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« Tuer l'ange du foyer »
Au 20ème siècle, les mouvements féministes se multiplient et prennent de l’ampleur. L’idée que les femmes soient reléguées à l’entretien du foyer est réfutée, l’idéal de « la bonne épouse » est dénoncé. Mais pour profiter à qui, sinon à la bourgeoisie ?

Connaissez-vous l’expression « L’Ange du foyer » ? À l’orée du 20ème siècle, le rôle alloué aux femmes dans la société se résumait à l’entretien de l’habitat, au contentement de l’époux, à l’éducation des enfants. « La femme parfaite » se devait de sourire, cuisiner, d’exercer les tâches ménagères sans sourciller. Entre 1854 et 1862, l’écrivain anglais Coventry Patmore donne un nom à cette femme idéal dans un poème qui décrit épouse : The Angel in the House. Le texte ne rencontre pas un succès immédiat, mais il devient très populaire dans la première moitié du 20ème siècle, alors que les mouvements féministes sont en plein essor et réclament le droit de vote, aux études, à l’autonomie. Plusieurs féministes se saisissent du poème de Patmore : parmi elles figure Virginia Woolf.

Si vous avez lu Une chambre à soi, vous vous souvenez peut-être du passage dans lequel l’autrice raconte le jour où elle s’est vu interdire l’accès à la bibliothèque. Les livres, eux aussi, étaient considérés comme un héritage patriarcal. Dans ce contexte, Virginia Woolf revendique l’accès à un endroit où les femmes puissent écrire à leur tour. Dans la figure de l’Ange du Foyer, Virginia Woolf voit ce qui la sépare de la possibilité même d’écrire. Comment pourrait-elle créer comme elle le désire quand une injonction voudrait que ses textes satisfassent les hommes et les mœurs en vigueur ? C’est impossible. Elle doit « tuer l’Ange du Foyer » :
« À peine venais-je de prendre ma plume pour rédiger ma critique qu'elle s'est glissée derrière moi pour me chuchoter : " Ma chère, vous êtes une jeune femme [...] Soyez compréhensive ; soyez tendre ; complimentez; trompez; employez tous les charmes et les ruses de notre sexe. Que personne ne puisse vous soupçonner d'avoir une libre opinion. Et surtout, soyez pure ". [...] Je me suis jetée sur elle et l'ai prise à la gorge. Je me suis efforcée de la tuer. Si je venais à comparaître devant un tribunal, je plaiderais la légitime défense : c'était elle ou c'était moi. Elle aurait vidé mon écriture de toute substance. »
L’écrivaine n’est pas la seule à avoir perçu dans ce poème une concentration des oppressions subies par les femmes de l’époque dans l’espace domestique. Charlotte Perkins Gilman, autrice de centaines de nouvelles, dont sa plus connue Le papier peint jaune, émet également une vive critique à l’égard du poème The Angel in the House. Il lui inspire un texte qui fera d’elle une figure emblématique du féminisme matérialiste de son époque, The Home, Its Work and Influence. Elle devient l’une des premières à dénoncer les mécanismes d’exploitation subi par les femmes au sein de leur foyer, entretenu et encouragé par l’idéal vanté par Coventry Patmore.

Une question se pose, cependant : une fois que l’Ange du Foyer est tué, qui assure son rôle ? Françoise Vergès développe cette idée dans ses écrits : il est évidemment nécessaire de sortir des oppressions installées par l’espace domestique, de l’injonction subie par nombre de femmes à sacrifier d’autres aspects de leur vie pour élever leurs enfants et maintenir la propreté de l’habitat. Mais cela a-t-il un sens si ces femmes engagent à leur tour d’autres femmes, souvent précaires et plus opprimées, pour assurer les tâches qu’elles ne veulent plus assumer elle-même ? Ces femmes issues des milieux bourgeois peuvent se permettre de quitter l’espace domestique parce qu’elles y installent une autre femme, qu’elles ont la possibilité de rémunérer. Peut-être est-ce important, alors, de rappeler à quel point révolutionner sa propre intimité ne suffit pas. Dans son livre De la marge au centre, la militante et théoricienne afro-américaine bell hooks encourage à relativiser l'idée que « le privé est politique ». Agir dans sa propre sphère privée est nécessaire, mais ne suffit pas si on y recrée des schémas qui reproduisent les oppressions de classe, de genre et de race. Faire émerger une conscience collective, refuser l'oppression du soi et des autres : c’est peut-être là que l’Ange du Foyer se trouvera définitivement enterré.  
 

Paola Serafin

À l’occasion du mois du genre organisé à l’Université d’Angers, Censored a été invité à une table ronde autour de la thématique Genre et médias. Nous avons pu discuter avec Lénaïg Bredoux, responsable éditoriale des questions de genre à Médiapart, et Juliette Cottin, journaliste et animatrice de la conférence, de la forme que prennent les questions de genre dans la presse généraliste ou spécialisée. La conférence sera très prochainement accessible en podcast !

EXPOSITION « VESTIGES OF THE FUTURE »
À l'occasion de cette exposition collective, huit artistes esquissent ensemble les sentiers d’un paysage extra-contemporain, animé par une spiritualité qui transcende les héritages passés. Les œuvres et installations dialoguent entre elles et deviennent alors les allégories d'une mythologie nouvelle. L'exposition Vestiges of the Future aura lieu au 1 rue Griset à Paris, du 5 au 9 avril 2022.


 
VIH/sida, L'ÉPIDÉMIE N'EST PAS FINIE 
Depuis janvier, Manifesto XXI propose un ensemble un podcast dédié à l’histoire du sida, à l'occasion de l'exposition qui se tient au Mucem Marseille jusqu'au 2 mai. VIH/sida, l’épidémie n’est pas finie retrace l’histoire de l’épidémie qui a frappé les populations le plus marginalisées il y a 40 ans, donnent la parole aux personnes encore concernées aujourd’hui, et interrogent la place que le virus occupe dans nos mémoires collectives. L’épisode 3 est déjà disponible sur les plateformes dédiées !
CORSET DE PAPIER - LUCIE BARETTE
Depuis ce vendredi, le livre de Lucie Barette Corset de papier, est disponible aux éditions Divergences. Enquête historique, l’ouvrage interroge comment s’est formée la représentation de la féminité depuis la création des journaux féminins. Le 6 avril prochain, entre les murs de la Librairie à soi.e à Lyon, Clémentine Labrosse (co-fondatrice de Censored) et Lucie Barette discuterons ensemble autour de la représentation féminine dans la presse. On vous en dit plus rapidement !
UTOPI.E AU CONSULAT À PARIS
Utopi·e s'invite au Consulat pour une journée solidaire de soutien pour la réalisation du projet. Au programme : un après-midi de conférence, échange et performance hip hop autour des questions queer et une soirée DJ set pour danser tous·tes ensemble ! Les DJ set nécessitent un billet de 6€, prix mini pour un grand soutien ! À partir de 14h30. Toutes les infos ici.
Babysolo33 - Babyphone
Ravyn Lenae - Spice
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White Flowers - Invisible
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