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La rentrée d'après...

Il ne serait pas déjà un peu périmé, le monde d’après ? Dans le fond de l’air de cette rentrée médiatique, ne sentez-vous pas quelque chose d’un peu rance ? Votre odorat n’est pas détraqué par le Covid-19 (enfin, on l’espère) : il y a comme une course à la rédac la plus réac. Tout a (mal) commencé avec l’annonce du recrutement d’un journaliste de Valeurs Actuelles par l’une des plus grandes radios françaises à la tête de son service politique. Face à l’opposition de la Société des rédacteurs d’Europe 1, Louis de Raguenel ne sera finalement « que » adjoint au service politique. Mais le mal est fait : il est entré dans la rédaction. Son ancien poste de rédacteur en chef d’un média notoirement raciste, islamophobe, complotiste et on en passe n’a vraisemblablement pas refroidi la direction de la radio, pas plus que ses affinités avec la Manif pour tous ou son passé dans l’équipe de Claude Guéant, ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy. On notera également, sans grande surprise mais avec un gros soupir, le recrutement par CNews de l’égérie présentable de la droite dure et ancienne figure de la Manif pour tous : Eugénie Bastié. La chaîne d’info ne cache pas ses appétences extrême-droitières, préférant la promesse d’un buzz à ne serait-ce qu’un semblant de pluralité d’opinions.

Dans ce marasme médiatique quelques éclaircies, toutefois, venues pour beaucoup d’entre-elles de la rentrée littéraire, particulièrement féministe : notons, tout d'abord, le fort retentissement médiatique du premier roman de Fatima Daas, La Petite dernière, l’histoire d’une jeune lesbienne musulmane vivant à Clichy. Clairement autofictionnelle, l’œuvre aura suscité la curiosité de nombreux médias grands publics, qui ont donné la parole à cette jeune autrice elle aussi lesbienne et musulmane, une voix qu’on entend peu, voire jamais. On peut bien sûr regretter que certaines interviews, par leur format et leur exposition, laissent peu de place à la nuance et mènent à des débats qui oublient qu’on parle là de littérature.

Saluons également la sortie de l’essai Présentes de Lauren Bastide, qui parle de la place des femmes dans l’espace public et s’attarde notamment sur la visibilité des lesbiennes, avec l’expertise d’Alice Coffin sur le sujet. Alice, elle aussi, publie un essai très attendu : Le Génie lesbien, qui est sorti le 30 septembre chez Grasset et qui devrait réenchanter notre génération ou, en tout cas, l'année 2020. Un livre qui provoquera peut-être quelques remous médiatiques que nous surveillerons de près. 

Si ces trois ouvrages nous font espérer un monde d’après plus réjouissant que le mercato médiatique actuel, une chose reste certaine : le recrutement d’homophobes notoires au sein de médias ayant pignon sur rue montre, s’il était nécessaire, le besoin toujours vif de vigilance et de gardes fous pour veiller à un traitement médiatique juste des sujets nous concernant, nous, les communautés minorisées. Depuis 2013, c’est l’une des missions de l’AJL. En plus d’assurer une veille médiatique nous proposons, notamment au sein des écoles, des formations qui visent à guider nos futurs collègues vers un journalisme sans discriminations, sans caricatures et avec un niveau de connaissance que les sujets qui nous concernent méritent. 

Bonne rentrée à toustes !  

Visibilité bie et pansexuelle

Le 23 septembre, c’était la Journée de la visibilité pan et bisexuelle. L’occasion de se replonger dans quelques productions médiatiques de qualité dont nous vous avons déjà parlé ici même, comme le podcast Cinq pour cent, le podcast de la RTBF Bisexualités, ou cet épisode du podcast Brise Glace, l'épisode 36 du podcast féministe Quoi de meuf ?, cet article sur une brochure dédiée à la santé sexuelle des femmes lesbiennes et bisexuelles ou cet autre qui se penche sur les représentations de la bisexualité à la télévision.

Plus récemment, Slate s’est intéressé aux conséquences psychologiques de la biphobie. Enfin, une héroïne clairement bi a fait son apparition chez Disney et c’est assez rare pour être relevé, comme l’a souligné BFMTV en août. On vous conseille aussi ce documentaire d'Arte qui rend hommage à Juliette Gréco, où elle parle de tous ses amours sans se cacher derrière l'euphémisme de "femme libérée" qui lui a collé à la peau.

De son côté, l’AJL a proposé un programme consacré à cette journée sur Twitter, Facebook et Instagram, et, très bientôt, publiera un nouveau chapitre de son kit dédié au traitement médiatique de la pansexualité en plus de son chapitre "Affirmer l'existence des bisexuel•le•s" déjà disponible. 

Revue de presse

On vous encourage à lire

Visibilité. Le Parisien consacre une double-page aux jeunes chanteuses françaises qui “brisent un tabou” et sont out, comme Angèle, Hoshi, Suzanne. Les journalistes ont aussi interviewées les premières chanteuses out, comme Catherine Lara et Marie-Paule Belle et des jeunes femmes qui expliquent en quoi ces comings out sont importants pour elles, pour les libérer et les rassurer.

Témoignage. Sur le site Rockie, une personne non-binaire raconte sa grossesse. L'article est complété par un lexique et de nombreuses explications de la loi et de la prise en charge médicale.

Lesbiennes et islam. Dans la lignée de la sortie de l'autofiction La Petite dernière de l'écrivaine Fatima Daas, Mediapart interroge la sociologue Salima Amari. Elle raconte son enquête menée pendant six ans sur la diversité des lesbiennes issues de l'immigration maghrébine, musulmanes ou non.

Violences en milieu queer. Dans cet article de l’Obs (et son livre Dans la Maison Rêvée à paraître en France l’an prochain), l’écrivaine américaine Carmen Machado dépeint l’emprise et les abus qu’elle a subi, de la part de sa compagne. Une parole cathartique.

Réfugiés. À Paris, la ville et des associations se sont associées pour créer la première colocation destinée aux réfugiés LGBT, comme le rapporte Le Parisien.

On vous encourage à voir/écouter

Adèle Haenel. Notre nouvelle icône a été interviewée dans "Boomerang", sur France Inter. Elle parle de sa vie, de ses combats, tout est limpide et à la fin... elle lit un extrait du Corps lesbien de Monique Wittig.


“Thérapies”. “Le monde en face” de France 5 a diffusé le documentaire “Tu deviendras hétéro, mon fils”, donnant la parole à des victimes de thérapies de conversion aux Etats-Unis. Le documentaire est suivi d’un débat avec une victime française, l’association SOS Homophobie, un journaliste spécialisé et la députée lesbienne Laurence Vanceunebrock, qui se bat pour interdire ces “thérapies” en France. Notons sur le même sujet que Dieu est amour : infiltrés parmi ceux qui veulent guérir les homosexuels de Timothée de Rauglaudre est pré-selectionné pour l'édition 2020 du prix Albert Londres du livre.

People. Dans le podcast Coming out, Spotify donne la parole à des personnalités connues, comme Eddy de Pretto, Marie Papillon ou Mounir Mahjoubi, pour parler de leur parcours de coming out. Des moments d’intimité.

TDS. Brut a rencontré des femmes trans travailleuses du sexe du Bois de Boulogne, pour parler de leur parcours de vie, de leur travail, de leur précarité, des discriminations et des violences qu’elles subissent.

On est déçu•e•s

Cas d’école. C’est le parfait exemple de tout ce qu’il ne faut pas faire. Dans “Sept à huit”, Audrey Crespo-Mara interviewe la mère de Lilie, une petite fille transgenre de 8 ans. En plus d’appeler l’enfant par son deadname tout au long de l’entretien, y compris devant Lillie, la journaliste corrige la mère qui parle de “sa fille”. Le naufrage journalistique a été général dans le traitement journalistique de cette jolie famille, que ce soit chez France Bleu ou au Monde (qui a corrigé la version en ligne de son papier). On ne saurait trop demander aux journalistes de s’intéresser au sujet de la transidentité et d’aller lire et relire le kit de l’AJL

Du respect ! À Montpellier, une jeune femme trans, Doona, s'est suicidée sur la voie publique la semaine dernière. Comme cela arrive souvent, elle a été mégenrée dans la plupart des médias qui ont annoncé la nouvelle, la faute aux forces de l'ordre qui donnent l'État-civil de la personne, sans autres considérations. La plupart des médias ont corrigé la faute après signalements de proches et de militant•e•s. Mais l'AJL signale qu'il est insupportable d'avoir des consœurs et des confrères qui considèrent comme normal de demander si une personne trans est opérée pour savoir comment la genrer. Nous ne vous demandons pas une faveur, mais de faire votre travail correctement. 

Politique. “Terreur militante”, “hystérique”, “misandre”... Nous condamnons fermement tous les propos, sexistes et lesbophobes, publiés à l'encontre d'Alice Coffin que ce soit dans la presse ou sur les réseaux sociaux. Il est bon de rappeler, particulièrement aux journalistes qui y participent, que leurs mots, que leurs articles, ont des conséquences lourdes sur les individus, d'autant plus lorsque celleux-ci sont, déjà, la cible de cyber-harcèlement. De nouveau, nous apportons tout notre soutien et toute notre admiration à notre co-fondatrice.

Où sont les faits ? Marianne consacre un long article au pseudo clivage chez les féministes et les LGBTI au sujet des personnes trans. L’article mentionne à de nombreuses reprises que les situations où des femmes trans menaceraient des femmes cis sont inexistantes, pourtant, au lieu d’en prendre acte, il préfère donner la voix aux quelques Terfs médiatiques du moment, si peu nombreuses et pourtant si bruyantes. Le journalisme, c’est des idéologies ou des faits ?

Vocabulaire. Difficile, pour Forbes et Les Echos, d’écrire “trans”, de ne pas parler de “changement de sexe” et de ne pas dire le deadname de Sue Y. Nabi, la nouvelle directrice générale de Coty. C’est dommage, les portraits étaient bien. Le kit de l’AJL est disponible pour vous aider sur les questions de vocabulaire. 

À l'étranger

“Premiers de corvée” trans. The Guardian est allé à la rencontre de cinq “premiers de corvée” trans, des travailleurs et travailleuses essentiel·le·s mobilisé·e·s au plus fort de la crise sanitaire.

Pédagogie. La RTS a interviewé le sociologue Sébastien Chauvin, spécialiste en études du genre, pour expliquer ce que sont les différentes identités LGBTI. Une vidéo à montrer à tou.te.s celles et ceux qui disent qu’on n’y comprend plus rien avec toutes ces lettres.

Désinformation. Le site d’information kurde Rudaw relaie une étude réalisée par l’organisation Iraqueer sur le traitement médiatique des sujets LGBTI en Irak. Le résultat est clair : "les médias irakiens n'appliquent pas les règles standards du journalisme", autrement dit, adieu la déontologie.

Elever un enfant hors du genre. The Guardian consacre un article à Kori Doty, une personne trans non-binaire et qui élève son enfant de presque quatre ans sans lui imposer une éducation genrée et en utilisant un pronom neutre (“they” en anglais).

Les news de l'AJL

Nos Travaux

Le 30 juin l’AJL diffusait, en partenariat avec Médiapart, “OUT l’émission” présentée par Marie Labory.
 

Pendant près d’une heure et demie, des journalistes mais aussi des activistes et des artistes y abordent les luttes des personnes minorisées (LGBTI mais pas seulement) pour leurs droits et explorent les biais médiatiques à l’œuvre lorsque ces sujets sont traités. Afin de poursuivre le dialogue, nous vous proposons de (re)voir les quatre plateaux thématiques, accessibles en LSF, qui ont été proposés :

Et, pour aller plus loin, rendez-vous sur nos chaînes Youtube et Instagram pour découvrir des contenus inédits.
 

Vous êtes journaliste et vous souhaitez participer aux actions de l'AJL ? N'hésitez plus, adhérez dès aujourd'hui

Nos adhérent•e•s ont du talent

#MeToo Gay. Pour Vice, Matthieu Foucher signe une enquête importante sur un sujet encore trop souvent tabou : la forte prévalence d’abus sexuels vécus par les gays dans l’enfance et l’adolescence puis à l’âge adulte et les nombreuses difficultés spécifiques à en parler.

Récompense. Hélène Hazera, productrice de l’émission “Chanson Boum” sur France Culture de 2002 à 2017, a reçu le prix de la Scam pour l’ensemble de son oeuvre sonore.

Visibilité. Ce mois-ci, l'émission Gouinement Lundi était consacrée aux radios gouines. Et c'est Rachel Garrat-Valcarcel qui y a assuré la chronique de l'AJL. Elle y a parlé d'Alice Coffin, d'Angèle et du coût de la visibilité quand on est out. Notre co-présidente a également intégré l’Observatoire de l’égalité, de l’éducation et de la cohésion sociale créé par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. 

Génie lesbien. Après un report à cause du Covid-19, Alice Coffin publie (enfin) son livre, Le Génie lesbien. Elle explique sa démarche, entre autres, à Christophe Martet et Alice Lavigne dans les colonnes de Komitid.

Lectures. Chez Friction Magazine, notre consœur Yasmina Cardoze lance une rubrique de critiques littéraires, intitulée “Des paillettes dans la bibliothèque”. Jeunesse, mangas et romans sont au programme.

Sur scène, sur écran. Pour Komitid, Franck Finance-Madureira a interviewé l’humoriste Pierre Palmade, qui est revenu sur certains propos maladroits qu’il a pu tenir par le passé.

Beatles & batailles. Pour le 55e anniversaire de l’album Help !, Romain Vallet se penche pour Jock sur l’une des chansons de ce disque mythique, You’ve Got To Hide Your Love Away : un message caché à l’intention du manager gay des Fab Four, Brian Epstein ? Pour le magazine lyonnais Hétéroclite, il revient sur la façon dont le Collectif Fiertés en Lutte a tenté de se prémunir des agressions sexuelles.

Théâtre. Pour Têtu, Aurélien Martinez a débroussaillé la rentrée théâtrale côté LGBT+. 

“Assume, bordel !”. Dans son nouveau spectacle, Pierre Palmade se dévoile et rappelle qu’il n’est pas toujours facile d’être homo en 2020. Aline Mayard retrace le parcours de l’humoriste.

Lobby d’été. Cet été, les invité•e•s arc-en-ciel se sont succédé•e•s au micro de notre camarade Colin Gruel qui a continué de proposer, avec son équipe, l'émission “Le Lobby” sur Radio Campus Paris.

Cinéma. À l’occasion de la sortie de son film Fin de siècle, Didier Roth-Bettoni a interrogé le réalisateur Lucio Castro pour Hétéroclite, notamment sur la notion du temps et ce qui a changé dans la vie des gays en 20 ans. Sur France Culture, notre confrère parle de Jacqueline Audry, “la disparue du cinéma français”, réalisatrice pionnière mais méconnue.

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