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Rappelle-toi, Mordant était une newsletter hebdomadaire qui interrogeait la société par le biais de la bouffe — et vice-versa. Elle renait de ses cendres pour une nouvelle qui vient des tripes.
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J'ai écrit un livre et ça parle de toi
C'est le temps des flottements et des drames paresseux, où un jour succède à l'autre dans un brouillard aussi humide que tendre. Le club du flou tient ses réunions secrètes dans cet interstice entre deux années, qui a toujours été particulier pour moi. Je souffle sur Mordant et de la poussière mouchète l'espace entre nous. J'ai sorti nos lettres de la boîte où elles étaient rangées pour t'annoncer que j'ai écrit un livre – et que ça parle de toi.
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Toutes les photos (sauf mention contraire) ont été prises par moi aux États-Unis en 2022
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Je raconte ? Allez. C'est une histoire de rendez-vous manqués, d'abord. Forcément, elle commence en 2020, confiné·e·s pour la première fois de notre existence. En avril, je signe à distance un contrat d'édition avec Nouriturfu, maison d'édition indé publiant des mots de bouche – celle de Nora Bouazzouni, Alice Feiring, Nicolas Keyser-Bril et Tommaso Melilli entre autres. Plutôt que faire paraître un manuscrit déjà rédigé, Anne Zunino et Antonin Iommi-Amunategui, les proprios, acceptent de nourrir une idée : celle d'un socio-road trip grailleur à travers les États-Unis. Problème : les frontières US sont fermées aux étranger·ère·s. Spoiler : elles le seront encore un an et demi, m'empêchant (presque trop) longtemps de concrétiser ce projet bouffo-littéraire.
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Il y a un 350 jours, dans la même bâtisse bretonne de laquelle je t'écris aujourd'hui, je me prépare enfin à décoller. Enfin, peut-être. Jusqu'à la veille du grand départ, j'ignore si je vais pouvoir monter dans l'avion, le monde étant une fois encore paralysé par une virulente vague de Covid-19. Je n'ai pas le temps d'incuber l'expérience ou ma nouvelle trentaine que me voilà sur le tarmac de JFK, catapultée dans un périple (ou plutôt, une errance) états-unien. Ce sont des semaines solitaires, tantôt galvanisantes, euphoriques même, tantôt très mélancoliques. Il fait froid, mais la lumière est belle – en gros.
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Un jour je suis à New York, le lendemain à Philadelphie, le suivant à Washington, puis encore à Atlanta et enfin, à la Nouvelle-Orléans. Du nord au sud, je mange et j'écris, et comme dans Une partie rouge de Maggie Nelson que j'aime tant, deux carnets très différentes commencent à se superposer. L'un est factuel et descriptif, l'autre intime, clair-obscur. Le résultat, c'est le réel sous un voile de confidences. Un petit ouvrage narratif et très personnel, mais aussi un essai. Un récit qui coule le long des fleuves et des drive-ins, pour croiser un tas d'États-Unien·ne·s et quelques fantômes.
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Écrire le manuscrit final d'American appétit, c'est le titre, m'aura occupée plus de deux ans. C'est long, deux ans. Ça a été difficile pour tout te dire, il a fallu puiser tout au bout de moi. Mais ça a aussi été exaltant. Les 176 pages et dix chapitres (pour dix plats) du bouquin sont bourrés d'histoire(s), de réflexions, de théories, d'anecdotes, de piques, de notes de bas de page et de mots d'autres auteur·rice·s.
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Et je voulais tout te raconter ici, mais c'est déjà écrit en trente-huit-mille mots, deux-cent-trente-six mille signes dedans : pourquoi les États-Unis et pourquoi moi, que commander pour conduire une Cadillac tout en mangeant et comment la disparition de la pizza new-yorkaise à 1 dollar annonce l'effondrement de l'économie mondiale. Pourquoi ça parle de toi, même si tu n'as jamais mis un pied ou l'estomac là-bas. Pourquoi ça parle à toi, qui a mordu à Mordant il y a peut-être plusieurs années de ça, maintenant, et qui m'a parfois demandé : « À quand un livre ? »
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Je peux désormais te le dire : c'est pour le 20 janvier, date de la sortie officielle d'American appétit. Que tu peux déjà pré-commander dans ta librairie de quartier (c'est mieux) ou sur les plateformes que tu connais – et même en e-book, si c'est ce que tu préfères.
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Et puis en attendant, tu pourras bientôt découvrir des extraits du livre, et des photos ici. Dès la sortie, je serai aussi dans (au moins) deux librairies pour qu'on se rencontre en chair et en os :
À bientôt,
Elisabeth
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