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Bonjour à toutes et à tous,

A nouveau, je serai probablement le dernier à profiter des dernières heures de Janvier pour vous souhaiter la bonne année.

La raison en est simple : chaque année, je saisis l’opportunité de ces vœux pour laisser émerger, ressentir et synthétiser ce que j’ai vécu et appris d’essentiel pendant les derniers 12 mois. Et l’émergence et formulation de ce partage d’expériences prend souvent un long temps de maturation et d'écriture (et de lecture 😊).

Les mots qui résument mon année 2021 : rencontres, ouverture et enracinement

Parfois, c’est un mot, lu ou entendu dans la bouche d’un ami ou d’une amie, qui fait office de ferment. Cette année, ce mot est « ouverture » et il a immédiatement entraîné dans son sillage ceux de « rencontres » et d’« enracinement ».

2021 a été en effet pour moi l’année de quelques rencontres très fortes et décisives, qui ont continué à m’ouvrir et à m’enraciner à la fois.

Le dernier et très beau livre de mon ami Sébastien Henry s’intitule « Fortifier nos racines, déployer nos ailes – Cheminer avec Jean-Yves Leloup ». Ce titre évoque de façon poétique comment certaines rencontres, qu’elles soient physiques ou de papier, brisent notre cuirasse et nous ouvrent pour laisser le monde et les autres nous pénétrer plus profondément et, en même temps, nous « enracinent », c’est-à dire nous aident à approfondir notre ancrage dans la tradition spirituelle que nous avons choisie.

Découvrant la pensée de Jean-Yves Leloup au travers de ce livre, j’ai été touché qu’il ait été à la fois « ouvert » et conforté dans son « enracinement » par des figures que j’avais eu le bonheur de « rencontrer » en 2021 : Marie-Madeleine Davy, Maître Eckhart et Carl-Gustav Jung. J'ai également découvert avec joie les ponts intellectuels et spirituels que Leloup établit entre eux et d’autres guides spirituels et philosophiques qui m’accompagnent depuis de nombreuses décennies, en particulier Arnaud Desjardins, Graf Dürckheim et Baruch Spinoza.   

Avant d'expliciter comment les rencontres de papier avec Eckart, Davy et Jung m’ont aidé à m’ouvrir et m’enraciner un peu plus en 2021, j’aimerais souligner que les rencontres les plus importantes que j'ai faites en 2021 ont été, malgré la Covid, « en chair et en os ». Ces rencontres incarnées ont fortement contribué à m’ouvrir et à m’enraciner, à reconnaître ma part d’ombre et à mieux « intégrer mes polarités yin & yang », comme on le dit aujourd’hui. Par pudeur et par discrétion, je ne nommerai pas ici ces êtres de lumière qui rendent quotidiennement ma vie plus joyeuse.

Je nommerai cependant mes trois fils, Julian, Miguel et Alban, qui s’épanouissent toujours plus et avec qui les « rencontres » deviennent, au fil des semaines, de plus en plus profondes.
Je nommerai également Jean-Charles Samuelian-Werve, CEO d’Alan.eu dont la rencontre fin 2021 a été déterminante pour moi, puisqu’elle m’a amené à quitter Phusis et à rejoindre Alan en ce début d’année 2022.

Alan est une des scale-ups européennes en vue et son projet sociétal m’a d'emblée conquis : il s’agit ni plus ni moins de contribuer à faire évoluer en Europe nos systèmes actuels de soins curatifs vers de véritables systèmes de santé préventifs. A partir de l’offre d’une assurance complémentaire santé plus simple, plus juste et plus proche de nos besoins, complétée par un nombre croissant de services en ligne, Alan entend devenir un réel partenaire santé des entreprises, des membres de leur personnel et de leurs familles.

En outre, le management d’Alan est ancré dans 5 principes proches de ceux de la gouvernance collaborative que je prônais au travers de Phusis : (1) Priorité aux membres (les assurés) ; (2) Ambition sans peur ; (3) « Ownership » distribué ; (4) Transparence radicale et (5) Développement personnel et collectif.

Last but not least, le nom de la société est inspiré par Alan Turing, le grand mathématicien et cryptologue dont les travaux ont fondé scientifiquement l’informatique et par Alan Watts, philosophe et auteur de nombreux ouvrages sur la spiritualité (bouddhisme Zen, taoïsme, hindouisme,...).

La vision et la culture d’entreprise d’Alan sont donc pour moi à la fois inspirantes et familières. A nouveau, elles contribuent à m’enraciner dans ce que j’ai défendu et promu jusqu'ici au travers de mon parcours professionnel et, en même temps, à m’ouvrir à un nouveau monde, celui de la tech et des scale-ups.  
Je nommerai enfin mon ami Marc, avec qui j’ai beaucoup échangé cette année sur la vie et la mort, sur la beauté et sur l’âme (en particulier à partir des méditations et de la poésie de François Cheng que nous aimons tous les deux beaucoup). C’est aussi Marc qui m’a invité à découvrir Eckhart, Jung et Davy : « un véritable nectar » selon lui. 
Que m’ont appris Eckhart, Davy et Jung en 2021 ?

Au risque d’être parfois lapidaire (malgré la longueur de ce partage), je vais tenter de ne vous partager ici que le « nectar » de ce que j’ai appris d’Eckhart, Davy et Jung en 2021.
1. La rencontre avec soi-même qui permet de rencontrer le divin en nous  
Eckhart, Davy et Jung nous invitent, chacun à leur manière, à aller à la rencontre de nous-mêmes, de notre intériorité, et ainsi de « Dieu », de la « Déité » ou du divin en nous. 
 
Ainsi, Eckhart nous invite à nous retrancher dans cette « citadelle de l'âme » où l'homme ne se distingue plus de Dieu. Dans cette partie de l'âme, il n'y a plus ni créature ni créateur, seulement l'unique Un, qu’Eckhart appelle également la Déité. Eckhart distingue en effet la Déité et Dieu : la Déité, c'est l'Un d'où tout procède, l'essence divine en soi inconnaissable que l'on ne peut évoquer qu'en creux, en disant ce qu'elle n'est pas. C'est en quelque sorte Dieu au-delà de Dieu.
 
A l’instar d’Eckhart qui l’a beaucoup inspirée, Davy nous invite également à aller à la rencontre de nous-mêmes et de la Déité en nous engageant dans ce qu’elle appelle le « désert intérieur » au travers duquel l’homme s’éloigne de la foule et rompt avec la conscience grégaire qui menace de l’endormir. La rencontre avec la nature et ses symboles constitue selon elle un enseignement précieux pour qui chemine en quête de l'Unité.
 
Quant à Jung, lui aussi inspiré par Eckhart, il invite à nous engager dans ce qu’il appelle un « processus d’individuation » par lequel un être devient un « in-dividu psychologique, c'est-à-dire une unité autonome et indivisible, une totalité » et réalise ainsi le Soi, qui contient à la fois l’inconscient personnel de chaque être et l’inconscient collectif. Jung compare parfois le Soi au purusha de la tradition hindoue, c’est-à-dire la pure conscience originelle, divine et immuable. Au risque de me tromper, il me semble donc que le Soi selon Jung est assez proche de la Déité telle que formulée par Eckart. C'est le divin en nous.
2. L’enracinement dans ce que nous sommes vraiment par le détachement et l’abandon des idoles
Fondamentalement, le « retranchement dans la citadelle de l’âme », le « désert intérieur » et le « processus d’individuation » sont des voies de détachement et de dépouillement. Elles sont orthogonales non seulement à l’idéologie accumulatrice (que ce soit de richesses ou de connaissances) dans laquelle nos sociétés baignent toujours plus, mais également à l’idolâtrie qui corrompt souvent les religions.
 
La voie du détachement prônée par Eckhart nous invite à la « pauvreté spirituelle » : « Est un homme pauvre celui qui ne veut rien, et qui ne sait rien, et qui n'a rien. ». Chez Eckhart, cette pauvreté va jusqu’au bout de sa logique puisqu'il n'hésite pas à « prier Dieu de le délivrer de Dieu », c’est-à-dire prier la Déité immanente, présente en lui, de le délivrer du Dieu de la religion, qui transcende les créatures et qui en est séparé (ce qui se rapproche selon moi de la « Transcendance immanente » chère à Graf Dürckheim et son disciple Jacques Castermane). Par le détachement, l'homme laisse vide une place où peut se réaliser la naissance de Dieu dans l'âme et, en contrepartie, l'homme naît en Dieu : il est déifié.
Inspirée par Eckhart, Davy évoque elle aussi une voie par laquelle nous nous dépouillons des images, des mots et des concepts. Selon elle, le but de l'union mystique est de dépasser la relation hiérarchique de face-à-face, où Dieu est présenté comme le Créateur et où la créature est radicalement différente de Dieu. On peut alors entrer dans le vide de l'infiguré (au-delà des images), de l'indicible (au-delà des mots) et de l'impensable (au-delà des concepts) qu'est la non-manifestation, autrement dit l'Unité indifférenciée primitive, dans laquelle fusionnent le fond de l'âme et la Déité inconnaissable.
 
Quant à Jung, le bilan qu’il tire de son existence à la fin de sa vie dans son autobiographie fait écho à la voie du détachement d’Eckhart (et de Davy) : « Je n'ai pas de jugement sur moi ou sur ma vie. Je ne suis tout à fait sûr en rien. [...] Et pourtant, il est tant de choses qui m'emplissent : les plantes, les animaux, les nuages, le jour et la nuit, et l'éternel dans l'homme. Plus je suis devenu incertain au sujet de moi-même, plus a crû en moi un sentiment de parenté avec les choses. Oui, c'est comme si cette étrangeté qui m'avait si longtemps séparé du monde avait maintenant pris sa place dans mon monde intérieur, me révélant à moi-même une dimension inconnue et inattendue de moi-même. »
 
Ce qui me touche et m’attire dans cette « voie du détachement », c’est qu’elle nous permet à la fois de nous « enraciner » dans une voie spirituelle particulière, sans tomber dans l’idolâtrie qui menace tant l’homme religieux, et de nous « ouvrir » en même temps à d’autres spiritualités. 

Davy l'exprime de façon limpide : « Je suis d’accord avec Simone Weil qui a écrit : ‘Celui qui n'a pas renoncé à tout, sans aucune exception, au moment de penser à Dieu donne le nom de Dieu à une de ses idoles.’ […] Les confessions, les religions m’apparaissent semblables à des fleuves se jetant dans la mer. Lorsqu’on a compris cela, toutes les traditions sont respectées et estimées. Toutefois, elles sont totalement relativisées. Et par ailleurs, on ne saurait voguer, en même temps, sur plusieurs fleuves. Au niveau symbolique, un fleuve désigne une voie. Au niveau spirituel, il peut survenir un instant où on se retire d’un fleuve, en tant que voie, afin de plonger dans l’eau vive, qui les réunit tous. La lumière se passe de formes. Ce qu’on lui demande, c’est d’éclairer. »
3. Cette rencontre avec soi-même et le divin en nous n’est pas repli sur soi mais ouverture aux autres et au monde
A nouveau, tant pour Eckhart, Davy que Jung, il n’y a pas opposition mais alliage entre d’une part retrait du monde (pour rencontrer soi-même et le divin en nous) et d’autre part engagement dans le monde, union avec le monde.  

Ainsi pour Eckhart, « La connaissance, c'est l'expérience que fait l'homme de l'unité qui unit tous les hommes. »  

Lui faisant écho, Davy écrit que « dans la mesure où des hommes se trouvent en capacité d’éveil et souhaitent parvenir à la libération, ils aspirent à l’universalité et à l’unité. Ils tendent vers l’unité du dedans sans pour autant se séparer d’autrui. »
 
De même, selon Jung, en réalisant son Soi, l’individu devient pleinement lui-même tout en étant pleinement relié aux autres et à tout ce qui est. Il est in-dividué et peut donc tenir sa place et jouer sa partition, de la manière la plus harmonieuse possible, dans la grande symphonie de la vie. Il va même jusqu’à vivre, comme Jung dit l’avoir vécu lui-même, « la béatitude d'un état intemporel, dans lequel passé, présent, avenir ne font plus qu'un. » Ces paroles de Jung font écho aux mots de Spinoza (que Jung n'a pourtant jamais lu) à propos de cet état de béatitude qu'il a lui aussi goûté : « Nous sentons et nous expérimentons que nous sommes éternels. »

Comme le souligne Frédéric Lenoir, cet épisode transforme Jung, qui se tient dès lors moins dans le volontarisme et davantage dans l'acceptation de ce qui est et de ce qu'il est : « Ma maladie eut encore d'autres retentissements : ils consistèrent, pourrais-je dire, en une acceptation de l'être, en un "oui" inconditionnel à ce qui est. », propos qui font pour moi directement écho aux enseignements d’Arnaud Desjardins.
 
Faute d’espace, je ne détaillerai pas ici tout ce à quoi m’a ouvert la lecture de Jung et en quoi il m’a permis de mieux comprendre certaines expériences que j’ai vécues en 2021 : la différenciation et l’harmonisation des contraires (en particulier de l’harmonisation entre l’animus et l’anima en moi que la vie m'a fait travailler cette année) ; la reconnaissance de ma part d’ombre ; les phénomènes de synchronicité auxquels je suis de plus en plus attentif ; l’« unus mundus », l’univers unitaire au sein duquel existerait une interconnexion constante entre la matière et l'esprit, ce qui m’a amené cette année à m’intéresser aux théories d’Ervin Laszlo sur les champs quantiques ou akashiques) ; la force des symboles ; …
 
Je ne mentionnerai ici qu’un élément qui m’est apparu comme étant au cœur des principaux « événements » politiques et sociaux de cette année écoulée : l’explosion de plus en plus fréquentes, partout dans le monde, d’affects archaïques (souvent sous la forme d'émeutes), dictés par la peur de subir des séquelles graves, de mourir, ou de perdre sa liberté. En effet, la lecture de Jung permet de mieux comprendre que toutes ces poussées irrationnelles, tant sur le plan individuel que collectif, se trouvent de manière ultime dans cette amputation de l'âme de l'homme moderne et dans cette dissociation de sa psyché.

La redécouverte de son âme, la pratique d'une vie symbolique, la mise en œuvre du processus d'individuation constituent pour Jung les seules réponses adaptées au mal qui ronge l'être humain et le monde d'aujourd'hui. Autrement dit, la solution est avant tout intérieure et individuelle. Jung rappelle à cet égard que les grandes transformations dans l'histoire de l'humanité sont toujours venues d'une évolution de quelques consciences individuelles qui ont rallié toutes les autres (que l'on pense seulement à la naissance des grandes religions). 

Si l'on veut changer le monde, cela devra passer par une transformation et une élévation de la conscience de chaque individu (ce que j'ai moi-même tenté d'exprimer dans un petit article « Au-delà de l'égo et du développement personnel : la voie de la spiritualité transformatrice d'un manager », publié dans Leadership spirituel en pratiques en 2021).
Que m’invite à nous souhaiter pour 2022 la lecture d’Eckhart, Davy et Jung ?
 
Que nous souhaiter pour 2022 suite à ce partage des réflexions que les « rencontres » d’Eckhart, Davy et Jung, ainsi que d’autres rencontres physiques et de papier, ont suscités en moi en 2021 ?
 
C’est très simple. Pour paraphraser André Breton, qui exprime dans « L’Amour fou » sa tendresse pour Aube, sa fille de huit mois, « Je nous souhaite à tous d’être follement aimés et, plus encore, d’aimer follement en 2022. »
 
En effet, bien que je n’aie pas mentionné une seule fois le mot amour dans tout ce qui précède, l’amour est évidemment au cœur de la pensée d’Eckhart, Davy et Jung et de ce que j’ai vécu en 2021, comme probablement chacun d’entre nous. C'est d'ailleurs heureux, car sans amour, tout n’est que grisaille et tristesse. Jean-Yves Leloup l’écrit clairement : « Tout ce qu'on fait sans amour est du temps perdu. Tout ce qu'on fait avec amour est de l'Éternité retrouvée. »
 
Eckhart, Davy, Jung, Leloup et mon vécu personnel en 2021 m’ont à cet égard permis d’affiner ma compréhension de l’amour sous différentes formes.
 
En particulier, dans « Fortifier nos racines, déployer nos ailes », Leloup propose une échelle des formes d'amour possibles, de la plus primaire à la plus subtile, comme le montre l’image ci-contre, du plus bas échelon (porneia, l'amour-appétit qui consomme l'autre) au plus haut (agapè, l'amour inconditionnel qui s'offre à toutes et à tous). Les nuances de son échelle évoquent pour moi les couleurs d'un arc-en-ciel, et me donnent la même sensation d'émerveillement. Émerveillement de constater que tant de formes d'amour sont accessibles à notre expérience. Il n’est ni nécessaire ni souhaitable d’essayer de vivre toujours au sommet de l'échelle : une échelle est faite pour monter et descendre, pour relier le bas et le haut, la terre et le ciel. On apprend ainsi à valoriser tous les échelons de l'échelle : dans tous, même dans les plus bas, il y a toujours la possibilité de toucher les plus hautes formes d’amour : une dose d'agapè peut être introduite dans toutes les formes d'amour et se diffuser dans toutes les autres. Dans tous les cas, notre capacité d’aimer doit s'enraciner, s’incarner au moins dans une relation particulière, essentielle, pour être pleinement vécue.
Eckhart et Davy m’ont par ailleurs aidé à mieux distinguer et expérimenter l’amour absolu et l’amour relatif, au-delà des distinctions faites dans l’échelle proposée par Leloup. Davy le résume bien : « L'amour pour un être particulier serait un piège si à travers cet amour il n'y avait pas rencontre avec l'Amour absolu. Ainsi la manifestation devient échelon, d'où le symbole de l'échelle reliant le terrestre au céleste. »

A l’inverse, prendre soin du divin en nous aide à pratiquer les formes d'amour les plus élevées, que nous ne pourrions approcher seul, avec nos limites humaines et nos enfermements.

Jung le dit aussi à sa façon. Selon lui, c’est dans l'amour que les contraires entrent en connivence et en complémentarité, même si l'homme, en tant que partie, ne pourra jamais vraiment comprendre le Tout. L'amour, pour lui, est le grand mystère qui exprime tout, supporte tout, excuse tout, comprend tout, inclut tout. Il renvoie à la divinité : « Dieu est amour. »
 
En 2021, outre Eckhart, Davy et Jung, j’ai eu le plaisir de lire ou de relire des romans qui laissent entrevoir l’amour sous ses différentes formes : l’amour de Dieu ou d’une personne inévitablement mortelle ; l’amour des mots ; l’amour du monde ; tous ces amours qui ne sont peut-être finalement que des manifestations de l’amour pour la Déité, pour reprendre l’expression d’Eckhart.

Sans être exhaustif, je pense à « Un chant d’amour » (A ballad of love) de Prokosch, « La plus secrète mémoire des hommes » de Mbougar Sarr, « L’éternité n’est pas de trop » de Cheng et à « Le maître et Marguerite » de Boulgakov.

Enfin, j’ai été bouleversé de découvrir la passion amoureuse que Paul Valéry, ce grand intellectuel de la IIIème République qui ne cessa d'analyser les mécanismes de son cerveau, a connue durant les dernières années de sa vie : à 67 ans, sa rencontre avec Jeanne Loviton provoqua en lui « un choc brusque de rupture d'âme » qui lui fit retrouver le goût de la poésie.
C’est pourtant avec Davy que j’aimerais terminer me vœux car elle décrit parfaitement selon moi l’amour fou, l’amour inconditionnel que je nous souhaite à tous de pouvoir donner et recevoir en 2022 : « L’amour véritable ne s’impose pas, il se donne sans demander de retour, il est entièrement dépossédé de toute attente et de toute inquiétude. Il n’est pas privé de tendresse, bien au contraire. L’affection chaleureuse est d’autant plus accueillante qu’elle ne tente pas de monopoliser à son profit. Respectueux d’autrui, cet amour limpide provoque autour de lui l’épanouissement et le mûrissement. L’amour de l’être libéré libère. En sa présence les nœuds se dénouent, les chaînes tombent. Il se produit un recouvrement de l’innocence et celle-ci est éprouvée même par les animaux. Toute peur est supprimée. Les oiseaux et les animaux sauvages s’approchent sans crainte de l’être intériorisé dont l’amour n’est jamais contraignant tout en dégageant un magnétisme qui ne force aucun lien. Il n’enchaîne pas, il apporte la liberté. »

Bonné année !

Laurent
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