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Bonsoir à toi,

cette semaine, j’étais en formation au CREFAD à Lyon, et c’était un plaisir immense de retrouver une posture d’apprenante, un espace d’exploration autour d’un thème que j’avais toujours abordé de manière assez instinctive mais sans jamais creuser plus que ça : la lecture à voix haute. Bonheur, donc, de prendre quatre jours pour défricher ça plus largement, pour expérimenter sur nos façons de mettre en mots et en voix romans, récits, poésie contemporaine et essais, de lire en orchestre (!), de tisser des textes ensemble, de faire en sorte de mettre le texte debout tout en se tenant derrière lui. Grande plongée dans le faire ensemble, parsemée de découvertes et de redécouvertes de textes riches, beaux, importants.

De ces quatre jours qui vont tranquillement décanter et dont je vais pouvoir implémenter des choses dans ma pratique d’ateliers et de formation, je voulais déjà partager à toi une image que notre formatrice, Claire Terral (merci infiniment Claire !), a donnée et que j’ai trouvée extrêmement parlante.

En atelier, je mets tellement d’attention à ce que les participant·e·s ne commentent pas leur texte en amont que fréquemment, ça les rattrape juste après : leur lecture à peine terminée, ils et elles rajoutent un « voilà », « c’est tout », ou bien « et là, je n’ai pas eu le temps de finir », ou encore « bon je me rends compte que ce n’était pas clair. » (Qu’on ne se leurre pas, ce ne sont jamais des éloges envers le texte en question.) À chaque fois, ça me fait bondir : j’ai l’impression d’être au cinéma quand on rallume les lumières alors que le générique n’est même pas terminé et que j’ai les joues encore ruisselantes de larmes (passion #pleurerdevantdesfilms). C’est beaucoup trop tôt. Au point que le « bon je me rends compte que ce n’était pas clair » pourrait être une phrase du personnage qui était en train de parler et non pas celle de son auteur·rice.

Commenter très vite, c’est une façon de prendre la distance avec ce qu’on a écrit. On vient de lire, on est un peu gêné·e, on n’est pas forcément très content·e du résultat, on a bien senti que c’était bancal, et on le dit soi-même peut-être pour éviter que d’autres ne le pointent, pour dire que c’est bon, on a capté que ce n’était pas parfait. C’est une manière très efficace de se couper de la vulnérabilité que représente le fait d’offrir un texte tout juste sorti à un groupe d’inconnu·e·s. Sauf que pour celles et ceux qui écoutent, c’est très (mais alors vraiment très très) frustrant.

Claire a donc utilisé cette image d’un pianiste qui plaquerait le dernier accord de son morceau et qui, du même mouvement, alors que les notes résonnent encore, rabattrait le couvercle de son clavier. BIM. Vous étiez venu·e·s pour un concert ? Eh ben voilà, vous l’avez eu, rentrez chez vous maintenant, circulez y a rien à voir. J’ai adoré cette image du pianiste. Je l’ai vu, sur scène, presque se refermer le piano sur les doigts, se les y coincer, couper court à la dernière note.

Peut-être que ça peut arriver occasionnellement. S’il y a une vraie intention au service du texte derrière, un jeu peut-être, une recherche d’effet comique. Mais la base, c’est : laisser la dernière note avoir lieu tranquillement. Et c’est pareil quand on lit. Une invitation à permettre au texte de finir, à lui accorder toute la place dont il a besoin, à rester à son service jusqu’au bout. À considérer que ce silence-là fait aussi partie du texte en question.

Et toi, à quel endroit tu ne laisses aucune place au silence ? Qu’est-ce qui se passerait si tu ouvrais un peu plus cet espace-là ?

À bientôt,
Amélie

Et puis quoi encore ?


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Je m’appelle Amélie, et mon but, c’est de donner aux gens des outils pour qu’ils s’approprient la langue à leur manière.

Je fais ça principalement en animant des ateliers d’écriture créative pour toutes et tous et en enseignant le français comme langue étrangère.

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Amélie Charcosset · c/o neonomia · Rue Prévost-Martin 21 · Genève 1205 · Switzerland