Faire rouler l’économie la nuit, ça pourrait être payant

En termes de party all night long, Montréal a déjà été mieux desservie. Il ne reste plus beaucoup d’endroits pour les noctambules qui souhaitent danser jusqu’à l’heure du brunch.

C’est avec ce constat que Mathieu Grondin, réalisateur, organisateur d’événements et DJ, a fondé MTL24/24, un OSBL qui agit en qualité de partenaire stratégique du développement économique de la vie nocturne à Montréal.

Entre activisme et hédonisme

« Je me suis toujours perçu comme un activiste de la vie nocturne. Je suis DJ, j’ai organisé beaucoup d’événements, légaux ou non, et c’est toujours compliqué », dit-il.

Initiative citoyenne, l’organisme vise à analyser, comprendre et proposer des solutions sur certains enjeux de la vie nocturne. MTL24/24 vient également en aide à des acteurs culturels qui souhaiteraient obtenir des dérogations pour des événements qui s’étendraient sur toute la nuit.

Le groupe organise lui-même des événements, dont le Nonstop 24/24, un week-end de party sans interruption, et la conférence annuelle Montréal au Sommet de la nuit qui propose des événements multidisciplinaires touchant autant à l’architecture et l’urbanisme qu’à la santé, la sécurité, la technologie et l’économie.

En 2022, à la demande de la Ville et de diverses instances gouvernementales, MTL24/24 a présenté un « rapport économique sur la nuit socioculturelle de la métropole ». En comparant la situation actuelle de Montréal à celles de plusieurs autres villes dans le monde connues pour leur nightlife, l’organisme estime que permettre à des établissements de rester ouverts jusqu’à tard la nuit pourrait avoir des retombées qui se situent dans les milliards de dollars.

Toute la nuit pour tout le monde

En discutant avec Mathieu Grondin, on se rend compte de toutes les industries qui seraient positivement affectées par une mesure permettant aux bars et clubs du centre-ville de rester ouverts plus longtemps. Des restaurants ouverts plus tard, plus d’employé.e.s dans les hôtels pour accueillir les touristes additionnel.le.s venu.e.s profiter de cette nouvelle scène, mais aussi de nouvelles opportunités de développement commercial : tout ça, ça rapporte gros aux coffres de l'État.

Bien sûr, tout cela a un coût. Parlez-en aux commerçant.e.s qui captent toutes sortes de situations (cocasses ou carrément dangereuses) sur leurs caméras de sécurité pendant la nuit.

Mais, comme l’explique Mathieu Grondin, il y a deux facteurs qui font que la Ville tend l’oreille.

Premièrement, MTL24/24 est une action citoyenne qui ne représente pas un corps de métier ou des commerçant.e.s; ce sont des Montréalais.es qui demandent à la mairie de les aider à créer la ville dans laquelle ils se projettent dans le futur.

Deuxièmement, la structure et les infrastructures qui rendraient une telle chose possible de manière viable, fluide et sécuritaire profiteraient à toute la population.

« C’est quoi, la réalité d’une femme monoparentale qui travaille de nuit? Elle a accès à moins de service, elle n’a pas de garderie publique subventionnée, son shift finit à une heure bâtarde, ça lui coûte plus cher de rentrer chez elle parce qu’il faut qu’elle prenne un taxi, souligne Mathieu Grondin. Tout ça, ce sont des questions qui intéressent beaucoup la Ville. »