Une autre année s’est écoulée, et quelle année ce fut ! Alors que nous pouvions commencer l’année en nous disant que la crise de la Covid allait gentiment vers sa fin, la Russie a décidé d’attaquer l’Ukraine au mépris du droit international. La Suisse s’est rattachée aux sanctions de l’Union européenne, mais sans abandonner sa neutralité pour autant. Et pourtant, j’affirme ici que la neutralité de la Suisse a probablement vécu, et que ce n’est pas forcément une mauvaise chose !
Les clients les plus importants de notre industrie de l’armement sont tous des pays de l’OTAN. Dès lors que la Suisse interdit à ces pays de donner des armes made in Switzerland, y compris des armes défensives qui servent uniquement à la protection anti-aérienne, à un pays qui lutte pour sa survie, alors il ne faut pas s’étonner que ces pays se tournent bientôt vers d’autres fournisseurs.
La conséquence de cette réorientation, déjà discutée, est que l’industrie de l’armement suisse va – à moyen terme – pouvoir mettre la clef sous la porte, le marché suisse n’étant pas assez grand à lui seul.
Un coup d’œil sur la liste des plus grands pays fournisseurs d’armes suffit pour affirmer qu’une Suisse sans industrie d’armement indépendante va devoir se fournir quasiment à 100% auprès de pays membres ou alliés de l’OTAN. Conséquence logique : notre pays va à terme être complètement allié de l’OTAN pour sa défense, avec uniquement une neutralité de façade. Peut-être est-ce cela que le conseiller fédéral Cassis avait en tête quand il évoquait la neutralité « coopérative » ?
Moi, ça me rappelle les relations Suisse-UE : on préfère s’accrocher à une souveraineté qui est inscrite sur un bout de papier plutôt que de faire face à la réalité et exercer notre souveraineté en commun avec nos alliés naturels.
Restons cependant optimistes! Je vous souhaite une bonne année 2023.
Guillaume Kayser
Ancien membre du comité
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