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Samedi 29 mai 2021

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Mon espace très perso

Salut <<First Name>>,

It's time to dance : ta Friteletter est là ! Ce mois-ci, on s'attaque à un sujet pas très lolilol et dont on parle peu : la vente d'armes en France. On s'installe quelque part entre Lord of War et une réunion des grands de ce monde qui se tapent les cuisses autour d'un bon whisky. Mais on ne spoile pas, il faudra lire pour en être. 
Comme toi et moi, on aime bien décortiquer les trucs compliqués avec des mots qui montent au cerveau, on a interrogé LA chercheuse qui en sait un rayon sur les Rafale et autres armes fatales. 

Prête ? On part en enquête.

Aux armes, etc

En 2019, quelque 76 500 personnes auraient perdu la vie dans une guerre, sachant que ce chiffre est sûrement en-deçà de la réalité car difficile à estimer précisément. C’est 2 fois plus que les décès liés aux accidents de voitures aux US. Pour tuer, dans un conflit, il faut des armes. Et là, tu penses : “Merci Magali, jusque-là, je suivais”. Mais tu te dis sûrement aussi : “Rembobine Janine”. Pareil pour nous. Parce que le tableau a l’air clair pour tout le monde dans cette histoire, mais pour nous il était bien obscur. Alors on s’est musclé l’index sur nos trackpads pour comprendre qui vend des armes en France ? Ça rapporte combien à qui ? C’est quoi le processus pour vendre une arme ? Qui contrôle ce qu’on fait ? D’où on vient et où est-ce qu’on va dans cette histoire ? Quelles questions éthiques ce business pose-t-il ? Girls, let us introduce y’all to la Friteletter du mois qui s’attaque à ce nerf de la guerre (grossen pataten sur le jeu de mots). Mets ta ceinture, ce mois-ci, on rejoue l’Arme fatale.

Déjà, ça représente quoi en termes de CA et d'emplois pour la France ?
En 2019, les entreprises françaises ont vendu à l’étranger pour 9, 9 milliards d’€ d’armes. La même année, le luxe exportait pour 55 milliards d’€, just sayin’. Cependant, le secteur emploie environ 200 000 personnes aujourd’hui, à des postes qui s’avèrent être souvent très techniques et non délocalisables. Pour te donner une comparaison, la banque emploie 360 000 personnes en France. At the end, l’armement représente 13% des emplois industriels. C’est dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur que le poids de la défense est le plus lourd (20% de l'activité industrielle contre 12% en IDF et 11% en Bretagne). Bref, l’industrie de l’armement, même si ce n’est pas la plus fat,  pèse pas mal dans notre économie.

De quelles armes on parle ?
L’industrie française en produit une sacrée pelletée ! On retient qu’il y a une part pour se déplacer et tuer, et une autre pour tuer uniquement. Des exemples ? Les avions de combat avec les fameux Rafale, les chasseurs de mines (navires qui détectent et détruisent des mines), les hélicoptères, les satellites de télécommunications, les sous-marins, les chars, les obus-flèches (sortes de munitions à très haute vitesse), les frégates (navires utilisés pour protéger une zone ou des bâtiments précieux), les Aravis (véhicules blindés hautement protégés) ou encore les canons Caesar (camions qui tirent des obus).

Qui sont les producteurs ?
On compte environ 10 grands groupes et plus de 4 000 petites et moyennes entreprises. Les principaux groupes dans ce domaine sont des noms assez familiers comme Airbus, DCNS, Thales, Safran ou encore Dassault. Ils réalisent à eux seuls les 3/4 du CA du secteur et près des 4/5e des exportations.

Justement, en parlant d'exportations, comment on se débrouille ?
En 2019, la France a généré un solde commercial positif de 8,5 milliards d’€ grâce aux exportations de matériels de guerre des entreprises dont on parlait plus haut, alors que son solde commercial global était déficitaire de 59 milliards €, tous biens confondus. Traduction : en règle générale, on achète plus qu’on ne vend aux pays étrangers mais pour les armes, c’est l’inverse : on en vend plus qu’on n’en achète. Tout ça fait de la France le 3ème pays exportateur d’armes, après les USA et la Russie. Même si elle est quand même plus loin que les 2 pays en tête du podium : 7,9% des armes vendues dans le monde viennent de France, contre 36% pour les États-Unis et 21% pour la Russie, pour la période 2015 à 2019. Résultat, on est le pays dont les armes se vendent le mieux en Europe. Les Allemands et les Britishs sont derrière, respectivement à la 4e et 6e place du classement mondial.

Capiche, et comment on en est arrivé là ?
Pour répondre à cette question, on a interrogé l’experte du sujet :  Lucie Béraud-Sudreau, chercheuse de réf sur l’économie de la défense et directrice du programme Armement et dépense militaire au Sipri (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm). Lucie nous explique qu’aux débuts de la Vème République, la France, gouvernée alors par le général de Gaulle, veut être indépendante dans sa façon de s’armer. La construction européenne qui se met en place au même moment (pour éviter que de nouvelles guerres ne ravagent le continent) mise beaucoup plus sur une coopération économique entre États, que sur une stratégie coordonnée de défense. En gros, le message de l’Europe pour chaque pays, c’est un peu : “demerden Sie sich”. Donc le général de Gaulle décide de produire des armes pour équiper l’armée française sans dépendre de fournisseurs extérieurs. Or, produire des armes, ça coûte cher, mais les vendre à d’autres pays, ça permet de faire des économies d’échelle et donc de limiter les coûts de production de nos propres armes. Depuis, cette façon de voir les choses est à peu près partagée par toute la classe politique française. Le consensus, c’est qu’être solide sur la production d'armes = autonomie du pays + vendre d’armes = poids sur la scène internationale.

Et alors, ça a fonctionné ?
Plutôt bien, ouais ! À part pour la production de drones militaires dans laquelle on n’est pas tip-top et qu’on achète pas mal aux US, et les avions de transport qui viennent encore beaucoup de l’étranger, on a plutôt bien réussi à devenir indépendants dans notre production d’armes. En 2015, les exportations ont pour la première fois dépassé le montant des commandes nationales. Oui, on a vendu plus qu’on a acheté. Donc atterrir sur le podium des 3 plus gros exportateurs d’armes au monde, ça n’était pas prévu à l’origine mais c’est ce qui a fini par arriver.

Quels sont les principaux clients de la France en 2021 ?
De 2015 à 2019, nos 3 principaux clients sont l’Égypte, le Qatar et l’Inde. Au global, pendant cette période, les exportations françaises ont augmenté de 72% par rapport à 2010-2014. Ce boom, on le doit notamment aux succès commerciaux des Rafale de Dassault, ou encore aux frégates et sous-marins de Naval Group. C’est vrai qu’on entend beaucoup parler des Rafale, qui se vendent quand même env. 150 millions € l’unité. Leur succès est notamment dû à des raisons géopolitiques : les Rafale sont souvent en concurrence avec des avions américains dans les pays qu’on vient de citer. Or, ceux-ci trouvaient, en achetant français, un moyen de boycotter la politique diplomatique américaine pour différentes raisons.

Et on vend toujours aux mêmes ?
Jusque-là nos clients étaient principalement au Moyen-Orient et en Asie. En 2019, la part des clients européens de la France (Belgique, Hongrie, Espagne notamment) a augmenté. On retient donc que le centre de gravité de notre marché est peut-être en train de se déplacer du Moyen-Orient vers l’Europe, ce qui pourrait avoir un impact sur les questions éthiques, on le verra après.

Atta, mais comment se déroule une vente concrètement ?
Quand un pays veut acheter des armes, il lance très souvent un appel d’offres international. C’est un processus d’achat qui peut s’étaler sur du looooong terme : il faut définir les besoins en armement, sélectionner les offres commerciales, négocier parfois pendant 4-5 ans. Pour t’expliquer brièvement, voici comment se passe une vente de Rafale, au Qatar par ex. Dassault répond, comme les autres boîtes, à l’appel d’offres du Qatar qui cherche à acheter des avions de combat, en expliquant pourquoi ce sont les meilleurs et qu’il faut ab-so-lu-ment les choisir eux, démonstrations à l’appui et visites des usines et bases militaires si besoin. Alors, le Qatar dresse sa shortlist. Arrive ensuite la phase de soutien diplomatique à la vente : le ministre des Armées (actuellement, c’est Florence Parly qui détient le job depuis juin 2017) oule premier ministre jouent les VRP, voire le président lui-même pour les big contrats. Car avec des milliards d’€ à la clé, vendre ses armes est un acte très stratégique, sans parler du lien diplomatique que cela instaure entre les 2 pays.

Des compensations peuvent être demandées par le pays acheteur pour conclure le deal du type : “Ok je t’achète tes Rafale mais seulement si tu transfères une partie de la production chez moi pour créer des jobs, ou si tu partages tes savoir-faire technologiques précieux qui me permettront de rattraper mon retard industriel." Si après tout ça, Dassault remporte le contrat, la vente doit être validée par la CIEEMG (la commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériels de guerre), composée de représentants du ministère de la Défense, des Affaires Étrangères, de l’Elysée, du ministère des Finances, des services de Renseignement, etc.

Et que fait le Parlement ?
Justement, pas grand-chose. Toussa pour te dire que c’est essentiellement l’exécutif - aka le gouvernement - qui gère ces doss et que le Parlement n’est pas du tout impliqué dans le contrôle et le soutien aux exportations de matos de guerre. Il est seulement maintenu informé des bails a posteriori grâce au rapport annuel du ministère de la Défense, rendu chaque été sur l’année écoulée. Ainsi, un débat se pose sur la transparence démocratique et l’implication du Parlement (qui représente, via l’Assemblée nationale, les élus directs du peuple). Deux députés - Jacques Maire (La République en marche, le parti présidentiel, ex Parti socialiste ) et Michèle Tabarot (Les Républicains) - ont d'ailleurs réclamé un contrôle renforcé du Parlement. L’exécutif n’y serait pas favorable, car qui dit contrôle dit contrôle. On enfonce une porte ouverte, mais ça va mieux en le disant, n’est-ce pas ? Pour que tu aies le tableau complet en tête, la France est un peu à la traîne en la matière si, par ex, on la compare avec la Suède où le Parlement et une agence indépendante contrôlent les exportations d’armes. Ce qui n’empêche pas le pays d’être le 15e exportateur au monde, et rapporté à ses 10 millions d’habitants, ça fait lourd.

Et au niveau international, le marché est régulé ou c'est thug life ?
Encore aujourd’hui, le marché de la vente d’armes est connu pour son manque de transparence - on l’a vu - et notamment par la présence d’opérations de “compensations” dont on te parlait plus haut. Malgré tout, on ne peut pas dire que ce soit open-bar-gangsta-thug-life : ces 20 dernières années, on a eu de grandes avancées sur la régulation, accompagnées par un renforcement des légalisations nationales, avec notamment (on t’a spotté les + importantes à connaître) :

  • La création d’un Registre des armes classiques des Nations Unies (1991) qui recense les transferts d’armes entre pays (qui achète quoi à qui) dans un souci de transparence ;
  • L’adoption d’un code de conduite de l’UE (1998) : l’État peut s’opposer à la vente de Rafale par Dassault, par ex, si l’armement contribue à des conflits. Ce code est devenu une “position commune” juridiquement contraignante 10 ans + tard ;
  • La conclusion du Traité sur le commerce des armes (TCA). Adopté par l’ONU en 2013, il contient des règles pour arrêter la circulation d’armes à destination de pays où l’on sait qu’elles serviraient à commettre ou faciliter un génocide, des crimes contre l’humanité ou d’autres atteintes aux droits humains. La France l’a ratifié (parmi 87 autres États), mais la Chine et la Russie refusent. Les US l’ont signé mais pas encore officiellement rejoint. Plusieurs pays n’ont subi aucune sanction de l’ONU alors qu’ils ne respectaient pas la 20aine d’embargos sur les armes imposés par l’ONU. Donc bon, c’est pas encore toutafé ça.

La conclusion, c’est qu’on n’est pas sur une thug-life-open-bar, mais que les plus gros exportateurs ont encore sacrément les mains libres pour vendre comme ils veulent quand ils veulent.

Je l'ai, et éthiquement, c'est quoi les questions ?
Pour certains, c'est problématique que la France vende des armes à d’autres pays, notamment parce que ces armes peuvent tuer des civils. D’autres défendent une approche pragmatique de la production d’armes, en militant pour une régulation des ventes, avec comme argument que ce ne sont pas les armes qui créent la guerre.

Permet-nous un parallèle, même si of course les enjeux sont différents : ça nous fait penser au débat sur la prostitution, entre les prohibitionnistes qui pensent qu’il faut interdire la prostitution pour l’empêcher de perdurer, et les réglementaristes qui pensent que la prostitution existera quoi qu’il arrive, même si l’État l’interdit, et veulent donc encadrer administrativement son exercice, comme ça se fait aux Pays-Bas ou en Allemagne. Fin du parallèle, revenons à nos canons. Le cœur du débat se pose surtout sur le choix des pays à qui la France vend des armes. Actuellement, si le gouv peut mettre son veto pour la vente d’armes à des États non recommandables, son pouvoir d’action et de contrôle s’arrête une fois la vente conclue. Mais après, ces mêmes armes peuvent être vendues à d’autres, et là, on ne maîtrise plus rien, et encore moins dans quel conflit elles peuvent être ainsi engagées.

Et justement, comment se positionne la France ?
Son positionnement semble en tout cas plus pragmatique que d’autres États. Par ex, depuis l’engagement de l’Arabie Saoudite (AS) dans la guerre civile au Yémen, plusieurs pays se sont montrés plus réticents que la France à lui vendre des armes : notamment la Belgique, le UK, le Canada ou encore la Suède. La France se montre, quant à elle, moins regardante sur le choix de ses clients, en le justifiant par son besoin de vendre à qui lui commande, et achète des armes pour soutenir son industrie, qui produit ses propres armes, comme on l’expliquait au début. Pourtant, selon certains, d’autres options sont envisageables pour atteindre cet objectif, par ex en alliant nos forces de production avec d’autres voisins européens de confiance. Le gouv Macron aurait pas mal poussé dans ce sens, mais il y a une logique de court terme/long terme qui entre en compte, et dans le court terme, pour soutenir les boîtes françaises comme Dassault, la vente directe est forcément plus profitable qu’une refonte de notre stratégie de défense qui se compterait en décennies. Donc en conclusion, le maître mot du positionnement français, c'est le pragmatisme. On vend à tout le monde, dans la limite de l’acceptable, et avec, on finance la R&D en armement. 

Ouais mais à quel prix ? Y'a pas eu des scandales à ce sujet ?
Les Armes du scandale, ça ferait un bon titre d’essai chez les Editions Plomb (tu l’as ?). C’est vrai que l’image de la France a été un poil éraflée récemment. Elle a été essentiellement critiquée pour ne pas avoir été toujours très transparente sur les informations dont elle avait connaissance, en préférant parfois taire “certains détails” pour ne pas compromettre ou remettre en cause ses ventes. Voici 3 exemples phares de ces 3 dernières années, et comment elle s’est défendue :

  • Avec l’Arabie Saoudite : l’ONG et média d’investigation Disclose a intercepté, en oct. 2018, une note de la direction du Renseignement militaire listant des dizaines d’occurrences d’armes utilisées dans la guerre civile yéménite par les Émirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite, et vendues par la France. Le gouv dirigé par Macron - sa ministre Parly aussi - aurait eu connaissance, d’après l’ONG, de cette note mais ne l’aurait pas prise en compte, en maintenant la position officielle : “La France ne sait pas comment sont employées les armes au Yémen” ;
  • En Libye : la France a admis, en jui. 2019, que des missiles découverts dans une base des forces du maréchal rebelle Haftar près de Tripoli lui appartenaient, tout en niant les lui avoir fournis. Or, la vente de ce matériel par la France aux forces du maréchal Haftar trahissait le soutien officieux de Paris, et ainsi une prise de position française dans ce conflit, alors que la Libye était placée par l’ONU sous embargo concernant l’armement. Ouïch… La France s’est alors défendue en niant la vente mais en indiquant que ces munitions étaient temporairement stockées dans un local en attendant leur destruction ;
  • Les 30 avions Rafale vendus à l’Egypte : dernier contrat en date, il a été critiqué par des assos de défense des droits de l’homme rappelant les atteintes graves et multiples du régime du maréchal égyptien Al-Sissi aux droits humains. Le gouv français maintient sa ligne de défense : l’Egypte est un allié important dans le bassin de la Méditerranée orientale et un partenaire dans la lutte contre le terrorisme.

Et le désarmement dans tout ça, c'est pas aussi un truc dont il faut qu'on parle ?
Le désarmement, c’est la politique qui consiste à interdire certaines armes. Et c’est ce que s’est évertuée à faire la Convention d’Ottawa (1997) qui bannit les mines antipersonnel ou encore, l’important Traité sur l’interdiction des armes nucléaires entré en vigueur en janvier dernier, régulant cette catégorie d’armes de destruction massive qui avait traumatisé le monde entier avec la bombe lancée à Hiroshima par les US en 1945, et jamais plus utilisée depuis.

Roger that ! Et sinon est-ce qu'on a des idées sur les armes du turfu ?
Oui, et il y en a qui font un peu flipper, comme celles qu’on appelle les “robots tueurs”, qui ont la capacité de repérer et tuer une cible sans aucune intervention humaine, que ce soit des drones, des mitraillettes, des tanks ou des navires de guerre. En fait, ce ne sont pas des armes du futur mais plutôt des armes qui existent depuis plusieurs années et que certains - comme le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, en mars 2019 - aimeraient voir interdites, car elles apparaissent comme des dispositifs qui ne jouent pas à armes égales : robot tueur vs humain tué. Malgré ces opposants, l’application de l’intelligence artificielle pour confectionner des armes reste un champ de recherches activement exploré par les US, la Chine, la Russie, le Royaume-Uni, la France aussi, et Israël ou encore la Corée du Sud. Dans ce qui pourrait arriver, on parle aussi pas mal du “soldat augmenté”. L’idée, c’est d’augmenter ses performances grâce à la technologie, comme avec des lunettes électroniques qui permettraient d'améliorer la vision pour le tir de précision. Enfin, on peut citer, les “exosquelettes” qui sont aussi pas mal utilisés dans des entreprises afin d'aider les manutentionnaires ou les personnes qui portent de lourdes charges dans leur travail quotidien, sans leur faire solliciter de muscles ou blesser leurs articulations. Dans l’armée, le but est, par ex, de soulager les fantassins qui peuvent parfois porter + de 40 kg d’équipement.

Et la France est dans le game ? Comment elle se positionne là-dessus ?
En ce qui concerne les exosquelettes, l’armée de Terre expérimente un dispositif commandé auprès de la société canadienne Mawashi. Concernant les soldats augmentés, elle a déjà donné son feu vert. Et sinon, sur le thème plus critiqué des “robots tueurs”, sa position est assez ambiguë. Florence Parly se refuse à interdire des “systèmes d’armement [pouvant] agir sans aucune forme de supervision humaine” mais affirme aussi qu’il n'est “pas question de confier à une machine le choix de tirer ou la décision de vie et de mort”. En clair, “Terminator ne défilera pas au 14 juillet”. Traduction : la France ne fera pas entrer des robots autonomes dans son armée. Et pour finir, vu que pour penser au futur il faut avoir de l’imagination, la France s’est lancée dans le projet Red Team, qui paraît un peu fou-fou à 1re vue mais dont la ministre Florence Parly a rappelé son “sérieux”. Cette “équipe rouge” est composée de 10 artistes et auteurs de science fiction recrutés par le ministère de la Défense (voir le casting ici, sur un site digne d’une promo de Marvel) pour réfléchir à ce que pourraient être les menaces dans 20, 30, 40 ou 50 ans, afin de concevoir des méthodes pour s’en prémunir.

🥡 L'info à emporter : La France est devenue la 3e exportatrice mondiale d’armes, car vendre des armes à l’étranger était un moyen d’accumuler des pépettes pour produire les siennes. Aujourd’hui, elle vend essentiellement des armes lourdes à destination du Moyen-Orient (50%), de l'Europe (25%) et de l’Asie Pacifique (15%). Les 2 grands débats qui se posent en matière de vente d’armes françaises sont : 1/ le choix de certains clients qui ne respectent pas les droits de l’homme et 2/ le manque de contrôle du Parlement dans le processus de vente d’armes. Est-ce que les armes du turfu iront dans un sens + juste ? On l’ignore, mais ce qui est sûr, c’est qu’elles se baseront a priori fortement sur des technologies et des applications découlant de l’avancée de l’intelligence artificielle.




 


J’ai envie d’aller plus loin :

On t’a fait une sélection perso, à picorer en fonction de ton temps et de ton mood.

Des ressources quali en ligne, à scroller :

  • #FrenchArms, la story reportage d’Arte sur la vente d’armes, aspect “géopol-éthique” on pourrait dire, sur le thème : à quels pays problématiques la France vend quoi ? À voir de toute urgence !
  • Le site interactif hyper bien réalisé par l’ONG Disclose sur la vente d’armes françaises à l’Arabie Saoudite;
  • Un autre “web-documentaire” plutôt bien fait sur le site du ministère de la Défense qui reprend les différents équipements militaires qu’on pourrait voir apparaître demain.

À écouter :

  • Pour s’échauffer les oreilles en douceur, voici une mini chronique qui place bien le décor sur l’augmentation des ventes d’armes de la France ces dernières années : un podcast de France Inter de 2 min, à écouter ici;
  • Pour répondre à l’épineuse question soulevée par cette Friteletter et savoir s'il est possible de créer un marché de l’armement éthique et responsable, on te renvoie vers ce podcast du Grain à moudre (30 min);
  • Pour approfondir le doss des ventes de Rafale à l'Égypte et ce que gagne vraiment la France dans ce deal, voici un autre podcast made-in-France : Culture du Temps du débat, à écouter ici;
  • Et enfin, sur « 🎵 nos petites entreprises qui connaissent pas la crise 🎶 », voici un podcast qui explore en moins d’une heure une question qu’on n'a pas traitée dans cette newsletter, à savoir : comment se fait-il que le covid n’ait pas touché les industries de Défense ?

Si tu veux mater un bon film :

  • Obligées de commencer avec un grand classique: Lord of War, une réf sur le commerce illicite des armes dont nous n'avons pas parlé non plus - car ce n’était pas notre sujet - mais qui est tout de même super intéressant ! Ce petit chef d'œuvre avec Nicolas Cage est inspiré par les témoignages de véritables trafiquants d’armes. Attention : thriller poignant, un chouia oppressant et bouleversant, qui nous plonge dans le monde sombre et dangereux des trafics d’armes ;
  • Le documentaire France 5 Le Monde en face (2018) à voir ici, où la journaliste Anne Poiret se rend de Paris à Bourges, de Mérignac au Caire, et de Genève à Cherbourg pour interroger la politique d'Etat, et lever le voile sur les exportations d'armes françaises au Moyen-Orient, en Arabie Saoudite et en Egypte ;
  • Affaire d’État (2009), le film d’Eric Valette avec André Dussolier sur la vente d’armes en Afrique. Thriller glaçant, sans être de la science-fiction. Le bon film à suspense de ton dimanche soir ;
  • Plus léger : War dogs (2016) par le réal de la trilogie Very Bad Trip. C’est l’histoire - inspirée de faits réels - de 2 potes vivant à Miami Beach à l'époque de la guerre en Irak, qui profitent d'un dispositif méconnu du gouv US, permettant à de petites entreprises de répondre à des appels d'offres de l'armée américaine. Tout se passe bien jusqu’à ce qu’ils soient totalement dépassés par les événements en décrochant un contrat de 300 millions de $ destiné à armer les soldats afghans, et que tout parte à vau-l’eau… t’as vu, on tease bien, hein ?

Si tu veux lire un bon bouquin :

  • Au rayon essais de ta librairie de quartier, tu trouveras peut-être Marchands d’armes : Enquête sur un business français écrit par Romain Mielcarek qui est journaliste indépendant, membre de l’Institut Open Diplomacy et auteur d’une thèse sur l’influence de l’armée sur le récit médiatique de la guerre en Afghanistan. C’est un bon bouquin pour mieux comprendre les règles et les coulisses du complexe militaro-industriel frenchy ;
  • Au même rayon, tu as aussi La République des mallettes, écrit par le journaliste Pierre Péan, qui y décrit la corruption au plus haut niveau de l’État français autour des grands contrats d’exportation d’armes.
  • Le commerce des armes: un business comme un autre ?, de Benjamin Vokar, Philippe Sadzot, et Tomasz, Grip : une BD éducative pour dépasser les mythes sur le commerce des armes.

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