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L'Ernestine, la lettre d'Ernest !
- 13 novembre 2022 -
L'ÉDITO D'ERNEST 
Lucifers de la vie

Souvent je pense à eux. Aux 130. A Sébastien, à Nick, à Claire, à Elodie, à Vincent, à Manuel, à Marion, à Lola. Le souvenir de ces inconnus pourtant si familiers surgit sans prévenir et ramène toujours l’esprit vers ce funeste 13 novembre 2015 où la barbarie fanatique et religieuse des islamistes est venue les faucher dans leurs existences. Souvent, pour ne pas dire régulièrement, je pense à leurs conversations sur les terrasses au moment où l’attentat s’est produit. Souvent, je songe à toutes les rencontres qu’ils ne feront plus. A ces instants si doux et si puissants des regards échangés, des sourires complices, des mains qui se frôlent, des lèvres qui se cherchent et des corps qui s’enlacent. Souvent des idées de romans viennent. Souvent, je pense à tout cela et au-delà de la tristesse et de l’émotion qui m’alpaguent, la conviction qui émerge est triple. Celle d’une obligation de vivre. Comme pour être digne de ce qu’ils étaient, eux, au moment où leur vie s’est arrêtée. Remplis d’une force, d’une tristesse, d’une capacité à s’amuser, et d’un amour pour ce que la légèreté permet. Soyons fous de vivre, cultivons notre "démence de vivre " et notre "fringale" pour celle-ci.

L’autre dimension de la conviction qui émerge alors que mes pensées sont tournées vers les 130, est l’idée que cet événement comme celui des attentats de janvier 2015 à Charlie, à Montrouge, à l’HyperCacher, comme celui du 14 juillet à Nice, ou comme l’assassinat de Samuel Paty en 2020, constitue un événement fondateur qui oblige à ne plus réfléchir comme avant et qui surtout oblige à ne pas tergiverser sur les valeurs qu’il s’agit de défendre, et sur les alliances qu’il ne faut jamais faire.

La troisième dimension de la conviction qui émerge lorsque je pense à eux, c’est celle qu’au fond ce qui nous lie, qui nous permet d’avancer et de tenir debout est l’idéal laïque. C’est d’ailleurs celui-ci que les barbares islamistes et fascistes sont venus attaquer. A chaque fois qu’ils ont frappé en France.
Sans la laïcité qu’ils désignent comme la "religion du diable", nous ne serions pas la France. Nous ne serions pas le même pays.  Alors puisqu’ils nous considèrent comme le diable, soyons tels Lucifer et apportons la lumière en rappelant

que cette laïcité n’est ni un parti, ni une religion, mais la possibilité pour un être humain d’être soi dans le respect des autres.



Dans cette troisième dimension de la conviction qui émerge lorsque je pense à eux, l’idée profonde est que nous devons dire merde à l’esprit Saint. Toujours, encore, et transmettre cet idéal de fraternité contenu dans l’idéal laïque. Cet idéal qui charrie avec lui l’amour des mots et l’amour du rire qui dérange tant les esprits Saints d’où qu’ils viennent. Cet amour aussi de la beauté. Celle de l’art qui dérange.

Cette ouverture d’esprit, cet amour de la création, c’est aussi cela qui dérange les fascistes islamistes et c’est cela que nous devons défendre. Jusqu’au bout. Ils veulent nous empêcher de penser, nous continuerons. Ils veulent nous empêcher de créer, nous continuerons. Avec Aragon, nous "creuserons des galeries vers la beauté et l’enchantement."

C’est tout cela que nous leur devons à tous ceux qui ont été assassinés pour faire plaisir à Allah. Nous leur devons de vivre intensément pour se rencontrer et s’aimer, de se souvenir que ces événements sont fondateurs d’une posture de combat contre l’obscurantisme religieux, et enfin de défendre et d’encourager la création, le rire et la recherche de la beauté.

"La littérature ne peut ni désamorcer une bombe, ni arrêter une balle mais les écrivains peuvent toujours célébrer la vérité et nommer les mensonges, nous devons raconter de meilleures histoires que les imbéciles et les tyrans", écrit Salman Rushdie. Cela n’a jamais autant été d’actualité qu’en ce jour anniversaire du 13 novembre. Nous sommes des Lucifers de la vie et de la création. Ils ont voulu nous tuer ils nous ont rendu immortels et lumineux.


Bon dimanche,

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VIVRE EN POÈTE DANS UN MONDE QUI PÈTE
Jérémie Peltier nous parle d’un poète : Denis Grozdanovitch qui avec son nouveau livre donne des clés pour survivre dans ce monde où le superflu l’emporte. Quand la poésie, la drôlerie et la subtilité aident à survivre.
 
C'est par ici
"UN SI CHARMANT PETIT MONSTRE"

Et si nous lisions ou relisions Françoise Sagan ? C’est la suggestion de Frédéric Potier. Elle incarne un féminisme virevoltant, ironique et enjoué et un amour de la vie communicatif !

C'est par ici
LE POÈME


Déjà la vie ardente incline vers le soir,
Respire ta jeunesse,
Le temps est court qui va de la vigne au pressoir,
De l'aube au jour qui baisse.

Garde ton âme ouverte aux parfums d'alentour,
Aux mouvements de l'onde,
Aime l'effort, l'espoir, l'orgueil, aime l'amour,
C'est la chose profonde ;

Combien s'en sont allés de tous les coeurs vivants
Au séjour solitaire,
Sans avoir bu le miel ni respiré le vent
Des matins de la terre,

Combien s'en sont allés qui ce soir sont pareils
Aux racines des ronces,
Et qui n'ont pas goûté la vie où le soleil
Se déploie et s'enfonce !

Ils n'ont pas répandu les essences et l'or
Dont leurs mains étaient pleines,
Les voici maintenant dans cette ombre où l'on dort
Sans rêve et sans haleine.

- Toi, vis, sois innombrable à force de désirs,
De frissons et d'extase,
Penche sur les chemins, où l'homme doit servir,
Ton âme comme un vase ;

Mêlée aux jeux des jours, presse contre ton sein
La vie âpre et farouche ;
Que la joie et l'amour chantent comme un essaim
D'abeilles sur ta bouche.

Et puis regarde fuir, sans regret ni tourment,
Les rives infidèles,
Ayant donné ton cœur et ton consentement
A la nuit éternelle...


Anna de Noailles, "Le temps de vivre"

Tous les poèmes de l'Ernestine sont là.

MATTEO, MON AMI, MON FRÈRE

Le sixième et dernier tome de la fresque éblouissante de Jean-Pierre Gibrat clôt la destinée d’un homme dont le chemin personnel est sans cesse rattrapé par la grande Histoire, de la guerre de 14 à la Seconde Guerre mondiale, en passant par la révolution russe, le Front Populaire et la guerre d’Espagne. Mattéo est un personnage inoubliable, un compagnon auquel on se résout difficilement à dire au revoir.

C'est par ici
DES CICATRICES ET DES LARMES
Le génial photographe Olivier Roller photographie les survivants du Bataclan et leurs tatouages suite à l'attentat. C'est puissant, doux, indispensable et même sensuel.

C'est par ici.

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