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L'Ernestine, la lettre d'Ernest !
- 23 août 2020 -
L'ÉDITO D'ERNEST 
"Rien n'est jamais perdu" ou l'éloge du beau et du rigolo

Vous aussi, vous les avez aperçues. Elles sont déjà sur les étals de nos marchés. Les mirabelles sont mûres. Signe que la rentrée et le mois de septembre approchent à grand pas. Éternel recommencement. Préparer les affaires, reprendre le chemin du quotidien qui s’impose à nous. Repartir. Encore. Comme Sisyphe.
Parfois ces rentrées sont des nouveaux départs. Nouvelles vies. Parfois, elles sont un recommencement. Souvent, elles sont aussi le moment que l’on choisit pour faire le point. Pour prendre des décisions, pour ajuster sa trajectoire, tailler un peu mieux sa pierre, et faire en sorte d’aborder dans de meilleures conditions notre ascension sisyphinenne de la vie à venir et à poursuivre.

Toujours, ces moments de rentrée sont aussi des rituels établis. De ceux qui nous rassurent et qui nous constituent. Parmi ces rituels que l’on peut trouver surannés : la rentrée littéraire, et les bonnes résolutions. Chacun et chacune de nous sommes tentés de faire la liste des choses que l’on a décidé de faire. L’été a porté conseil et on est plein d’entrain. Le but de la manœuvre : rendre notre vie meilleure, faire en sorte que notre réalité soit conforme à notre rêve.
 
Ces rituels de bonnes résolutions sont une façon de nous rappeler que décidément le réel, celui qui s'impose à nous, a du mal à être accepté. Au fond, quand l'homme fait des projets, et pose des résolutions c'est que même s'il accepte que la vie soit un cercle infini qui recommence, il choisit  - avec sa main - de faire, de créer et d'imaginer. Évidemment, rien ne se passe jamais comme prévu. Le réel si cher à Clément Rosset qu'il nous faut apprivoiser et même accepter pour en rigoler, se rappelle toujours à nos bons souvenirs. "L'homme fait des projets et Dieu se marre", dit un célèbre adage juif. Comme pour nous rappeler, qu'au fond, non pas le destin, mais le réel est toujours là.
A ce stade, je sais, cher lecteur et chère lectrice que tu es perdu. Ne pars pas pour autant. Laisse toi porter. Tu verras, ce sera rigolo. Dans cette errance que tu acceptes au milieu de tes projets et tes bonnes résolutions, il y a un chemin. Celui du rigolo. De l'inattendu, de ce qui surgit sans prévenir pour créer de la beauté. Il y a aussi le chemin de la recherche de cette beauté. Avec cette utopie de l'art qui nous sauve. Parfois, cela arrive. Ce miracle c'est celui que nous décrit, par exemple, Pierre-Louis Basse dans son magnifique livre plein d'espoir intitulé  « Rien n’est perdu » (édition du Cherche-Midi) et paru cette semaine.


Ce livre raconte justement que l’art peut nous sauver. En l’occurrence, Basse confie avec sensibilité, talent et sens narratif comment le tableau "les Roulottes" de Van Gogh en l'éblouissant lui a permis de ne pas devenir un cancre et d’avancer pour se construire afin de se départir de ses déterminismes sociaux, familiaux et personnels .

Quel plus beau message, quelle plus belle ambition alors que le procès des attentats de Charlie Hebdo s'ouvre dans cette rentrée, que l'humour et le rigolo, c'est-à-dire ce qui est "plaisant et amusant" n'ont jamais été aussi malmenés, alors que la rentrée s'amorce et qu'elle charrie forcément avec elle des moments compliqués, faisons collectivement en sorte que le rigolo puisse guider souvent nos pas vers la beauté.
Faisons en sorte que l'envie de se laisser porter puisse nous emmener vers le refuge que l'art peut constituer. Dans son livre "Éducation européenne" écrit pendant la guerre, Romain Gary (encore lui) nous donne des clés. "La vérité c'est qu'il y a des moments dans l'histoire, des moments comme celui que nous vivons, où tout ce qui empêche l'homme de désespérer, tout ce qui lui permet de croire et de continuer à vivre, a besoin d'une cachette, d'un refuge. Ce refuge, parfois, c'est seulement une chanson, une musique,un livre. Je voudrais que mon livre soit un de ces refuges, qu'en l'ouvrant, après la guerre quand tout sera fini, les hommes retrouvent leur bien intact, qu'ils sachent qu'on a pu nous forcer à vivre comme des bêtes, mais qu'on n'a pas pu nous forcer à désespérer".
Nous y sommes. Le désespoir, les projets avortés et les bonnes résolutions non tenues ne sont que des éléments de nos vies. Traitons-les avec humour, avec l'envie d'en faire des choses rigolotes qui nous amèneront, ensuite, forcément à en faire de belles choses. Voir même des œuvres d'art. Et si cela ne marche pas (il y a peu de chances, rassurez-vous), comme le rappelait Fernando Pessoa, la littérature sera là puisqu'elle a été inventée parce que "la vie ne suffit pas".

Clairement, vous voilà armé (e)s pour la rentrée. Bon dimanche, chers Ernestiennes, et chers Ernestiens.

LE POÈME

Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.

Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d’aise
Ses petits pieds si fins, si fins.

– Je regardai, couleur de cire
Un petit rayon buissonnier
Papillonner dans son sourire
Et sur son sein, – mouche ou rosier.

– Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un doux rire brutal
Qui s’égrenait en claires trilles,
Un joli rire de cristal.

Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : « Veux-tu en finir ! »
– La première audace permise,
Le rire feignait de punir !

– Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux :
– Elle jeta sa tête mièvre
En arrière : « Oh ! c’est encor mieux !

Monsieur, j’ai deux mots à te dire… »
– Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D’un bon rire qui voulait bien…

– Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.


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