✨ Être un homme libéré
Mon mec est féministe mais je fais les courses.
On ne sait pas toi, mais selon une étude pifométrique fondée sur notre ressenti : on est de plus en plus entourées de mecs qui affichent des idées féministes, mais quand on parle charge mentale avec leur moitié, ils ne sont pas vraiment en haut du panier (de linge sale, merci Titiou Lecoq).
Disclaimer : on parle ici du modèle du couple hétérosexuel, et non, le but n’est pas de démontrer que tous les hommes sont des rétrogrades sexistes.
Notre petit doigt et nos recherches nous indiquent que le problème se situe plutôt du côté du culte de la masculinité. Car si la révolution féministe est en cours, elle semble avoir du mal à franchir les portes de la machine à laver, et nous, on est prises dans le tambour.
Pour l’aider à franchir la frontière du local poubelles, voici le manuel des hommes libérés, car si, c’est si si facile (de faire les courses).
Hahaha, dis-moi ça, Mariama.
Avec plaisir. Pour repartir du début, ou presque, on s’appuie ici sur le livre de Maxime Ruszniewski, avocat, journaliste, cofondateur de la Fondation des femmes et conseiller au ministère chargé de l’Égalité femmes-hommes, pour résumer 4 grandes étapes de l’avancée des droits des femmes.
Ok, je l’ai. Et si on fait le bilan à date ?
93 % de la population constate des inégalités, selon le rapport annuel du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), dont le job est d’orienter la politique du gouv. Illustrations :
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En 2022, 32 femmes dirigent un pays sur les 195 reconnus par l’ONU.
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En France, les femmes possèdent en moyenne 15 % de capital en moins que les hommes.
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En France, les hommes touchent un salaire en moyenne 22 % plus élevé que les femmes.
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En France, 3 femmes sont patronnes du CAC40 en 2022.
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35 % des entreprises françaises comptent moins de 2 femmes dans leurs 10 rémunérations les plus élevées.
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Les femmes prennent en charge 64 % des tâches domestiques et 71 % des tâches parentales.
On s’arrête là, et malgré ce triste constat, on peut se réjouir de quelques bonnes nouvelles en 2022 avec :
Mais c’est quoi le problème en fait ?
Ses origines sont sûrement multifactorielles (mot compte double).
Je suis toute ouïe.
Violette Kerleaux, chercheuse en psychologie sociale, accuse le culte de la puissance masculine. Nous continuons en tant que société de valoriser la puissance masculine à tout prix, et c’est aujourd’hui, pour elle, le principal frein à l’égalité des genres. En gros, en assignant aux hommes ce devoir de virilité puissante, on court vers l’égalité les mains attachées dans le dos et un bandeau sur les yeux. Car ce culte freine l’égalité réelle des droits des unes et bride la liberté des uns.
Tu seras viril, mon kid.
Exactement. Eddy de Pretto le dit mieux que nous. Tant qu’il ne sera pas cool pour un homme de faire les courses, de prendre soin de lui, de prendre un congé paternité, il y a fort à parier que l'égalité réelle des droits continue de patiner dans ton poké bowl sans gluten.
Tu me fais le coup de la virilité ?
Oui, un coup qui a un coût selon l'historienne Lucile Peytavin dans son essai Le Coût de la virilité. Pour elle, l’éducation virile pousse les hommes à la violence, et ça coûte chaque année 95,2 milliards € à l’État français, soit ce qu’il dépense pour contrer la violence. Pour elle, il faut éduquer les garçons à l’altruisme, à l’empathie et au pacifisme.
Et ça changerait tout... Fais-moi rêver !
On vivrait dans une société plus heureuse. Viens, on t’emmène aux pays des merveilles.
En mode sensible, ça donnerait :
- Tout le monde serait plus serein : des tâches mieux réparties, moins de charge mentale pour les femmes.
- On rencontrerait des héroïnes : les couvertures des éditions jeunesse mettraient en avant autant de femmes que d’hommes - contre 70 % de héros masculins en 2018.
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On bricolerait plus, on investirait plus : tu pourrais aller chez Casto ou à la banque sans qu’on te demande où est ton mari.
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On vivrait mieux : bye bye la ceinture de sécurité andro-pensée, ciao les queues interminables aux toilettes pour meufs.
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On serait plus libres : on pourrait sortir en short, en toge, en combi à paillettes ou en veste de chantier de midi à minuit et/ou de minuit à 5h sans se poser de question.
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On ferait des Chocapic : parce que l’intelligence collective, ça fait des merveilles : "personne ne sait tout, tout le monde sait quelque chose" (big up au livre du philosophe Pierre Lévy, qui a théorisé l’intelligence collective).
En version chiffrée, ça donnerait :
- Le PIB augmenterait : si les femmes étaient impliquées comme les hommes dans l’économie, le PIB français augmenterait de 19 % d’ici 2025. (McKinsey Global Institute, 2017).
- Les entreprises seraient plus rentables : les entreprises dirigées par des femmes sont plus rentables de 32 %. (Palmarès Women Equity, 2020).
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Le monde changerait : 65 % des cultural creative, le groupe qui introduit des changements majeurs dans la société, sont des femmes. (The Cultural Creatives: How 50 Million People Are Changing the World, Paul H. Ray, Sherry Ruth Anderson).
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Le PIB mondial augmenterait aussi : l’OCDE, genre de think tank des pays riches, estime que le monde gagnerait 12 % de PIB si on instaurait vraiment la fin des inégalités salariales.
Alors, demande l’historien Ivan Jablonka, par ailleurs critiqué, "comment réconcilier le masculin avec les droits des femmes et de tous les hommes ?"
Oui, comment ?
En redéfinissant le masculin. L'historien instaure 3 critères de ce nouveau masculin :
- "la capacité à se remettre en cause, pour reconnaître ses avantages objectifs,
- la volonté de vivre concrètement l’égalité, dans son couple, dans la rue, au bureau, en politique, au lieu de simplement la défendre sur le plan théorique,
- l’invention de nouvelles alliances, pour rompre avec la connivence masculine qui se perçoit aussi bien dans les grandes entreprises que dans les vestiaires."
On prend Ivan Jablonka au pied de la lettre et on te partage un manuel du masculin libéré.
À L'EXTÉRIEUR - Pour tes dîners en ville.
5 punchlines pour t’aider à survivre en situation hostile, fondées sur le taf de Maxime Ruszniewski, notre grain de sel et yesss podcast :
"On parle trop d’égalité"
🎤 "En France, une femme est tuée tous les 3 jours par un compagnon ou un ex-conjoint"
"Je fais ce que je veux chez moi"
🎤 "Et moi, je veux gagner autant que toi"
"T’es un mec féministe, toi"
🎤 "Parce que ça existe encore les mecs machistes ?"
"Tu te fais dominer"
🎤 "Et j’aime ça"
"Ah, tu laisses ton fils jouer avec un poupon ?"
🎤 "Bah oué, il sera peut-être papa un jour"
EN CASA - répartition des tâches, mode d’emploi
On y revient : ton mec est féministe mais tu fais les courses. Mode d’emploi pour changer ça.
Étape n°1 : analyser. Sans datas pas de vista, tant qu’on ne compte pas, on ne sait pas. Donc la première étape, c’est de faire l'état des lieux de qui fait quoi en casa. Pour ça, tu peux compter sur l’app Maydée ou sur un bon vieil Excel.
Étape n°2 : équilibrer. Faire un planning des tâches, attribuer des points de pénibilité à chacune, faire le bilan chaque semaine (merci Maxime Ruszniewski !).
ÊTRE UN DARON FÉMINISTE, mode d’emploi
"Le pouvoir est dans la Carte bleue", résume Maxime. Comprendre : penser nos achats à l’aune de la parité pour diversifier les sources et les représentations véhiculées. Bref, s’interroger en permanence sur les représentations des livres, films, jeux qu’on partage avec les kids.
CHECK-LIST - une œuvre culturelle est-elle paritaire ?
Pour offrir le max de diversité, on suit la check-list proposée par Aurélia Blanc dans son livre Tu seras un homme - féministe - mon fils ! :
- "Les personnages : y a-t-il une vraie mixité ? Quelle place occupent les filles et les garçons dans l’histoire ?
- Leurs rôles sont-ils mixtes ? Les personnages sont-ils restreints aux assignations traditionnelles (les garçons à l’extérieur, les filles à la maison, par exemple) ?
- Les illustrations sont-elles variées ? Sont-elles neutres ou très genrées ?
- Le langage : comment est décrit le personnage masculin ? Est-il forcément "fort", "malin", "courageux" ? Et la fille ? Est-elle toujours décrite comme "douce", "belle", "minuscule" ? (Si oui, passez votre chemin)."
Teste tes biais sexistes
On emprunte à nouveau à Aurélia Blanc une partie son test des biais sexistes pour parents :
- "Pourquoi dis-je si souvent à Léo qu’il est "costaud" ? Est-ce que je dirais la même chose à une petite fille qui a réussi à soulever sa chaise, dans les mêmes termes ?
- Quels sont les compliments que je fais à mon fils ? Renvoient-ils souvent, voire systématiquement, à des stéréotypes ? Si oui, n’y a-t-il pas d’autres aspects qui mériteraient aussi d’être valorisés, comme sa gentillesse ou son application à bien faire les choses, par exemple ?
- À quand remonte la dernière fois où j’ai complimenté mon fils sur sa tenue ? Est-ce quelque chose que je fais ?
- Est-ce que je parle à mon petit dernier autant qu’à sa sœur ? Ai-je l’habitude de lui demander ce qu’il ressent ?
- Comment est-ce que j’exprime à mon fils mon affection pour lui ? Qu’est-ce qui me fait dire qu’il n’est "pas très câlin" ? Ai-je l’habitude de lui faire des bisous, des papouilles, comme je le ferais spontanément avec sa sœur ?
Tuto - Demander un congé paternité au bureau
Étape 1 : Avant - regarder le docu de Maxime Ruszniewski Congé paternité pour tous !, Teva, sortie prévue en avril 2023.
Étape 2 : Pendant - faire étinceler la réalité en établissant que pour être un bon salarié, je dois être un bon père.
Étape 3 : Au cas où - rappeler la loi (antisèche ici).
👩🚀 À chiper, à choper
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