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Jeudi 30 mars 2023
L'aparté de Mediavivant

Bonjour à toutes et tous,

Aveuglé par les spots, concentré sur le texte, je suis dans une bulle hermétique à ressasser la même question : est-ce que le message passe? Les applaudissements, quand la salle 200 du Centquatre s'illumine enfin, sont accueillis avec soulagement. Mais la réponse à la lancinante question ne vient qu'ensuite, quand les spectateurs et spectatrices s'approchent et interrogent journalistes, témoins et expert(e)s. L'enquête sur scène «Marseille 1943 : autopsie d'un crime contre les quartiers populaires» a provoqué une envie de savoir, lors de cette première à Paris, à l’occasion des 15 ans de Mediapart. Chacun(e) tirera le fil qu'il souhaite de l'article.

Comme le rappelle Olivier Bertrand dans la troisième partie de «À la poursuite du maquis des “Imprudents”» en ligne sur notre site, le journaliste n'est qu'un passeur. Avec Mediavivant toutes les personnes qui témoignent endossent aussi ce rôle. Jean Brusson (dont vous pouvez découvrir le portrait dans cet Aparté) raconte la Résistance, Antoine Mignemi le silence sur la destruction de 14 hectares de Marseille ou encore Linda Grassi la vie quotidienne avec la pollution… Et le 12 avril, c’est encore par ces témoins que nos partenaires de Marsactu feront passer l’information avec l’enquête sur scène «Marseille en manque de salle de shoot, quand la ville ignore ses toxicomanes».

Chacune et chacun stimulent les consciences et font trembler les convictions si on les écoute. Une écoute salutaire dont nous avons besoin en ces périodes de conflits sociaux.

Jean-Baptiste Mouttet, journaliste

 

Il vit l'actualité

Ici, nous vous racontons la vie de ces anonymes pris dans le tumulte d'une actualité, d'un événement. 

Jean Brusson, ancien résistant du maquis Bir Hakeim  

À 98 ans, il exhibe une forme insolente : la voix chevrote à peine, les propos sont fluides, et la mémoire, intacte. Sur la scène de Mediavivant, le 8 mars, Jean Brusson a impressionné l’auditoire par la vivacité de son récit.

En 1943, il a 17 ans, est en classe de préparation navale dans un lycée de Toulouse, quand il est recruté par un groupe de résistants, le maquis Bir-Hakeim. Ce petit-fils de paysans, fils d’un couple d’instituteurs, se fait repérer lors d’un «chahut» comme il dit. Les Allemands viennent d’entrer dans la ville rose quand, avec d’autres étudiants, il perturbe la projection d’un film napoléonien en applaudissant bruyamment la victoire des Français sur les Prussiens et surtout en entonnant la Marseillaise. Un premier «acte de bravoure» qui lui vaudra une nuit au poste de police, mais surtout une mise en contact avec le maquis de Bir-Hakeim

Jean Brusson raconte les débuts bon enfant et tapageurs du maquis, aux allures de colonie de vacances, où l’on «jouait au petit soldat dans un champ», mais aussi les vrais combats, dans lesquels ces très jeunes hommes s’engagent rapidement. Durant l’un d’eux, Bernard Sevestre, un des membres du maquis, est blessé. La maison de Jean, en périphérie de Toulouse, s’impose comme le lieu idéal pour les soins du combattant.

Il sera opéré avec «un litre de gnôle» pour toute anesthésie, puis soigné chez les parents de Jean «juste en-dehors de la ville».

Une histoire «refoulée»

La famille de Jean Brusson prend ensuite une autre direction au sein de l’Armée secrète, et même, voit s’organiser sous son toit les réunions du Comité de Libération. Jean n’a donc pas connu la fin tragique de Bir Hakeim qui, en cavale de région en région, de braquage de commissariat en pillage de commerces miliciens, finit sa course en Ardèche, massacré par une colonne SS, aux côtés des villageois qui les hébergeaient.

Après le maquis, Jean a pris la mer, en 1944, en s’engageant dans la Marine. Passionné de géopolitique et de peinture, il a commandé au cours de sa carrière près d'une dizaine de navires différents, avant de devenir vice-amiral d'escadre, chargé au ministère de la Défense du budget des armées.

Jean Brusson a longtemps refoulé toute l'histoire du maquis Bir-Hakeim. Il n'en parlait jamais, n'y pensait presque plus. Après s'être plongé dans sa mémoire et ses archives pour contribuer à l'enquête sur le maquis menée par Olivier Bertrand, il continue désormais de transmettre, en compagnie de l'auteur des Imprudents, devant des lycéens notamment.

Aujourd’hui, ce nonagénaire vit à Créteil, où il marche chaque jour, après une petite séance de gymnastique au réveil. Surtout, il applique depuis quinze ans une règle stricte qui semble bien lui réussir : ne jamais se mettre en colère.

Julie Pacorel, journaliste

 



Enquêtera sur scène

Mercredi 12 avril à 19h00, à La Fabulerie (Marseille)

Marseille en manque de salle de shoot
Quand la ville ignore ses toxicomanes

 

 

Prolongez l'expérience

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Résistance et mémoire
À la poursuite du maquis des «Imprudents»

Partie 3. Les réactions face à une mémoire en mouvement
L’ouvrage “Les Imprudents” est publié mais l’histoire se poursuit. L’enquête provoque des réactions, de nouvelles portes s’ouvrent, la mémoire est réinterrogée.

Précédemment :

  • Partie 1. La quête: qui est le résistant inconnu?
  • Partie 2. La révélation: l’accueil de l’histoire de grand-père
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