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N°99
SOMMAIRE
  • Les vacances continuent
  • PI me fera peut-être aimer la variété française
  • La playlist de la semaine avec LIFE, Carlina, Jakob Lindhagen, Bokoya...
  • Le clip du jour : "Cowboy" de mim

LE P'TIT MOT


Je ne suis pas DJ. D'abord, parce que je ne sais pas me servir d'un contrôleur. Ensuite, parce que mes goûts musicaux en soirée n'ont pas toujours fait l'unanimité (sauf en petit comité, l'ambiance est plus propice aux tentatives les plus farfelues). Disons juste que très concrètement, la pépite indie / dance-rock que j'ai ajouté au cours de la bataille (au hasard The Bomb de New Young Pony Club ou un autre truc du genre) s'est souvent fait doubler par un morceau plus mainstream que tout le monde connaît (au hasard Jul ou One More Time). Il faut croire que mes titres dans la file d'attente peinent à s'intercaler entre du r'n'b culte et d'autres tubes mainstream figurant au panthéon de la génération MTV (¯\_(ツ)_/¯). Et puis ce jour est arrivé. J'ai vidé la piste. Mon anti-chef d'oeuvre à moi.

Ce soir d'hiver, une dépendaison de crémaillère nous réunit en bandes dans le salon d'amis, pour leur dire au revoir ainsi qu'à leur beau logis du 18ème arrondissement de Paris. Le parquet crépite au rythme des pas de danse. Les lumières, elles, ont laissé la place à des faisceaux lumineux de couleurs qui s'épanouissent dans l'obscurité du salon. On trinque dans des verres à vin qui rendent ce breuvage miraculeusement meilleur et le train de vie plus premium. La musique new-wave envahit l'espace, nos oreilles et nos consciences s'abandonnent à Blue Monday et autres Sweet Dreams (car on n'appelle pas les années 80 "les sacro-saintes années 80" pour rien). C'est aussi ça être adulte : boire du pinard en tenant son récipient par le pied et avoir des goûts musicaux plus sûrs.

À cette époque, je me souviens que je ré-écoutais beaucoup Saltos, le premier album de Julien Perez. L'ancien chanteur du groupe bordelais Adam Kesher avait abandonné l'electro-rock pour aller vers une pop synthétique mélancolique qui aurait facilement trouvé sa place dans les boîtes de nuit d'il y a quarante ans. Grossièrement, imaginez Étienne Daho chantant sur un mélange de techno un brin dévergondée et de pop spectrale mais dans les années 2010.

Un moment de creux surgit entre deux titres et il se trouve que sa chanson Les Bars des Musées s'inscrit parfaitement dans le rythme et les sonorités qui courent alors entre les fibres des enceintes. La chanson précédente baisse de volume progressivement, offrant une transition parfaite à un titre qui s'ouvre sèchement sur des lignes de claviers. Parfait pour donner un nouvel élan à la soirée. C'est en tout cas ce que je croyais... Les notes psychédéliques entrent sur la piste. Les invité•e•s la désertent. Aïe. C'est ce qui s'appelle un beau trébuchage en règle. Les cases étaient pourtant cochées, du moins dans mon esprit. Peut-être que la transmission telle que je l'entends et la contribution à l'ambiance d'une fête ne vont pas de pair. Ou est-ce un privilège réservé aux DJ, les Damien Jacques de la platine ? Marqué par ce grand moment de solitude digne d'une vidéo du Palmashow, j'avale mon verre de seum coupé à la vodka et je cogite (on change toujours de liqueur après un échec pareil). Peut-être me suis-je simplement trompé de morceau, ça peut arriver. Une réflexion sur laquelle je vais m'appuyer pour rebondir. Je n'aime pas les défaites.

Quand début septembre toque à l'agenda, tout le monde reprend son soupir habituel en voyant la rentrée sonner le glas des congés. Et c'est marrant parce que de mon côté, à cette période de l'année, je pense toujours au dernier couplet de la chanson Les vacances continuent de Perez (oui, encore lui) :

 

"Et quand j'essaye de me lever / La migraine s'accentue / C'est la fin de l'été / Mais les vacances continuent."


Alors ok, on oublie les apéros dans les bars des musées, j'ai capté. Par contre, prolongeons un peu les arrêts de jeu. C'est certes la rentrée, mais pour encore trois minutes et trente secondes, les vacances continuent.

EN COUV'


Il y a 3,14% de chances que ça arrive. Mais c'est toujours mieux que zéro.


Le soft-power anglo-saxon m'a mangé tout cru. J'ai beau être un gaulois ripailleur, je n'ai jamais vraiment apprécié la chanson française. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. J'ai suivi les succès rock de ma jeunesse (Luke, Mickey 3D, Kyo ou Louise Attaque), mais j'étais beaucoup plus attiré par le punk-rock américain, le hip-hop et quelques groupes de rock anglais, inexplicablement plus cool. L'herbe est toujours plus verte ailleurs paraît-il. Cela ne change pas le fait qu'on a toutes et tous un jardin à cultiver. Alors évidemment, mes parents m'ont glissé les standards que sont Gainsbourg, Dutronc, Gall, Brel ou Sanson, mais je n'y ai pas été éduqué à proprement parler. Mes rencontres avec les disques de Miossec, Dominique A ou les Rita Mitsouko n'ont pas non plus donné suite. En gros, le rock français s'est contenté d'une discussion vague semblable à une pause café sur une aire d'autoroute, je n'étais probablement pas encore prêt pour les grands poètes du pays et la "variétoche" ne m'a simplement pas accompagné. À part ces putains de Lacs du Connemara, hymne de droitard vêtu d'un pull cachemire autour du cou, que je peine à supporter (je le scande évidemment ivre et en toute hypocrisie avec des la-lala-lala en soirée, comme tout le monde. L'assumer est une torture). Enfin, petit, à chaque séjour de vacances d'été que j'avais le privilège de pouvoir passer en famille, ma tante n'écoutait qu'un artiste en boucle tous les matins. Fort. Genre, très fort : Frédérik Mey (même pas un français bon sang d'bois). Mon cerveau fermera les écoutilles à la "chanson" à tout jamais. Mey the force be with you Reinhard.
 

Je n'ai donc pas pris le coche de la nouvelle scène francophone riche en produits de divertissement sonores (mes p'tits PDS© 

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LA PLAYLIST

LIFE - Shipping Forecast
Post-Punk / Indie-Rock

Si vous prévoyiez de partir dans les contrées au-delà de la Manche et que vous commenciez à vous lasser d'un certain groupe irlandais mentionné deux lignes plus bas, rabattez-vous donc sur la team de Hull City pour vous mettre dans l'ambiance. L'accent est là, les guitares sont là, et ils ont le mérite de bombarder davantage que leur équipe de foot.
Pour les fans de Idles, Fontaines D.C., The Kills
Carlina - Ruby
Dream-Pop
Petit beat hip-hop des familles, une voix qui s'envole et un clip façon cassette vidéo dans l'ère du temps : Carlina deviendra-t-elle une star de la pop indépendante sans l'aide d'un•e grand•e producteur•ice ? Seul l'avenir nous le dira. Un rubis brut sans orfèvre.
Pour les fans de Sky Ferreira, Arcade Fire, HAIM
Mass Of The Fermenting Dregs - Dramatic
Indie-Rock / Shoegaze
Oubliez la barrière de la langue et les costumes loufoques du visual kei, le groupe de Kobe a tout ce qu'il faut pour vous ouvrir les portes du rock japonais : des guitares luxuriantes hyper anglo-saxonnes qui vous rappelleront des terrains connus, des timbres de voix gracieux et une richesse mélodique dans ses compositions.
Pour les fans de Lush, Toe, Slowdive
Kinski - Way To Love
Électronique / Ambient

Inconnu•e au bataillon, fantomatique sur la toile, un sobriquet déjà emprunté par un grand nombre d'artistes : il ne reste de Kinski qu'un titre éloquent, dont les synthés et samples posent une ambiance moite qui vous donnera envie de choper en club le weekend. Way To un plan d'un soir, au minimum.
Pour les fans de Four Tet, Burial, Moderat
Bokoya - Flip Flop Blaster
Jazz / Hip-Hop

Le quatuor allemand continue son méli-mélo entre dub, ambient, jazz et hip-hop expérimental sur un nouvel album, Hausensession, à paraître le 14 octobre chez Melting Pot Music. Extrait.
Pour les fans de Daedelus, Portico Quartet, Teebs
Jakob Lindhagen - Tomorrow
Modern-Classical
"Nos souvenirs jouent un rôle si important dans notre identité, mais ils sont extrêmement peu fiables, changent et s'estompent avec le temps, et sont facilement influencés et manipulés" déclare dans un communiqué le pianiste suédois, qui a donc plongé dans ses propres récits mentaux pour tisser une nouvelle toile sonore poétique. Prochain album Memory Constructions à paraître le 23 septembre chez Piano & Coffee Records. Extrait.
Pour les fans de Julia Gjertsen, Nils Frahm, Hania Rani

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LE CLIP

mim - Cowboy  (avec Charlène Darling)
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