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Tout d'abord…

Fier comme un coq

Il commençait à nous manquer : on a retrouvé l'ami Cédric O arborant un coq rouge sur son veston pour annoncer en fanfare les heureux élus du fleuron de la tech française. Attention les mirettes. Chaque année, l'indice intitulé « Next40-FT120 » (limpide !) récompense « la dream team de la French Tech », à savoir une ribambelle de « proptech », « adtech » « agences d’interim digitales » et autres entreprises récemment épinglées par le compte #balancetastartup (Qapa, Iziwork, Swile, Meero entre autres). Pas peu fier, le camarade O s’est fendu d’un meme pour saluer l’exploit des frenchies… à qui on souhaite bon vent, évidemment !

Au niveau européen, l'actualité est un chouïa plus sévère. En quelques jours, la célèbre commissaire à la concurrence Margrethe Vestager a rhabillé les GAFA pour l'hiver, avec à ma gauche l'éternel retour de la taxe numérique, à ma droite un remontage de bretelle d'Apple en bonne et due forme, et au centre un gentil tacle à la gorge de Google et Facebook. Deux salles, deux ambiances.

La pathologie de la semaine

Petits écureuils et « digital hoarding »

Tels de petits écureuils, certains de nos congénères ont la fâcheuse tendance à accumuler tout et n’importe quoi (vêtements, livres, bibelots de toutes sortes…). Fort heureusement, Marie Kondo est passée par là et a remis une bonne partie d’entre nous dans le droit chemin ! Cependant, qu’en est-il de notre syllogomanie (c’est comme ça qu’on appelle cette pathologie) concernant nos « possessions numériques » ? En effet, certains accumulent des dizaines de milliers de mails et des millions de fichiers (images, films, memes…) qu’ils ne regarderont ni n’écouteront jamais sur leur ordinateur, ou sur de vieux disques durs ou smartphones qui se retrouveront tôt ou tard à la poubelle. Parfois, c’est pour la bonne cause : un long article d’Ars Technica nous dévoile des « hoarders » qui se sont mis en tête de digitaliser tout et n’importe quoi, des émissions de variété des années 60 jusqu’à des livres obscurs ou des musiques de films inconnus. Se retrouvant notamment sur ce subreddit, ils s’échangent des liens et des conseils sur comment sauvegarder le maximum de données.
 
Pourtant, le « digital hoarding » est considéré par les spécialistes en psychologie comportementale comme un véritable trouble obsessionnel compulsif. L’anglais Nick Neave, professeur à l’Université de Northumbria, a réalisé plusieurs études et dirige même un groupe de recherche sur le sujet. Dans un article de The Conversation, il nous explique qu’il y a quatre types d’accumulateurs numériques (on vous invite à réfléchir dans quelle catégorie vous vous trouvez) :
  • Les collectionneurs : organisés, méthodiques, ces « control-freaks » accumulent des données bien précises (comme les redditors cités plus haut).
  • Les accumulateurs « accidentels » : désorganisés, ils ne savent pas vraiment combien de données ils stockent. Typiquement le genre à avoir 1000 fenêtres ouvertes en continu dans leur navigateur. 
  • Les accumulateurs « sur demande » : ils conservent le maximum de données pour ne pas se retrouver dans une situation compliquée par rapport à l'entreprise qui les emploie.
  • Enfin, les anxieux, qui ont développé des liens émotionnels forts avec leurs données qu’ils vont parfois même jusqu’à anthropomorphiser (c'est rare, il s’agit une pathologie plus souvent réservée à ceux qui accumulent des animaux ou d'autres êtres vivants).
Une enquête menée en 2019 révèle qu’une majorité de gens n’effacent aucune de leurs données professionnelles par peur d’en avoir besoin un jour. C'est évidemment totalement contre-productif : les serveurs utilisés pourraient être très largement allégés, et les données qui trainent peuvent également fuiter plus facilement, sans parler des conséquences environnementales pas tip top… Heureusement, il y a des solutions. Il faut déjà commencer par se poser quelques questions sur ces collections de mails ou de photos/dossiers en tout genre sur son iCloud. Surtout quand on sait que, d’après Stephen Hawking, les informations et données échangées par l’humanité toute entière se retrouveront inexorablement stockées pour l'éternité dans un trou noir, pourquoi conserver des emails non lus d’il y a 4 ans, hein ?

La bullshit-quote du jour

« Sur tout ce qui est formation soft skills, on remplace le e-learning par du e-doing » 

On le sait : le monde de l’entreprise est, doucement mais assurément, en train de perdre pied. Et si certains font le choix audacieux des emojis au travail pour remonter le moral des employés – d’autres, comme Alexia Cordier, leur préfèrent la révolution du « e-doing », à savoir « le passage à l’acte par le digital ». Voilà qui promet ! Car, les flemmards qui zonent sur leur tableau excel, Alexia en a tout bonnement ras la casquette. « On répond à deux pains : le ROI des programmes, et le désengagement des collaborateurs » déroule-t-elle. Et sa solution miracle pour secouer les mollassons se prénomme Fifty : une plateforme qui soumet des « micro-actions individualisées » aux travailleurs… en lien, évidemment, « avec les objectifs du groupe ».

Concrètement, il s’agit d'envoyer des petits messages fleuris aux employés, tels que « aujourd’hui, partage ton échec du mois avec ton équipe » ou encore « aujourd’hui, demande un retour sur la qualité de ton engagement », et l’indispensable « aujourd’hui, dis bonjour à ton équipe » ! Avec en prime, une petite médaille si le défi est réussi. Une vraie disruption de la bonne vieille gommette donc, grâce à une savante « combinaison de nudge et d’algorithmes apprenants »… Tout ça pour ça !
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Le vaurien de la semaine

Le Lex Luthor de l'Internet, vraiment ?

Ces dernières semaines, la mode était au « deplatforming », le fait de tout bonnement retirer certaines personnalités ou organisations des grandes plateformes. De son côté, Rob Monster en a fait un business très lucratif (et avec un tel patronyme, il était prédestiné à poursuivre une carrière de super-vilain !). Voilà déjà plus de 10 ans qu’il a créé Epik, une entreprise d’hébergement et de noms de domaine qui s’est fait une spécialité dans l’hébergement de sites d’extrême-droite. Plus largement, Epik prend régulièrement la défense de personnalités ou services peu recommandables, comme Gab (réseau social fréquenté par le tueur de l’attentat de Pittsburgh), Infowars, Parler (banni par AWS), et même 8chan… Si beaucoup s’offusquent de ses prises de position, Monster a quant à lui l’air de s’en délecter : « Si vous aviez besoin de caster un méchant pour incarner le Lex Luthor de l'Internet, Rob Monster est probablement le meilleur choix » roucoule-t-il fièrement aux oreilles des médias américains. Se défendant d’être un idéologue, il estime qu’il faut simplement donner la parole à tout le monde et affirme se battre de toutes ses forces contre la « cancel culture ». Ce qui ne l'empêche pas de complimenter chaudement David Duke… Bon. Une chose est certaine : pour ce qui est du business, l’ancien diplômé en économie a la tête bien sur les épaules. Comme il l’expliquait il y a une dizaine d’années, les noms de domaine, « that’s where the money is »

Et au moins un truc intéressant
(c'est pour ça qu'on le met en gros)

« Startupland, ce parc de bureaux où les employés évoluent dans un environnement hostile composé de mobilier connecté et de poufs poires recouverts de peaux de mouton – le tout orchestré par des chief happiness officers qui leur proposent des cours de sculpture sur glace en guise d’afterwork – serait le fossoyeur de la rencontre. Et ce, malgré son statut d’épicentre de l’amour. »

Vous venez de lire un extrait de Nos coeurs sauvages, merveilleuse enquête de France Ortelli sur nos amours modernes et les « monstres algorithmiques » qui les accompagnent. De la Silicon Valley à la France, elle tente de saisir la complexité des nouvelles règles du jeu amoureux sans pour autant basculer dans la critique un brin facile de la marchandisation de l'amour et des applis de rencontre. Pour elle, nous sommes au contraire « dans une ère néoromantique » dans laquelle nous nous comportons « comme des Alfred de Musset se torturant à l’infini sur l’écriture de textos, pour des amours souvent improbables, parfois impossibles. »


Et parce que son bouquin en est truffé, on vous offre une dernière punchline pour la route : « À force d’objectiver l’autre, on l’a réduit à des détails superficiels. Et souvent, on finit par procéder par élimination : 1) Le métier ; 2) Les blagues de son profil ; 3) L’apparence physique. Pour au final en arriver à ghoster à peu près tout le monde. » Sur ces sages paroles, on vous envoie des brassées de fleurs et de bisous : bonne lecture, et bonne fête des amoureux !

Merci d'avoir perdu 5mn.

À jeudi prochain !



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BONUS : Les épinards peuvent désormais envoyer des mails - Lego fait des playlists ASMR sur Spotify - Une photo de fleur reçoit des millions de requêtes par jour, et personne ne sait pourquoi - Aux US, une ruse musicale des policiers pour bloquer la diffusion de vidéos sur Instagram - « Je ne suis pas un chat » : un juge texan bloqué sur son filtre Zoom - Adrien Taquet et Cédric O s'engagent pour lutter contre l'exposition des enfants au porno en ligne - Sur la même thématique, cette formidable personne a eu une idée plus surprenante - La suite la semaine prochaine !

Sans la liberté de trasher, il n'est point d'éloge flatteur.

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