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Super Follow sur Twitter :
l'opportunité des réseaux sociaux premium
 

Super Follow débarque (très bientôt), Twitter devient premium. L’idée a été empruntée à Patreon, Twitch, OnlyFans ou encore plus récemment à Substack : monnayer un abonnement mensuel à un compte pour avoir accès à du contenu exclusif, tel que, ici, une newsletter, un badge supporter, une page communautaire, des bons plans, etc. Bien plus qu’une nouvelle source de revenu pour le réseau social à l’oiseau bleu (qui y prélèvera 5% du montant), cela pourrait très bien l’être aussi pour les médias d’information.

Encore aujourd’hui, les réseaux sociaux traditionnels représentent un coût pour les médias. Certaines plateformes nécessitent même beaucoup de ressources pour produire du contenu gratuit (Snapchat, Instagram, TikTok, Youtube, etc.). Mais au fond, tout cela n’est qu’une vitrine, une nouvelle façon de se mettre en avant avec - in fine - le but de faire basculer une audience sur les réseaux sociaux en abonnés payants, à court et/ou long terme.

En cas de succès, Super Follow risque peut-être d’ouvrir une brèche pour les contenus payants sur toutes les autres plateformes. Cela permettrait aux médias d’enrichir leurs offres et de répondre de manière plus qualitative et diversifiée à la demande de lecteurs qui s’informent quasi-exclusivement sur les réseaux sociaux.

De nouveaux médias, incarnés ou non, pourraient apparaître, sans devoir nécessairement passer par la publicité ou une solution tierce pour se rémunérer. D’autres déjà présents pourraient aussi se renforcer, comme FlashTweet d’Emmanuelle Leneuf, que nous recevons cette semaine.

Antoine Couillaud

🎙️ Représentation des femmes dans l'audiovisuel : Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a publié jeudi dernier son rapport annuel sur la représentation des femmes à la télévision et à la radio. En 2020, la part des femmes présentes à l’antenne n’a pas progressé et s’est stabilisée à 41 %. Le temps de parole reste aussi inférieur au taux de présence avec seulement 35 %.

✍️ « Gender editors » : Depuis quelques années, plusieurs rédactions ont suivi les pas du New York Times en nommant des « gender editors ». La Revue des Médias (INA) revient sur ce poste pas comme les autres à travers cinq rédactions à travers le monde, cinq rédactions qui ont engagé des responsables éditoriales des questions de genre.
 

📺 Droit TV : Canal+ a déboursé près de 455 millions d’euros pour conserver les droits audiovisuels du Top 14 jusqu’en 2027. La valorisation de la compétition atteint 113 millions d’euros par saison, un record.
 

Augustin François-Poncet

Après les dernières annonces de Twitter sur ses fonctionnalités à venir (Spaces, Communities, Super Follow), Emmanuelle Leneuf, créatrice du média 100% Twitter, FlashTweet, explique ce que ces changements représentent pour les créateurs et les utilisateurs. 

Vous avez fondé un média 100% Twitter, FlashTweet, d’où l’idée est-elle venue ?
J’ai créé la matinale digitale de Twitter sur la transformation numérique pour répondre à la double problématique que rencontrent les internautes : l’infobesité et la Fomo - the fear of missing out (concept caractérisant la peur de louper un évènement si l'on n'est pas connecté, ndlr). Depuis 2015, le FlashTweet publie tous les matins, à 7h30, les dix informations à ne pas rater sur l'innovation et le numérique. FlashTweet permet à tous ses abonnés de partir au travail en étant bien informés sur les mutations liées aux nouvelles technologies.

Aujourd’hui, avec 57 000 followers, comment ça se
passe ?
FlashTweet a tout de suite été un média fédérateur, créateur de lien, qui est né par et pour la communauté. Cette communauté est constituée de décideurs, d'influenceurs, d'experts du numérique et de la transformation numérique. Plusieurs mouvements collectifs sont nés grâce au FlashTweet comme #i4emploi, un hashtag qui permet de donner de la visibilité à certains postes spécifiques pour les demandeurs d’emploi, les #DigitalLadies qui promeut la place des femmes dans la tech ou #FlashTweetEdu qui vise à sensibiliser les jeunes à l’information et à l’usage des réseaux sociaux.

Twitter a annoncé de nouvelles fonctionnalités à venir : les Super Follow - un outil qui permettra à des internautes de s’abonner à certains profils, les Communities - espace collectif sur le modèle des groupes Facebook, ou Spaces - un projet audio du type Clubhouse. À quoi ressemblera le Twitter du futur selon vous ?
Ce sera un réseau social d'information conversationnel, mais augmenté avec une présence au premier plan de la voix, soit à travers les tweets vocaux, soit à travers les Spaces, les salons de discussion façon Clubhouse. Dans le futur, Twitter ressemblera à l'agora d'aujourd'hui, où coexisteront des comptes personnels, des comptes d’entreprises avec des fonctionnalités spécifiques, des groupes de discussion grâce aux Communities et des comptes hybrides pour les artistes/influenceurs disponibles sur abonnement avec les Super Follow.

Derrière ces annonces, Twitter a-t-il des volontés de transformer son modèle économique ?
L'arrivée du payant est un tournant pour Twitter, soit avec les Super Follow, sur lesquels il prélèvera une commission soit avec la mise en place d'un TweetDeck payant pour les professionnels qui utilisent plusieurs comptes simultanément. Ce nouveau modèle est devenu nécessaire à cause du recul des dépenses publicitaires ces derniers mois mais aussi parce que Twitter n'a jamais réussi à mettre en place un modèle aussi puissant que celui de Google et de Facebook dans ce domaine. Le réseau social a aussi besoin de booster ses revenus pour respecter ses objectifs de rentabilité. D'ici 2023, Twitter prévoit de générer 7,5 milliards de chiffre d'affaires annuel. 

Quels avantages ces fonctionnalités présentent-elles pour les créateurs de contenus ? Et pour les utilisateurs ?
Les créateurs pourront grâce aux Super Follow créer un lien plus fort avec leurs fans en leur proposant du contenu premium et exclusif sous la forme d'un abonnement mensuel. Des fonctionnalités d'e-commerce vont aussi être intégrées avec un bouton Shop, comme c’est le cas sur Instagram ou TikTok. Cela va profondément changer le paysage de Twitter. L'enjeu sera de ne pas perdre son ADN de plateforme conversationnelle et d'espace citoyen, en évitant l'écueil d'un Twitter à deux vitesses.

Envisagez-vous d'utiliser ces nouveaux outils dans vos projets sur Twitter ?
Avec la voix, on est plus attentif au fond qu’à la forme des échanges (versus la vidéo) et cela m'intéresse. Pour le reste, je suis en train de réfléchir, mais cela ouvre de belles perspectives pour les créateurs de contenu et les médias, que cela soit à travers les Communities qui permettent de resserrer les liens ou les Super Follow pour générer de nouveaux revenus. Cette fonctionnalité pourrait me permettre d'accompagner le lancement d'une newsletter, qui était déjà un de mes projets pour 2021.
                                      

Propos reccueillis par Manuela Mancheno

Ad-Dabbour,
le Charlie Hebdo libanais
sur les réseaux sociaux
 

• L’actu : au Liban, cette semaine, le taux de la livre libanaise s'est effondré. Après des mois de manifestations, la population plonge encore un peu plus dans la pauvreté. 

  « Même si le pays est au bord du gouffre, je suis convaincu que la caricature reste une arme ». - Joseph Moukarzel, rédacteur en chef

•  Un chiffre : 11 000 abonnés sur sa page Facebook. Le journal satirique arabophone Ad-Dabbour (« le frelon » en français) caricature la vie politique du Liban. C’est maintenant grâce aux réseaux sociaux que le média continue de diffuser ses dessins.

• Pourquoi c’est important ? Ces caricatures se moquent ouvertement et librement de la classe politique libanaise en place depuis des décennies et accusée de clientélisme et de corruption. 

  « Nous sommes assez suivis car aujourd’hui un dessin est plus efficace que des centaines de mots ». - Joseph Moukarzel, rédacteur en chef

•  La diffusion papier du journal s’est brutalement arrêtée à l’automne 2019, lors des manifestations dans le pays. Joseph Moukarzel investit lui-même dans ce journal à l’histoire familiale. 

 « Grâce à Facebook et Instagram, nous continuons d’avoir de la visibilité. Pour le moment, nous ne tirons aucun revenu des publicités des réseaux. Si cela doit se faire, nous réfléchirons à la manière de procéder car notre indépendance est notre priorité ». - Joseph Moukarzel, rédacteur en chef

• Aucune censure : Ad-Dabbour n’a jamais été censuré malgré quelques procès. Les réseaux sociaux n’ont encore jamais restreint leurs publications. L’occasion d’attirer un public jeune et de faire entendre la colère des Libanais.
   

  Margaux Vulliet

À vous de choisir !
La prochaine fois, et si on parlait de...

1) Google, qui veut arrêter l'utilisation des cookies en 2022. Le géant du numérique s'est engagé le 3 mars dernier à ne pas développer de nouveaux trackers. Le monde de la publicité et du ciblage commercial tremble.  Cliquez ici (1)

2) Spectre, la nouvelle plateforme de podcasts engagés qui veut sonner la révolte en format audio. Soutenue par Acrimed, elle donnera la parole aux « sans-maîtres ».  Cliquez ici (2)

3) Les rencontres de l'innovation éditoriale 2021. Du 1er au 12 mars, des professionnels du journalisme, de la communication et de la culture se rencontreront en ligne pour penser les médias de demain.  Cliquez ici (3)