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Jeudi 16 mars 2023
L'aparté de Mediavivant

Bonjour à toutes et tous,

À la suite des attentats contre Charlie Hebdo en 2015, l’éducation aux médias et à l’information s’est largement développée en France grâce aux aides publiques. Elle était et reste perçue, entre autres, comme un outil de lutte contre la radicalisation. Pour Mediavivant, ce n’est pas une priorité. Où placer le curseur ? Pour quelle visée idéologique ? Selon nous, on n’«éduque» pas aux médias ou au journalisme par un programme standardisé.

Nous menons des ateliers d’éducation «populaire» aux médias. Et nous tenons à l'adjectif : «populaire». Nous passons le témoin, nous donnons des clefs de compréhension du monde afin que toutes et tous puissent s’en emparer pour mener leurs projets. Les participants de nos ateliers sont amenés à construire eux-mêmes leur enquête sur scène. Ils gagnent progressivement en autonomie et sont capables de diffuser une information vérifiée. À eux ensuite d’enrichir le débat et de stimuler notre démocratie. 

La première enquête sur scène proposée par des lycéens avec notre aide aura lieu le 23 mars à Aix-en-Provence: «Jules Isaac, la transmission à l'épreuve de la guerre». Ils ont suivi le parcours de l’enseignant et rédacteur des manuels Malet-Isaac et se sont interrogés sur l’enseignement de l’histoire. Une autre manière de comprendre comment se conçoit une information.

Jean-Baptiste Mouttet, journaliste

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Aparté dans l’Aparté : Rue89Lyon est dans la «panade» comme l’écrit son équipe. Parce qu’ils veulent être indépendants en abandonnant la pub et miser sur les abonnements, parce qu’ils vont encore plus enquêter, parce qu’ils sont un acteur majeur de la vie démocratique lyonnaise: Soutenez-les!

Elle vit l'actualité

Ici, nous vous racontons la vie de ces anonymes pris dans le tumulte d'une actualité, d'un événement. 

Sarah Sissoko, 29 ans, «les fausses couches sont de vrais traumatismes»  

Sur son avant-bras gauche, elle a fait tatouer, sur une ligne parallèle aux veines, deux étoiles et deux étincelles qui se terminent par une larme, pour marquer «au fer rouge» ses quatre fausses couches. 

La fausse couche, qui met fin à 15% des grossesses, est un phénomène banal pour les médecins, mais pour ceux qui le vivent, c’est «un vrai traumatisme», assure Sarah Sissoko. Au soir de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, l'Assemblée nationale a voté à l’unanimité une proposition de loi pour mieux prendre en charge les femmes après une fausse couche, avec un accompagnement psychologique et un arrêt maladie sans jour de carence. Une manière d’enfin reconnaîtrece «drame intime», selon les mots du ministre de la Santé.

Pour Sarah, employée d’assurance dans les Yvelines, tout avait bien commencé : après plusieurs mois d’essais infructueux, en 2020, elle tombe enceinte, en pleins préparatifs de son mariage. «J’étais sur mon petit nuage quand, le lendemain de mon mariage, j’ai perdu le bébé», raconte-t-elle. Un premier choc qu’elle et son mari encaissent en se lançant aussitôt une procédure de FIV (fécondation in vitro), sur les conseils d’une gynécologue. 

Après sa première ponction d’ovocytes, Sarah se réveille de l’anesthésie générale «sonnée, avec des douleurs». Mais très vite arrivent «les bonnes nouvelles: un embryon de très bonne qualité s’est formé». Cet «ascenseur émotionnel», comme elle dit, Sarah n’a pas fini de l’emprunter…

Des piqûres, des bleus et des larmes
 

Elle est enceinte de 8 semaines quand elle se présente pour sa première échographie, seule car son mari souffre du Covid. «J’avais mis une belle robe à fleurs, j’étais heureuse». Mais l’échographiste reste silencieuse : l’embryon est «trop petit», et n’a «aucune activité cardiaque». Envoyée aux urgences pour avorter, Sarah s’effondre dans le couloir.

La jeune femme entre ensuite en «mode robot» dans un nouveau processus de FIV, avec plus de corticoïdes et d’anticoagulants, «sans même laisser passer un cycle». Sur son compte Instagram, son «journal intime» qui l’a «aidée à tenir», elle publie cette année de montagnes russes en photos : les boîtes de seringues par dizaines, les bleus engendrés par les piqûres, les tests de grossesse positifs puis, quelques jours plus tard, les taux de Bêta-HCG qui s’effondrent. 

Quand elle est enceinte, elle va chaque jour au laboratoire se faire faire une prise de sang à ses frais, pour s’assurer du bon déroulement de la grossesse, à tel point que la laborantine ne sait plus «où piquer». «Je me disais que j’étais une guerrière, que j’étais forte, mais en fait j’étais obsédée par ce bébé, je ne vivais plus, j’ai pris 15 kilos...» dit-elle aujourd’hui, après quatre fausses couches en un an : «je pense que j’étais tellement mal que je n’étais pas en état d’accueillir un enfant, avec le recul».

En 2022, Sarah arrête tout, et retrouve peu à peu son corps, et sa vie de couple. On lui diagnostique une endométriose profonde, et elle est désormais suivie par un professeur généticien. «Mon cas intéresse les médecins, maintenant», dit-elle dans un sourire. Elle pense retenter d’avoir un enfant en 2023, mais se sent «plus apaisée». Le plus dur pour Sarah : «être considérée comme une femme sans enfant, alors que j’ai quatre bébés au ciel».

Julie Pacorel

 



Enquêtera sur scène


Jeudi 23 mars à 14h30, au lycée Saint-Éloi (Aix-en-Provence)

Jules Isaac,
la transmission à l'épreuve de la guerre





Samedi 25 mars à 17h30, au festival de Mediapart (Paris)

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Mercredi 12 avril à 19h00, à La Fabulerie (Marseille)

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