Développer une activité artisanale & Instagram

Bonjour à tous,


J’espère que vous allez bien, malgré une actualité franchement pas réjouissante...

C'est une lettre un peu particulière ce mois-ci car j'avais envie de partager mon retour d'expérience sur l'utilisation des réseaux sociaux dans le cadre du développement d'une activité artisanale.

En effet, l’addiction aux réseaux est un sujet préoccupant, notamment chez les jeunes, et bien que les réseaux puissent être un vecteur de croissance et d'ouverture sur le monde, ils ont aussi leurs effets pervers.

Instagram & le développement d'une activité artisanale : c'est l'actu du mois.

L'actu du mois !

Avant de tenter de développer une activité créative en parallèle de mon job, je n’étais franchement pas une super accro au smartphone.

Ma volonté au départ était de développer un ancrage local mais les sirènes d’Instagram ont dû se mettre à chanter et je les ai entendues.
Bref, je me suis un peu éloignée du projet initial…

C’est ainsi que l’envie d’être présente sur les réseaux sociaux et de partager mes découvertes et mes créations m’a conduit à :

• passer de plus en plus de temps sur la prise de photos et de vidéos pour créer du contenu
• passer de plus en plus de temps sur Instagram pour voir ce que les autres faisaient et comment ! 

Quand le cerveau passe en pilote automatique...

Au bout de quelques mois d'utilisation des réseaux, j'ai commencé à observer chez moi le syndrome dit du "check compulsif" : ce petit geste qui consiste à ouvrir son téléphone à fréquence très régulière ou à chaque moment de vide de manière automatique, c'est-à-dire sans l'avoir souhaité de manière intentionnelle.
C'est ainsi que mes doigts ouvraient Instagram sans que mon cerveau ne leur aient commandé de leur faire… Comme en pilote automatique... Blurps ! 

Le mélange des temps de vie

Puis la frontière entre mes deux activités professionnelles s'est peu à peu floutée : mon activité artisanale s’est immiscée dans mon activité salariée.
Je profitais de petits moments au boulot pour faire deux/ trois trucs pour mon activité artisanale (répondre à un commentaire par ci, mettre un petit cœur par là).
Puis je me suis aperçue que je consultais très régulièrement mon compte au travail et au final… ce n’était vraiment pas bon pour la concentration et l'efficacité dans mon activité salariée.

Ce mélange des genres débordait aussi sur ma vie personnelle car je passais beaucoup de temps sur la préparation de chacun de mes posts... Et dans ces moments-là, je m’absentais parfois complètement de la vie familiale. 
Il a fallu par exemple que je me discipline pour ne plus scroller sur mon smartphone en regardant le film du vendredi soir… 

La recherche constante de contenu

Etre visible sur les réseaux sociaux demande de la régularité [du moins c'est ce qu'on lit un peu partout] : cela veut dire poster du contenu 2 à 3 fois par semaine.

La recherche de contenu m’amenait à me questionner sans cesse : et si je faisais une photo de ça ? et si je faisais un post sur ça ? 

C’était un peu comme si, avec cette injonction au partage, je devenais la spectatrice de ma propre vie.

Le fait de vouloir partager mon process créatif m’a également poussée à faire des photos et des vidéos lors de mes réalisations. Je me suis aperçue que le fait de m’arrêter pour prendre des photos (avec la bonne lumière, le bon cadrage, pas trop de bazar en fond sinon c’est moche) coupait complètement l’état de bien-être / de flow que me procure la création.

Finalement entre ma vie familiale parfois reléguée au second plan, un questionnement presque quotidien sur ce qui pouvait être « instagramable » autour de moi, la joie de créer interrompue par des photos et vidéos, j'ai ressenti une grande fatigue et une perte de sens. 

Après deux mois de pause, j'ai décidé de faire les choses à mon rythme, pour moi et de revenir à mes premières aspirations : du recyclage et développer mon activité au niveau local.

Cette prise de recul m'a permise de mettre à distance l'exigence de partage et de me recentrer sur le processus créatif, le temps long.

Je me demande encore aujourd’hui comment j’ai pu me mettre la pression à ce point-là. J’ai fait un travail très sincère dans mes publications mais pourquoi mettre autant d’énergie dans un réseau social ? Dans quel but ?

Derrière ça, se cachent évidemment le besoin de reconnaissance, une volonté de montrer au monde mes réalisations, et d'avoir des retours sur mon travail.

Même si je sais qu'une partie du problème vient de moi, ces applications savent aussi comment nous rendre addict... ce n'est pas pour rien qu'on parle d'économie de l'attention à propos des réseaux sociaux...

Pour conclure...

...je dirais que j'ai appris plein de choses sur les réseaux, comment les utiliser, leurs règles, les histoires d'algorithmes.

J'apprécie de suivre certaines personnes pour voir leurs créations, leur parcours et avoir des échanges avec elles.

Si je n'ai pas déserté Instagram, c'est notamment en raison de ce lien virtuel avec des personnes inspirantes !

Je continue aussi de poster de temps en temps mais j'ai  installé un timer qui coupe l'application au bout de 20 minutes : c'est mon auto-contrôle parental 😉

J’espère que ce sujet – un peu en marge de la teinture naturelle – vous aura intéressé.

Que vous évoque-t-il ?

Pour terminer, je vous laisse avec quelques propositions pour aller plus loin :

• le livre de Delphine de Vigan "Les enfants sont rois" : Delphine de Vigan explore à travers ce roman l'exposition (et la mise en scène) des enfants sur les réseaux sociaux. Un roman qui soulève de nombreuses questions... 
• le podcast de Charles Pepin "Sous le soleil de Platon" avec un épisode sur le besoin de reconnaissance : l'intro est vraiment excellente!
• une lecture pour les jeunes ados : le dernier Okapi avec dossier sur "comment Tik Tok captive ton cerveau" !

Si vous avez des questions ou des suggestions, n'hésitez pas à m'écrire à florence.lespinasse@gmail.com

A lire / à écouter