Une adresse qui fait sourire et une table qui force le respect. C’est à Cucuron, au cœur du parc naturel régional du Luberon, que se situe cette Petite maison. Plus exactement aux bords de l’immense bassin qu’encadrent des platanes deux fois centenaires et qui accueille chaque semaine un pittoresque marché. La façade de l’ancien bar devenu restaurant semble n’avoir jamais changé. Comme l’intérieur, sa salle-à-manger aux boiseries d’époque, sa cour où sont dressées les tables dès les premiers beaux jours et son office qui, du vendredi au dimanche, se transforme en table d’hôte. La vaisselle chinée, l’argenterie astiquée, la nappe et sous-nappe signent un art-de-vivre auquel le maître de maison veille à tout instant. Éric Sapet, formé à la Tour d’Argent, à La Marée ou chez Jacques Cagna, décline ici un registre sincèrement authentique. Pendant la semaine, vous avez le choix entre le menu de « la maison » ou de « saison » que complète, le week-end, celui de la table d’hôtes constitué d’un classique oublié ou délaissé : caillette de chevreau aux herbes sauvages, navarin d’agneau de pays printanier avec tous les petits légumes d’un marché de Provence ou poulet fermier rôti aux écrevisses macaronis et girolles dans la sauce (voir ci-dessous une partie du programme 2023). Pas de saison morte ici, la nature inspire au fil des mois avec des rendez-vous incontournables : les premières asperges, les champignons, la soupe au pistou avec ses légumes cuits séparément, le gibier avec les deux versions de la recette du lièvre à la royale (à réserver d’urgence) ou la truffe avec une reconstitution de la caille en sarcophage servie dans le film culte danois Le Festin de Babeth. Le festin prend ici place tous les jours, la cave recèle de nombreux trésors qui expliquent pourquoi 90% des clients optent pour l’accord mets et vins, les pains faits maison changent en fonction des plats et le service en salle devient complice d’une clientèle vite conquise. S’il fallait vous citer une adresse marquante visitée ces dernières années passées, je n’hésiterais pas une seule seconde … Pierre-Yves Chupin
 
Notre repas : nougat d'ail et de chèvre frais, coulis d'orties et salade de pissenlits sauvages ; rillette de truites à la crème fromagère et pousses de petits pois ; sablé au cantal, ail et fines herbes (en amuse-bouche) ; morilles de souche française cultivées par Thomas Gomez à Pellegrue et cuisinées à la crème et au vin jaune pour garnir un feuilleté léger, quelques asperges vertes ; pièce d’agneau de Provence dorée dans ses sucs, étuvée de petits pois et fèves liées à l’ail des ours ; « Ramène ta fraise ! » (87 euros avec un verre d’AOP Luberon Grand Deffand blanc 2021 Château La Verrerie pour un accord grandiose)
 
Vins : bravo ! Plus de 250 références couvrant tout le vignoble français à des tarifs restés raisonnables avec, pour chaque menu, un accord d’une grande justesse et intelligence.
Pain : bravo ! Que du maison, à base de farines uniquement bio et, pour chaque plat, un pain différent : fougasse, pain aux cèpes, campagne aux céréales et seigle aux figues.
Fromage : bravo ! 100% local avec un fromage sélectionné et affiné par Elsa, fromagère à Cucuron et bouquet de salade « fatiguée » à l’huile d’olive d’ici 
Café : bravo ! Servi avec financiers, panacotta, macaron, cerises à l’eau de vie, beignets ou glace à la pistache, évidemment maison et selon la saison
 
En pratique : fermé dimanche soir, lundi et mardi ; menu de la maison à 70 euros (110 euros, avec boissons comprises) ; menu de saison à 100 euros (150 euros avec boissons comprises) ; table d’hôtes les vendredis, samedis et dimanches avec menu à 70 euros boissons comprises
 
En pratique (à ne pas manquer à la table d’hôte) : poitrine de veau farcie à la provençale et gnocchis à la florentine (26, 27 et 28 mai) ; les petits farcis (23, 24 et 25 juin) ; les « alouettes sans tête » maison mijotées en cocotte dans une sauce tomate à la sauge, polenta dorée (21, 22 et 23 juillet) ; la fameuse tomate de plein champs farcie (11, 12 et 13 août) ; bouillabaisse de girolles et rougets aux moules de bouchot (1er, 2 et 3 septembre) ; tourte dorée et joufflue de pigeon de chasse «Lucullus », étuvée de chou vert (10, 11 et 12 novembre 2023) ; caille en sarcophage comme dans le « Festin de Babette » (1er, 2 et 3 décembre, supp. de 20 euros)
 
La Petite Maison de Cucuron

Place de l’étang – 84160 Cucuron
+ 33 (0)4 90 68 21 99
www.lapetitemaisondecucuron.com
 

Sur la place du paisible village de Vaugines, aux pieds d’une fontaine que recouvre la mousse jusqu’à la transformer en inédite sculpture, quelques tables dressées où il fait bon s’installer. Les habitués, selon la saison, y prennent l’apéritif ou le repas. Des bouteilles bien choisies parmi une cave sérieuse, déjà arrivent les tapas : polenta, lardo di Colonnata et miel de châtaigner ; artichauts, pecorino romano et menthe ; couteaux en persillade au gingembre ; poivrons farcis au thon, câpres et livèche … Pas besoin de forcément plus pour apprécier le talent du chef, deviner ses origines italiennes et révéler un passage à la maison Troisgros comme en atteste ce travail sur l’acidité devenu le marqueur de tout le dîner. Câpres de raisin vert - une des conserves que le chef prépare pendant l'été -, poudre de câpres et jus à la marjolaine, confit d’oignon, chutney de raisins, ces assaisonnements enchantent la noix de veau, la pintade, les asperges, bref tous les produits que Giovanni Facchinetti prend plaisir à magnifier dans des cuissons au plus juste. Il faut souligner aussi le travail réalisé sur les jus ou les sauces, les assaisonnements percutants et précis, comme également la créativité manifestée jusqu’aux desserts, la plupart à base de fruits, tous digestes et parfumés. Délicieux service, tables confortables et lumineuses, cave passionnante : c’est assurément la nouvelle adresse à découvrir dans le Luberon. Pierre-Yves Chupin 

Notre repas : polenta, lard et miel de châtaigne ; courge, moutarde et curcuma (en amuse-bouche) ; asperges vertes, coquillage et mélisse, sauce vierge aux algues ; agneau de lait, pak-choï et noisette, condiment oseille-basilic ; mangue, estragon et jasmin, sorbet (57 euros avec un verre de barolo chinato, Barale Fratelli et de AOP Luberon Hautes Collines rouge 2018 Domaine La Verrerie)
 
Café : italien pour le meilleur et servi avec un biscuit maison
Vin : l’autre bonne nouvelle, une sélection pointue, ouverte sur l’Italie, accessible avec pas moins de 150 références
 
En pratique : fermé dimanche et lundi ; menus à 15 euros (enfant), 35 euros (au déjeuner en semaine), 43 euros et 56 euros (dégustation)
 
Insitio

33, place de la Mairie – 84160 Vaugines
+ 33 (0)4 90 77 11 08
www.insitiorestaurant.com

Au cœur du parc du Luberon, Château la Verrerie s’étend sur plus de 150 hectares d’un seul tenant, surplombant la Durance à certains endroits ou offrant plus loin une vue à couper le souffle sur les vallons et le vieux massif. Sur cette nature généreuse, la vigne occupe une soixantaine d’hectares, les oliviers une petite dizaine et les chênes truffiers à peine un. L’altitude qui apporte de la fraîcheur en été et la proximité du fleuve qui confère aux sols leurs spécificité et richesse font du domaine un eldorado devenu depuis quelques années un exemple heureux d’agrotourisme. La matinée débute par une visite de vignes, puis par une initiation au cycle et à la démarche biodynamique engagée depuis plusieurs années. Avant un passage dans les chais de vinification ou d’élevage à l’architecture novatrice et que prolonge une dégustation des vins de la propriété, notamment de la cuvée du Grand Deffand en rouge, blanc ou rosé. C’est l’occasion de choisir le vin qui accompagnera le pique-nique proposé et préparé par un chef local. Des tables attendent un peu partout dans le domaine avec la promesse d’une expérience inégalée. Garrigue et maquis semblent associer leurs parfums à ceux du vin quand le mistral soufflant transforme la pause déjeuner en un appel des sens … Pierre-Yves Chupin
 
En pratique : domaine ouvert de 9 heures 30 à 19 heures (du lundi au vendredi), de 10 à 13 heures puis de 15 à 19 heures (samedi, dimanche et jours fériés) ; pique-nique comprenant la visite commentée du domaine avec dégustation 65 euros par personne.
 
Château la Verrerie
1810, route du Luberon – 84360 Puget-sur-Durance
www.chateau-la-verrerie.com
 

Eve a transformé la maison de famille en maison d’hôtes. L’imposante bâtisse du XVIIè située au cœur du Luberon distille désormais son art de vivre, sa « slowlife » comme elle l’appelle. Chez elle, le petit-déjeuner se prend sous la tonnelle ou sur la terrasse avec pour perspective une campagne bucolique à l’infini… Le premier repas de la journée est soigné, confitures, yaourts ou gâteaux maison et service scrupuleux du thé (si rare dans les hôtels). Un peu plus tard, un déjeuner pourra être servi auprès de la piscine sous la forme d’une « cagette » avec tartinades, cakes salés ou glaces et sorbets maison. L’apéritif est proposé à la tombée de la nuit, ici vite magique. Mercredi et samedi, l’hôtesse se met aux fourneaux et réunit ses hôtes dans le jardin aux arbres centenaires. Avec une verveine maison pour clore le dîner et préparer la nuit qui sera idyllique. Les cinq chambres conservent la fraîcheur de leurs vieux murs et invitent au farniente, aménagées avec goût et multipliant les attentions de la maîtresse de maison. Soit le rêve le temps d’une nuit, ou plus … Pierre-Yves Chupin
 
En pratique : chambre à partir de 160 euros (petit-déjeuner inclus) ; déjeuner au bord de la piscine 25 euros ; la dolce vita du mercredi soir (velouté de saison, plat italien, dessert) 32 euros ; la table du samedi soir (entrée, plat, fromages, dessert, café ou verveine du jardin) 45 euros
 
Domaine La Parpaille
297, chemin de Blanqui - 84160 Cucuron
+ 33 (0)6 75 98 06 70
www.domaine-la-parpaille.com
 

De l'ancien Poulpette, il reste le four à pizza qui trône au-dessus du comptoir. Benjamin Schmitt, formé notamment auprès de David Bizet (Le Peninsula), a tenu à le garder tout en abandonnant le registre italien des anciens propriétaires. Notamment pour cuire son cassoulet que ce jeune chef a bien raison de vouloir défendre. Dans un même registre, il attend l'automne pour proposer une choucroute, et pourquoi pas une bouillabaisse qu'il fera bon partager. Autant d'occasions de revenir et de réserver. À peine deux semaines après l'ouverture, la carte affiche de la tenue et jouent d'assiettes qui honorent la tradition : un pâté en croûte de canard et foie gras et cochon à la gelée servie à bonne température et subtilement aromatisée ou un croustillant de pied de cochon que relève une sauce aux pequillos. La formule du déjeuner joue la générosité quand la carte privilégie les beaux produits : remarquable pièce de ris de veau, volaille de chez Tauzin (Chalosse) ou agneau de chez Cédric (Diois) que Benjamin assaisonne d’anchois. Un plateau de fromages de saison et une carte des desserts réduite à deux suggestions pour le moment maintiennent le rythme et la qualité de ce repas rassurant. Il est temps de faire confiance à ce jeune chef qui transforme le repas en un moment de partage. Pierre-Yves Chupin
 
Notre repas : pâté en croute de canard, foie gras et cochon, pousses amères, pickles ; raie, oignon étuvé, petit pois à la française, coques ; mousse au chocolat tiède, café givré (66 euros pour ce repas avec un verre de vin-de-France blanc Cuvée Anatole 2021 Fanny Sabre)
 
Vin :  courte et précise sélection avec priorité donnée à la vallée du Rhône dont est originaire le chef
Pain :  campagne de la boulangerie Cyprien (64, rue Notre Dame de Lorette)
Fromage :  roquefort de la maison Carles et fromages de saison bien affinés.
Café :  café Esperanza Colombie
 
En pratique : fermé le dimanche et le lundi.
 
Hectar

41-43, rue Catherine de La Rochefoucauld - 75009
Métro : Saint-Georges - Pigalle
+ 33 (0)1 42 81 00 17
 

La sommellerie française compte de jeunes talents qui constituent déjà l’élite de demain. Au Veyrier-du-Lac, sur le lac d’Annecy, Bastien Debono en est le parfait exemple. Fort de sa passion pour des terroirs tous horizons, il signe une carte aux vins engagés et issus de « vignerons auteurs ». Sage dans sa prise de paroles, intelligent dans son relationnel dispensé dans les deux tables du Relais & Châteaux, il dessine les contours d’une sommellerie contemporaine, à savoir mesurée et ambassadrice du non-dogme. Son parcours se montre impeccable : Baumanière, le Strato et, depuis août 2018, les maisons de Yoann Conte, le restaurant éponyme et le Roc. La Savoie s’affiche en terre conquise au fil des pages de la riche et sagement tarifiée carte des vins, comme les maîtres vignerons locaux tels que les domaines des Ardoisières ou des Orchis, Dominique Belluard ou encore Louis Magnin. Passage tout aussi réussi en Champagne avec nos favoris :  Pierre Peters, Petit & Bajan, Thomas Perseval ou Francoise Bedel. À souligner le travail de Bastien autour de domaines confidentiels : condrieu et côte-rôtie au Clos de La Bonnette, gigondas de Paul Fumoso au Gour de Chaulé (85 euros) ou anjou de Thibaud Boudignon (80 euros). Sans jouer des coudes, Bastien vous remettra volontiers sa carte de vins fortifiés (madeira, porto, jerez, rivesaltes...). Antoine Pétrus
 
En pratique : La Table de Yoann (restaurant gastronomique) ouvert du jeudi au dimanche et du mercredi au dimanche en juin et en août ; Le Roc ouvert du lundi au samedi et fermé en juillet et août.
 
Yoann Conte
13, vieille route des Pensières - 74290 Veyrier-du-lac
+33 (0)4 50 09 97 49
www.yoann-conte.com
(Crédit photo Antony Cottarel)