Le risque de déconnexion:
la résurrection du Christ change tout
 

Tout avait commencé par une rumeur. C’était après la mort de Jésus, le premier jour de la semaine (Jn 20, 19). Les femmes revinrent du tombeau en disant qu’elles n’ont pas trouvé son corps. La rumeur s’est répandue au sein du groupe des disciples. Elle fut confirmée par les apparitions et des témoignages qu’il était vivant, lui Jésus, le crucifié. La rumeur s’est transformée en kérygme et, ainsi, le cours de l’histoire fut bouleversé. Voilà que les disciples apeurés se sont transformés en irréductibles témoins de la résurrection. Pour eux, la résurrection du Christ change tout. La mort du Christ n’était pas la fin de l’histoire. La résurrection du Christ pousse à rester fermement attaché à Dieu qui n’abandonne pas les siens.

Mais qui est ce Jésus crucifié que Paul déclare toujours vivant ? En ce dimanche, Jésus ne nous parle pas seulement de Lui, mais aussi de nous : « Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments » (Jn 15, 5). Nous sommes les sarments qui ne peuvent porter des fruits que s’ils demeurent sur la vigne. Un sarment qui se détache de la vigne s’assèche et meurt en quelques jours. Même rattaché, s’il ne se nourrit plus de la sève, il s’assèche. La connexion au ressuscité, celui qui a vaincu la mort, nous fait communier à sa vie. La résurrection du Christ devient le gage de notre foi.

À l’évidence, par le baptême, le chrétien est uni au Christ (Rm 6, 3). Toutefois, le baptême ne suffit pas, il faut perdurer dans cette union, il faut rester en communion et communication permanente avec lui pour porter des fruits. La question n’est pas de savoir si nous avons une relation avec le Christ mais si nous demeurons dans cette relation. Il est question de persévérance et de fidélité. Il s’agit d’une relation permanente et non d’une relation d’occasion. Bien entendu, il ne s’agit pas de naître, de grandir et de mourir dans la sacristie, la tête baissée vers le tabernacle. Il s’agit de vivre dans l’intimité de Jésus et la familiarité avec Jésus qui nous procure un nouveau un style de vie : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature » (2 Co 5, 17). Par la résurrection du Christ, notre existence ne peut plus être la même, nous devenons une nouvelle création.

Au demeurant, vivre en ressuscité, c’est donc rester attaché au Christ, ou, pour utiliser un langage contemporain, de rester connecté, ne jamais perdre le réseau. Comment demeurer en Jésus ? Il s’agit de vivre dans l’amour : « Celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui » (1 Jn 4, 16). En plus d’aimer, il s’agit aussi de garder la Parole : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure auprès de lui » (Jn 14, 23). Ceci passe aussi par la pratique sacramentaire, notamment l’eucharistie : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, comme moi en lui » (Jn 6, 56).

Il y a un double risque à éviter : le risque de vouloir s’en sortir seul, sans Dieu : « Sans moi vous ne pouvez rien faire. » Ainsi, les seuls efforts humains ne suffisent pas pour porter du fruit. Le risque de la déconnection avec Dieu, dans le tourbillon quotidien de notre existence qui nous exténue, nous fait sombrer dans la tristesse, le découragement. Or la résurrection du Christ change tout. Le mal n’aura jamais le dernier mot. Nous pouvons alors vivre dans la sérénité et l’espérance. La clé, c’est de rester connecté.
 

Père Jean Isidore Nkondog
jinaveritas@yahoo.fr