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Lune d'argent, fictions fertiles

Dernière minute : la rencontre autour de Françoise d'Eaubonne qui était prévue à l'espace des femmes le 23 mars pour le lancement du Sexocide des Sorcières est reportée au 11 mai. Révolution sociale oblige !

Après Mai Hua qui nous a fait découvrir les beautés de la colère à la dernière pleine lune, voici venu le temps de fêter Ostara et de se lancer dans une collecte pour le projet Nouvelles Lunes sur Kiss Kiss Bank Bank. Et nous avons besoin de vous pour le financer !
 
Je soutiens Nouvelles Lunes
Lundi 20 mars, nous avons passé l’équinoxe. À l’heure où se votait à l’Assemblée nationale une motion de censure contre le projet de loi sur les retraites (à neuf voix près, le gouvernement tombait), c’est à peine si j’ai frémi en voyant que ma petite vigne en pot faisait enfin apparaître des bourgeons microscopiques. Les poubelles en feu, les pompes à essence vides et l'invitation à danser pour accueillir l'équinoxe... Je ne ne sais pas ce qui est le plus efficace pour faire la révolution.

J’ai marché le long de la rivière, avançant doucement vers les flammes de la nuit, en me demandant s’il y aurait assez d’eau cet été. Dans les années 1950, ma grand-mère venait pêcher ici le dimanche. Le Vistre était alors très poissonneux et en rentrant chez elle, à Nîmes (elle habitait rue Dorée) elle jetait ses ablettes dans la baignoire, faute de frigo, si bien que personne ne pouvait plus se laver. Depuis, ce petit fleuve de 49,5 kilomètres qui était navigable a été détourné de son lit naturel et profondément pollué, au point qu'il a été interdit de manger les poissons pêchés dans ses eaux. Pour réhabiliter ce milieu naturel, il a même fallu ces dernières années procéder à des pêches électriques : on assomme les poissons pour les réoxygéner en milieu artificiel avant de les remettre à l'eau.

Je pense à Isabelle Sorente qui, dans son bouleversant roman, L'Instruction, parle de se mettre à la place des animaux qu'on mène à l'abattoir et je me demande si les poissons ont une âme. Allez savoir pourquoi, mais les électrochocs piscicoles m'évoquent la BD publiée dans le dernier numéro de La Déferlante (Baiser, pour une sexualité qui libère) : Elizabeth Holleville y raconte l'histoire de sa grand-mère, Jeanne-Marie, lobotomisée dans les années 1960 pour soigner sa mélancolie.

Nos blessures d'âme et de coeur, souvent qualifiées d'hystérie, ont été et sont encore l'occasion de déchaîner des violences patriarcales inouïes, comme le raconte la série de Pauline Chanu sur France Culture.

Parce que tout est dans tout et réciproquement, je vois dans nos sensibilités communes une forme de lien d'ombre, qui nous relie dans l'espace et dans le temps. On pourrait appeler ça  "la magie sympathique", comme Marguerite Yourcenar le faisait à propos de la capacité qu'ont les auteurices de se glisser dans la peau de leurs personnages, ainsi que le rapporte Isabelle Sorente.

Lire ou écrire l'avenir ?

Dans la grande roue cyclique des sorcières païennes, l’équinoxe de printemps – durant laquelle la durée des jours et des nuits est équivalente – est l’occasion de fêter Ostara, c’est-à-dire le réveil de la terre, le pouvoir du soleil et la germination des graines. C’est le temps de créer et impulser le renouveau, et les rituels consistent à  brûler de la sauge, à faire le grand ménage dans nos placards et à décorer nos intérieurs de bouquets de fleurs printanières. Pu-ri-fier, répètent à l'envi les coachs de bien-être, qui pensent que ranger ses slips par couleurs est une voie spirituelle que nous sommes disposé•es à considérer. Dans le même temps, on nous annonce que les pêchers et les abricotiers sont en voie de disparition.

Dépêchez-vous de manger des pêches ! dit une journaliste sur France Inter en ce jour de nouvelle lune "en bélier". Tout en l'écoutant, je récupère l'eau avec laquelle j'ai lavé la salade pour arroser les plantes sur mon balcon, et je sais que c'est absurde. Le dernier rapport du Giec nous le montre et nous rappelle ce scandale: il y a assez d'argent pour répondre à l'urgence climatique. Mais ceux qui l'ont ne veulent pas le donner.

J'écoute les oiseaux chanter furieusement. Je sais qu'ils sont de plus en plus rares, mais je fais comme si. Je vis un peu dans un autre monde, en espérant le faire advenir, comme nous y invite la philosophe Nancy Murzilli dans un livre fascinant, Changer la vie par nos fictions ordinaires. Du tarot au rêve éveillé, comment nous mettons nos avenirs en jeu, recommandé par le pape de l'exercice, Pierre Bayard, qui nous propose avec cet essai de devenir "les prophètes de nos vies". Je ne pourrais pas mieux décrire le projet Nouvelles Lunes. Merci à la libraire de Fiers de lettres, à Montpellier, qui me l'a recommandé (et a ruiné ma nuit, pour le meilleur).

Ostara et la déesse de l'aube

Chez les peuples nordiques, cette période lunaire était jadis personnifiée par la déesse de fertilité, Eostre, une jeune fille qui se réveillait du sommeil (ou de la mort) hivernal•e comme une fleur dans la rosée du matin. Un genre de Belle au bois dormant qu’on appelait « la déesse de l’aube ». Eostre et Ostara, signifient « ce qui vient de l’est », comme le soleil du matin. On reconnaît dans ces mots "oestrus", l'ovulation, mais aussi Astarté ou Ishtar...

Les fêtes d’Ostara consistaient déjà à offrir des œufs peints et le lièvre était l’animal qui accompagnait la déesse dans ses balades printanières.

Eostre est devenu « easter », Pâques en anglais ou en allemand (ostern), et on y fête aussi une résurrection. C'est ce temps de renouveau que nous avons choisi pour lancer la cagnotte destinée à financer Nouvelles Lunes.

Lune d'argent

Si la newsletter est et restera gratuite, si le projet associatif est à but non lucratif, le travail qui l’accompagne ne peut pas être totalement bénévole. Pour pouvoir payer les auteurices, les envois en nombre (vous êtes déjà près de 3 000 abonné•es !), et financer le site Internet collaboratif qui comportera des pages blogs ouvertes à toustes, nous avons besoin de vous.

Nous avons évalué le coût de chaque newsletter à 1 euro, soit 2 euros par mois, ou 24 euros par an. Pour chacun•e d’entre vous, cela reste une somme modeste (et rien ne vous interdit de donner moins ou plus, si vous le souhaitez ou pouvez), mais pour nous, cela change tout.
 

Rendez-vous dès aujourd'hui sur la page Nouvelles Lunes de Kiss Kiss Bank Bank pour soutenir le projet et connaître le programme des lunes à venir !
(Indice : la prochaine pleine lune du 6 avril sera signée Juliet Drouar !)
 

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