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L'Ernestine, la lettre d'Ernest !
- 6 novembre 2022 -
L'ÉDITO D'ERNEST 
Dall-E, prix Goncourt ?

Si vous ne connaissez pas encore Dall-E (pas Dali, c’est dimanche matin, mais quand même, cette lettre est quelque chose de sérieux ), il va falloir remédier à cette lacune. Dall-E est une intelligence artificielle (IA) capable de créer des œuvres d’art et des images dignes de fresques picturales à partir que quelques mots de description. Cela peut être une couleur, une ambiance, un lieu bref, ce que l’on veut pour donner le plus de billes possibles à l’IA.

Récemment, un artiste américain du Colorado a même remporté un concours d’art sans que le jury -composé d’humains - ne se rende compte de quoi que ce soit. Comme si l’IA, en plus de tromper l’esprit humain pouvait aussi, désormais, façonner le « beau ».

Évidemment l’information est vertigineuse. Demain, peut-être, que le futur Picasso sera une IA ou plus exactement qu’il sera considérablement aidé par la puissance et les possibilités offertes par l’IA. L’idée n’étant pas de reprocher à l’artiste du futur de se servir de toutes les techniques à sa disposition pour créer mais plutôt d’interroger ce que cela vient modifier dans ce qu’apporte l’art et dans ce qu’il est, profondément, c’est à dire la tentative de rendre universelle une sensibilité individuelle par le truchement du support artistique : tableau, sculpture, chanson, livre etc.

Quand Rodin sculpte son baiser, il traduit sa propre sensation et pourtant celle-ci devient la notre. Quand les Beatles chantent une rupture amoureuse, ils racontent la leur, et pourtant elle nous emporte aussi. Les exemples sont légions de ces œuvres d’art qui - par l’expérience sensible qu’elles nous font vivre - deviennent universelles dans ce qu’elles peuvent charrier avec elles chez chacun et chacune de nous.
Il y a quelques années une université de journalisme américaine avait décidé de faire écrire les compte-rendus de matchs par une IA. Celle-ci avait été entraînée et nourrie aux différents résultats des équipes concernées, à l’histoire des clubs et de la saison en cours. Le résultat était assez bluffant, il faut bien le reconnaître.

Découvrant Dall-E, une interrogation a traversé notre esprit : demain Dall-E ou plutôt Heming-W pourra-t-elle fabriquer un roman tel qu’il puisse tromper le jury du prix Goncourt et remporter la timbale ?



Vous me direz que ce n’est pas l’IA qui conduit ce jury àa se tromper dans ses choix, ou à décerner le prix Goncourt à un écrivain sous pseudo déjà lauréat, mais c’est une autre histoire. Non ce que soulève cette interrogation est plus profond : l’art peut-il se passer de la sensibilité de l’artiste ou plus exactement l’art peut-il solliciter la sensibilité de l’artiste qu’à la toute fin du processus, une fois le produit quasi fini ? Tiens, faisons un petit jeu : demandons à notre IA littéraire Heming-W d’écrire un roman avec une ambiance amoureuse où il est question de différences. Sera-t-il véritablement capable de saisir l’universalité de ce que Shakespeare sut saisir dans son Roméo et Juliette ? Surtout Heming-W saura-t-il s’affranchir des normes, des limites, des interdits qui seront inévitablement posés dans le programme algorithmique de l’IA ? Certainement pas, c’est d’ailleurs le cas déjà de Dall-E qui ne peut pas proposer d’images où il y a de la nudité et / ou de la violence. Ainsi, Heming-W obtiendra un message d'« opération impossible » dès qu’il décidera de sortir des cases fixées.

Et c’est une bonne nouvelle. Car au-delà des prouesses que l’IA ne manquera pas de réaliser, et  d’apporter à la création en général, elle ne pourra pas lui retirer ce qui en fait le sel : la transgression, la capacité à franchir les limites, à détourner les formes, et surtout surtout à nous faire sortir de nos zones de conforts. "Le rôle de l’écrivain est à la fois de nous divertir, de nous donner accès à la beauté et – c’est le point politique – de ne reconnaître ni dieu, ni maître, ni frontières" même pas celles de l’IA, pourrait-on ajouter à ces mots de l’écrivain TC Boyle. Nous y sommes. Ni dieu, ni maître, ni frontières. L’art est une liberté totale.

Bon dimanche,


PS 1 : Cet édito n’a pas été écrit par une intelligence artificielle… quoique, qui sait ?

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COE DE MAITRE
"Le royaume désuni" de Jonathan Coe est un livre savoureux, joyeux, gourmand et intelligent sur l'intime et le politique, sur l'Angleterre d'hier et d'aujourd'hui. Indispensable.
 
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LES 10 CLÉS POUR RÉUSSIR UN POLAR HISTORIQUE

Gwenaël Bulteau, enseignant passionné par la période de la IIIe République confirme dans « Le grand soir » toutes les qualités entrevues dans son premier livre. Aussi à l’aise pour sensibiliser ses lecteurs adultes au sort des premières féministes que pour apprendre à lire aux enfants de CP. Il livre les clés de réussite d’un polar historique en 10 points.

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LE POÈME


Marche,
N’arrête pas de marcher
D’ouvrir des portes
De soulever des pierres
De chercher dans les tiroirs de l’ombre
De creuser des puits dans la lumière

Cherche,
N’arrête pas de chercher
Les traces de l’oiseau dans l’air
L’écho dans le ravin
L’incendie dans les neiges de l’amandier

Tout l’ignoré
Le caché
L’inconnu
Le perdu

Cherche
Tu trouveras
Le mot et la couleur de ton poème



Jean-Pierre Siméon, "Ton poème"

Tous les poèmes de l'Ernestine sont là.

NOTRE GONCOURT
Le Goncourt est finalement revenu à Brigitte Giraud pour son "Vivre vite" (dont Carole Zalberg vous disait du bien ici). Cependant un regret a pointé. Celui de ne pas avoir vu Giuliano Da Empoli obtenir la récompense reine de la littérature hexagonale tant son livre "Le mage du Kremlin" est un très grand roman sur le pouvoir. Da Empoli a raflé le Grand prix de l'Académie Française, mais aussi le Goncourt d'Ernest. On vous dit pourquoi.

C'est par ici
Y.HARTÉ : "J'OFFRE LES LIVRES QUE J'ADMIRE"
Prix Albert Londres, longtemps grand reporter à Sud-Ouest, fin lecteur, Yves Harté est un esthète de la littérature. Il s'est confié à Ernest pour parler des livres qu'il aime offrir à ses amis, ou ses amours.

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