Copy
Si vous ne visualisez pas correctement cette lettre d'information, consultez la version en ligne.
L'Ernestine, la lettre d'Ernest !
- 6 décembre 2020 -
L'ÉDITO D'ERNEST 
La joie n'est pas imaginaire
 
C'est l'histoire d'un petit garçon. Un jour un professeur lui demande : "qu'est ce que tu veux faire dans la vie ?". Le petit répond : "Moi, je veux juste être heureux". Le professeur, gêné : "Ah... Je crois que tu n'as pas compris la question". Le garçon, rieur : "Je crois plutôt que vous n'avez pas compris la vie". Mardi 8 décembre, dans deux jours, cela fera 40 ans que ce petit garçon a été assassiné devant chez lui à New York. Il s'appelait John Lennon.

Victime de la folie d'un homme. Comme chacun sait, Lennon aimait imaginer. C'était peut-être, même, un rêveur. Mais ça fait du bien de rêver, non ? Alors, ce matin, comme Lennon, imaginons ensemble. Imaginons. Imaginons que nous puissions retrouver, bientôt, le chemin d'une fête avec des amis. Fête dans laquelle la beauté serait dans son imprévisibilité, dans sa potentialité à partir dans tous les sens. Dans la possibilité d'une "Tziganade" comme dans le film "Mes chers amis" de Mario Monicelli.
Imaginons aussi et plus prosaïquement que nous n'ayons enfin plus peur pour nos proches, pour les plus fragiles, ou tout simplement de s'embrasser et de se prendre dans les bras. Imaginons que nous puissions retrouver le plaisir simple d'un café pris au zinc, ou d'une bière puis une autre avec les amis de toujours ou de passage. Imaginons que les amants puissent à nouveau se retrouver.
Plus largement, dans le rêve lennonien d'être "heureux", il y a aussi et surtout cette pulsion de vie. Cette petite étincelle qui vit en chacun de nous et qu'il nous faut choisir, toujours et encore, envers et contre tout. Imaginons que nous puissions y arriver individuellement, chacun à notre niveau et à notre échelle. Imaginons aussi que nous puissions collectivement retrouver un chemin qui nous permette d'aller tous dans le même sens. Ensemble. Vers le mieux. Cette semaine s'est terminé le procès des attentats de janvier 2015. Il faut lire la plaidoirie de Richard Malka l'avocat de Charlie Hebdo. Il donne des pistes pour le rêve collectif que nous pourrions imaginer. "Les caricatures sont un prétexte, nous pourrions arrêter de caricaturer, ils continueraient de nous tuer. Ils détestent nos libertés. Ils ne s’arrêteront pas, parce que nous sommes un des rares peuples au monde à être porteur d’un universalisme qui s’oppose au leur."



Ces mots sont terribles, certes. Mais ils sont aussi porteur d'espoir. De ce rêve universaliste que nous pourrions revivifier et auquel nous pourrions croire à nouveau. Son bilan est plus que positif. Impossible de le contester. "Imagine a brotherhood a sisterhood of man" chantait le poète de Liverpool.
Je vois déjà les Cassandre, les oiseaux de mauvaise augure qui sont là, à l'horizon à ricaner, à nous traiter de rêveurs, d'idéalistes, et à nous vouer aux gémonies d'un monde qui ne tolère plus que nous rêvions. On pourrait leur prêter attention. Ou pas. Nous pourrions aussi, hommes et femmes de bonne volonté, décider de choisir la joie, la fraternité, l'amour, et finalement l'optimisme plutôt que le désespoir. C'est certes moins romantique et moins vendeur. Dire tout va aller mieux et on va se battre tous ensemble pour que cela advienne, c'est moins vendeur que de dire ou d'éructer à longueur de journée : "c'était mieux avant" et de se complaire dans le giscardisme ou autre vieille lune.
Pour Lennon, pour sa poésie, qui aurait pu comme Bob Dylan lui valoir un prix Nobel de littérature, mais aussi et surtout pour nous, il nous faut choisir la joie, individuelle et collective. Si nous ne le faisons pas pour nous, faisons le pour le futur. Ou pour un autre génie (Romain G.) qui, voilà 40 ans également, le 2 décembre 1980, décida de tirer sa révérence, non sans nous laisser deux viatiques : "
Le plus grand effort de ma vie a toujours été de parvenir à désespérer complètement. Il n'y a rien à faire. Il y a toujours en moi quelque chose qui continue à sourire". Le même écrivait aussi : "J’ai le goût du merveilleux. Ce sont des restes d’enfance. Il n’y a pas de création sans ça. J’ai un goût très vif pour tous les papillons du merveilleux et j’essaie de les saisir, et qu’ils soient observés, vécus ou créés, c’est la même chose, c’est toujours une quête du merveilleux. Le cinéma, c’est un filet à papillons, comme le roman, comme la vie vécue." La vie vécue est un filet à papillons. Vivons, aimons et imaginons. Tout le reste n'est que palabre.


Bon dimanche,

ERRI DE LUCA : "LA LECTURE EST LE MEILLEUR MOYEN DE S'ENTRETENIR"

"Impossible" d'Erri de Luca est l'un de nos livres préférés de l'année 2020. 176 pages où vérité, fraternité, amour, engagement et désillusions se côtoient. Un moment magique de lecture. On a donc voulu en reprendre une petite pincée en discutant avec le grand écrivain italien.

C'est par là.

CECI N'EST PAS DU STYLE

Dans ce nouveau numéro du Cabinet des mythologies littéraires, Paul Vacca examine l'une des plus importantes : le Style. Houellebecq écrit-il mal ? Proust fait-il trop long ? Vacca explore tout ça. 

C'est ici

LE POÈME

L'écartement des bras m'est cher, presque plus cher
Que l'écartement autre :
Mer puissante et que belle et que bonne de chair,
Quel appât est la vôtre !

Ô seins, mon grand orgueil, mon immense bonheur,
Purs, blancs, joie et caresse,
Volupté pour mes yeux et mes mains et mon cœur
Qui bat de votre ivresse,

Aisselles, fins cheveux courts qu'ondoie un parfum
Capiteux où je plonge,
Cou gras comme le miel, ambré comme lui, qu'un
Dieu fit bien mieux qu'en songe.

Fraîcheur enfin des bras endormis et rêveurs
Autour de mes épaules,
Palpitantes et si doux d'étreinte à mes ferveurs
Toutes à leurs grands rôles,

Que je ne sais quoi pleure en moi, peine et plaisir.
Plaisir fou, chaste peine,
Et que je ne puis mieux assouvir le désir
De quoi mon âme est pleine

Qu'en des baisers plus langoureux et plus ardents
Sur le glorieux buste
Non sans un sentiment comme un peu triste dans
L'extase comme auguste !


"L'écartement des bras",
Paul Verlaine
LA SÉLECTION A LA CROIX GAMMÉE
Deuxième numéro de "Transversale", la BD exclusive de Robin Walter pour Ernest où il est question de sport, d'histoire et de société. Ce mois-ci : quand les nazis se rêvaient champions du monde de foot. Quand le sport est un soft power.

C'est ici

HEUREUX QUI COMME ULYSSE
Le livre du vendredi cette semaine est de ces belles surprises qui viennent saisir le lecteur alors qu’il ne s’y attendait pas, qui l’emmènent sur un chemin sur lequel il ne pensait pas aller. "Un long voyage" de Claire Duvivier paru  "Aux Forges de Vulcain" est de cette trempe. C’est un roman monde qui crée un monde et qui nous parle de notre monde. C'est un roman passionnant qui vient de remporter le Prix Hors Concours 2020. Ne le ratez pas. C'est ici.

VENEZ, VOUS NE VOUS FEREZ PAS CHIER


Vous êtes nombreux à avoir découvert Ernest avec la chronique "Vous nous faites chier" de Jérémie Peltier suite à l'attentat de Conflans. Du coup, on vous en dit un peu plus sur le pourquoi du comment d'Ernest et sur votre soutien qui est crucial pour nous. Merci à vous tous et toutes.
C'est là.
C'est l'automne !
Offrez et/ou abonnez-vous à Ernest et recevez un roman en cadeau !
J'en profite !
Bonnes lectures et à la semaine prochaine !
www.ernestmag.fr
Facebook
Twitter
Link
YouTube
Cet e-mail a été envoyé à <<Email Address>>
Se désabonner - Modifier mes préférences
Ernest SAS · 28 rue de la Révolution · Montreuil 93100 · France