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L'Ernestine, la lettre d'Ernest !
- 17 janvier 2021 -
L'ÉDITO D'ERNEST 
Vive la fiction !
 
A n’en pas douter la littérature permet de bousculer la société, d’en briser les tabous et d’enclencher des débats salutaires. Quelques exemples : publié au début de l’année 2020, "Le consentement" de Vanessa Springora a soulevé l’incroyable scandale de l’impunité dont a bénéficié l’écrivain Gabriel Matzneff qui multipliait les relations avec des adolescentes fragiles qu’il maintenait sous sa domination. En ce début d’année 2021, c’est le récit de Camille Kouchner, « La familia grande » qui fait exploser la statue du commandeur, en l’occurrence celle d’Olivier Duhamel, juriste-commentateur-homme de réseaux, à la suite d’accusations d’inceste envers son beau-fils. Ces deux textes ont reçu un accueil très fort des lecteurs français probablement touchés par ces tragédies familiales. Tout cela est utile, important, salutaire et il est intéressant que ce soit par les livres que ces autrices décident de rompre le silence. Comme un symbole du pouvoir de cet objet si précieux que constitue le livre.

Toutefois qu'il nous soit permis d'émettre un bémol. Non pas sur le fond du propos. Non pas sur la forme de celui-ci, mais plutôt sur ce que la littérature est, et peut être. N'oublions pas que la littérature, les mots doivent aussi faire rêver, nous faire espérer, nous faire échapper au contexte anxiogène de crise sanitaire. Ils sont là pour nous décentrer, pour nous inviter au pas de côté, à la perte d'équilibre, à la flânerie, à la rêverie, à l'imaginaire, à l'inattendu comme source de beauté. Il est à craindre que les succès (mérités) des deux ouvrages précités n’incitent un peu trop les éditeurs à privilégier les récits personnels, terribles et tragiques, aux dépens de la fiction ou des romans permettant d’accéder à un peu d’espoir et de joie. Avouons qu’entre la dépression d’Emmanuel Carrère racontée dans Yoga et l’obsession de l’impuissance sexuelle d’un Houellebecq que ne soigne pas la « sérotonine », nous ne trouvons là que peu de remèdes efficaces à la mélancolie comme dirait Eva Bester sur France Inter.


Au fond, ce matin, c'est une forme de message aux éditeurs que nous avons envie de transmettre. Par pitié amis éditeurs, proposez-nous un peu plus d’humour, d’amour et d’espérance !

Le poète chilien Pablo Neruda écrivait : "Ils pourront couper toutes les fleurs. Ils ne seront jamais les maîtres du Printemps". "C'est doux la nuit de regarder le ciel, toutes les étoiles sont fleuries", renchérit Antoine de Saint-Exupéry.



Dans les moments si particuliers que nous vivons, jamais les écrivains n'ont été aussi importants, aussi centraux dans notre envie et dans notre besoin d'évasion. En effet, il n’appartient qu’aux écrivains et à leurs maisons d’édition de ne faire pousser les bourgeons de l’espoir et d’ouvrir les portes de nos imaginaires. Du Camus, du Gary, du Kessel, du Dumas, bref de la vie !
Des mots pour panser un peu nos maux. Homophonie facile, certes, mais qui résume ce qu'il nous faut collectivement espéré pour l'année qui démarre. Ce qu'il nous faut aussi dessiner ensemble. Ce pouvoir de la fiction, de l'ailleurs, de la mise en abime de nous-même, de cette incroyable force des personnages que nous aimons, qui nous inspirent et qui nous habitent. Quand Springora et Kouchner crient avec nous, tous les personnages de fiction sont là pour nous sortir de nous et nous emmener vers l'autre. Même celui que nous exécrons. C'est là le pouvoir de la littérature. C'est là son rôle, c'est là que nous avons un besoin viscéral d'elle. "Le problème avec la fiction, c’est qu’elle a trop de sens. La réalité, elle, n’en a jamais," résumait d'ailleurs Aldous Huxley. Comme une réponse à ce que nous vivons. A ce qu'ont vécu Springora, Kouchner et tous ceux et toutes celles qui n'écrivent pas : une réalité qui n'a pas de sens.
D'ailleurs, l’incroyable succès populaire du prix Goncourt 2020 "L'anomalie" d'Hervé Le Tellier atteste également de l’envie du public pour une littérature qui ne brode pas uniquement sur les malheurs familiaux et les états d’âme artistiques mais qui oblige le lecteur à partir ailleurs. Loin de lui-même. Pour aller vers l'autre.

Bon dimanche,

PS :
Peut-être l'avez-vous lu ici ou là.
David Medioni, fondateur d'Ernest, publie cette semaine un livre "Être en train. Récits sur les rails".
Réflexion sur la place du train dans nos vies, et dans notre société, mais aussi sur les joyeuses multitudes humaines, le livre sera en librairie le 21 janvier.

Vous pouvez en commander en exclusivité seulement 20 exemplaires ici. Il vous sera livré avec une dédicace. Ou le réserver et le demander avec insistance à votre libraire dès cette semaine.

PAGE BLANCHE, IDÉES NOIRES

Et si la page blanche n’était pas si blanche que cela ? Et si elle était transparente ? Assez parlé du privilège de la page blanche, ce mythe littéraire tenace et limité. Paul Vacca le noircit, et lui donne des couleurs. Sublime !

C'est par là

"LE ROI DES CONS"
Ce mois-ci Jérémie Peltier, pour vous faire rire et sortir du marasme de la rentrée de janvier qui nous épuise, s'intéresse à la figure du "rois des cons". Pas toujours celui que l'on croit. Et il nous livre, aussi, une délicieuse et poétique exclusivité.

On vous en dit plus par là.

 
LE POÈME

Toi là
Regarde-moi bien
mes yeux te crient
de t'y plonger

regarde-moi bien là
ma bouche te voit
ravaler ta salive
tu n'oses pas m'enlacer

avale-moi


englobe mes histoires
suce bien mes grimoires
j'ai besoin qu'on me vide
de mon essence amère

c'est beau
les corps qui se reconnaissent

des mois
des années
rien

et soudain

la rafale

 
"Des frelons dans le coeur",
Suzanne Rault-Balet
DOUBLE PEINE

Ce mois-ci, Tanguy Leclerc a été happé par la couverture d'un livre qui nous embarque ailleurs. Quand le ramage et le plumage s'assemble, cela donne un beau livre. Il nous raconte cette belle lecture, et bien plus encore.

C'est ici

DINGUE DE CE VIOLON !
Nouveau roman de Marie Charrel, une autrice soutenue depuis longtemps par Ernest. Encore un très beau livre. Incandescent. Sur les corps comme outils de nos résistances.

C
'est ici.

POUR NE PAS VOUS ENNUYER, ABONNEZ-VOUS !


Vous êtes nombreux à avoir découvert Ernest avec la chronique "Vous nous faites chier" de Jérémie Peltier suite à l'attentat de Conflans. Du coup, on vous en dit un peu plus sur le pourquoi du comment d'Ernest et sur votre soutien qui est crucial pour nous. Merci à vous tous et toutes.
C'est là.
C'est la nouvelle d'année !
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J'en profite !
Bonnes lectures et à la semaine prochaine !
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