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Burundi : Irrigation traditionnelle, remède à la flambée des prix des matériels d’irrigations modernes ? 
 
Par Espoir Iradukunda et Arthur Bizimana

Près de deux ans après avoir limité la circulation des biens et des personnes pour contenir la propagation de la pandémie Covid-19, les prix des matériels d’irrigations modernes se sont envolés obligeant les petits agriculteurs à se tourner vers l’irrigation archaïque comme alternative à court terme pour booster la production.  

Pascal Ntakirutimana, un commerçant des matériels d’irrigation que nous avons rencontré au marché de Kirundo indique que les prix des matériels d’irrigation comme le pulvérisateur ont presque doublé.  

 

Un pulvérisateur est passé de 70 000 Fbu au mois de Mars 2020, avant que l’Etat ferme les frontières pour contenir la propagation de la pandémie covid-19, à  110 000 Fbu au mois d’Octobre 2021. »souligne Pascal Ntakirutimana. 

Jamais, les prix des matériels d’irrigation n’avaient connu une telle hausse, ajoute-t-il. 

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Cette hausse des prix touche également les prix des produits phytosanitaires et des semences de qualité : « Par exemple, un paquet de semence d’oignons blancs qui coûtait entre 26 000 et 28 000Fbu en Mars 2020 coûtait entre 45 000 et 50 000Fbu en Octobre 2021, soit une hausse de 79% en moins de deux ans. » Précise Pascal.  
Terrain de pommes de terre dans la province de Kayanza (nord du Burundi), en préparation pour recevoir l’irrigation
Pourquoi les tarifs d’équipements d’irrigation sont en hausse?

Selon Jean Claude Niyonkuru, commerçant d’outils agricoles rencontrés au centre urbain de la province Kayanza, la hausse des prix des outils agricoles est due aux mesures de restrictions du Covid-19.

Variations des kits d'irrigation importés
Ce graphique démontre l’importation des matériels d’irrigation avant la fermeture (Mars 2020) et l’ouverture des frontières (Septembre 2021) en raison de COVID-19
A titre illustratif, le cargo prend plus de temps en raison de la présence continue de mesures de conformité Covid-19, telles que la fourniture de tests négatifs où les chauffeurs routiers, dont le test est positif, doivent retourner dans leur pays d’origine et embaucher un autre chauffeur, ce qui retarde la livraison.
Les barrières non tarifaires liées au Covid-19 ainsi que les retards aux frontières des suites des exigences de la pandémie de coronavirus telles que les tests ont été à l’origine de la hausse des prix des biens. « , a déclaré

Christian Nibasumba, représentant national de Trade Mark East Africa (TMEA).
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Des nouvelles pistes de solution….
A Bururi, au sud du pays, à Kayanza et à Kirundo, au nord du pays, les petits producteurs ont adopté des nouvelles méthodes d’irrigations locales en vue de contourner ces défis.  

Parmi les coopératives qui ont adopté des nouvelles méthodes d’irrigations locales figure la coopérative du Développement Laitier de Kiryama, CDLK en sigle. 

Cette coopérative a mis en place un système d’irrigation local qui  capte de l’eau de source au sommet des collines et la font circuler par des canaux le long des pentes notamment en creusant de longs canaux appelés sous-irrigation (atteignant 50 kilomètres) ou l’irrigation manuelle au moyen d’arrosoirs et de tubes de corde (atteignant 500 mètres). En outre, les agriculteurs peuvent accéder à l’eau en se connectant à des buses à différents points du réseau. 

 
Tube d’eau facilitant l’irrigation
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D’autres producteurs, pour acheter les matériels d’irrigation comme le pulvérisateur, deux ou trois agriculteurs s’associent et cotisent à la fin du mois une petite somme pour acheter tous les kits nécessaires, indique Désiré Nimenya. 

Il a également révélé que  suite à cette pandémie covid-19, il y a des petits exploitants qui ont recours aux arrosoirs artisanaux. «  Ces derniers sont des marmites ou des bidons troués à plusieurs reprises dans le fond. », a-t-il expliqué.  

Arrosoirs utilisés par les agriculteurs pour l’irrigation
Et si la production en pâtissait ? 
Même si ces techniques d’irrigations locales ont porté leurs fruits, elles n’ont pas atteint le niveau escompté, celui de l’ère de l’usage des matériels d’irrigations modernes. D’ailleurs,  la production de maïs a connu une chute.

L’évolution des prix de haricot sec de couleur rouge, de pomme de terre de couleur mauve et de patate douce locale des années 2019, 2020 et 2021 en province Kirundo tirés des bulletins mensuels de l’ISTEEBU démontrent que la pandémie Covid-19 a eu un impact négatif sur la prix des denrées alimentaires
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Variation des prix des denrées alimentaires au nord du Burundi (Kirundo)
Prix des haricots, des pommes de terre et des patates douces avant et après COVID-19.

Quand le changement climatique devient source de famine

Non seulement les agriculteurs ont été affectés par le manque de kits d'irrigation, mais le changement climatique a également entravé leurs activités quotidiennes.

Le dernier rapport des statistiques de l’environnement publié en 2016 sur le site de l’Institut de Statistiques et d’Etudes Economiques du Burundi en témoigne. Selon ce rapport, les précipitations en province Kirundo ont sensiblement diminué en l’espace de 9 ans. Elles sont passées de 1143,6mm en 2007 à 777,9 mm en 2016.

« Ce changement climatique affecte également le petit agriculteur. Les régimes pluviométriques sont fluctuants. Elles sont parfois abondantes et parfois rares. Les premiers dévastent les champs agricoles, tandis que les derniers les coupent et sont à l'origine des pénuries », .

Jean Marie Sabushimike, professeur d’université du Burundi au département de Géographie
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