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16.02.2022 • N°2 • LES POLITIQUES VOUS RÉPONDENT

À bulletins secrets
Corps électoral. Pour qui votent les scientifiques ? Cette question, nous l'avons posée il y a plusieurs mois à un institut de sondage très connu (qui finit en -sos). Lequel a éludé au motif que les données manquaient.
 
La grande muette. Et quelques coups de fils qu'on espérait bien ciblés n'ont pu nous apporter par la suite les infos que nous espérions. Alors, pour qui votent les chercheurs ? La réponse semble être : personne n'en sait rien. 
 
Seul·e avec l'urne. Vous seriez donc un point aveugle électoralement parlant. Tentons une hypothèse au doigt mouillé : le vote des chercheurs se situe plutôt à gauche de l'échiquier politique. Reste maintenant à le prouver. Des indices ?
 
Keep calm & science hard,
— L'équipe de TheMetaNews

Sommaire


→  ANALYSE   La recherche vue en Verts
→  INTERVIEW « Il faudra ouvrir la recherche sur la société »
→  EXPRESS  JO, nominations… c'est la vie de l'ESR
→  EXPRESS  Votre revue de presse
TEMPS DE LECTURE : 5 MINUTES
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LE PROGRAMME DU PÔLE ÉCOLOGISTE DÉCRYPTÉ 

La recherche vue en Verts

 
Le candidat du Pôle écologiste tient une ligne pro science sans délaisser l’innovation (pour peu qu’elle soit verte).

→ Là où pointe l’aiguille. Yannick Jadot, en bon écologiste, s’appuie sur les scientifiques pour attester de la réalité du changement climatique et de la nécessité d’effectuer une transition. « Il est criminel de dire que la science n’est pas unanime sur le sujet », déclarait-il en substance encore tout récemment, avant de citer la tribune des 1400 scientifiques quelques jours plus tard. Dans la même logique, il s’oppose au pass vaccinal en prenant la science comme « boussole ».
 
→ Travail d’équipe. La présidente de son conseil politique est d’ailleurs une chercheuse, en la personne de l’économiste Sandrine Rousseau, même s’il s’agit plus d’une main tendue à celle qui est arrivée seconde à la primaire écolo plutôt qu’une déclaration d’amour à la science. Un chercheur, Cédric Villani, auparavant porte-parole d’une autre candidate malheureuse, Delphine Batho (rappelez-vous notre interview en septembre dernier), est devenu son référent pour l’enseignement supérieur et la recherche.
 
→ De l’argent et des postes. Renforcement des dotations, sortie du « piège » des AAP, respect des libertés académiques… si les grandes lignes de son programme sont connues, les détails sont encore à préciser (voir encadré ▼). Côté chiffres, Yannick Jadot promet 1% du PIB pour la recherche académique dès 2025. Combiné au 2% pour la recherche privée, cet investissement permettrait d’arriver aux fameux 3% promis depuis vingt ans. Il propose également l’ouverture de 10 000 postes d'enseignants-chercheurs. 
 
→ Pas inutile, la techno. Ancien de Greenpeace passé en politique pour agir face à la crise climatique, le candidat du Pôle écologiste n’est pas anti-technologie : le mot innovation est revenu un bon nombre de fois lors de la conférence de presse du 02 février. Yannick Jadot veut ainsi conserver le si contesté Crédit impôt recherche (CIR) mais le conditionner à des investissements dans la transition écologique.
 
→ Les vrais ennemis. Enfin, sur le volet science et société, le « parlement » d’EELV qui définit les orientations politiques du parti a récemment voté une motion sur la place de la science dans la société, en reprenant les termes du livre Les gardiens de la raison (relire notre interview d’un des auteurs). Quoi de plus logique pour des écologistes, que de dénoncer les accointances entre scientifiques et lobbies, notamment ceux des pesticides ?
⬩Demandez le programme⬩

Le programme de Yannick Jadot est issu de celui préparé l’an dernier par le Pôle écologiste, la coalition de plusieurs partis dont fait partie Europe Écologie Les Verts. Ce socle commun (à télécharger ici) souhaitait revenir sur plusieurs points de la loi Recherche comme les Chaires de professeur junior (CPJ) et faisait preuve d'une certaine radicalité en proposant carrément la suppression du Hcéres ou des Sigaps (relisez notre numéro). Il prônait enfin un nouveau modèle d'université : de taille moyenne, insérées localement, bien desservies par les transports et avec des structures d'accueil pour les étudiants. Tous ces points figureront-ils dans le programme détaillé du candidat ? Suspense pour encore quelques jours…
  NOUVEAU FORMAT 
#PARLONSRECHERCHE AVEC YANNICK JADOT

« Il faudra ouvrir largement la recherche sur la société »

 
Fake news, Crédit impôt recherche… le candidat écologiste répond aux questions que vous lui avez posées. Cliquez et discutez avec la rédaction.
Comment allez-vous tenir compte de la "bonne" science dans l'élaboration des politiques que vous allez mettre en place ?
    ↳ Je suis convaincu de l’importance de la science dans l’élaboration des politiques publiques; après tout, la science joue un rôle majeur dans toutes les transformations de la société, depuis l’énergie décarbonée jusqu'à l'agroécologie, en passant par les outils d’optimisation logistique et la mise au point de vaccins (…)
 
Les moyens récurrents des laboratoires seront-ils augmentés afin de diminuer la part de financement sur projets ?
    ↳ Si je suis élu, la trajectoire budgétaire prévue par la loi de programmation de la recherche sera largement revue à la hausse, et l’effort de l’État sera fortement augmenté pour atteindre 1% du PIB pour la recherche publique, et ce dès 2025 — c’est un rythme de croissance deux fois plus élevé que ce que prévoit la LPR, mais c’est justifié car l’urgence est grande (…)
 
Vous engagez-vous à proposer un contrat de travail à tous les jeunes chercheurs préparant un doctorat en France ?
    ↳ Le nombre de financements de doctorat sera augmenté de 5000 recrutements annuels (15 000 postes avec les rotations), en particulier dans les disciplines aujourd'hui sous-dotées (lettres, sciences humaines et sociales, droit, économie, gestion), afin de tendre vers un contrat de travail par doctorant ou doctorante (…)
Lisez et commentez la suite avec la rédaction
  EXPRESS 

C'est la vie de l'ESR

 
→ Le Journal officiel au pas de course. Toujours notre running gag (ceux qui ont lu attentivement la précédente newsletter comprendront) : on cherche un violoniste à l’orchestre de la Garde républicaine de Paris • Vous voulez effectuer une mission d’expertise hors de votre laboratoire ? Vous devrez produire une déclaration publique d’intérêt (un peu comme les médecins) pour ce faire. Voici le modèle qui vient de paraître • Si vous êtes PU-PH (les hospitaliers sauront), avoir gagné certains prix prestigieux vous donne accès à l’échelon « exceptionnel ». En voici la liste • 363 congés pour recherches ou conversions thématiques ont été accordés sur proposition des sections du CNU (en voici la liste par discipline). Pour les curieux, c’est la section 06 qui en a le plus accordé • La section disciplinaire du Cneser a sévi : dans cette fournée, il sera question de protoxyde d’azote, de fraude au portable (ou à l’ancienne) mais aussi de violences… •
 
→ Ils changent leur carte de visite. Michel Louazel est nommé directeur des études de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) • L’Institut national d’études démographiques recrute un directeur de recherche de seconde classe • Le suspense a pris fin : après une courte période d'intérim Antoine Petit reprend la présidence du CNRS pour un second mandat de quatre ans • Magali Reghezza-Zitt (titulaire) et Johanna Etner (suppléante) ont été nommées au conseil d'administration de l'Institut national d'études démographiques (Ined) • Nicolas Grimal a été nommé secrétaire perpétuel pour une période de six ans de l’Académie des inscriptions et des Belles lettres • Le directeur adjoint au cabinet de Frédérique Vidal Olivier Ginez s’en va, il est immédiatement remplacé par Nicolas Chaillet • Les fonctions de directeur de l'École et Observatoire des sciences de la Terre sont déclarées vacantes au 1er septembre 2022. À vos CV • Pascal Dumy, professeur des universités, est nommé directeur de l'École nationale supérieure de chimie de Montpellier pour cinq ans •
  EXPRESS  

Et pendant ce temps
dans la recherche

 
→ Crédit revolving. Le Crédit impôt recherche (CIR) : « peut mieux faire ! ». Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) a publié un rapport sur les aides à l’innovation, particulièrement abondantes en France. Le CIR, dont les dépenses filent depuis une douzaine d’années, concentre à lui seul toutes les critiques pour son coût et son efficacité limitée. Ainsi le CPO suggère préférentiellement de le cantonner aux PME, où ses effets se font le plus sentir, voire de le conditionner à de la transition verte.

→ Très chères chaires. Tout est en place réglementairement pour les Chaires de professeur junior (CPJ) : déjà 74 ont été ouvertes côté enseignants-chercheurs et 18 côté chercheurs au grand dam des syndicats, toujours opposés à la mesure. Les émoluments semblent confortables (3450 euros brut minimum), le package d’accueil (200 000 euros) bien garni et elles s’accompagnent d’une décharge d’enseignement pour les professeurs… Où est le hic ? Le système shunte le Conseil national des universités et l’HDR. Le bras de fer commence donc au sein des établissements. Les CPJ rejoindront-elles feu les chaires universités-organismes au cimetière des bonnes idées ?
 
→ Foin de la popol. La Suisse et le Royaume-Uni réintègreront-ils Horizon Europe ? Rien n’est moins sûr aujourd’hui (lire également la revue de presse). C’est dans ce contexte qu’a été lancé l’initiative « Stick to science » le 08 février dernier avec déjà près de 3300 signataires dont beaucoup d’excellents chercheurs (Nobel, Fields…). La fronde est menée par les Anglais et les Suisses, avec le soutien de nombreux lobbys européens de la recherche (The Guild, LERU, etc.). Parmi les signataires français : Emmanuelle Charpentier et Cédric Villani.

→ Un pour tous. La mobilisation de doctorants se poursuit au sein de l’Inrae : selon un collectif qui alerte la direction depuis maintenant plusieurs mois, la récente revalorisation des contrats doctoraux laisse une partie d’entre eux sur le carreau avec des rémunérations amputées de 100 euros mensuels. Après une pétition qui a recueilli près de 700 signatures, un courrier (que voici) a été adressé le 09 février à la direction générale de l’établissement réclamant une égalisation des salaires et un rattrapage. 

Vous aimez ce que vous lisez ?

Cette newsletter nous sert également de banc d’essai pour la nouvelle formule qui arrivera au printemps. Un bug, une remarque ? Il suffit de répondre à ce mail.
  EXPRESS  

Votre revue de presse

 
→ Histoire sans fin. Nos collègues européens de Science | Business (les bien nommés) rapportent les propos de notre ministre de la Recherche concernant l’implication de la Suisse et du Royaume-Uni dans Horizon Europe. En trois mots : ça bloque toujours. Pendant ce temps-là, les scientifiques de tous les pays se mobilisent à travers l’initiative « Stick to science » (lire plus haut). Le blocage de la situation inquiète les confrères suisses interviewés par La tribune de Genève.
 
→ Elégie en demi-teinte. La mort de Luc Montagnier, prix Nobel de médecine en 2008 pour sa codécouverte du virus du Sida a rappelé à tous sa lente dérive vers le complotisme, rappelle Le Monde dans cette nécrologie. Ni l’Elysée (souvent dithyrambique) ni le ministère de la Recherche n’en ont pipé mot dans leur hommage officiel.

→ A sa propre succession. Le PDG du CNRS Antoine Petit fait le SAV de sa nomination pour un deuxième mandat à la tête de l’organisme de recherche dans Le Monde en répétant son credo de la « recherche pour la société » — et quelques métaphores sportives — dans la lignée du courrier qu’il a envoyé aux agents CNRS et de l’interview accordée au Journal de son organisme.
  JOUER AUX ÉCHECS  

Et pour finir...

 
Qui se souvient de l'aérotrain aujourd'hui ? On en parlait à la rédaction il y a trois jours et, coïncidence, voilà que sort un numéro spécial de la revue Fiasco (car c'en fut un énorme) sur le sujet. Merci à nos collègues de Climax qui ont reperé l'info. Les passionnés d'Urbex motorisés peuvent en voir des vestiges sur l'A19 dans le Loiret.
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