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Tout d'abord…

Badass Biden vs Big Tech

Il pète le feu, Sleepy Joe ! En pleine croisade pour un taux minimum d'impôt sur les sociétés à 21 %, le président américain sème la zizanie chez les Big Tech, d'ordinaire plutôt enclins à multiplier les acrobaties fiscales. Vous n’êtes pas sans le savoir : en Europe, c’est en Irlande que Google et consorts ont élu domicile, où ils bénéficient (entre autres cadeaux) d'un taux d’imposition de 12,5 %. Or avec le projet de Joe Biden, nos chers phobiques fiscaux devront payer 12,5 % à l’Etat irlandais et 8,5 % supplémentaires aux Etats-Unis (la différence avec 21 %). Autant dire que le Tigre celtique n'est pas franchement enthousiasmé par l'idée…
 
Depuis plus de 5 ans, l’UE tente par tous les moyens de faire payer leurs impôts aux géants du numérique (ce que Tim Cook qualifiait d'ailleurs de « foutaise politique »), sans grand succès. Et si depuis toutes ces années l'Europe n'a pas réussi à imposer une forme de convergence fiscale, il semblerait bien que les États-Unis soient en passe d'y parvenir en quelques mois seulement… Well done ! Reste maintenant à savoir si l’Irlande restera une destination de choix pour Google, Airbnb, Facebook, Microsoft, Apple, Stripe, qui on l’imagine, apprécient (avant tout) la Guinness et les moutons !

La bonne nouvelle de la semaine

Non, la Singularité n'arrivera pas !

Si vous vous intéressez un tant soit peu à l’IA, vous avez forcément déjà entendu parler de la « Singularité », ce moment magique (ou pas) où l’intelligence de la machine dépasserait celle de l’homme, et la laisserait rapidement sur le bas-côté de la route, telle celle du singe pour nous. On nous a bassinés pendant des années avec la peur de l’arrivée imminente d’une super-IA, certains en ont même profité pour écrire des ouvrages entiers expliquant qu’il fallait craindre une menace dévastatrice (on citera notamment le très sérieux professeur à Oxford Nick Bostrom, ou encore l’américain Ray Kurzweil, dont la carrière entière repose sur des annonces chocs d’un éventuel grand soir de l’IA, régulièrement décalé). Dans un long papier publié par le New Yorker (« Why computers won’t make themselves smarter », ici), l’auteur de SF Ted Chiang prend le problème à rebrousse-poil, se basant sur l’une des toutes premières définitions de « super-intelligence », énoncée en 1965 par le statisticien Irving John Good « Définissons une machine ultra-intelligente comme une machine qui peut dépasser de loin toutes les activités intellectuelles d'un homme, aussi intelligent soit-il. La conception de machines étant l'une de ces activités intellectuelles, une machine ultra-intelligente pourrait concevoir des machines encore meilleures ; il y aurait alors incontestablement une "explosion de l'intelligence", et l'intelligence de l'homme serait laissée loin derrière. ». Une argumentation « ontologique » que l’ami Chiang compare à celle utilisée par Saint-Anselme de Cantorbéry pour prouver l’existence de Dieu (en gros : Dieu est parfait -> sa perfection ne pourrait pas être complète sans le fait d’exister -> Dieu existe). Et qui, selon Chiang, est la (fausse) base sur laquelle repose l’idée même de cette Singularité.

De façon très pragmatique, quel serait le chemin le plus simple qui nous amènerait vers cette « explosion de l'intelligence » ? Une connaissance plus avancée de notre cerveau pourrait nous y aider, mais elle reste pour l’instant extrêmement limitée (nous comprenons par exemple à peine le fonctionnement des 302 neurones du petit ver d’un millimètre C. Elegans). Mais il y a surtout ce concept, fondamental, de « l’auto-amélioration récursive », sur lequel se basent tous les scenarii de super-IA : cette capacité de l’intelligence à s’améliorer à une vitesse exponentielle. Et c’est bien là que le bât blesse ! En effet, une intelligence ne porte pas en soi la capacité de « s'augmenter » à vitesse grand V. Si c’était le cas, nous devrions pouvoir faire grimper notre QI assez facilement, pourtant on voit bien que cela ne fonctionne ni chez les QI les plus bas, ni chez les QI élevés (l’homme le plus intelligent du monde ne voit pas son QI augmenter en flèche année après année). Et quand on passe en revue les IA existantes (qu’elles codent, jouent aux échecs ou trient des paquets) : elles peuvent être imbattables dans leur domaine, apprendre encore et encore, et battre l’humain à plates coutures. Mais cela ne fera pas d’elles des dangers pour l’humanité pour autant. Ouf, on a eu chaud !

La bullshit-quote du jour

« Notre mission de freedom planners s'incarnera dans notre promesse : Club Med, l'esprit libre. »
N’allez pas dire à Quentin Briard que la Covid-19 est un problème : « On a gagné 5 ans en digital » assène-t-il, prêt à attraper toutes les bonnes opportunités en plein vol. Car le directeur Global Marketing, Digital & Technologies du Club Med, n’est pas du genre à se laisser impressionner pas un petit virus, quand bien même celui-ci mettrait toute son industrie à terre ! Et pour nous redonner le goût des buffets à volonté, le boss de vos vacances rêvées a une botte secrète : la stratégie du « Happy Digital ». Chic ! 

C’est bien simple : « workation », « change management »,  « open codir », « symétrie des attentions entre les roadmaps digitales et collaborateurs » : toutes les recettes sont bonnes pour nous convaincre de renfiler nos tongs. Car il faut bien dire que le vent a tourné : « on est passés de la relation client à la considération client »Une telle punchline, ça mérite bien quatre tridents !

L'innovation inutile de la semaine

L'IA poseuse de faux cils

Après le robot-barbier et le robot-coiffeur, la start-up californienne Luum a un objectif en tête : celui de démocratiser les robots poseurs de faux cils. La belle affaire ! Pour Philippe Sanchez, son PDG (et ancien DG de Starbucks France), la crise sanitaire est une super opportunité pour faire du business : « tout ce qui est au-dessus du masque est central dans la perception de la beauté. Aujourd’hui, ce sont les yeux qui font la différence ». Après les caramel macchiatos, Phil compte donc bien s’attaquer aux cils des femmes à coup de « robotique, intelligence artificielle et machine learning ». C'est trop d'honneur !

Le principe de la machine est simple : un fauteuil « digne d'un vol en première classe » et un bras robotique qui s'efforce de tremper les faux cils dans un adhésif avant de les coller aux cils existants… Sans déraper ? Pour celles et ceux que les recourbes-cils font frémir d’horreur, passez votre chemin – pour les autres, il vous faudra débourser 125 000 dollars (oui oui) pour acquérir ce petit bijou esthétique. Une broutille !

Et au moins un truc intéressant
(c'est pour ça qu'on le met en gros)

« L’image a été investie par le nombre. Ce qui importe n’est plus le contenu de l’image, mais le nombre de fois qu’une image a été visionnée. »

« Si quelqu'un passait 80 années de sa vie sans dormir à visionner Instagram uniquement, il ne pourrait voir que l'équivalent de ce qui est diffusé sur la plateforme en 7 minutes. » Et paf ! C'est le constat fait, sur France Culture, de la critique d'art Annie Le Brun pour illustrer le bouleversement de notre rapport à l'image, alors que toutes nos activités, du cours de sport aux réunions Zoom, se réalisent aujourd'hui à travers elles.

Dans les années 30, le philosophe Walter Benjamin conceptualisait la perte de « l'aura » de l'image avec l'avènement de la photographie. Pour Annie Le Brun nous ne sommes plus dans cette ère de la reproductibilité technique de l'image telle que décrite par Benjamin, mais dans celle de la distribution. En clair : ce qui importe désormais n’est plus ce qui est représenté par l'image, mais sa capacité à être diffusée et quantifiée… À vos likes !

Merci d'avoir perdu 5mn.

À jeudi prochain !



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