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Grosses Têtes et Gros Malaises

Du 21 septembre au 23 octobre, nous avons écouté l’une des émissions les plus suivies du paysage radiophonique francophone : Les Grosses Têtes. Le bilan est amer : les près de 2 millions d’auditeurices qui, chaque jour, sont réuni•e•s sur RTL par Laurent Ruquier et sa bande ont entendu 159 propos sexistes, 66 séquences LGBTIphobes, 51 remarques racistes en un mois soit 24 émissions.

Organisée en véritable cour de récréation, l’émission reproduit ad nauseam les systèmes de harcèlement les plus classiques. Sous couvert d’humour, les personnes minorisées (entendez non-hommes, non-blanches, non-hétéros, non-minces) sont désignées aux yeux et aux oreilles de tou•te•s comme boucs émissaires. 

Ménagères, putains, trop grosses ou trop moches, stupides, les femmes y sont constamment ciblées en raison de leur genre.

100% des émissions écoutées contiennent des saillies sexistes, soit une toutes les 11 minutes en moyenne. Des déclarations qui confinent parfois à l’insulte et à l’appel à la violence. 

Après les femmes, ce sont les personnes LGBTI qui constituent une cible de choix pour la fine équipe. Un comble alors que Laurent Ruquier a pourtant largement diversifié le panel de chroniqueurs et chroniqueuses de l’émission en s’entourant régulièrement d’hommes ouvertement gays, comme JeanFi Janssens. Les interventions de ce dernier sont systématiquement agrémentées de références à l’usage de son postérieur et à sa sexualité. Et il n’est pas le seul à en faire les frais : 83% des émissions contiennent des propos LGBTIphobes, parfois orduriers. 

Dans cette course au bon mot à tout prix, les populations roumaines et Roms sont, elles, assimilées à des voleurs, et les personnes asiatiques traitées en responsables de l’épidémie de Covid-19. Clou du spectacle : les crimes sexuels et la pédocriminalité sont banalisés dans près d’une émission sur deux. Preuve que la culture du viol se porte bien à une heure de grande écoute sur RTL...

Avec, en moyenne, 19 propos discriminants tenus par émission, il ne s’agit plus d’un accident de parcours, mais d’un acharnement dissimulé derrière le rire. Face à ce triste constat, étayé par 36 heures d’écoute, l’AJL enjoint Les Grosses Têtes à réfléchir à leur responsabilité dans la propagation des discours de haine et la banalisation des propos racistes, sexistes et LGBTIphobes. Il y a urgence !

Retrouvez l’ensemble de l’étude en suivant ce lien : grossestetes.ajlgbt.info/

Journée mondiale de lutte contre le VIH/sida

Le 1er décembre est la Journée mondiale de lutte contre le VIH/sida. Parce que le combat ne se limite pas à vingt-quatre heures par an, voici une sélection de ressources sur le sujet. Retrouvez également nos recommandations pour l’aborder dans le kit “Informer sans discriminer” à l’attention des rédactions, chapitre VIH/sida, comment en parler ? 

Web

  • Avec « The Last Men Standing », le San Francisco Chronicle proposait en 2016 une belle rencontre avec des gays séropositifs âgés de plus de 60 ans, survivants d’une épidémie qui a emporté un grand nombre de leurs amis. Un long format richement illustré et un documentaire à consulter en anglais.

  • Depuis 2017, Stuart (qui ne souhaite pas communiquer son patronyme) publie sur le compte Instagram The Aids Memorial des témoignages de personnes qui ont perdu des proches des suites du sida, en s'appuyant sur le slogan 'What is remembered lives' (« Ceux dont on se souvient vivent encore »). En savoir plus sur NBC News (en anglais).

  • Lancé en octobre 2020 par Sébastien Magro et Charles Roncier, membres de l’AJL, le podcast La Bascule donne la parole aux personnes qui prennent la PrEP, traitement qui permet aux séronégatif⋅ve⋅s de le rester. En savoir plus sur Komitid.

Livres

  • Dans N’essuie jamais de larmes sans gants (2016), somme de plus de 800 pages, Jonas Gardell raconte avec pudeur mais précision l'apparition du VIH/sida en Suède, à travers l'itinéraire de sept amis.

  • Avec Ce que le sida m’a fait (2017), Élisabeth Lebovici relie l'art, l'activisme et le VIH/sida, rappelant au passage combien le personnel est politique. 

  • Dans T’as pas le sida, j’espère ? (2020), Fred Colby, militant VIH/sida de longue date et membre de l'AJL, livre un témoignage personnel et poignant de l'acceptation de sa séropositivité, du traumatisme initial à la fierté aujourd'hui. 

Films et séries

  • En reprenant au début des années 1990, la deuxième saison de la série Pose (2019) aborde frontalement la période la plus dure de l'épidémie à New York. Comme toujours avec Ryan Murphy, c'est too much mais c’est touchant, et on en redemande.

  • La chaîne états-unienne Logo annonce la mise en ligne de Quiet Heroes, (2020) un documentaire sur deux soignantes lesbiennes à Salt Lake City, parmi les rares à s’occuper des patients séropositifs dans tout l'Utah dans les années 1980.

  • Avec le documentaire Sida : le patient zéro (2019), la canadienne Laurie Lynd dresse un portrait émouvant de Gaétan Dugas, longtemps considéré à tort comme le "patient zéro". En savoir plus sur Le Monde.

Revue de presse

On vous encourage à lire

Conquêtes. Première journaliste à avoir annoncé la “conquête” de l’Everest, l’une des premières personnalités britanniques à avoir fait son coming-out trans, Jan Morris décède le 20 novembre. Soulignons le travail respectueux de l’AFP qui ne l’a jamais mégenrée ni morinomée. Mieux encore, dans la deuxième dépêche de l’agence (reprise, entière ou en partie, par de nombreux médias comme ici FranceInfo), le fait qu’elle soit trans est dit directement dans le titre et cette partie de sa vie est développée de manière intéressante. 

La parole aux ados. Libération donne la parole à un auteur jeunesse, Arnaud Cathrine, qui la transmet à deux ados transgenres, Alex et Arsène. Avec plus de verve et de sensibilité que n'en montrent d'habitude certains grands quotidiens, l'auteur rapporte les peines mais aussi les joies de ces deux garçons "admirables". Une ode à la jeunesse "qui invente sa façon de pouvoir être soi, jusqu’à défier le supposé marbre de l’anatomique et les assignations autoritaires". 

“Le VIH m’a fait évoluer”. Sud Ouest a donné la parole à Pascal Tribou, animateur de l’association Aides. Il y est revenu sur son parcours, expliquant comment il a fait de sa propre séropositivité une force

Porno. Homos ou hétéros, face au porno, les hommes sont plutôt égaux. C’est en tout cas ce qu’observe le sociologue Florian Vörös, auteur d’une étude sur le sujet. Représentations racistes, obsession de la virilité, de la domination… Les intérêts érotiques des hommes hétéros ou gays se recoupent. 

À la rue. Sans A dresse le portrait de Léa, femme trans à la rue à Lorient. L’article plonge dans son histoire de vie, sans mégenrage, sans dead name et sans voyeurisme.

Balance ta Rédac’. Ce compte instagram affiche les perles d’oppressions et les rédactions dans lesquelles elles ont été prononcées. Spoiler alert : il n’y en a pas beaucoup qui peuvent se dire “safe”...

Double standard. Reporterre s'interroge sur le soutien mitigé de la profession suite à l'arrestation de notre consoeur Hannah Nelson le 17 novembre. Pour ce site, cela montre le mépris d'une partie des journalistes pour les reporters de terrain engagé·e·s. L'article cite notamment l'interview de la journaliste Sihame Assbague dans notre émission OUT.

Anniversaire. Nous souhaitons un joyeux 25ème anniversaire au magazine Têtu !

On vous encourage à voir/écouter

Fight back ! End aids ! Libération consacre un très beau reportage photo au rassemblement qui a eu lieu, aux Halles le 1er décembre, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le VIH/sida à l’appel d’Act-Up Paris.

“Petite fille”. C’est le titre d’un documentaire de Sébastien Lifshitz, diffusé sur Arte, suivant la petite Sasha, 8 ans, fille trans, et le combat de ses parents pour que le directeur de son école respecte ses pronoms féminins. On note l’amour profond des deux parents et des frères et sœurs de Sasha, la solidité de cette famille, forte et unie, comme beaucoup aimeraient en avoir. Allez on l’avoue, on a eu la larme à l'œil.

TDoR. Le 20 novembre c’est la Journée du souvenir trans (Transgender Day of Remembrance - TDoR, en anglais). À cette occasion, la version en anglais de France 24 a consacré un reportage aux problématiques des personnes trans dans le monde et interrogé Jorge Maria Londono, co-président de Transgender Europe. De son côté, la version en français de la chaîne a interviewé Lexie Agresti. L’instagrammeuse y a notamment abordé l’importance d’une visibilité respectueuse. 

Sexe neutre. À travers Jean-Pierre et son combat pour la reconnaissance du sexe neutre, le documentaire Le procès d’un corps, proposé par France 3 Centre Val-de-Loire, présente de manière pédagogique et sensible différentes problématiques rencontrées par et infligées aux personnes intersexes.

On est déçu•e•s

Transphobie. Chèr·e·s consoeurs et confrères, c’est si compliqué, lorsqu’un fait divers implique une personne trans, de faire un minimum de recherches et de respecter la victime ? Il faut croire que oui... Mégenrage, utilisation massive du mot “transexuel•le”, référence au deadname de la victime : cette fois-ci, c’est Ouest-France qui nous offre un festival de transphobie. 

Coming out. Le 1er décembre, l’acteur Eliott Page fait son coming-out et s’affirme en tant que personne trans. Traité de façon respectueuse par de nombreux médias, de nombreux autres se sont pris les pieds dans le tapis en utilisant pêle-mêle son morinom de façon intempestive, les expressions “changer de sexe”, “transexuel” ou en le mégenrant. 

Pour rappel, pour vous aider, l’AJL met à votre disposition le chapitre “Respecter les personnes trans” de son kit ainsi qu’une vidéo sur le même thème. Vous pouvez également faire appel à l’expertise des associations de personnes concernées. 

Tabou. On pensait l’époque de l’homosexualité taboue au point de ne pouvoir en écrire le mot révolue. Et pourtant, comme le souligne Denis Quinqueton dans Têtu, la plupart des hommages rendus au grand résistant Daniel Cordier ont préféré passer sous silence une orientation sexuelle revendiquée. C’est le cas par exemple du Monde qui, dans une première version de sa nécrologie, préfère parler de “tourments d’une sensualité qui le porte vers ses condisciples”. Un euphémisme que l’on pourrait presque trouver comique et heureusement remplacé par “homosexualité” en toutes lettres. 

Racisme anti-chinois. La pandémie de coronavirus a donné lieu à un tombereau de remarques racistes visant la communauté asiatique. C’est encore le cas dans l’édito du Parisien / Aujourd’hui en France du 18 novembre, signé par Rémy Dessarts : “il ne faudrait pas que le virus venu de Chine préfigure le règne des échoppes chinoises à emporter. Demain, nous voulons encore manger avec des fourchettes, pas seulement avec des baguettes”. Nous saluons la réaction des syndicats et de la société des journalistes du quotidien. Ils ont immédiatement interpellé le directeur des rédactions Jean-Michel Salvator. Mais nous regrettons la réaction de ce dernier : il n’y voit qu’“une pirouette”, “un trait d’humour”, refusant d’insérer un correctif ou mot d’excuse.

Grossophobie. Des médias tels que le journal Midi-Libre, France3 région et d’autres ont conduit live tweets et reportages heure par heure, mardi 1er décembre, sur l’évacuation d’Alain, un quinquagénaire prisonnier de son appartement insalubre, depuis un an et demi. Ce qui aurait pu être l’objet d’enquêtes sur les failles d’un système qui aura mené à cette évacuation s’est transformé en « foire aux monstres » au voyeurisme déshumanisant, indigne, malsain et grossophobe. Nous joignons notre colère à celle exprimée sur les réseaux sociaux notamment par le collectif Gras Politique ou encore l’activiste Daria Marx.

À l'étranger

Le pouvoir de l’image. Aweng Ade-Chuol, mannequin d’origine soudanaise, embrasse sa femme Alexus Ade-Chuol en couverture de l’édition britanique de Elle. Une réaction à la lesbophobie que le couple a subi. 

Les flamboyants. RFI nous présente Ekifire, ouvrage du photographe Frédéric Noy consacré aux communautés LGBT d’Ouganda, du Burundi et du Rwanda. On regrette l’emploi du mot “transexuel” par la présentatrice. 

Élections américaines. Alors que le président n’avait pas encore été désigné, Ouest-France nous parle de la “vague historique de victoires des candidats LGBT+” à l’image de Sarah McBride, première personne ouvertement transgenre à remporter un siège au sénat d'un état des États-Unis.

Hypocrisie. Fêtard surprise d’une “lockdown party” gay, l’eurodéputé hongrois József Szájer, fervent opposant au mariage pour tous et figure de proue de la LGBTIphobie de l’État, a été appréhendé par la police belge alors qu’il tentait de s’échapper, à l’avant-veille de sa démission. 

Bientôt. Le Conseil des États suisse a approuvé le projet de loi pour le mariage pour tous. C’est l’une des dernières lignes droites, après 7 ans de délibérations.

Les news de l'AJL

Nos Travaux

Droits humains. Le 26 novembre, l’AJL a été auditionnée pendant une heure par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) dans le cadre d’un rapport national sur la lutte contre la haine et les discriminations anti-LGBT. 

Formation. Pour la deuxième année consécutive, Alice Coffin et Ingrid Therwath sont intervenues dans le cadre du cours "Sexuality and Society", assuré par Ilana Eloit-Seroussi à Sciences-Po. Pendant plus d'une heure, elles ont évoqué le traitement médiatique du mariage pour tous et la naissance de l'AJL en 2013, alors que les médias se faisaient souvent les porte-voix de l'homophobie ordinaire.

Marche des libertés. L’AJL était signataire des appels à manifester dans toute la France lancés par la coordination #StopLoiSécuritéGlobale.

L.E.S.B.I.E.N.N.E. “Nos désirs confinés” était le thème de l’émission de novembre de Gouinement Lundi. Cécile Strouk est revenue sur l’etymologie du mot “lesbienne” dans la chronique de l’AJL.

Vous êtes journaliste et vous souhaitez participer aux actions de l'AJL ? N'hésitez plus, adhérez dès aujourd'hui

Nos adhérent•e•s ont du talent

Chiffres. Si d’énormes progrès ont été réalisés ces dernières années, la récente épidémie de COVID-19 a rendu très compliqué, entre autres, la collecte de données épidémiologiques dans le champ du VIH/sida. Un article de Charles Roncier pour VIH.org.

Combats. Florian Bardou nous parle de militants LGBT et antisida qui demandent l’abrogation de règlements interdisant l’accès aux personnes vivant avec le VIH aux carrières militaires. Il nous présente également (avec des photos de notre adhérente Marie Rouge) un centre de santé sexuelle dédié aux gays à Paris (les deux confinements ont chamboulé le dépistage des IST et le suivi des patients séropositifs ou sous Prep) ainsi qu’un collectif de victimes qui se bat pour interdire les “thérapies de conversion”. 

Queens. À l’occasion de la sortie de la quatrième saison de The Crown, Anne-Laure Pineau est revenue sur la carrière de Gillian Anderson et s’est interrogée, en compagnie de l’actrice, sur la portée politique de ses rôles notamment dans la représentation bisexuelle. 

Queerbaiting. Yasmina Cardoze a écrit sur la série Supernatural qui, pendant dix ans, a appâté ses fans avec du sous-texte homoérotique et homoromantique (le “queerbaiting”) et vient de s’achever en perpetuant des stéréotypes homophobes (“bury your gays”).

Icône gay. Franck Finance-Madureira, interroge Anne Pauly, membre de l’AJL et autrice du roman Avant que j’oublie, qui montre que “Dolly Parton a tout de l’icône gay !”. Notre collègue a également interviewé Sébastien Lifshitz, réalisateur du documentaire Petite fille.  

Tuto militant. Dans le deuxième numéro de la revue Women who do stuff, Manon Walquan donne une série de pistes pour “prendre soin de nos grand-mères de façon féministe”. On y parle livraison de polars, réflexes d'auto-défense et mode anti-ennui.

No kids. Maëlle Le Corre a recueilli la parole de femmes pour qui la maternité n’a jamais été une envie, ni une priorité. Célibataires ou en couple, hétéros, bies, lesbiennes, elles assument leur non-désir d’enfants et racontent comment elles construisent une autre famille.

Podcast.Les femmes trans sont des femmes”, “Comment être un•e bon•ne allié•e des personnes trans” et “Pourquoi l’info va mâle” (avec notre Alice Coffin et en collaboration avec “Les couilles sur la table”) sont les trois nouveaux épisodes du podcast "Camille", de Camille Regache, à découvrir ! 

Lobby. Sur Radio Campus Paris, dans Le Lobby, Colin Gruel et son équipe explorent la galaxie LGBTI. Le 8 décembre, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le VIH/sida, ils recevaient le militant gay, séropo Fred Colby, également membre de l’AJL. En seconde partie, ils questionnent ce que l’Union Européenne peut faire pour les LGBTI, avec Silvia Casalino et Ilaria Todde, membres d’EuroCentralAsian Lesbian* Community.

Littérature. Hugo Lindenberg publie Un jour ce sera vide, un roman qui suit les vacances estivales d'un petit garçon avide de découvrir le monde des vraies familles. Récompensé par le Prix du Temps retrouvé.  

Et voilà, c’était la dernière NL de l’AJL de l’année. On se retrouve en 2021 et d’ici là, on vous souhaite de belles fêtes. Prenez soin de vous !

Et en attendant le mois prochain et un nouveau numéro, n'oubliez pas d'abonner vos consœurs et confrères : https://mailchi.mp/3425a12ba631/newsletter !
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