Entre mer et montagne 🌊⛰️

📍 Volos (Grèce)
📅 242 jours depuis le départ
🥾 4 606 kilomètres depuis Tours
📓 463 pages de notes consignées dans mon cahier
📸 592 photographies capturées
📖 Autant en emporte le vent (1936) de Margaret Mitchell en lecture du moment
🔗 Plus de détails sur l'Odyssée Argentique
📮 Les autres extraits du journal de bord
🌍 Copy and paste the text to translate it
Au milieu du siècle dernier, Joseph Kessel noircissait dans la Vallée des Rubis : « Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même. On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes, on répète les noms magnifiques des villes inconnues… »
 
01 janvier. Chaque matin, je m'octroie le plaisir de parcourir les cartes, d'ouvrir un atlas, de rêver et de répéter, sans succès, les noms parfois imprononçables des cités helléniques. Loin du papier sur lequel devait se perdre Kessel, je pianote sur l'écran de mon smartphone, à la recherche de l'itinéraire idéal, pittoresque, original, pratique, insolite. Je zoome et dézoome, bascule d'une carte topographique à une carte Google Earth, analyse le dénivelé et déniche sources d'eau et abris. Je parcours les moindres recoins à la recherche d'un trait pointillé, synonyme d'itinéraire de grande ou petite randonnée. Pendant ce temps, mon café chaud attend patiemment à l'entrée de la tente, laissant monter au ciel une vapeur sulfureuse, au délicieux parfum de l'or noir. Et entre deux gorgées, je décide de l'itinéraire que je suivrai pour la journée. Aujourd'hui, tout devrait se dérouler sur une trace que les Grecs dénomment o2, et qui traverse la Thessalie, de la chaîne de l'Olympe, jusqu'au littoral qui borde le Pélion.
En chemin, je me fis à cet itinéraire, anciennement prisé des Dieux. J'emprunte un regard circulaire qui balaie les collines vigoureuses. Malgré l'hiver, le ciel est immaculé d'un bleu pur et l'astre solaire laboure consciencieusement la terre. Le vent, doux et léger, souffle du nord et rafraîchit mon crâne rougi par le soleil. La végétation qui pousse entre schiste et marbre offre à l'endémique maquis une place de premier choix. À l'est, par-delà les collines, j'aperçois par instants la mer Egée, douce et somptueuse, qui laisse à l'esprit le loisir d'imaginer que le monde n'a pas de limite. À l'ouest, à la frontière des immenses plaines agricoles, j'observe le sommet enneigé du Tymfristos qui, de ses 2 313 mètres, perce le ciel. Je pose mécaniquement un pied devant l'autre, sans vraiment me soucier de l'avenir et du passé. J'essaie de m'imprégner du moment, simplement.
Je me retrouve coincé. Je suis dans le doute. Le maquis est une bien belle formation végétale lorsqu'elle ne fait pas l'objet d'une prise d'otage. Je tente de suivre mon itinéraire, le o2, en vain. Mon allure ralentit, la forêt qui ne mesure pas plus haut que mon mètre quatre-vingt neuf se referme. Elle devient une structure épaisse, informe, hostile même. La randonnée n'est pas une pratique courante chez les Grecs. « Il s'agit d'une activité à laquelle on s'adonne seulement pour atteindre le sommet de l'Olympe », m'expliquait-on quelques jours auparavant. Alors les sentiers ne sont pas entretenus. Les balises, marquées à grand coup de peinture rouge, s'effacent avec le temps. La nature reprend ses droits. Et sur ce minuscule sentier dans lequel j'ai l'impression de me noyer, de larges et denses tentacules de ronces s'emparent du monde. 
 
Je prends le temps de souffler. De réfléchir surtout. Sans outil quelconque, je ne pourrai pas franchir cet obstacle. « Il y a l'air d'avoir un tunnel végétal entre ces deux arbres, peut-être qu'à quatre pattes, le sac en avant, je pourrai poursuivre. Mais non Simon, t'es bien trop fainéant pour ça. Et puis t'as pas les outils, laisse tomber ». Je pose mon sac-à-dos au sol et m'assoie dessus, de fougueuses ronces encore accrochées à ma chemise qui ne devrait pas tarder à se déchirer. « Mes gourdes ne sont pas sèches mais mes vivres s'amenuisent. Je peux prendre mon temps pour trouver une sortie, sans avoir à rebrousser chemin. Mais demain je n'aurai plus rien à me mettre sous la dent. Et je risque d'avoir soif si je ne trouve pas d'eau ». Puis je me rappelle les Alpes. Je me rappelle cette journée où j'ai lamentablement parié contre la vie. Renoncer ou mourir écrivais-je alors. Je ne pense pas mourir ici, mais j'admets que mes mains écorchées de ce maquis sauvage et abondant, ajoutées à mes réflexions sur l'état de mes vivres, me ramènent à une terrible réalité. Faire demi-tour.
À défaut de me promener avec une machette - même si j'ai osé penser qu'il serait plus facile d'en buter un avec une lame de trente centimètres - je suis de retour sur les sinueuses pistes de 4x4 qui jalonnent les paysages de Thessalie. Je viens d'atteindre la côte et d'ici 279 kilomètres, je suis à Athènes. Même si je m'amuse à quelque détour pour repousser l'échéance, j'avoue ne toujours pas savoir sur quelle chaise poser mon cul. Le saurai-je un jour ?
PS. Pour répondre à la question que certains me posent, j'utilise en outil cartographique la version payante d'OsmAnd, une application mobile qui emploie les données d'OpenStreetMap. 
 
PS2. Après onze jours, je viens de changer de caleçon. Un record. Il me semblait tout aussi intéressant de partager cette anecdote, aussi crasseuse soit-elle.
Des commentaires, réactions, questions, n'hésitez pas à répondre à ce mail. Et pour ceux qui désirent suivre mon trajet en temps presque réel, cliquez ici. Autrement, à bientôt !

🛒 Shop

Vous souhaitez me soutenir dans ce projet ? N'hésitez pas à vous offrir l'une de mes photographies ou récits !

📸 Photographies et tirages

Les photographies proposées sur le shop sont à l’état brut. Elles n’ont subi ni recadrage, ni retouche numérique. Elles sont développées et tirées par Germain Photographie sur un papier 310 g/m², 100 % coton. Tous les tirages sont signés et numérotés.

200914 - Chalet du Boret - 46.1°N, 6.85°E
201012 - Horn - 48.57°N, 7.51°E
Commander un tirage

-

📙 Récits

Lors d'un récent séjour dans les Cévennes, j'ai décidé d’illustrer pleinement cinq jours de marche à travers 60 pages de récits et photographies. Pour le prix d’une bière, soit la modique somme de 5 euros, vous pourrez vous offrir la lecture d’une aventure qui parle de François Ruffin, de loups, de corps meurtris par le soleil et les ampoules, et de saucisse sèche.

Acheter le PDF

A chaque commande d'un tirage ou d'un ebook, 1% est reversé à 1% for the Planet.

📔 D’autres récits sur les GR français

Strasbourg, quinzième et dernier film sur les GR français 🥾🎞

C’est terminé. Comme à chaque fois, on pose les pieds devant un monument qui symbolise la fin d’un long périple. Cette fois, il s’agit de la splendide cathédrale de Strasbourg.

Lire le billet
Note aux futurs épris de bivouac

Je considère le bivouac comme un art, une philosophie, qui se caractérise par l’amour de la nature et le respect d’autrui. Si certains imaginent qu’il suffit de planter une tente pour bivouaquer, d’autres savent que ce geste doit s’effectuer dans le respect de règles essentielles.

Lire le billet

📔 D’autres récits, à l’étranger

🇲🇦 Trek dans le Jbel Saghro

Second séjour de ma vie au Maroc. Cette fois-ci c’est décidé, on limite les déplacements en voiture de location pour préférer les déplacements à pieds. Il y a quelques mois, j’ai été infecté par le virus de la randonnée, et je compte bien en profiter ici. Pour cette session, ce sera un trek dans l’anti-Atlas, un trek dans le Jbel Saghro.

Lire le billet
Facebook
Twitter
Link
Website
Copyright © 2022 simonwicart.com, All rights reserved.
You are receiving this email because you opted in via our website.

Want to change how you receive these emails?
You can update your preferences or unsubscribe from this list.

Email Marketing Powered by Mailchimp